Artiste très important, son art, typiquement baroque [1], est caractérisé par la recherche du mouvement, la torsion des formes, le spectaculaire et les effets d’illusion. Par son abondante production artistique, il se place comme la figure de proue de l’art baroque à Rome.
Fils d’Angelica Galante et de Pietro Bernini , sculpteur maniériste d’origine florentine. Le couple se rend à Rome en 1605 où Pietro travaille pour le compte du cardinal Scipione Borghese ce qui est l’occasion de faire montre du talent précoce du fils qui travaille auprès de son père.
Pietro Bernini travaille sur les chantiers de Paul V Borghèse, achevant en particulier ce qui est reconnu comme son chef-d’œuvre, “l’Assomption de la Vierge” du baptistère de Sainte-Marie-Majeure [2] et la chapelle Paolina [3] destinée à accueillir la tombe de Paul V et Clément VII pour laquelle Pietro Bernini réalise un couronnement de Clément VII en 1611. Le jeune Gian Lorenzo bénéficie très jeune de l’expérience de son père, en particulier en ce qui concerne l’organisation du travail collectif sur un chantier et la fusion des œuvres architectoniques, picturales, sculpturales dans un ensemble de marbres polychromes.
Sous le patronage du cardinal Scipion Borghèse, alors membre de la famille papale régnante, le jeune Bernini commence à être reconnu comme sculpteur de talent. Ses premières œuvres sont des pièces décoratives destinées à orner le jardin de la villa Borghèse [4], Priape et Flore* ( [5]). Un groupe décoratif des “Quatre Saisons” commandé par Leone Strozzi pour le jardin de sa villa romaine dont les traits sensuels et réalistes des festons de fruits dénotent l’influence des œuvres caravagiennes présentes dans la collection du cardinal et auxquelles Le Bernin n’a pas pu échapper.
Avec les quatre groupes Borghèse qui l’occupent pendant 5 ans, Le Bernin atteint une gloire immédiate. Il s’agit de trois sujets mythologiques et un biblique correspondant aux centres d’intérêt antiquisants de leur commanditaire, le cardinal Scipion Borghèse
Son talent précoce attire l’attention du pape Paul V. Favori des papes, il devient l’architecte de la place Saint-Pierre. Grégoire XV le nomma chevalier
En 1623, succédant à Grégoire XV, le florentin Maffeo Barberini monte sur le trône pontifical sous le nom d’Urbain VIII. Le Bernin trouve en lui le mécène idéal, Urbain mène une politique de grands travaux pour graver dans la pierre la volonté de reconquête de l’église comme force triomphante du paganisme via les missions et du protestantisme via la Contre-réforme : une architecture spectaculaire, une esthétique communicante, persuasive et festive voire fastueuse en seront les vecteurs. Urbain VIII le combla de richesses.
En 1627, le tombeau du pape est commandé au Bernin. Il sera achevé des années plus tard et placé en face de celui de Paul III, l’initiateur de la Contre-Réforme [6] qu’Urbain VIII pensait avoir achevée. C’est l’occasion pour le Bernin de se mesurer, comme il l’a déjà fait avec son “David”, avec Michel-Ange qui avait réalisé le tombeau de Paul III.
En 1644, GianBattista Pamphili dit Innocent X est élu au trône de Saint-Pierre. C’est un pape austère ou aux ambitions artistiques limitées par la crise des finances du Saint-Siège [7]. Coup dur à la réputation du Bernin, c’est aussi l’année de la démolition du campanile de la basilique Saint-Pierre pour des raisons de statique. Ses concurrents en profitent pour faire valoir leur place, Borromini obtient le chantier de Saint-Jean de Latran [8], Carlo Rainaldi construit “le Palazzo Pamphilj” et commence la construction de l’église Sainte-Agnès en Agone [9] sur la de la place Navone [10]
Le Bernin n’est pas en disgrâce mais cela y ressemble presque et il faut l’habile médiation du prince Niccolò Ludovisi pour qu’on lui commande la réalisation de la magnifique “fontaine des Quatre-Fleuves”
Alexandre VII qui monte sur le trône de saint Pierre en 1655 est un pape humaniste et urbaniste.
Il commande au Bernin la colonnade de la place Saint-Pierre lequel trouve une solution urbanistique et symbolique élégante en concevant une colonnade qui s’écarte depuis la basilique comme deux bras qui accueilleraient la foule. Dans son projet, l’architecte aurait souhaité fermer entièrement la place par une troisième aile à l’est de celle-ci, mais la mort d’Alexandre VII, interrompit définitivement les travaux.
De 1658 à 1678, il travaille à l’édification de l’église Saint-André du Quirinal [11] dont le plan elliptique servira de modèle pour nombre d’églises baroques par la suite. Le Bernin, qui a beaucoup contribué à l’embellissement ou la complétion de bâtiments existants et peu construit d’édifices dans leur totalité considère cette église comme son chef-d’œuvre architectural.
Le Bernin est un artiste de réputation internationale et, dès 1664, Colbert l’invite en France pour le compte de Louis XIV qui doit faire pression sur le pape pour qu’il libère son architecte préféré, lequel part pour Paris en avril 1665 pour travailler sur la restructuration du Louvre.
Reçu comme un prince, il réalise alors un buste du roi, mais aucun de ses projets de façade pour le Louvre ne sera retenu, marquant le début du déclin de l’influence italienne sur l’art architectural français. On lui préfère le projet de Claude Perrault . La statue équestre du roi, qu’il avait proposée lors de son séjour en France, et qui sera réalisée quelques années plus tard à Rome, sera livrée, mais exilée dans un coin peu prestigieux du parc de Versailles. Il retourna à Rome dès octobre 1665.
Comme pour Urbain VIII, il réalise le tombeau d’Alexandre VII avec les allégories de la Charité, de la Vérité devant la Prudence et la Justice avec une porte qui symbolise le passage vers l’au-delà.
Sous Clément IX , Le Bernin réalise une série d’anges pour le pont Saint-Ange de Rome [12]. De cette série, seule une statue est de la seule main du Bernin laquelle est aujourd’hui conservée en la basilique Sant’Andrea delle Fratte [13].
Il meurt à Rome en 1680 et est enterré dans la basilique Sainte-Marie-Majeure.
Deux ans après sa mort, la reine Christine de Suède, alors en exil à Rome, commande sa biographie à Philippe Baldinucci .