Psammétique 1er
Pharaon de la XXVIème dynastie de 664 à 610 av.jc
Fils de Nékao 1er et de la reine Istemabet, il survit à la répression des Assyriens sur les princes révoltés du delta et est emmené à la cour de Ninive [1] pendant que son père est confirmé dans son royaume de Saïs. Lorsqu’il revient en Égypte, son père l’installe à la tête de la principauté d’Athribis [2] étendant ainsi l’influence du royaume saïte sur le delta.
À la mort de son père, il hérite du trône et du royaume de Saïs et ainsi en peu de temps parvient à imposer son autorité sur la Basse-Égypte [3].
D’après Hérodote, un oracle avait prédit la victoire à celui qui serait aidé par des « hommes de bronze » venus de la mer ; or à cette époque auraient débarqué dans le delta des pirates venus d’Ionie [4] et de Carie [5] qui portaient des armures en bronze, chose nouvelle pour les Égyptiens. Psammétique 1er décide aussitôt d’engager ces guerriers dans son armée, devenant des mercenaires au service de Pharaon.
Dès le début de son règne, avec l’appui du roi Gygès de Lydie et de mercenaires ioniens et cariens, il obtient la soumission des différents princes régionaux du delta et d’Hérakléopolis [6], ville stratégique de Moyenne Égypte, proche du Fayoum, carrefour des flux caravaniers et fluviaux, et à la faveur des troubles de succession du trône d’Assyrie, réunifie l’Égypte en l’an 8 de son règne.
À Thèbes [7], où les liens avec les Kouchites [8] étaient fortement affirmés, il fait reconnaître son pouvoir en contraignant en l’an 9 de son règne la « divine adoratrice » Kouchite Amenardis II , à adopter pour sa succession sa fille Nitocris en 657 av.jc. Montouemhat , le 4ème prophète d’Amon qui tient en fait le rôle de grand prêtre, se soumet à l’autorité saïte, les Éthiopiens fidèles au pouvoir s’étant enfuis ou ayant été écarté. Grâce à l’appui des mercenaires grecs, Psammétique établit un contrôle des frontières et réduit les dernières oppositions. Il rejette ensuite le protectorat assyrien en 645 av.jc.
Après la réunification du pays, il s’attache à rendre l’ordre et la prospérité et à redorer le lustre et la puissance du royaume.
Psammétique fait de Memphis [9] sa capitale et réorganise l’administration. Il nomme deux gouverneurs à Hérakléopolis en Moyenne Égypte et à Edfou [10] en Haute Égypte. Il rétablit la puissance militaire en encadrant l’armée par des Grecs et la flotte par des Phéniciens.
D’après Hérodote, Psammétique 1er aurait été à la rencontre des Scythes [11], ayant envahi la Syro Palestine [12] après leurs victoires sur les Mèdes [13], et les aurait persuadé de rebrousser chemin sans s’attaquer à l’Égypte en les priants d’accepter ses présents.
À sa mort, après 54 ans de règne, c’est son fils Néchao II qui lui succède.
Notes
[1] Ninive est une ancienne ville de l’Assyrie, dans le nord de la Mésopotamie. Elle se situait sur la rive est (gauche) du Tigre, au confluent du Khosr, dans les faubourgs de la ville moderne de Mossoul, en Irak, dont le centre se trouve de l’autre côté du fleuve. Les deux sites principaux de la cité sont les collines de Kuyunjik et de Nebī Yūnus. Ninive est l’une des plus anciennes cités de Mésopotamie. Elle était un important carrefour de routes commerciales traversant le Tigre. Elle occupait une position stratégique sur la grande route entre la mer Méditerranée et le plateau iranien, ce qui lui a apporté la prospérité, de sorte qu’elle est devenue l’une des plus grandes cités de toute la région. Elle doit néanmoins sa plus grande expansion urbaine au choix du roi assyrien Sennacherib d’en faire la capitale de son grand empire au début du 7ème siècle av. jc. Ninive est alors entourée de remparts de briques sur une longueur de 12 km. L’espace total de la cité couvrait 750 hectares à son apogée. L’ensemble de ce vaste espace est aujourd’hui une superposition de ruines recouvertes à certains endroits par les nouvelles banlieues actuelles de la ville de Mossoul.
[2] Athribis est le nom grec d’une cité antique égyptienne du delta, dans le Xème nome de Basse Égypte, « Le grand taureau noir ». Son nom égyptien est Het-ta-hérieb ou Het-ta-héri-ib ou encore Hout-héry-ib.
Ce site, connu par les archéologues sous le nom arabe de Tell-Athrib, se trouve près de la localité de Benha. Il est connu de nos jours sous le nom de Kom Sidi Youssef.
[3] L’Égypte se définit essentiellement par rapport au Nil. La Basse Égypte est donc « basse » par référence au sens de l’écoulement du fleuve (du sud, plus haut, vers le nord, en aval) et donc à son altitude. Son relief est également peu accusé. C’est la partie la plus au nord de l’Égypte, depuis la Méditerranée, avec le delta du Nil, jusqu’à la région du Fayoum avec Le Caire.
[4] L’Ionie est une région historique du monde grec antique située à l’ouest de l’Asie mineure, entre Phocée et Milet. Elle correspond à la région située dans un rayon de 170 km autour de la ville actuelle d’Izmir. Elle emprunte son nom à Ion, ancêtre légendaire des peuples de cette région. C’est en Ionie que se sont développées les premières formes de science de la philosophie en Occident, chez les penseurs appelés Présocratiques, dont une école particulière, celle des Physiciens, est aussi appelée l’École Ionienne. Homère y aurait vécu au 8ème siècle av. jc. Les côtes ioniennes présentent beaucoup d’avantages économiques : de bons abris naturels facilitant l’établissement de ports pour le commerce avec des communications aisées vers l’arrière-pays, un climat agréable, des vallées ouvertes pour la culture des céréales et l’élevage des chevaux, des plateaux pour l’élevage des moutons, des collines pour les arbres fruitiers et les oliviers.
[5] La Carie est une région historique du sud-ouest de l’Asie mineure, située entre la Lycie à l’est, la Pisidie au nord-est, la Lydie au nord et la mer Égée au sud-ouest. Elle correspond à l’actuelle région de Bodrum au Sud-Ouest de la Turquie. À l’origine, la Carie apparaît aux 15ème et 14ème siècle comme un petit royaume d’abord vassal des Hittites, puis indépendant. Elle subit tôt l’influence grecque et utilise l’alphabet grec pour transcrire la langue carienne, idiome de la famille des langues anatoliennes déchiffrée à partir de 1981, mais dont la connaissance reste extrêmement fragmentaire.
[6] Héracléopolis Magna est la capitale du vingtième nome de Haute Égypte, le nome supérieur du Laurier rose (nˁrt ḫntt). Dans l’antiquité, la ville égyptienne d’Henensou était le cœur du culte du dieu Hérychef, un dieu à tête de bélier, qui était étroitement lié aux dieux Rê et Osiris. C’était une divinité solaire attachée à la justice que les Grecs identifièrent à leur dieu Héraclès, d’où le nom qu’ils donnèrent à la cité : Héracléopolis Magna Cité d’Héraclès. Elle fut ensuite, après l’invasion arabe du 7ème siècle ap. jc, nommée Ahnas en arabe médiéval. Aujourd’hui elle est identifiée avec les sites d’Ehnassiya Umm al-Kimam (ou Ihnassiya) et d’Ehnasiyyah el-Médineh (ou Ihnassiyyah al-Madinah). La cité est située dans le sud du gouvernorat du Fayoum, à proximité du Bahr Youssef, le bras du fleuve issu du Nil à la hauteur d’Assiout. Elle fut la capitale et la résidence des rois durant les 9ème et 10ème dynasties (Ire période intermédiaire). Après la réunification de l’Égypte, la ville perdit de son importance. Elle fut de nouveau sur le devant de la scène sous la XXIIème dynastie où elle fut un temps un royaume indépendant.
[7] Thèbes (aujourd’hui Louxor) est le nom grec (Thebai) de la ville d’Égypte antique Ouaset (« Le sceptre » ou « La Puissante »), appartenant au quatrième nome de Haute Égypte. D’abord obscure capitale de province, elle prend une importance nationale à partir de la XIème dynastie. Elle est en effet la ville d’origine des dynastes de la famille des Antef, qui fondent la XIème dynastie avec Montouhotep 1er et Montouhotep II, liquidateurs de la Première Période Intermédiaire et rassembleurs des Deux Terre1, c’est-à-dire de la Haute Égypte et de la Basse Égypte. Thèbes est également la patrie de Séqénenrê Taâ dit « le Brave », dont les successeurs, Kamosé et Ahmôsis, vont libérer l’Égypte antique des Hyksôs et clore la Deuxième Période Intermédiaire.
[8] Le royaume de Koush est l’appellation que les Égyptiens antiques donnèrent au royaume qui s’établit au sud de leur pays dès l’Ancien Empire égyptien. Ce royaume eut une longévité peu commune et trouve ses origines dans les cultures néolithiques qui se développèrent dans le couloir nilotique du Soudan actuel et de la Nubie égyptienne.
[9] Memphis était la capitale du premier nome de Basse Égypte, le nome de la Muraille blanche. Ses vestiges se situent près des villes de Mit-Rahineh et d’Helwan, au sud du Caire. La légende, rapportée par Manéthon, raconte que Memphis fut fondée par le roi Ménès vers 3000 av.jc. Capitale de l’Égypte durant tout l’Ancien Empire, elle est restée une cité importante tout au long de l’histoire égyptienne, placée sous la protection du dieu Ptah, le patron des artisans dont le temple était l’Hout-ka-Ptah (le « château du ka de Ptah »). C’est de ce terme, qualifiant la maison du dieu, que serait dérivé en grec le mot aegyptus prototype du nom du pays en latin. La ville occupe une place stratégique à l’entrée du delta du Nil et de ce fait regorge d’ateliers et de manufactures, notamment d’armes qui étaient conservées dans de grands arsenaux non loin du port principal de la ville, le Perou Nefer, dont les textes du Nouvel Empire vantent l’activité fébrile. Son histoire est étroitement liée à celle du pays et sa ruine est due, d’abord, à la perte de son rôle économique à la fin de l’Antiquité et la montée d’Alexandrie, puis à l’abandon de ses cultes à la suite de l’édit de Thessalonique.
[10] Edfou (ancienne Behdet ou Béhédet ou Djébaou la ville du flotteur en égyptien, Apollinopolis Magna en grec) est une ville de Haute Égypte. Ce sont les Grecs, qui avaient identifié le dieu Horus avec Apollon, qui lui donnèrent le nom d’Apollinopolis Magna. Elle s’est développée sur la colline où se situait la ville antique de Behédet (ou Behdet) et où se développera plus tard celle d’Apollinopolis Magna. Elle est située sur la rive ouest du Nil, dans une région particulièrement riche en blé, au débouché des pistes caravanières venant du désert et des mines d’or de Nubie. Entre Assouan et Thèbes, elle est à 105 km au sud de celle-ci et à 755 km du Caire.
[11] Les Scythes étaient un ensemble de peuples indo-européens d’Eurasie en grande partie nomades et parlant des langues iraniennes. Originaires d’Asie centrale ils ont vécu leur apogée entre le 7ème siècle av. jc. et la fin de l’Antiquité, notamment dans les steppes eurasiennes, une vaste zone allant de l’Ukraine à l’Altaï, en passant par la Russie et le Kazakhstan. Les Perses désignaient ces peuples par le nom de sakas, francisé en Saces. De nombreuses sources antiques attestent des peuples scythes, les Assyriens mentionnent les Saces dès 640 avant l’ère chrétienne.
[12] Palestine est un nom attesté depuis Hérodote qui désigna la région historique et géographique du Proche-Orient située entre la mer Méditerranée et le désert à l’est du Jourdain et au nord du Sinaï.
La zone n’est pas clairement définie. Elle est centrée sur les régions de la Galilée, de la Samarie et de la Judée. Ses limites sont au nord la Phénicie et le mont Liban et au sud la Philistie et l’Idumée. À l’époque des croisades, le Pérée au nord-est de la mer Morte, la Batanée et la Décapole au-delà du Jourdain y étaient attachés. La région de Palestine correspond aux territoires aujourd’hui situés à l’ouest du Jourdain et inclut l’État d’Israël, les territoires palestiniens occupés, une partie du royaume de Jordanie, le Liban du Sud et le plateau du Golan
[13] Les Mèdes sont un peuple de l’Iran ancien, voisin des Perses, avec lesquels ils ont souvent été confondus dans les témoignages antiques. Durant le 1er millénaire av. jc, ils occupaient un territoire recouvrant le Nord-Ouest de l’actuel Iran, dans le Zagros occidental, autour de leur capitale Ecbatane (Hamadan de nos jours). Bien qu’une place importante dans l’histoire du Moyen-Orient antique lui soit généralement reconnue, ce peuple n’a laissé aucune source textuelle permettant de reconstituer son histoire. Il n’est connu que par des sources extérieures, assyriennes, babyloniennes et grecques, ainsi que par quelques sites archéologiques iraniens qui sont supposés avoir été occupés par des Mèdes.