Né au début du 10ème siècle à Borg [1], une ferme de la région des Myrar [2]) dans un fjord [3] auquel elle a donné son nom, dans l’ouest de l’Islande [4]. Fils de Grímr le Chauve, il est le personnage principal d’une des plus grandes sagas de familles de l’île, probablement rédigée par l’écrivain et homme d’État Snorri Sturluson, qui décrit Egill comme un de ses descendants, dans la première moitié du 13ème siècle.
Le plus lointain ancêtre connu d’Egill est son arrière-arrière-grand-père Ulfr Oargr, baron et scalde [5] dans le Naumudalr, au nord de la Norvège. Il vivait au début de l’époque viking. Sa fille Hallbera donna son nom au fils qu’elle eut d’un certain Brunda-Bjalfi.
À l’époque où Harald 1er de Norvège unifia le pays, Kveldulf, père de Grím, refusa de le servir tandis que l’un de ses fils allait payer cet honneur de sa vie. Aidé de son second fils, Grím le Chauve, le vieux chef se vengea du roi avant de fuir la Norvège. Son idée était de se réfugier en Islande, une île tout récemment découverte, mais il mourut en cours de la traversée. À sa demande, son cercueil fut jeté à la mer.
Grím s’installa en Islande, là où toucha terre le cercueil de son père. Il y établit le domaine de Borg, dans la région des Myrar dont il devint le chef. Il y accueillit beaucoup de monde dont son beau-père Yngvarr, un autre baron norvégien déchu, ainsi qu’un couple d’amoureux en fuite dont il recueillit la fille, Asgerd. De son épouse Bera, Grím ne garda que deux fils, Thorolf d’abord et Egill ensuite.
Très vite, Egill se montra extrêmement doué pour la poésie, la boisson et les conflits. D’une terrible violence, il tua un jour un compagnon de jeu qui l’avait maltraité et, plus tard, un intendant de son père. Comme il était devenu intenable, Grím accepta qu’il accompagne son aîné à l’étranger pour aller y faire ses armes.
En Norvège, Egill ne tarda pas à se lier d’une amitié éternelle avec Arinbjörn dont Thorolfr épousa la cousine, cette Asgerd qu’avait jadis adoptée Grím le Chauve. Il devint également l’ennemi mortel du roi Erik et de son épouse Gunnhild. Obligés de fuir le pays comme l’avaient fait leurs ancêtres, Egill et Thorolf devinrent vikings. Ils sévirent en Courlande [6], au Danemark [7] pour se retrouver finalement en Angleterre en 937.
C’est là, au service du roi AEthelstan à la bataille de Brunanburh [8], que Thorolfr fut tué. Egill le vengea aussitôt, reçut deux coffres d’argent du roi comme compensation et épousa la veuve de son frère.
De retour en Islande, bientôt père de famille, Egill hérita également des biens et fonctions de son père, décédé à cette époque. Des affaires d’héritage de son épouse le rappelèrent pourtant en Norvège où procès et duels s’enchaînèrent. Il tomba même un jour aux mains de son ennemi Erik à York [9] et ne sauva sa vie que grâce à l’intervention d’Arinbjörn et à un poème de louange composé en une nuit. Lors de son tout dernier voyage, on le vit même percepteur d’impôts pour le roi Håkon de Norvège. Il rentra ensuite définitivement en Islande où il maria ses enfants.
Des malheurs frappèrent alors Egill. Il perdit un de ses fils de maladie et un autre se noya. Il voulut renier le dieu Odin et se laisser mourir de faim et de chagrin, mais sa fille Thorgerd le convainquit d’écrire en l’honneur des disparus ce qui devint un des fleurons de la poésie scaldique. Il fit de même quand son ami Arinbjörn fut tué aux côtés du roi Harald vers 970. À la mort d’Asgerd, il laissa Borg et le titre de chef à son dernier fils Thorsteinn , qu’il n’aimait guère, et s’installa chez sa nièce à Mosfell. Ses seules consolations étaient son amitié avec le scalde Einarr Skallaglamm et une victoire en justice en faveur de son clan, mais il perdait peu à peu l’ouïe et la vue.
Après une dispute avec le maître de Mosfell, il ordonna à deux serviteurs de l’emmener avec ses deux coffres d’argent anglais vers une destination inconnue. On le retrouva bien plus tard, aveugle, errant au hasard, sans coffres ni guides. Il ne révéla pas son secret et mourut peu après dans son lit.