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Ildut ou Iltud dit Ildut de Llantwit

dimanche 20 octobre 2019, par lucien jallamion

Ildut ou Iltud dit Ildut de Llantwit (mort vers 522)

Moine breton

Considéré comme le père fondateur du christianisme celtique [1].

Né au milieu du 5ème siècle. Les lieux de naissance et de mort de ce saint sont entourés de mystère.

Il est probable qu’il a toujours vécu au pays de Galles [2] et que ses disciples ont popularisé son nom en Armorique [3].

Certaines sources le font fils d’un chef de clan breton et d’une fille d’un roi de Cambrie [4]. Il aurait, dans sa jeunesse, préparé le métier des armes puis y aurait renoncé pour embrasser la voie monastique.

D’après le texte de la Vie de saint Samson du 7ème siècle, Ildut, était disciple de Germain d’Auxerre, ce qui ne signifie pas forcément qu’il reçut son enseignement de la bouche du saint gallo-romain.

Ildut était de tous les Bretons le plus versé dans les Écritures, à savoir l’Ancien et le Nouveau Testament, ainsi que dans les sciences de toute espèce, c’est-à-dire la géométrie, la rhétorique, la grammaire, l’arithmétique et toutes les théories de la philosophie.

Samson nous apprend aussi qu’il était abbé de son monastère dans le Glamorgan [5]. On en retient également que Gallois et Armoricains sont considérés dans ce texte comme Bretons.

Une autre vie du saint, pleine de légendes, fut écrite vers 1140. On en retient que Ildut navigua vers la Bretagne armoricaine avec quelques bateaux de blé pour soulager la population en proie à la famine.

Par ailleurs, cette vie déclare que Ildut est fils d’un prince breton armoricain et guerrier habile du nom de Bican Farchog , au service de son cousin maternel qui n’est autre que le Roi Arthur . Ses manières de soudard lui attirent le courroux de saint Cadou de l’abbaye de Llancarfan [6]. Ildut prend la tête d’un groupe armé pour ravager l’abbaye, mais les moines les poursuivent et la terre les avale tous sauf Ildut. Cadoc alors rappelle au jeune prince sa religion et le guerrier entre au monastère.

Ildut fonde le monastère de Llanilltud [7], dans le Glamorgan. Ce monastère était l’un des plus illustres de la Bretagne insulaire, tant par la qualité de la formation spirituelle qu’on y dispensait que par l’étendue de la culture littéraire, biblique et même agronomique de ses moines. Le lieu devint ainsi une école recherchée pour l’aristocratie bretonne de l’époque.

On y voit généralement le lieu d’organisation de l’émigration bretonne en Armorique. Ainsi Ildut est-il vénéré par certains comme un des pères de la nation bretonne.

Quelques années plus tard, plus à l’ouest, dans le royaume de Deheubarth [8], Ildut fonde l’école monastique d’Ynys Bŷr [9], dont le premier abbé est sans doute Pyro, formé à Llanilltud.

Beaucoup d’églises galloises lui sont consacrées. Son monastère fut très influent. Sa vie légendaire mentionne une cloche qui fut reprise aux armées du roi Edgar d’Angleterre, ainsi que la protection contre les attaques des Gallois du Nord au temps de Guillaume le Conquérant.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Léon Fleuriot, A Dictionary of old breton – Dictionnaire du vieux breton Part 1, Toronto Prepcorp Limited, 1985

Notes

[1] Le christianisme celtique ou « chrétientés celtiques » est un mode d’organisation de la vie religieuse, au sein du christianisme d’Occident. À l’inverse du système romain, il est fondamentalement décentralisé. Il apparaît au 5ème siècle, connaît son apogée au 7ème siècle, et s’éteint au 12ème siècle. On peut y distinguer deux cultures : la culture brittonique (de langue brittonique) et la culture scottique, ou gaélique (de langue gaélique), ou christianisme irlandais.

[2] Le pays de Galles est une nation constitutive du Royaume-Uni située dans l’Ouest de l’île de Grande-Bretagne. Il partage une frontière avec l’Angleterre à l’est et est bordé par la mer d’Irlande au nord et à l’ouest et le canal de Bristol au sud.

[3] Armorique est un nom propre d’origine gauloise qui désigne depuis l’Antiquité classique le territoire située entre la Loire et la Seine. Les auteurs de la fin de la République et du début de l’Empire romain la présentent comme peuplée par sept tribus gauloises dont Jules César donne la liste. Les Armoricains pourraient avoir constitué une confédération de peuples rivale de celle des Vénètes.

[4] La Cambrie est un des anciens noms du Pays de Galles qui a donné l’adjectif cambrien, plus utilisé en français à propos de géologie que pour désigner les habitants du pays. Il faut entendre un pays de Galles antique c’est-à-dire incluant les Cornouailles (ou Domnonée), le Wessex, et l’ouest de la Mercie (le Shropshire en a été détaché tardivement), jusqu’au comté de Cumbria.

[5] Le comté de Glamorgan est un ancien royaume puis comté du sud du Pays de Galles

[6] Monastère du haut Moyen Âge, entre Cowbridge et Barry près de la côte du Vale of Glamorgan, fondé par saint Cadou, d’où sont originaires de nombreux saints bretons, parmi lesquels saint Gildas, saint Malo, saint Brandan, etc. On estime que les émigrants gallois passaient par ce monastère, dans leur route vers la Bretagne continentale. Ils traversaient d’abord le canal de Bristol pour traverser l’ancienne Domnonée avant de franchir la Manche.

[7] devenu Llantwit Major par la suite en anglais

[8] Le Deheubarth est un royaume médiéval du sud–ouest du Pays de Galles. Il fut créé par Howell le vers 920, lorsqu’il prit possession du Seisyllwg et du Dyfed. Il couvrait à l’époque le Dyfed, le Ceredigion et Ystrad Towi. Le Deheubarth survécut un moment à la conquête normande du Pays de Galles, puis son importance décrut de plus en plus tandis qu’il se faisait envahir par les Anglais et absorber par le Gwynedd. Le Deheubarth disparut en tant que royaume en 1234, bien que des descendants de la famille royale reçurent l’autorisation de régner sur Cantref Mawr et Ystrad Towi jusqu’en 1283.

[9] aujourd’hui, île de Caldey