Représenté comme un ibis [1] au plumage blanc et noir ou comme un babouin hamadryas [2], Thot capte la lumière de la lune, dont il régit les cycles, à tel point qu’il fut surnommé le seigneur du temps. Dans la tombe de Thoutmôsis III : 9 babouins précédés de 12 serpents accueillent le soleil représenté comme un scarabée sur une barque.
Lorsqu’il est représenté sous la forme d’un babouin, il est aussi le soleil levant. Les babouins ont pour habitude de pousser des grands cris au lever du jour, juste avant le lever du soleil ; cette habitude leur valut d’être associés à la renaissance solaire car ils acclamaient l’astre à son apparition.
L’ibis est reconnu pour sa capacité à différencier une eau potable d’une eau non potable, de ce fait sa transposition divinisée en fait un animal-dieu du savoir. Par extension, il est celui qui détient le savoir, et donc qui le transmet ; il devient naturellement le maître des écrits dans un société où l’écriture hiéroglyphique est restreinte au cercle des initiés, contrairement à l’écriture démotique, plus populaire. Thot prend donc naturellement une forme mixte d’homme à tête d’ibis.
Inventeur de l’écriture et du langage, il est la langue d’Atoum et le scribe [3] des dieux. Incarnation de l’intelligence et de la parole, il connaît les formules magiques auxquelles les dieux ne peuvent résister. Selon la légende, celui qui était capable de déchiffrer les formules magiques du Livre de Thot pouvait espérer surpasser même les dieux.
Le respect que Thot inspire lui vient de son savoir illimité. Toutes les sciences sont en sa possession : Il connaît tout et comprend tout. En tant que détenteur de la connaissance, il est chargé de la diffuser. C’est pourquoi il a inventé l’écriture. Les anciens égyptiens pensaient que le savoir et la connaissance leur avaient été transmis par des livres et des écrits que Thot avait volontairement abandonnés dans des temples. Cependant, la conscience aiguë qu’il a de sa supériorité intellectuelle le rend ennuyeux, présomptueux et pompeux. Il aime les discours soignés, les formules alambiquées et affecte les tons empruntés. Souvent il agace les autres divinités qui ne manquent pas de le lui faire remarquer.
Ses compétences s’étendent aussi au domaine des mathématiques dans lequel il excelle. C’est lui qui a fixé les limites des nomes et du Double Pays. Il est l’auteur des plans des sanctuaires des dieux car lui seul sait tracer des plans et orienter les bâtiments. Toutes les sciences sont sous son contrôle et réclament obligatoirement sa protection.
Il préside à l’audition des morts au tribunal d’Osiris, et c’est Anubis qui pèse et juge les âmes en les comparant au poids d’une plume [4], afin de décider si le défunt, représenté par son Kâ [5], doit être condamné [6] ou jugée digne d’accéder aux Champs d’Ialou [7].
Un passage du livre de la vache et du ciel explique que Thot est choisi par Rê comme vizir [8] alors que celui-ci s’apprête à quitter le monde des hommes. Thot est ainsi le greffier divin qui possède les mêmes compétences que le greffier de l’administration pharaonique.
Lors de son combat avec Seth, Horus perdit son œil, mais le retrouva par la suite grâce à Thot. Appelé Oudjat, cet œil représente la victoire de l’ordre [9] sur le chaos [10]. Porté sous forme d’amulette, il était censé écarter le mauvais œil ; on le place notamment sur la proue des navires, pour échapper aux dangereux hippopotames.
Importé dans le monde gréco-romain, Thot y sera assimilé à Hermès/Mercure, plus particulièrement sous le nom d’Hermès Trismégiste. Il peut être assimilé, dans l’Ancien Testament, à Hénoch car il ne meurt pas : il disparaît avec Dieu ; le livre d’Hénoch, considéré comme apocryphe, le décrit comme devenu le scribe de dieu.
Thot représente l’intelligence divine, il incarne la parole divine. C’est le dieu de la Lune, le dieu des guérisseurs, le dieu des scribes et la patron des magiciens. C’est le maître de tous les arts, de la parole car son verbe est créateur, de la science des nombres et des signes.