Tea-Party à Boston
Le 16 décembre 1773 se déroule une bien étrange Tea-party. Dans le grand port de la colonie anglaise du Massachusetts [1], Samuel Adams et quelques colons déguisés en Indiens montent sur un vaisseau à l’ancre et jettent sa cargaison de thé à l’eau 343 caisses d’une valeur de 100.000 livres.
Cette manifestation d’humeur fait suite à une longue série de malentendus entre la colonie et le gouvernement de Londres. Les colons affichent leur loyauté à la couronne mais se plaignent de ne pas être représentés au Parlement de Westminster [2].
La coupe déborde lorsque celui-ci supprime une modeste taxe sur les importations de thé en Angleterre mais la maintient sur le thé destiné aux colonies d’Amérique. L’arrivée à Boston de 3 navires de la Compagnie des Indes [3] chargés de thé incite les colons et les importateurs à passer à l’action.
Le roi George III répond à la Tea-party par 5 lois intolérables qui sanctionnent la colonie et ferment le port de Boston [4] en attendant le remboursement de la cargaison de thé par les habitants. Face à cette décision arbitraire de Londres, toutes les colonies d’Amérique font cause commune avec le Massachusetts.
De protestation en algarade, après la fusillade de Lexington, le conflit entre la monarchie anglaise et ses Treize Colonies [5] finit par déboucher sur la déclaration d’Indépendance et la naissance des États-Unis d’Amérique.
Le 20 Mai 1774, le Parlement anglais décrète une série d’actes coercitifs, qui incluent la Loi de régulation du Massachusetts et la Loi gouvernementale enlevant pratiquement toute forme d’autonomie des colons.
La couronne anglaise et le gouverneur royal assumant la puissance politique autrefois exercée par les colons. Il décrète que pour les fonctionnaires royaux dans le Massachusetts ceux-ci ne pourront être poursuivie par les cours coloniales.
Concernant Québec cette loi établit un gouvernement centralisé au Canada piloté par la couronne et le Parlement anglais [6]. Ce dernier acte dérange considérablement les colons américains en prolongeant la frontière méridionale du Canada dans des territoires réclamés par le Massachusetts, le Connecticut [7] et la Virginie [8] En juin 1774, une nouvelle version des 1765 actes de division est décrétée par le Parlement anglais exigeant que toutes les colonies américaines devront fournir le logement pour les troupes britanniques dans les maisons et les tavernes occupées ainsi que les bâtiments inoccupés.
Du 5 Septembre 1774 au 26 octobre, ce tient le premier congrès, réunit à Philadelphie [9] avec 56 délégués, représentant chaque colonie, excepté la Géorgie [10]. Le 17 Septembre, le congrès déclare son opposition aux actes coercitifs, et appelle à la désobéissance et favorise également la formation des unités locales de milice. Le 14 Octobre, il adopte une déclaration et des résolutions qui s’opposent aux actes coercitifs et à l’acte du Québec, et à toute autre mesure prise par les Anglais qui minent l’autonomie. Les droits des colons sont affirmées, y compris ceux du droit à la vie, la liberté et la propriété. Le 20 Octobre, il adopte une résolution sur un boycott des importations anglaises, effectuent un embargo des exportations en Grande-Bretagne, et arrête le commerce d’esclave.
Le 1er Février 1775, à Cambridge [11] dans le Massachusetts se tient un congrès provincial pendant lequel John Hancock et Joseph Warren commencent la préparation d’opérations défensives pour un état de guerre.
Le 9 Février, le Parlement anglais déclare le Massachusetts en état de rébellion. Le 23 Mars, en Virginie, Patrick Henry appelle à lutter contre la tutelle britannique. Le 30 Mars le Roi George III approuve l’acte concernant la Nouvelle Angleterre et exigeant des colonies de commercer exclusivement avec l’Angleterre et interdit la pêche dans l’Atlantique nord.
En avril 1775, le Gouverneur du Massachusetts demande d’imposer les actes coercitifs et de supprimer la rébellion ouverte des colons par toute la force nécessaire. Le 14 Avril commence les affrontements entre les colons et la troupe britannique dans le Massachusetts. Après de nombreux incidents faisant plusieurs morts parmi les forces britanniques qui commencent une longue retraite de Lexington à Boston et sont sans cesse harcelées par des fermiers et des rebelles. La nouvelle des événements de Lexington se répand dans toutes les colonies.
Notes
[1] Le Massachusetts, officiellement le Commonwealth du Massachusetts, est un État des États-Unis qui fait partie de la région de la Nouvelle-Angleterre, au nord-est des États-Unis. Le Massachusetts partage ses frontières avec le New Hampshire et le Vermont au nord, l’État de New York à l’ouest, le Connecticut et le Rhode Island au sud, et l’océan Atlantique à l’est. La capitale et la métropole de l’État est Boston. Il s’agit de l’un des quatre États des États-Unis à porter le titre de Commonwealth.
[2] Le palais de Westminster, également désigné sous le nom de Chambres du Parlement, est le lieu où siège le Parlement du Royaume-Uni : la Chambre des communes et la Chambre des lords. Le palais borde la rive nord de la Tamise et se situe au centre de la ville, dans l’arrondissement londonien de la cité de Westminster. La section la plus ancienne du palais, Westminster Hall, remonte à l’an 1097. Le palais de Westminster servait à l’origine de résidence royale, mais aucun monarque anglais ou britannique n’y a plus vécu depuis le 16ème siècle, suite à un important incendie survenu en 1512. Cependant, la plus grande partie du bâtiment date du 19ème siècle car le palais fut presque entièrement détruit par un nouvel incendie, encore plus dévastateur, survenu le 16 octobre 1834. L’architecte responsable de la reconstruction, Sir Charles Barry, inscrivit le nouveau bâtiment dans le plus pur style néogothique, en référence à l’époque des Tudor. L’une des attractions les plus célèbres du palais de Westminster est sa tour de l’Horloge, qui abrite Big Ben.
[3] La Compagnie des Indes orientales, appelée dans un second temps Compagnie britannique des Indes orientales a été créée le 31 décembre 1600 par une charte royale de la reine Élisabeth 1ère d’Angleterre lui conférant pour 20 ans le monopole du commerce dans l’océan Indien. Première des compagnies européennes fondées au 17ème siècle pour conquérir « les Indes » et dominer les flux commerciaux avec l’Asie, elle trouve sa place face à la compagnie néerlandaise des Indes orientales, la célèbre VOC, et prend l’avantage sur la Compagnie française des Indes orientales qu’elle conduit à la ruine en conquérant toutes ses possessions en Inde, tout en survivant à une grave crise financière. Elle marque profondément la création du futur Empire britannique. Elle devient l’entreprise commerciale la plus puissante de son époque et acquiert des fonctions militaires et administratives régaliennes dans l’administration de l’immense territoire indien. Heurtée de plein fouet par l’évolution économique et politique du 19ème siècle, elle décline progressivement, puis disparaît en 1858 après la révolte des cipayes.
[4] Boston est la capitale et la plus grande ville de l’État du Massachusetts et de la région de Nouvelle-Angleterre, dans le nord-est des États-Unis. Elle est l’une des plus anciennes villes des États-Unis. Fondée en 1630 sur la péninsule de Shawmut, au fond du Boston Harbor, par des puritains anglais fuyant les persécutions religieuses de leur pays, elle s’est rapidement développée dès le 17ème siècle : l’université Harvard est notamment fondée en 1636. La ville reprend le nom d’une petite ville de l’est de l’Angleterre, et les Français l’appellent « Baston » pendant le 17ème siècle. Vers 1750, elle compte 15 000 habitants et est alors la troisième ville la plus peuplée des Treize Colonies. Elle joue un rôle central durant la guerre d’indépendance américaine et est le témoin d’événements majeurs, tels que le massacre de Boston, le siège de Boston et la Boston Tea Party en 1773.
[5] Les Treize Colonies étaient un groupe de colonies frontalières faisant partie de l’Empire britannique en Amérique septentrionale et qui donnèrent naissance aux États-Unis d’Amérique. C’est ainsi que la Grande-Bretagne, notamment, les désigna avant la signature du traité de Paris de 1783, moment à partir duquel elles sortirent de son champ de souveraineté. Elles sont situées sur la côte Est de l’Amérique septentrionale, entre la Nouvelle-Écosse et la Floride et entre l’Atlantique et les Appalaches. Contrairement aux Treize Colonies, les autres territoires britanniques d’Amérique septentrionale sont restés loyaux à la Couronne (on parle des colonies loyalistes). Fondées entre 1607 (Virginie) et 1732 (Georgie), unies en 1775, elles signent la déclaration d’indépendance en 1776 sous le nom d’États-Unis et se séparent de la Grande-Bretagne. Ceci s’inscrit dans un contexte de guerre d’indépendance qui aboutit à l’indépendance des États-Unis.
[6] Le Parlement du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord est l’institution législative suprême du Royaume-Uni, des territoires britanniques d’outre-mer et des dépendances de la Couronne. Lui seul dispose de la suprématie parlementaire, c’est-à-dire du pouvoir de légiférer sur tous les autres organes politiques du Royaume-Uni et de ses territoires. Le Parlement comprend deux chambres : la Chambre des lords et la Chambre des communes. À sa tête se trouve le monarque britannique. La Chambre des lords est la chambre haute et comprend des membres non élus : les Lords Spiritual (plus importants évêques de l’Église d’Angleterre) et des Lords Temporal (titulaires d’une pairie). La Chambre des communes est la chambre basse composée de députés (Members of Parliament ou MPs) élus au suffrage universel direct au maximum tous les cinq ans. Le Parlement siège au palais de Westminster à Londres. Par convention constitutionnelle, le Premier ministre du Royaume-Uni et les membres du gouvernement sont tous membres du Parlement, généralement de la Chambre des communes. Le Parlement de Grande-Bretagne est créé en 1707 par la fusion du Parlement d’Angleterre et celui d’Écosse. Il est à nouveau élargi en 1801 par la fusion avec le Parlement d’Irlande et devint alors le Parlement du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande.
[7] Le Connecticut est un État du nord-est des États-Unis, situé dans la région de la Nouvelle-Angleterre. Sa capitale est Hartford et sa plus grande ville Bridgeport. Il est entouré par Rhode Island à l’est, le Massachusetts au nord, l’État de New York à l’ouest et le détroit de Long Island au sud. Divisé en huit comtés, le Connecticut tire son nom d’un fleuve qui le traverse de part en part. Les premiers colons de la région étaient des Hollandais menés par le navigateur Adriaen Block en 1614. Ceux-ci commercent avec plusieurs tribus amérindiennes, dont les Pequots. Les premiers colons anglais fondent la colonie du Connecticut en 1633 et la première ville de Windsor. Les villes de Wethersfield et Hartford sont créées en 1634 et 1636. Après la guerre d’indépendance américaine, où le Connecticut fait partie des Treize Colonies, il connaît une industrialisation rapide et devient un centre économique majeur du pays.
[8] La colonie de Virginie est une colonie britannique d’Amérique du Nord qui existe du 16ème siècle jusqu’à la révolution américaine. La colonie de Virginie est ainsi baptisée en l’honneur de la reine Élisabeth 1ère d’Angleterre (surnommée « La reine vierge »). Après la première révolution anglaise, au milieu du 17ème siècle, la colonie de Virginie est surnommée The Old Dominion (« l’ancien dominion ») par le roi Charles II en raison de son apparente loyauté à la couronne lors de la période dite du Commonwealth d’Angleterre. Après son indépendance du royaume de Grande-Bretagne, à la fin du 18ème siècle, la partie sud-est de la colonie de Virginie devient le Commonwealth de Virginie, l’un des 13 États originels des États-Unis, adoptant officiellement le surnom de Old Dominion. Après la formation des États-Unis, le territoire de la colonie de Virginie donne naissance aux États de Virginie-Occidentale, Kentucky, Indiana et Illinois, ainsi qu’à une partie de l’Ohio.
[9] Philadelphie, surnommée Philly, est une ville du Commonwealth de Pennsylvanie, située dans le Nord-Est des États-Unis, entre New York et Washington D.C. Le nom de la ville, choisi par William Penn, signifie « amitié fraternelle » en grec, car elle devait être un îlot de tolérance religieuse. Fondée en 1682, elle fut, jusqu’en 1790, la ville la plus peuplée d’Amérique du Nord. Entre 1774 et 1800, le Congrès des États-Unis s’est réuni en plusieurs endroits, le plus souvent à Philadelphie, faisant de celle-ci la capitale de facto provisoire du pays, jusqu’à ce que Washington devienne la capitale définitive. Par ailleurs, Philadelphie entretint pendant quelques décennies une rivalité financière et politique avec New York, avant d’être supplantée par sa rivale.
[10] La Géorgie est un État du Sud des États-Unis, bordé à l’ouest par l’Alabama, au nord par le Tennessee et la Caroline du Nord, à l’est par la Caroline du Sud et l’océan Atlantique et au sud par la Floride. Sa capitale est Atlanta. la province de Géorgie est créée par les Britanniques pour contrer l’expansionnisme espagnol depuis la Floride ; elle doit également accueillir des migrants emprisonnés en Angleterre pour dette. Son nom est un hommage au Roi George II de Grande-Bretagne. À cette date, l’esclavage est interdit, jusqu’en 1749. En 1775, la Géorgie compte quelque 35 000 habitants. Entre 1765 et 1769, des terres sont offertes à treize colons sur les îles de Cumberland, qui deviendront des plantations. Le conflit avec les Espagnols est ravivé par la fondation de la nouvelle colonie que Madrid considère comme illégale. Lors de la guerre de l’oreille de Jenkins, la Géorgie doit faire face à une invasion espagnole en 1742, qui subit un échec, notamment à la suite de la bataille de Bloody Marsh. L’Espagne reconnaît finalement en 1750 l’implantation britannique dans la région. Par la suite, la Géorgie devient l’une des treize colonies à se révolter contre les Britanniques durant la guerre d’indépendance américaine. Elle est le quatrième État de l’Union le 2 janvier 1788. La Géorgie importa de nombreux esclaves de différentes ethnies africaines pour ses plantations de riz puis de coton. Les esclaves de même ethnie seront séparés, ce qui va faciliter la pénétration de la langue anglaise, christianisés et rebaptisés. Ceux-ci seront le plus souvent déportés par des négriers anglais et français, principales puissances maritimes à cette époque.
[11] Cambridge est une ville située dans l’État du Massachusetts, aux États-Unis, dans le comté de Middlesex. La ville de Cambridge se trouve dans l’agglomération de Boston, dont elle n’est séparée que par la rivière Charles. Cambridge apparaît sous le nom de Newtowne en 1630. Newtowne faisait partie des villes (dont Boston, Dorchester, Watertown et Weymouth) fondées par les 700 premiers colons puritains de la colonie de la baie du Massachusetts. Le site original de la ville était le cœur de ce qui est aujourd’hui devenu Harvard Square. La cité était bien plus grande qu’aujourd’hui et comprenait les villes maintenant indépendantes de Newton, Lexington (Cambridge Farms), Arlington (West Cambridge) et Brighton (West Cambridge). Lors de la guerre d’Indépendance des États-Unis d’Amérique la plupart des habitants résidaient près de l’université, les fermes et les propriétés constituant le reste de la ville. Ils étaient en majorité des descendants des premiers colons puritains mais quelques-uns représentaient une petite élite d’anglicans qui résidaient dans les demeures du long de la « Route vers Watertown » (Brattle Street). Ces propriétés furent confisquées après la révolution et vendues aux loyalistes. Entre 1790 et 1840, Cambridge commença à évoluer rapidement avec la construction du West Boston Bridge en 1792 qui reliait directement Cambridge à Boston, raccourcissant le trajet entre les deux villes. Un deuxième pont, Canal Bridge, fut ouvert en 1809 le long du Canal de Middlesex. Les nouveaux ponts et routes permirent l’apparition des premiers quartiers industriels et résidentiels de Cambridge.