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Mustafa Celebi, aussi appelé Düzmece Mustafa (le faux Mustafa)

samedi 19 février 2022, par ljallamion

Mustafa Celebi, aussi appelé Düzmece Mustafa (le faux Mustafa)

Prince ottoman du début du 15ème siècle

Fils de Bayezid 1er, il disparaît au cours de la bataille d’Ankara en 1402 [1]. Un personnage se présentant comme le prince ayant survécu, peut-être un imposteur, apparaît plusieurs années plus tard, mais la question de sa légitimité n’est pas résolue.

Son petit-fils, Haji Khan Chalabi , est le fondateur, en 1745, du Khanat de Chaki [2] sur le territoire de l’Azerbaïdjan [3].

À la suite de la bataille d’Ankara en 1402 lors de laquelle le sultan ottoman Bayezid est vaincu par Tamerlan, Mustafa est tué ou fait prisonnier en même temps que son père. Ses quatre frères se battent ensuite pour le sultanat lors de l’Interrègne ottoman. Mustafa aurait été détenu à Samarcande [4] et après la mort de Tamerlan, serait revenu en Anatolie [5] en 1405, et se serait installé lui-même dans les territoires des beylicats turcs.

Après l’interrègne, Mustafa apparaît en Roumélie [6] avec l’aide de Manuel II Paléologue alors qu’il vient d’être éconduit par les Vénitiens [7]. Il bénéficie aussi du soutien de Mircea 1er de Valachie et de Cüneyt, le bey d’Aydin [8].

Mustafa demande à Mehmet 1er qui vient de défaire plusieurs prétendants de partager l’empire en deux parties mais il se voit opposer un refus et est vaincu par les forces de Mehmet. Il trouve refuge à Thessalonique [9] en 1419 et un traité signé entre Manuel et Mehmet aboutit à exiler Mustafa sur l’île de Lemnos [10].

La mort de Mehmet en 1421 entraîne l’arrivée sur le trône ottoman de Mourad II. Celui-ci offre à Manuel le renouvellement de leur alliance et accepte de céder Gallipoli [11] aux Byzantins [12] mais Manuel choisit de soutenir Mustafa dont les promesses sont très tentantes.

Manuel est probablement influencé par Jean VIII et ses autres fils. Mustafa assiège Andrinople [13] et repousse les troupes de Mourad. Cette défaite entraîne la reddition de Gallipoli mais Mustafa refuse l’accès de la ville aux Byzantins dont les soldats sont renvoyés à Constantinople [14] en janvier 1422.

Mustafa tente alors de passer en Asie mais après avoir franchi les Dardanelles [15], il est abandonné par son allié Djouneid et ses troupes.

Mustafa tente alors de s’enfuir mais il est capturé près d’Andrinople et pendu en haut d’une tour. La défaite de Mustafa expose les Byzantins à la vengeance de Mourad qui assiège Constantinople sans succès

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Robert Mantran, Histoire de l’Empire ottoman, éditions Fayard, 2010.

Notes

[1] La bataille d’Ankara s’est déroulée le 20 juillet 1402 sur le champ de bataille de Çubuk, près d’Ankara, entre les forces du sultan ottoman Bayezid 1er et l’armée turco-mongole de Tamerlan, à la tête de l’Empire timouride. La bataille s’acheva sur la victoire éclatante de Tamerlan, avec la capture de Bayezid 1er, qui conduisit à une période de crise pour le sultanat ottoman. L’Empire timuride entra cependant dans sa période de déclin final après la mort de Tamerlan, moins de 3 ans après la bataille, alors que l’Empire ottoman put retrouver toute sa puissance, qui continua ensuite à se développer sur plusieurs siècles.

[2] Le khanat de Chaki est un khanat semi indépendant fondé en 1743 par Hadji Chalabi Khan sur la partie orientale de l’ancien duché géorgien de Héréthie conquis au 12ème siècle par les atabegs. Initialement sous souveraineté perse et centré sur la ville de Noukha, son territoire est situé dans l’Azerbaïdjan actuel.

[3] Pays du Caucase situé sur la ligne de division entre l’Europe et l’Asie. Sa capitale est Bakou, sa langue officielle est l’azéri et sa monnaie est le manat. Du 7ème au 10ème siècles, la région connaît un essor politique, sous les Sajides, les Chirvanchahs, les Salarides, les Ravvadides et les Cheddadides. Au 12ème siècle, après l’effondrement de l’Empire seldjoukide, les Atabegs d’Azerbaïdjan règnent depuis leur capitale de Nakhitchevan, puis d’Ardabil, et enfin de Tabriz, sur l’Azerbaïdjan iranien actuel et sur l’Arran (l’Azerbaïdjan moderne). Leur territoire est ensuite conquis par le Khwarezmchahs Jalal ad-Din au 13ème siècle, dont l’État succombe ensuite aux Mongols. Au 13ème siècle, l’Empire mongol des Khulaguides est fondé, avec sa capitale à Tabriz.

[4] Samarcande ou parfois Samarkand est une ville d’Ouzbékistan, capitale de la province de Samarcande. Elle fut une des plus grandes cités d’Asie centrale. Lors de ces différentes occupations, Samarcande a abrité des communautés religieuses diversifiées et est devenue le foyer de plusieurs religions tel que le Bouddhisme, le Zoroastrisme, l’Hindouisme, le Manichéisme, le Judaïsme et l’Église de l’Orient. Les armées des Omeyyades sous Qutayba ben Muslim conquièrent la ville vers 710. Après la conquête de la Sogdiane, l’Islam devient la religion dominante à Samarcande où beaucoup d’habitants se convertissent. Selon la légende, durant le règne des Abbassides, le secret de la fabrication du papier est obtenu de deux Hans, prisonniers faits lors de la Bataille de Talas en 751. Cette invention permit la fondation de la première papeterie de Samarcande et se diffusa dans le reste du monde islamique et plus tard en Europe

[5] L’Anatolie ou Asie Mineure est la péninsule située à l’extrémité occidentale de l’Asie. Dans le sens géographique strict, elle regroupe les terres situées à l’ouest d’une ligne Çoruh-Oronte, entre la Méditerranée, la mer de Marmara et la mer Noire, mais aujourd’hui elle désigne couramment toute la partie asiatique de la Turquie

[6] la partie européenne de l’Empire ottoman

[7] La république de Venise, parfois surnommée « la Sérénissime », est une ancienne thalassocratie d’Italie, progressivement constituée au Moyen Âge autour de la cité de Venise, et qui s’est développée par l’annexion de territoires divers en Italie du Nord, le long des côtes de la mer Adriatique et en Méditerranée orientale : les « Domini di Terraferma », l’Istrie, la Dalmatie, les bouches de Cattaro, l’Albanie vénitienne, les îles Ioniennes, la Crète, l’Eubée, Chypre et d’autres îles grecques, jusqu’à devenir une des principales puissances économiques européennes.

[8] L’émirat d’Aydın ou beylicat des Aydinides est une des principautés frontalières turques fondées au 14ème siècle par les Oghouzes en Anatolie du Sud-Ouest, après le déclin du Sultanat de Roum. Il doit son nom à son fondateur Aydınoğlu Mehmed Bey. Sa capitale est d’abord Birgi (Pyrgion) puis Ayasluğ (Hagios Theologos, Selçuk). Le beylicat comprend aussi les ports d’İzmir. L’émirat est une puissance navale redoutable, notamment sous le règne d’Aydınoğlu Umur Bey : ses actes de piraterie en Égée entraînent deux croisades organisées contre Aydın en 1334 et 1344 (la « Croisade de Smyrne »). Le beylicat est incorporé dans l’empire ottoman pour la première fois en 1390 puis définitivement en 1424.

[9] Thessalonique ou Salonique est une ville de Grèce, chef-lieu du district régional du même nom, située au fond du golfe Thermaïque. Aujourd’hui, elle est la capitale de la périphérie (région) de Macédoine centrale en Macédoine grecque mais aussi celle du diocèse décentralisé de Macédoine-Thrace.

[10] Lemnos ou Límnos est une île grecque du nord-est de la mer Égée, située entre la péninsule du mont Athos à l’ouest, les îles de Thasos et Samothrace au nord, la Turquie (et l’île turque de Gökçeada/Ténédos) à l’est, Lesbos au sud-est, Agios Efstrátios et les Sporades au sud-ouest.

[11] La péninsule de Gallipoli, aussi connue sous son nom antique de Chersonèse de Thrace, est une péninsule située en Turquie, dépendant de la Thrace. Elle constitue la rive nord des Dardanelles, l’ancien Hellespont. Sa rive nord est baignée par la mer Égée. Durant l’Antiquité, Miltiade l’Ancien, exilé volontairement à l’avènement de Pisistrate, y fonda une colonie athénienne. C’est sur cette péninsule qu’eut lieu la célèbre bataille de Gallipoli durant la Première Guerre mondiale.

[12] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[13] Edirne (autrefois Andrinople ou Adrianople) est la préfecture de la province turque du même nom, limitrophe de la Bulgarie et de la Grèce. Elle est traversée par la Maritsa (Meriç en turc).

[14] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[15] Détroit des Dardanelles:Les anciens grecs désignaient le détroit sous le nom d’Hellēspontos qui fut latinisé en Hellespont. Le détroit des Dardanelles est un passage maritime reliant la mer Égée à la mer de Marmara. Originellement, le terme de Dardanelles et d’Hellespont désignait les régions situées de part et d’autre du détroit. Par extension, le mot désigne aujourd’hui le détroit lui-même. La possession de ce détroit, comme de celui du Bosphore, permet le contrôle des liaisons maritimes entre la mer Méditerranée et la mer Noire. Le détroit est long de 61 km, mais large de seulement 1,2 à 6 km, avec une profondeur maximale de 82 m pour une moyenne de 55 m.