Tanoutamon
Dernier pharaon de la XXVème dynastie-Roi de Napata et pharaon de 664 à 656 av. jc
Couronné dans le temple d’Amon du Gebel Barkal [1]. Manéthon l’appelle Tanoutamon.
Il épouse Pijearti, Malakaie, Isetemkheb et Asalka. Son neveu Atlanersa succèdera à Tanoutamon mais uniquement dans sa capitale de Napata [2] de 653 à 643 ou 640. Ses descendants sont à l’origine des pharaons de Napata et de la civilisation méroïtique [3].
Il reprend la lutte pour concrétiser le rêve de son père et s’engage immédiatement dans une campagne militaire contre les souverains rebelles du Nord, dont le roi de Saïs [4] Néchao 1er mis en place par les Assyriens [5]. Il assiège et prend Memphis [6] et Néchao 1er meurt au cours de la bataille.
La victoire est de courte durée, sa reconquête de Memphis impose aux Assyriens de prendre des sanctions. L’empereur Assurbanipal lance un corps d’armée contre l’Égypte et la cité retombe aux mains des Assyriens. Tanoutamon se réfugie à Thèbes [7].
Les Assyriens le poursuivent, la bataille est terrible, la ville est entièrement ravagée et tous les trésors accumulés dans les temples sont pillés. À Saïs, Psammétique 1er, le successeur de Néchao 1er, profite de cette déroute de Tanoutamon pour prendre en 656 av. jc le contrôle de la région.
Les rois nubiens [8] ne remonteront plus jamais en Égypte, c’est le glas des Pharaons noirs.
Néanmoins, Tanoutamon continue à régner en Nubie. Il meurt en 656 av. jc et est enterré dans la nécropole royale d’El-Kourrou [9].
Notes
[1] Le Gebel Barkal (ou Djebel Barkal) est le promontoire rocheux qui domine le site de Napata (Soudan), site d’un temple d’Amon célèbre et capitale du royaume de Kouch à dater de la XXVème dynastie égyptienne. Les Égyptiens le nommaient la "montagne Pure" et le considéraient comme le lieu où résidait le dieu Amon. De fait, dès Thoutmôsis III, le site est attesté et ne cessera de se développer alors.
[2] Napata est à la fois le nom d’un royaume antique d’Afrique et le nom de sa capitale. Son nom est attaché à la « deuxième période » du royaume de Koush. Situé en aval de la quatrième cataracte du Nil, les ruines de la ville antique sont situées au pied du Gebel Barkal, un promontoire rocheux qui domine la vallée et le fleuve et qui très tôt a été identifié comme une montagne sacrée dans laquelle résidait le dieu Amon lui-même.
[3] Le méroïtique est une langue qui fut parlée dans le royaume de Koush dans le nord de l’actuel Soudan depuis la fin du 3ème siècle avant notre ère jusqu’au 5ème siècle ; elle fut également écrite à partir du 2ème siècle avant notre ère. Ce fut la langue des pharaons koushites de la XXVème dynastie. L’alphabet méroïtique possède deux écritures distinctes : l’une en hiéroglyphes égyptiens, l’autre cursive.
[4] Saïs se situait sur la branche canopique du Nil dans le delta occidental. Elle est identifiée de nos jours au site du village de Sa el-Hagar (ou Sah el-Haggar), à l’Ouest de Samannud. Elle fut la capitale du cinquième nome de Basse Égypte le « nome supérieur de Neith » ou « la cible du Nord ».
[5] L’Assyrie est une ancienne région du Nord de la Mésopotamie, qui tire son nom de la ville d’Assur, qui est aussi celui de sa divinité tutélaire, le dieu Assur. À partir de cette région s’est formé au 2ème millénaire av. jc un royaume puissant qui est devenu par la suite un empire. Aux 8ème et 7ème siècles av. jc, l’Assyrie contrôle des territoires s’étendant sur la totalité ou sur une partie de plusieurs pays actuels tels l’Irak, la Syrie, le Liban, la Turquie ou encore l’Iran.
[6] Memphis est à l’origine le nom de Memphis, princesse de la mythologie grecque, qui aurait fondé une ville en Égypte à laquelle elle aurait donné son nom. Memphis était la capitale du premier nome de Basse Égypte, le nome de la Muraille blanche. Ses vestiges se situent près des villes de Mit-Rahineh et d’Helwan, au sud du Caire.
[7] Thèbes (aujourd’hui Louxor) est le nom grec de la ville d’Égypte antique Ouaset (« Le sceptre » ou « La Puissante »), appartenant au quatrième nome de Haute Égypte. D’abord obscure capitale de province, elle prend une importance nationale à partir de la XIème dynastie. Elle est en effet la ville d’origine des dynastes de la famille des Antef, qui fondent la XIème dynastie avec Montouhotep 1er et Montouhotep II, liquidateurs de la Première Période Intermédiaire et rassembleurs des Deux Terres, c’est-à-dire de la Haute Égypte et de la Basse Égypte.
[8] La Nubie est aujourd’hui une région du nord du Soudan et du sud de l’Égypte, longeant le Nil. Dans l’Antiquité, la Nubie était un royaume indépendant dont les habitants parlaient des dialectes apparentés aux langues couchitiques. Le birgid, un dialecte particulier, était parlé jusqu’au début des années 1970 au nord du Nyala au Soudan, dans le Darfour. L’ancien nubien était utilisé dans la plupart des textes religieux entre les 8ème et 9ème siècles.
[9] El-Kourrou est une vaste nécropole antique utilisée entre la fin du 9ème siècle et le 7ème siècle avant notre ère. Ce site est situé près de la ville moderne de Karima au nord du Soudan. Cette nécropole abrite plusieurs dizaines de sépultures de rois et de membres de familles royales, certaines sous un simple tumulus de pierres, d’autres dans un mastaba de briques crues, ou encore dans une pyramide. Ces dernières ont été édifiées avec l’avènement des pharaons noirs de la XXVème dynastie qui y ont leurs tombes, à l’exception de Taharqa.