Né à Rouen [1], réformé réfugié après la révocation de l’Édit de Nantes en Angleterre chez son parent et parrain Paul Dominique Motteux, Pierre-Antoine Motteux s’appliqua à l’étude des langues et se familiarisa si bien avec la langue de sa nouvelle patrie, qu’après 6 ans seulement, il était rédacteur en chef du Gentleman’s Journal. Comme d’autres huguenots, il a écrit l’une des pages les mieux remplies de l’histoire de la presse écrite, en pleine révolution financière britannique.
Il traduisit dans un anglais remarquable par la pureté de style plusieurs ouvrages français et espagnols, publiant, en 1693 la traduction jusqu’alors non publiée “du Tiers Livre de Rabelais” par Thomas Urquhart, travail revu par Ozell, et qui, selon Tytler, est un vrai modèle de l’art de traduire.
L’année suivante, il édite les premier et deuxième livres de la “traduction d’Urquhart”. En 1694, il termine les travaux d’Urquhart avec sa propre traduction des quatrième et cinquième livres qui, bien que ne pouvant se comparer au style mordant et nerveux d’Urquhart, démontre une parfaite maîtrise de l’anglais familier et une perception juste et intime de l’œuvre de Rabelais. La traduction complète en cinq volumes a paru en 1693-1694 sous le titre “The Whole Works of Francis Rabelais”.
On a aussi de cet exact et fécond traducteur quelques œuvres tirées de son propre fond, telles que des prologues [2], des épilogues [3] et un poème sur le thé d’abord inséré dans “the Spectator” et réimprimé en 1722 et plusieurs pièces de théâtre qui eurent un grand succès. Sa première pièce, une comédie en cinq actes intitulée “Love’s Jest”, a été représentée à Lincoln’s Inn Fields [4] en 1696. L’année suivante, il donna “The Loves of Mars and Venus”.
Il poursuit son œuvre de traducteur avec sa traduction du“History of the Renowned Don Quixote de la Manch” qui compte parmi les meilleures traductions anglaises de Don Quichotte [5].
Malgré le grand succès qu’obtinrent ses publications, Motteux renonça dans la suite à la littérature pour se livrer au commerce. Il ouvrit un magasin de marchandises des Indes tout en remplissant en même temps un emploi lucratif dans les bureaux de la grande poste de Londres et acquit une fortune considérable par d’heureuses spéculations.