Condamné pour hérésie, il est le premier chrétien condamné à mort et exécuté pour cette raison. Le priscillianisme [1] est une des premières hérésies condamnées par la jeune Église de Rome.
Ces croyances le poussent à des pratiques jugées suspectes, jeûne le dimanche, et surtout abandon de l’église pour des retraites en campagne. Le mouvement autorise des femmes à enseigner en son sein.
Celle-ci est condamnée une première fois au concile de Saragosse [2], le 4 octobre 380. 2 évêques, Ithace, évêque d’Ossonuba, et Hydace évêque de Mérida, demandent à l’empereur [Gratien] de sévir, ce qui constitue une première intervention du pouvoir séculier dans les affaires de l’Église.
Priscillien et ses disciples sont exilés, ils se rendent à Rome pour obtenir une grâce du pape Damase 1er, qui la refuse. Un fonctionnaire impérial les dispense de leur exil par un rescrit [3]. Priscillien revient triomphalement en Espagne fin 382.
Hydace fuit alors l’Espagne, et va trouver le nouvel empereur Maxime, d’origine espagnole, à Trèves. Celui-ci convoque Priscillien devant un concile à Bordeaux, mais l’évêque préfère être jugé par un tribunal séculier à Trèves. Il est néanmoins condamné avec ses disciples et Euchrétia, femme qui l’aurait accueilli avec trop d’empressement à Bordeaux.
Saint Ambroise de Milan refuse d’aider la secte en 382, lorsque Priscillien passe à Milan, en route pour Rome. Saint Martin de Tours est présent à Trèves [4] lorsque Hydace et Ithace demandent à Maxime la condamnation de Priscillien. Celui-ci est condamné au chef de magie. Rejoint par Ambroise de Milan, saint Martin de Tours demande la grâce de vie pour Priscillien.
Ambroise renonce, menacé de mort par l’empereur, Martin obtient que les disciples de Prisicillien ne soient pas poursuivis. Le pape Sirice s’éleva contre les procédés de Maxime. Par la suite, Martin de Tours refusa toujours de participer aux assemblées épiscopales, ce qui, avec ses efforts pour sauver de la mort Priscillien, le fit suspecter d’hérésie. L’empereur Théodose 1er déclara nulles les décisions de Maxime dans cette affaire. Ithace est déposé quelques années plus tard, et Hydace démissionne de sa charge de lui-même.
Les évêques priscillianistes font leur soumission au 1er concile de Tolède [5] en 400 et la doctrine est condamnée définitivement en 563 au 1er concile de Braga [6].
Les canons écrits par Priscillien contiennent une forte incitation à la piété personnelle et à l’ascétisme, notamment au célibat, et à la privation de viande et de vin. Il affirme aussi que l’esclavage est aboli entre chrétiens, et que les différences fondées sur le sexe n’ont pas lieu d’être, ce qui n’allait pas de soi dans la Chrétienté d’alors. Il affirme aussi que la Grâce divine se répand sur tous les croyants, et que l’étude des Écritures prime.
Comme beaucoup de chrétiens du 4ème siècle, Priscillien a beaucoup travaillé sur des écrits plus tard considérés comme apocryphes [7].