A peine devenu seigneur à la mort de son père, il est chassé de Vitré [1] par Conan III, avant d’y revenir définitivement 9 ans plus tard.
Fils d’ André 1er de Vitré et de sa femme, Agnès de Mortain. Le mariage est conclu vers 1091, après que Robert de Mortain, père d’Agnès, ait été capturé par le seigneur vitréen. Celui-ci, qui défendait le Nord du Vendelais [2] des raids du comte normand, accepta, en effet, de libérer le captif, sous plusieurs conditions, incluant notamment son mariage avec Emma de Mortain. Cette dernière épousant finalement Guillaume IV de Toulouse , c’est bien Agnès de Mortain qui fut mariée à André de Vitré.
En 1106, le comte Guillaume de Mortain , fils de Robert, est destitué, en raison de son opposition à Henri 1er Beauclerc. Parallèlement à cela, André 1er était un compagnon d’armes et vassal du souverain anglais en tant que seigneur du Triggshire, et son mariage avec la fille du précédent comte de Mortain lui donnait une légitimité sur le comté normand. Celui-ci fut donc finalement accordé au fils d’André, Robert de Vitré, alors à peine âgé de 11 ans.
Le règne de Robert II de Mortain est néanmoins de courte duré, puisque Henri 1er cède le comté dès 1112 à son neveu et futur roi d’Angleterre, Étienne de Blois. On ne sait presque rien sur les six années de règne de Robert à Mortain, son nom n’apparaissant que dans quelques chartes de Savigny [3].
En 1135, meurt le baron André 1er, Robert II héritant alors de son fief. Dans les semaines qui suivirent, aidé de quelques Vitréens, Conan III vint prendre Vitré par surprise. Le souverain breton s’était déjà rendu maître de Vitré 3 ans plus tôt, avant de rendre rapidement la ville à son possesseur mais, cette fois-ci l’occupation se voulait pérenne. Un proche du duc, un certain Goranton, est alors placé à la tête de la baronnie.
Réfugié chez son parent Henri de Fougères en 1137, Robert de Vitré faisait de fréquentes et désastreuses incursions sur son ancienne baronnie. De nouveau chassé, il quitte Laval pour se réfugier chez son beau-frère Guillaume de Châteaubriant, seigneur de La Guerche [4] et premier fils d’Emme de La Guerche, qu’elle avait eu d’un premier mariage avec Juhel de Châteaubriant.
Conan de Bretagne profite de cette occasion pour assiéger La Guerche, positionnant son ost [5] près du pont de Visseiche [6]. Cousin et allié du duc, le comte Geoffroy V d’Anjou lui vient en aide et est parvenu entre La Selle [7] et Moutiers [8], à seulement quelques lieues des assiégeants. Voyant l’étau se resserrer, Guillaume de Châteaubriant et Robert de Vitré, appuyés par Thibault de Mathefelon [9] et par le seigneur de Candé, embusqués dans la forêt de La Guerche, attaquent par surprise les forces ducales, avant que celles-ci n’aient pu recevoir le recours des Angevins. La victoire des coalisés fut, totale, Conan se repliant précipitamment à Châteaugiron [10] et les seigneurs de Raix [11] et de Malestroit [12] étant capturés. De plus, Geoffroy d’Anjou, apprenant la défaite de son cousin, se replie à Angers.
Selon Pierre-Hyacinthe Morice de Beaubois dit Dom Morice et Pierre Le Baud, Robert récupère sa baronnie, grâce à quelques Vitréens lui donnant l’empreinte en cire des clefs de la Ville. Ceux-ci faisaient, en effet, partis de ceux qui avait offert Vitré à Conan et avaient alors des remords. D’après Louis Du Bois , ils s’en allèrent chercher l’absolution auprès du Pape Lucius II , ce qui permet de dater le retour du baron à Vitré. On sait, en effet, grâce à Pierre Le Baud, que Robert de Vitré récupéra son fief un 4 décembre, donc certainement en 1144, puisque Lucius II est mort en février 1145.
Le baron aurait recommencé à guerroyer dès l’année suivante, s’attaquant à Juhel II de Mayenne, dont la trahison quelques années plus tôt avait amputé la baronnie de quelques paroisses.
Durant l’absence de Robert le Vieux à Vitré entre 1135 et 1144, se succèdent deux barons de la lignée concurrente des Goranton-Hervé [13].
Exilé, Robert II meurt à Marmoutier [14].