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Chanakya ou Vishnugupta Chânakya

samedi 29 janvier 2022, par ljallamion

Chanakya ou Vishnugupta Chânakya (vers 350-vers 275 av. jc)

Brâhmane hérétique

Il est l’un des premiers penseurs politiques indiens connus. Son lieu de naissance est sujet à controverse : certains le pensent originaire de Taxila [1], où il aurait fait ses études, d’autres le voient naître dans la région du Kerala [2] moderne.

Il est l’auteur de plusieurs traités en sanskrit sur l’art de gouverner, en particulier le Chânakyanîtishâstra [3], et par la suite il est souvent qualifié de “Machiavel de l’Inde”.

La tradition, qui lui donne le titre de “faiseur de rois”, prétend que, rejeté hors de la cour du Magadha [4] et désireux de se venger de cet affront, Chânakya choisit un jeune garçon prometteur, le futur Chandragupta Maurya, et en fait l’un des plus grands empereurs de l’Inde, jusqu’alors divisée en une multitude d’États et royaumes.

Il n’hésite pas ainsi à faire supprimer tous les princes Nânda de la dynastie Shaishunâga [5] pour mettre sur le trône son protégé. Après l’expédition d’Alexandre le Grand, l’Inde est ainsi unie politiquement sous la direction de Chandragupta Maurya.

Il n’était pas, comme on pourrait le penser, le disciple d’un roi ou l’humble conseiller d’un empereur puissant. Une image de lui émerge d’une ancienne pièce de théâtre en sanskrit “Mudra Rakshasa” ou “l’anneau de Rakshasa” dont l’action se déroule au cours de cette période : fier, vengeur et planificateur, n’oubliant jamais une offense, toujours tendu vers son but, se servant de tous les artifices pour tromper et défaire l’ennemi, il siège, les rênes de l’empire entre ses mains et considère l’empereur davantage comme un élève bien-aimé que comme son maître.

Menant une vie simple et austère, indifférent à la splendeur et à l’apparat d’une situation élevée, quand il eut accompli son but, il ne désirait plus que à se retirer, à la manière des brâhmanes [6], pour une vie de contemplation.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Louis Frédéric, Dictionnaire de la civilisation indienne, Robert Laffont, 1987

Notes

[1] Taxila est une ville et un important site archéologique de l’ancien Gandhara. Il est situé dans le district de Râwalpindî, dans la province pakistanaise du Pendjab, à sa frontière avec la Province de Khyber Pakhtunkhwa, à l’ouest d’Islâmâbâd et près de l’extrémité de la Grand Trunk Road.

[2] Le Kerala ou Kérala est un État indien. La langue principale est le malayalam qui fait partie des langues dravidiennes, famille linguistique dominante en Inde du Sud. Les missionnaires de l’Église de l’Orient y répandent le christianisme vers le 1er siècle de notre ère.

[3] un texte aujourd’hui perdu mais largement cité et commenté

[4] Le Magadha est le plus grand des seize royaumes de l’Inde ancienne. Le noyau du royaume était la région du Bihar au sud du Gange, sa première capitale était Rajagriha, puis Pataliputra. Magadha s’élargit pour inclure la plupart du Bihar et du Bengale avec la conquête de Licchavi et d’Anga, suivie par une grande partie de l’Uttar Pradesh et de l’Orissa.

[5] Les Shaishunâga sont la deuxième dynastie qui régna sur le Maghada depuis les villes de Girivraja puis Pataliputra de 413 à 345 av. jc. Nous avons deux sources pour reconstituer la dynastie, les chroniques srilankaises Mahavamsa et Dipavamsa ainsi que les Puranas. Selon les premières, elle s’appelait Hariyanka avant de prendre le nom du roi Shishunâga originaire de Kâshî. Ils régnèrent sur la région durant 300 ans et deux rois (Bimbisara et Ajatashatru) furent les contemporains du Bouddha.

[6] Un brahmane est un membre d’une des quatre castes (varṇa) définies par l’hindouisme, regroupant notamment les prêtres, les sacrificateurs, les professeurs et les hommes de loi — ou plus largement les enseignants du Brahman comme l’indique clairement le titre de « brahmane » (du moins, tous ceux qui ont fait vœu d’Ahimsâ). Le brahmane a pour devoir principal d’incarner le dharma, de le défendre, et de le faire respecter par les autres castes sacrées, afin de maintenir le bon ordre cosmique. La caste des brahmanes représente environ 6 % de la population de l’Inde