Il est l’un des premiers penseurs politiques indiens connus. Son lieu de naissance est sujet à controverse : certains le pensent originaire de Taxila [1], où il aurait fait ses études, d’autres le voient naître dans la région du Kerala [2] moderne.
Il est l’auteur de plusieurs traités en sanskrit sur l’art de gouverner, en particulier le Chânakyanîtishâstra [3], et par la suite il est souvent qualifié de “Machiavel de l’Inde”.
La tradition, qui lui donne le titre de “faiseur de rois”, prétend que, rejeté hors de la cour du Magadha [4] et désireux de se venger de cet affront, Chânakya choisit un jeune garçon prometteur, le futur Chandragupta Maurya, et en fait l’un des plus grands empereurs de l’Inde, jusqu’alors divisée en une multitude d’États et royaumes.
Il n’hésite pas ainsi à faire supprimer tous les princes Nânda de la dynastie Shaishunâga [5] pour mettre sur le trône son protégé. Après l’expédition d’Alexandre le Grand, l’Inde est ainsi unie politiquement sous la direction de Chandragupta Maurya.
Il n’était pas, comme on pourrait le penser, le disciple d’un roi ou l’humble conseiller d’un empereur puissant. Une image de lui émerge d’une ancienne pièce de théâtre en sanskrit “Mudra Rakshasa” ou “l’anneau de Rakshasa” dont l’action se déroule au cours de cette période : fier, vengeur et planificateur, n’oubliant jamais une offense, toujours tendu vers son but, se servant de tous les artifices pour tromper et défaire l’ennemi, il siège, les rênes de l’empire entre ses mains et considère l’empereur davantage comme un élève bien-aimé que comme son maître.
Menant une vie simple et austère, indifférent à la splendeur et à l’apparat d’une situation élevée, quand il eut accompli son but, il ne désirait plus que à se retirer, à la manière des brâhmanes [6], pour une vie de contemplation.