Né en Pannonie [1] il est le fils d’un officier païen, obligé de servir comme lui dans l’armée romaine, d’abord en Italie puis en Gaule.
C’est dans ce dernier pays, alors qu’il est en garnison à Amiens [2] dans la cavalerie impériale, que se produit l’épisode le plus fameux de sa vie.
Près d’une porte de la ville, un jour de l’hiver 337, il rencontre un mendiant nu et grelottant de froid , il coupe alors son manteau d’un coup d’épée et en donne une moitié au pauvre qui l’implore.
Pendant la nuit qui suit, le Christ lui apparaît en songe, portant la moitié du manteau offert au miséreux et le remerciant pour ce geste de charité.
Martin décida alors de quitter l’armée et de se convertir au christianisme. L’empereur lui refusa son congé, mais, comme il ne voulait plus porter les armes et se battre, il fut d’abord emprisonné, puis finalement relâché. De retour en Pannonie, il convertit sa mère et les gens de son entourage et commença une vie de prêches marquée d’errances et d’exils.
Enfin, après avoir vécu quelque temps en reclus sur une petite île des côtes de Ligurie [3], il trouva une aide spirituelle et un réconfort auprès de Hilaire, évêque de Poitiers [4], qui le baptisa et l’ordonna prêtre.
Vers 360, il obtint des terres à Ligugé [5], en Poitou [6], et y établit un ermitage, dans un dénuement total, il veut être seul pour prier Dieu et se repentir de ses fautes passées.
Solitude de courte durée , il est bientôt rejoint par des disciples, attirés par l’exemple de son ascétisme et de sa piété. Le groupe se développa rapidement en communauté religieuse et Ligugé devint le premier monastère fondé en Gaule. La renommée de Martin atteignit un tel rayonnement que le clergé et le peuple du diocèse de Tours l’élisent comme évêque en 370. Il refusa cette élection, se cacha, puis accepta par devoir.
Bien que remplissant scrupuleusement sa charge épiscopale pendant 27 ans, il continua à vivre en moine, d’abord dans une cellule près de sa cathédrale, ensuite au monastère de Marmoutier [7] qu’il fonda sur la rive droite de la Loire et qui devint rapidement une des plus grandes communautés monastiques d’Occident.
Jusqu’à sa mort, en 397, il fit œuvre de missionnaire non seulement dans son diocèse, mais dans toute la France de l’Ouest, évangélisant et convertissant les populations rurales de la Saintonge [8], du Berry [9] et de l’Auvergne [10]. Sous son impulsion, les temples païens, les idoles et arbres sacrés furent détruits, remplacés par des chapelles et des églises administrées par un prêtre. Lors d’une tournée pastorale, il tomba malade. Le 8 novembre 397, il est à l’agonie.
Tourangeaux et Poitevins se précipitèrent à son chevet. L’évêque était déjà considéré comme un saint, différents miracles, dont la résurrection d’un mort, lui sont attribués. Aussi, le corps de Martin fut-il objet de convoitise, le détenir assurera à la communauté une protection éternelle.
Par ruse, les Tourangeaux réussissent à s’en emparer. Le culte de celui que l’on surnomma “l’apôtre des Gaules” se répandit rapidement dans toute la Chrétienté et son tombeau devint un important centre de pèlerinage. En France, aujourd’hui encore, plus de 450 communes et près de 5.000 églises sont dédiées à saint Martin. Dans les localités qui comptent plusieurs églises dont une église Saint-Martin, celle-ci est presque toujours la plus ancienne. Une étude réalisée en Belgique montre que la concentration des églises Saint-Martin est plus importante à proximité immédiate des anciennes voies dites "romaines" et qu’elle décroît rapidement au fur et à mesure que l’on s’éloigne de ces voies. Ceci confirme que le christianisme nous a bien été imposé par les légions romaines et que la christianisation ne touchait, dans un premier temps, que les villes. A la campagne, les survivances païennes étaient beaucoup plus tenaces.
Le mot "païen" vient d’ailleurs du latin paganus, paysan. C’est à saint Martin que nous devons, en grande partie, la destruction de la culture celtique et gauloise.
Ce n’est que plus tard, lorsque le repli des légions romaines permettra l’arrivée de missionnaires venus d’Irlande, que les survivances druidiques resurgiront.
L’un de ces missionnaires sera Saint Colomban. On lui doit le mariage harmonieux entre traditions druidiques et traditions chrétiennes que l’on retrouve dans la Règle bénédictine et chez Saint Bernard.