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Guillaume VI de Montferrat

mardi 18 janvier 2022, par ljallamion

Guillaume VI de Montferrat (1173-1225)

Marquis de Montferrat

Membre de la famille des Aleramici [1], unique fils du marquis Boniface de Montferrat et de la marquise Helena del Bosco. Il participe à plusieurs campagnes militaires avec son père et on le retrouve en 1191 combattant Asti [2] à proximité de Montiglio.

Entre 1193 et 1199 il apparaît dans de nombreux actes publics avec son père. Le 12 juin 1199, d’après les accords avec Acqui Terme [3], il est convenu que, remplaçant Boniface, il soit dans la cité avec 20 chevaliers pour combattre Alexandrie [4] et le 27 octobre, il est présent près de Saluggia [5] pour la signature d’un pacte avec la commune de Vercelli [6].

En 1202, il se marie avec Berthe de Clavesane, fille de Boniface, marquis de Clavesane. Son père Boniface, parti pour la croisade, restant fidèle aux promesses faites aux communes d’Asti et d’Alexandrie, nomme son fils marquis de Montferrat.

Rapidement Guillaume doit porter son attention sur Asti, protégée par les Milanais, qui devient de plus en plus puissante et avec qui il a, à plusieurs reprises, des affrontements violents. En août 1203, encore au nom de son père, Guillaume se met d’accord avec les communes d’Alba [7] et Alexandrie contre Asti.

En raison du peu de persévérance de ses alliés et des cessions faites par Guillaume, il doit reconnaître sa défaite en avril 1206. Le traité de paix n’est cependant pas trop contraignant bien que, le marquisat, après tant d’années de guerre, apparaît, comme grevé par la guerre et incapable de la soutenir.

Concernant le traité, qui est aussi accepté par les alliés, Guillaume s’engage à le faire ratifier par Boniface, mais celui-ci meurt sans rien en savoir. Lorsque Boniface s’éteint, la succession au trône de Thessalonique [8] revient au demi-frère de Guillaume, Démétrios.

Par tradition, les Alérame appartiennent à la faction gibeline [9], soutenant le parti Hohenstaufen [10], cependant, Guillaume VI se rapproche de l’opposant guelfe [11], Otton IV du Saint Empire. Malgré l’alliance et les campagnes militaires qui s’annoncent, Guillaume est déçu par son protecteur.

Alors que Guillaume s’attend à bénéficier de la puissance de l’empereur contre ses ennemis, la seule aide qu’il reçoit d’Otton est dirigée contre les petites puissances locales qui ne constituent pas une menace réelle. Le seul grand succès de l’alliance est la mise à sac de Coni [12].

Il est dans le parti d’Otton à la diète [13] de Lodi [14] avant de le quitter au profit de Frédéric II. Le 14 juillet 1212, avec d’autres représentants du parti Hohenstaufen, il reçoit à Gênes avec tous les honneurs Frédéric. De là, le guidant sur ses terres, il le conduit sur la route pour l’Allemagne.

Participant au concile du Latran de 1215 [15], il soutient la cause de Frédéric contre Otton IV. Il est plusieurs fois appelé en Allemagne à la demande de Frédéric et pendant ses absences, ses ennemis envisagent, sans résultats, de prendre possession des terres de Montferrat.

Prenant à cœur de venger son père, Guillaume décide de partir pour l’Orient bien conscient du manque d’aide qu’on peut lui apporter. Le pape Honorius III le convainc de commander l’expédition contre l’Égypte, mais la venue en Italie de Démétrios de Thessalonique lui fait changer l’objectif de sa mission et l’incite à se rendre dans la cité grecque.

Se déclarant plusieurs fois prêt à partir, il doit repousser son départ en raison de la menace de ses ennemis dans le Piémont [16] et des difficultés économiques qui l’obligent à gager le marquisat auprès de l’empereur Frédéric II par le traité de prêt de Catane de 1224. Il réussit finalement à convaincre quelques cités de fournir des hommes pour la croisade.

En février 1223 on le trouve aux côtés de Frédéric II à Capua [17], Ferentino [18] et Sora [19], l’expédition en Orient est retardée au moins jusqu’en 1225, quand il se décide à partir depuis Brindisi [20].

Au moment de lever les amarres, il se sent mal et le départ est repoussé jusqu’au printemps 1226. Quand enfin, sous la pression de Honorius III, l’armée se met en marche, les continuels retards et la désorganisation provoquent l’échec de l’entreprise.

Guillaume VI meurt vers le 17 septembre à proximité du port grec d’Halmiros. L’armée est touchée par la dysenterie et se dissout.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Guglielmo VI del Monferrato »

Notes

[1] Les Alérame, en italien les Aleramici, connus aussi sous le nom antique des Aleramidi, furent une importante famille féodale piémontaise dont les diverses branches gouvernèrent le Montferrat, Saluces, Savone et d’autres terres comprises entre la Ligurie et le Piémont.

[2] Asti est une ville italienne située dans la province du même nom dont elle est le chef-lieu, dans le Piémont.

[3] Acqui Terme est une commune italienne, située dans la province d’Alexandrie, dans la région Piémont, en Italie nord-occidentale. Elle se trouve à 35 km au sud-sud-ouest d’Alexandrie.

[4] Alexandrie est une commune et une ville italienne, place-forte pendant la Renaissance, située dans la région du Piémont dans la plaine du Pô, qui est aujourd’hui le chef-lieu de la province d’Alexandrie. La ville est située au bord du Tanaro, à environ 75 km au sud-est de Turin.

[5] Saluggia est une commune italienne de la province de Verceil dans la région Piémont en Italie.

[6] Verceil (en italien Vercelli) est une ville, chef-lieu de la province du même nom dans le Piémont en Italie. Elle a été fondée, selon la plupart des historiens[réf. nécessaire], vers l’an 600 av. J.-C. La ville est située sur la rivière Sesia, dans la plaine du Pô entre Milan et Turin. La première université du monde financée par les deniers publics a été créée à Verceil en 1228. Aujourd’hui, la ville dispose d’une université de la littérature et la philosophie comme une partie de l’université du Piémont oriental et un campus satellite de l’École polytechnique de Turin.

[7] Alba est une ville située dans la province de Coni dans le Piémont en Italie. Elle est considérée comme la capitale de la zone de collines des Langhe, et est célèbre pour la truffe blanche, la pêche et la production de vin.

[8] Le royaume de Thessalonique est l’un des États latins qui apparurent après la conquête de Constantinople par les Croisés en 1204. Érigé autour de Thessalonique, qui avait été la deuxième ville en importance de l’empire byzantin, vassal de l’empire latin de Constantinople, son existence fut éphémère, se terminant vingt ans après sa création par la prise de la ville par le despote d’Épire, Théodore 1er l’Ange, et la création d’un « empire de Thessalonique » encore plus éphémère.

[9] Les gibelins (la pars gebellina), soutiennent la dynastie des Hohenstaufen, au-delà, celles du Saint Empire romain germanique.

[10] La maison des princes de Hohenstaufen est une dynastie qui a donné plusieurs ducs et empereurs germaniques entre les 11et 13ème siècles. Le nom de la maison renvoie au château de Hohenstaufen, sur la crête septentrionale du Jura souabe, près de Göppingen. Les plus importants représentants de cette dynastie furent Frédéric Barberousse, Henri VI et Fréderic II.

[11] Les guelfes et les gibelins sont deux factions (parti ou, plus souvent, brigate ou sette) médiévales qui s’opposèrent militairement, politiquement et culturellement dans l’Italie des Duecento et Trecento. À l’origine, elles soutenaient respectivement deux dynasties qui se disputaient le trône du Saint Empire : la pars Guelfa appuyait les prétentions de la dynastie des « Welf » et de la papauté, puis de la maison d’Anjou, la pars Gebellina, celles des Hohenstaufen, et au-delà celles du Saint Empire. Conflit en apparence limité au Saint Empire, l’opposition entre Guelfes et Gibelins va se transporter dans diverses parties d’Europe, principalement dans les villes de la péninsule italienne. Dans cette bipolarisation, parfois surestimée, les allégeances dynastiques sont parfois secondaires, les adhésions fluctuantes, et il faut attendre le règne de Frédéric II pour que papauté et empire deviennent des symboles forts de ralliement et que se construise une véritable division antithétique. Ce clivage trouve des manifestations dans le domaine civique et religieux et cristallise les tensions entre les villes italiennes, au sein de leurs élites et parfois entre la ville et son contado. L’écho du conflit se manifeste à des époques ultérieures, en revêtant de nouveaux caractères et en stigmatisant des oppositions idéologiques nouvelles.

[12] Coni est une ville chef-lieu de la province de même nom dans la région italienne du Piémont. Fondée en 1198 sur un haut plateau au pied des Alpes maritimes, elle présente une forme de triangle au confluent de la rivière Stura di Demonte et du torrent Gesso. La vieille ville est bâtie selon un plan en damier à la pointe de ce triangle, de part et d’autre d’une rue médiane qui remonte au Moyen Âge (via Roma).

[13] En politique, une diète est une assemblée délibérative. On emploie essentiellement ce mot en référence au Parlement japonais, à la chambre basse polonaise, au Bundestag allemand, aux assemblées parlementaires de Lettonie et Lituanie ou à des institutions anciennes.

[14] Lodi est une ville, chef-lieu de la province de même nom en Lombardie (Italie). Lodi est un village celtique, appelé à l’époque romaine, à partir de 89 av. jc, "Laus Pompeia" probablement en l’honneur du consul Gnaeus Pompeius Strabo. La position de cette localité permit à de nombreux Gaulois de la Gaule cisalpine d’obtenir la citoyenneté romaine. Lodi devint le siège d’un diocèse au 3ème siècle et le premier évêque, Saint Bassian (San Bassiano), fut le saint patron de la ville.

[15] Le quatrième concile œcuménique du Latran (souvent nommé Latran IV) est le douzième concile œcuménique de l’Église catholique. Il s’est tenu au Latran en 1215 sur l’initiative du pape Innocent III. Le concile Latran IV marque l’apogée de la chrétienté médiévale et de la papauté après l’effort de renouveau inauguré, 150 ans plus tôt, par les réformateurs du 11ème siècle (en particulier par Grégoire VII). Pendant les trois semaines que dure le concile, du 11 au 30 novembre 1215, de nombreuses décisions sont prises qui renforcent l’emprise du Saint-siège sur la chrétienté occidentale.

[16] Au cours du Moyen Âge, se constitue autour de Turin la principauté de Piémont, gouvernée par une branche de la maison de Savoie, la lignée de Savoie-Achaïe. En 1418, à la mort de Louis de Savoie-Achaïe, la principauté du Piémont revient au duc de Savoie, qui a la faveur de l’empereur en tant que membre du parti gibelin. À partir de 1494, le Piémont est embrasé par les guerres d’Italie : dans la première moitié du 16ème siècle, le pays devient un théâtre d’opérations d’armées étrangères, ce qui bloque la vie culturelle. En 1563, le duc de Savoie et prince de Piémont décide de faire de Turin sa principale capitale, au détriment de Chambéry.

[17] Capoue, rattachée à Salerne par le traité de 849 entre Salerne et Bénévent parvient à s’en affranchir vers 861.

[18] Ferentino est une commune italienne, située dans la province de Frosinone, au bord du fleuve Sacco, dans la région Latium, en Italie centrale. Ferentino est connue dans l’antiquité sous le nom latin de Ferentinum, cité du peuple hernique. L’enceinte fortifiée antique datée des 6ème-2ème siècle av. jc subsiste encore, mais avec des tours et des portes médiévales. En 306 av. jc, cette cité refuse de se joindre aux autres villes herniques dans la guerre contre Rome. Après la défaite des Herniques, Rome récompense la fidélité de Ferentinum par un statut de Municipium avec droit d’élire ses propres magistrats ; citoyenneté romaine aux habitants et droit de mariage légal entre Romains et Ferentins

[19] Sora est une ville de la province de Frosinone dans le Latium en Italie.

[20] Brindisi est une ville de la province de Brindisi dans les Pouilles en Italie. C’est une ville importante de la côte adriatique, célèbre depuis l’antiquité. Son port en branches de cerf, le seul vraiment protégé de la côte adriatique, en a fait une porte vers l’Orient dès l’époque romaine. Cité grecque à l’origine et capitales des Salentins, Brindisium est conquise par le consul Marcus Atilius Regulus en 267 av.jc, achevant la conquête romaine du sud de l’Italie. Transformée en colonie romaine en 244 av. jc, elle fut rapidement reliée à Rome par la via Appia, puis par la Via Trajana.