Né à Fréjus [1], en Gaule. Son père, Julius Grécinus, fut mis à mort, sous le règne de Caligula, pour avoir répondu par un refus à l’ordre, venu de l’empereur, d’accuser Silanus. C’est sous l’oeil de sa mère, Julia Procilla, que grandit Agricola ; dès son enfance, il fut élevé à Marseille. Dans les écoles de la cité phocéenne, il prit un goût très vif pour la philosophie, mais il négligea bientôt ses études de jeunesse pour entrer dans la carrière des armes. Il fit l’apprentissage de la guerre en Bretagne [2] dans les légions de Caius Suetonius Paulinus , sous le règne de Néron.
Il y acquit une profonde connaissance du pays et des mœurs des habitants dont il fit son profit quand il retourna dans cette île, comme chef d’armée.
Après ses débuts militaires, Agricola revint à Rome et se maria avec Domitia Decidiana . De ce mariage devait naître une fille, qui fut la femme de Tacite. II commença la carrière des honneurs par l’exercice de la questure [3] en Asie et se fit remarquer par son intégrité.
Ensuite tribun, puis préteur [4], il garda un rôle assez effacé pour ne pas irriter les jalousies de Néron. Galba, lors de son court passage sur le trône, en 68, chargea Agricola, de faire rentrer dans les temples tous les dons qui avaient été dérobés.
Avec le règne de Vespasien, Agricola commence à jouer un rôle plus important. Il avait embrassé l’un des premiers le parti du nouvel empereur. Il en fut récompensé par le commandement de la vingtième légion, cantonnée en Bretagne. II prit part aux différentes expéditions du légat consulaire, Pétilius Cérialis, et se signala par ses succès. Au retour de ce commandement, Vespasien lui donna le gouvernement de l’Aquitaine. C’était une charge importante qui menait au consulat. En effet, moins de 3 ans après, il fut rappelé de sa province pour être nommé consul en 77. C’est alors que sa fille fut fiancée à Tacite ; le mariage se fit après son consulat.
En même temps, Agricola recevait de Vespasien la dignité de pontife et le gouvernement de la Bretagne. A peine arrivé dans sa province, le nouveau gouverneur se signala par une attaque heureuse contre les Ordovices [5], au centre du pays de Galles, ce dernier succès frappa les Bretons de stupeur, car les légionnaires franchirent à la nage le petit bras de mer qui les séparait de l’ennemi et pénétrèrent ainsi dans cette île dont les habitants se croyaient insaisissables. La douceur et l’habileté du gouvernement d’Agricola ne firent pas moins que ses victoires ; peu à peu, les habitudes romaines s’introduisirent, la toge même devint à la mode.
La 4ème année de son commandement, Agricola fit une reconnaissance militaire au nord de l’île et il établit une série de postes fortifiés sur l’isthme, large de 30 milles, qui s’étend entre les deux mers, du golfe de la Clyde [6] à celui du Forth [7], là même où devait s’élever plus tard le mur d’Antonin [8].
Puis il entreprit une attaque contre la Calédonie [9], en s’avançant par terre jusqu’aux monts Grampians [10], tandis que la flotte romaine longeait la côte. Les Calédoniens et leur chef Calgacos vinrent au-devant de lui pour lui livrer bataille. Ils furent vaincus, malgré leur courage. Agricola cependant ne voulut pas pousser plus loin sa marche en avant, les légions rentrèrent dans leurs retranchements. Quant à la flotte, elle alla reconnaître la pointe septentrionale de l’île et rejoignit ensuite l’armée de terre.
La légation de Bretagne ne durait d’ordinaire que trois ans. Agricola eut la faveur d’y rester 7 ans, jusqu’en 85.
Agricola, de retour à Rome, resta assez longtemps dans sa retraite ; il n’en sortit que pour refuser de participer au tirage au sort des provinces d’Afrique et d’Asie, pour ne pas provoquer la jalousie impériale.
II mourut à l’âge de 56 ans ; sa mort fut entourée de mystère, on l’attribuait au poison, mais Tacite ajoute qu’il ne peut rien affirmer avec certitude.