Bienvenue sur mon site historique. Bon surf

L’histoire pour le plaisir

Accueil du site > Histoire du 16ème siècle > Alessandro Ludovisi dit Grégoire XV

Alessandro Ludovisi dit Grégoire XV

vendredi 21 janvier 2022, par ljallamion

Alessandro Ludovisi dit Grégoire XV (1554-1623)

234ème pape de l’Église catholique de 1621 à 1623

Élu le 9 février 1621, il prit le nom de Grégoire XV en hommage à Grégoire XIII qui l’avait introduit dans les affaires ecclésiastiques. Son pontificat qui dura à peine 30 mois n’en fut pas moins fécond et décisif pour l’organisation interne de l’Église catholique.

Quand un conclave hésite entre deux candidats, il porte souvent son choix sur un troisième, âgé de préférence, qui occupera le trône de Pierre juste le temps de faire retomber les passions. On parle alors d’un pape de transition. Tel était le cas d’Alessandro Ludovisi, élu à l’âge de 66 ans et déjà très malade.

Ancien élève des Jésuites [1], homme instruit, prudent et discret, cet archevêque de Bologne [2] depuis 1612, témoigna une vive reconnaissance à l’égard de ses anciens formateurs. En 1622, il canonisa Ignace de Loyola et François Xavier avec Thérèse d’Avila , Philippe Néri et Isidore le Laboureur . Il confia aussi aux jésuites le soin de gérer l’université pontificale grégorienne [3].

En 1616, il intervint en tant que nonce dans la guerre de succession du Montferrat [4] pour faire respecter le traité d’Asti [5], signé un an plus tôt, pour rapprocher les deux parties.

Grégoire XV prit pour collaborateur son jeune neveu Ludovico Ludovisi qu’il fit cardinal et secrétaire d’État. Celui-ci révéla aussitôt des dons de diplomate et d’organisateur, réglant un différend délicat entre la France de Richelieu et l’Espagne des Habsbourg [6] au sujet de la Valteline [7].

Le pape améliora aussi le processus des élections pontificales et créa la Sacra congregatio de propaganda fide [8])par la bulle Inscrutabili divinae providentiae [9] le 22 juin 1622. Cette institution constituait le point d’orgue des réformes du Concile de Trente [10] en assurant le suivi des réformes tridentines. L’oncle et le neveu Ludovisi assurèrent le retour de la Bohême [11] et la Moravie [12] hussites [13] à la foi de l’Église catholique.

En soutenant financièrement et politiquement la ligue des princes catholiques, fondée par le duc de Bavière Maximilien 1er , il permit à l’empereur Ferdinand II de reconquérir le Palatinat [14]. En remerciement, l’empereur fit don au Vatican de la bibliothèque palatine [15], la plus riche d’Europe. En 1622, il gratifia les ressortissants Lorrains demeurant à Rome d’une église nationale qui prit le nom de Saint Nicolas des Lorrains [16].

Enfin le pape érigea l’évêché de Paris en archevêché, promotion digne du diocèse d’une grande capitale et conféra à Richelieu, encore protégé par la reine mère Marie de Médicis, le chapeau de cardinal.

Le pape et son cardinal neveu entamèrent de grands travaux qui bien sûr ne purent être finalisés sous un pontificat aussi bref : l’église Saint-Ignace [17] confiée aux Jésuites, la Villa Ludovisi [18] avec ses magnifiques jardins sur les pentes du Monte Pincio, et le Palais Montecitorio [19] dû au génie du Bernin.

Le pontificat de Grégoire XV s’acheva le 8 juillet 1623 en pleine canicule. Il fut inhumé dans l’église Saint-Ignace. Le conclave qui se réunit à sa mort fut décimé par la malaria.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Günther Wassilowsky, Hubert Wolf : Päpstliches Zeremoniell in der Frühen Neuzeit – Das Diarium des Zeremonienmeisters Paolo Alaleone de Branca während des Pontifikats Gregors XV. (1621–1623). Rhema-Verlag, Münster 2007, ISBN 978-3-930454-80-8

Notes

[1] La Compagnie de Jésus est un ordre religieux catholique masculin dont les membres sont des clercs réguliers appelés « jésuites ». La Compagnie est fondée par Ignace de Loyola et les premiers compagnons en 1539 et approuvée en 1540 par le pape Paul III.

[2] L’archidiocèse de Bologne est un archidiocèse catholique situé dans le Nord d’Italie. Le diocèse de Bologne a été fondé au 3ème siècle et promu archidiocèse le 10 décembre 1582. Un évêque et trois archevêques de Bologne ont été élus papes (Jules II, Grégoire XV, Benoît XIV et Benoît XV).

[3] L’Université pontificale grégorienne, dite la Grégorienne, est une université pontificale romaine dirigée par les jésuites, et dépendant du Saint-Siège. La première école des jésuites fondée en 1551 par Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus, se situe via dell’Araceli, au versant du Capitole et se nomme le Collège romain. En 1581, le pape Grégoire XIII a voulu donner un nouveau siège au Collège des jésuites. Il confia donc à l’architecte Bartolomeo Ammannati la construction d’un nouvel édifice plus grand et non loin de l’ancien, inauguré le 28 octobre 1584. Le souverain pontife fut considéré comme le fondateur et père du Collège romain qui fut divisé en deux instituts : le Collège grégorien et l’Université grégorienne. Dans le nouveau siège, nommé le Collège romain, le nombre des disciplines enseignées avait nettement augmenté. En quelques années, le nombre d’étudiants dépassa les deux mille : la chapelle universitaire, ne réussissant plus à accueillir un aussi grand nombre, fut démolie et on construisit l’actuelle église Saint-Ignace-de-Loyola entre 1626 et 1650.

[4] Le Montferrat est une région historique du Piémont, dans le nord-ouest de l’Italie. Il s’étend essentiellement sur les actuelles provinces d’Asti et d’Alexandrie. Comté à l’origine, puis marquisat en 967 et enfin duché en 1574, le Montferrat a connu, au cours des siècles plusieurs phases : le règne des Alérame, descendants d’Alérame, le premier marquis ; le règne des Paléologue à partir de 1305 par carence de descendant mâle de la famille précédente ; l’occupation impériale de 1533 à 1536 en raison de la même carence ; le règne des Gonzague, déjà ducs de Mantoue, à compter de 1536 ; la guerre de Succession de Montferrat de 1613 à 1617 en raison d’un problème de descendance

[5] Le second traité d’Asti, également appelé paix d’Asti, est signé le 21 juin 1615, entre l’Espagne de Philippe III et le duché de Savoie de Charles-Emmanuel au sujet de la succession du marquisat de Montferrat

[6] La maison de Habsbourg ou maison d’Autriche est une importante Maison souveraine d’Europe connue entre autres pour avoir fourni tous les empereurs du Saint Empire romain germanique entre 1452 et 1740, ainsi qu’une importante lignée de souverains d’Espagne et de l’empire d’Autriche, puis de la double monarchie austro-hongroise. La dynastie a pris le nom de « Maison de Habsbourg-Lorraine » depuis 1780.

[7] La Valteline est une région d’Italie du nord, limitrophe de la Suisse, qui correspond approximativement à la vallée de la rivière Adda et de ses affluents. La Valteline fait partie de la Lombardie et, plus particulièrement, de la province de Sondrio, sa ville principale. Elle s’allonge du nord-est (massif de Bormio) vers le sud-ouest, où la rivière Adda termine son cours en se jetant dans le lac de Côme. La Valteline appartint dès le 14ème siècle au duché de Milan. À partir de 1512, elle passa, comme Chiavenna, sous la dépendance des Trois Ligues (qui allaient plus tard devenir le canton suisse des Grisons), alliées de la Confédération des XIII cantons. Lorsque le Milanais revint aux Habsbourg, la Valteline acquit aux yeux de cette famille une importance stratégique majeure, puisqu’elle contrôlait le passage le plus direct entre l’Italie du nord et les vallées de l’Inn et du Rhin, donc vers l’Autriche et les territoires du Saint Empire romain germanique. Ce passage était devenu très important, à partir de 1601, car c’était la seule voie de communication praticable et assurée pour les Espagnols entre le Milanais, la Franche-Comté et les Pays-Bas. En effet, le traité de Lyon, qui mettait fin à la guerre franco savoyarde de 1601, qui comprenait la cession de la Bresse ne laissait plus qu’une voie de communication. C’est la raison pour laquelle, de façon répétée, ils cherchèrent à en recouvrer la souveraineté. Cependant, au moment de la Réforme protestante, la Valteline resta fidèle au catholicisme pendant que les Grisons, et particulièrement l’Engadine, adoptaient le protestantisme. Il en résulta une opposition confessionnelle marquée entre vassaux catholiques de Valteline et suzerains protestants des Grisons, opposition que tentèrent d’exploiter à leur profit, avec un résultat médiocre, les Habsbourg, qui trouvèrent notamment sur leur route, durant la guerre de Trente Ans, l’allié stratégique des ligues grisonnes, la France de Louis XIII, Richelieu et le Père Joseph.

[8] congrégation pour la propagation de la Foi

[9] Inscrutabili divinae providentiae est la bulle pontificale par laquelle le pape Grégoire XV établit, le 22 juin 1622, la ‘Congrégation pour la Propagation de la foi‘ (la ‘Propaganda Fide’), aujourd’hui appelée Congrégation pour l’évangélisation des peuples.

[10] Le concile de Trente est le 19ème concile œcuménique reconnu par l’Église catholique. Convoqué par le pape Paul III le 22 mai1 1542, en réponse aux demandes formulées par Martin Luther et Jean Calvin dans le cadre de la réforme protestante, il débute le 13 décembre 1545 et se termine le 4 décembre 1563. Étalées sur 18 ans, ses 25 sessions couvrent 5 pontificats (Paul III, Jules III, Marcel II, Paul IV et Pie IV) et se tiennent à Trente dans la cathédrale de San Vigilio, puis à Bologne et enfin à nouveau à Trente, dans l’église Santa Maria Maggiore. En réponse aux théories protestantes, le concile confirme la doctrine du péché originel affirmée lors du 16ème concile de Carthage en 418, précise celle de la justification, de l’autorité de la Bible spécifique au catholicisme romain et confirme les 7 sacrements, le culte des saints et des reliques ainsi que le dogme de la transsubstantiation. Sur le plan disciplinaire, il crée les séminaires diocésains, destinés à former les prêtres.

[11] Le royaume de Bohême était un royaume situé dans la région de la Bohême, en Europe centrale, dont la plupart des territoires se trouvent actuellement en République tchèque. Devenu une possession héréditaire des Habsbourg en 1620, le royaume a fait partie du Saint Empire jusqu’à sa dissolution en 1806, après quoi il est devenu une partie de l’Empire d’Autriche, puis de l’Empire austro-hongrois.

[12] La Moravie est une région d’Europe centrale, formant aujourd’hui la partie orientale de la République tchèque. Ses villes principales sont Brno et Olomouc. Dans le premier tiers du 11ème siècle, la Moravie est rattachée à la Bohême. La Moravie est aujourd’hui entourée par la Bohême à l’ouest, l’Autriche au sud, la Slovaquie à l’est, la Silésie et la Pologne au nord.

[13] Le hussitisme est un mouvement social et religieux inspiré par les doctrines de Jan Hus, et repris ensuite pour partie par la Réforme. Après l’indépendance de la Tchécoslovaquie, une partie libérale du clergé catholique s’inspire également de ses doctrines pour créer l’Eglise Tchécoslovaque, puis Eglise tchécoslovaque hussite, qui représente aujourd’hui la 3ème église de la République tchèque. Les hussites sont divisés en deux groupes : les Utraquistes praguois et les radicaux Taborites. La Bohême se divise : la majorité devient hussite, mais quelques villes restent catholiques. Le 30 juillet 1419, une procession de la Nouvelle Ville de Prague, conduite par Jan Zelivsky, prédicateur à Notre-Dame des Neiges, est atteinte par des pierres. Des émeutes éclatent, et les hussites prennent l’hôtel de ville, défenestrant les échevins. Le mois suivant, la mort de Venceslas 1er provoque des émeutes marquées par des profanations iconoclastes. En juillet 1420, ils élaborent les quatre articles de Prague, qui forment la base de leur programme dont ils exigent la reconnaissance par le pouvoir royal. Ces quatre articles sont : la communion sous les deux espèces (les communiants devant manger l’hostie et boire le vin), la pauvreté des ecclésiastiques, la punition des péchés mortels sans distinction selon le rang ou la naissance du pécheur, la liberté du prêche. Leur volonté est également de convertir toute la chrétienté à leurs idées ; pour cela, ils envoient des émissaires partout en Europe.

[14] Le palatinat du Rhin, l’électorat palatin, ou encore en forme longue le comté palatin du Rhin, aussi connu sous le nom de Bas Palatinat ou de Palatinat inférieur, possession du comte palatin du Rhin, était l’un des sept plus anciens électorats du Saint Empire romain germanique. Son souverain était appelé électeur palatin. Situé de part et d’autre du Rhin, il avait pour limites : au sud, la Lorraine et l’Alsace (et comprenait le bailliage de Seltz de 1418 à 1766) ; à l’ouest et au nord, Trèves, Mayence et Liège ; de l’autre côté du Rhin, Bade et le Wurtemberg. Il avait dans sa plus grande largeur 125 km, et sa capitale était Heidelberg. Les principales autres villes étaient Mannheim et Frankenthal. Son territoire s’étendait sur les actuels länder de Bade-Wurtemberg, de Hesse, de Rhénanie-Palatinat, de Sarre et sur l’Alsace-Moselle.

[15] La Bibliothèque palatine à Heidelberg était une des plus importantes bibliothèques de la Renaissance en Allemagne. En 1622, à la suite de la conquête de la ville par Tilly et la ligue catholique, ses ouvrages ont été pour la plupart transférés à la Bibliothèque apostolique vaticane de Rome, où ils forment depuis une collection spéciale.

[16] L’église Saint-Nicolas-des-Lorrains est un sanctuaire lorrain appartenant à la France et situé à Rome (Italie), au numéro 17 du Largo Febo, non loin de la Piazza Navona. Après la réunion des duchés de Lorraine et de Bar à la France en 1766, l’édifice religieux fut intégré aux Pieux Établissements de la France à Rome et Lorette.

[17] L’église Saint-Ignace-de-Loyola est un édifice religieux catholique de style baroque sur la piazza Sant’Ignazio, à Rome. Elle a été construite entre 1626 et 1650, d’après les plans d’Orazio Grassi, en hommage au saint fondateur de la Compagnie de Jésus, Ignace de Loyola, qui avait été canonisé quelques années auparavant. Elle fut église du Collège romain - le précurseur de l’Université pontificale grégorienne - dont architecturalement elle fait partie. Il s’agit de l’une des deux grandes églises romaines des Jésuites, l’autre étant le Gesù.

[18] La Villa Ludovisi est une villa construite dans les années 1620 par Le Dominiquin pour Ludovico Ludovisi pour y abriter sa collection d’antiquités, dans la banlieue de Rome, dans la zone du Pincio, sur les jardins de Salluste.

[19] siège actuel de la Chambre des députés italienne