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L’histoire pour le plaisir

Enrico Pescatore

jeudi 25 avril 2019

Enrico Pescatore (mort entre 1230 et 1232)

Corsaire puis amiral génois du 13ème siècle-Comte de Malte et seigneur de Crète

Il appartiendrait à une famille noble génoise. Son nom apparaît pour la première fois le 22 septembre 1203 dans un acte où il est cité comme Henricus comes de Malta [1].

Enrico épousa une fille de Guglielmo Grasso , 2ème comte de Malte [2], qui avait lui-même succédé à Margaritus de Brindisi.

Comme son beau-père, Enrico est d’abord un pirate qui se sert de Malte comme base à ses navires, tout en continuant à utiliser les revenus de l’île à son profit. Cette activité maritime lui vaudra le surnom de Pescatore [3].

Plus encore que Guglielmo Grasso, Enrico s’appuiera en permanence sur le soutien de Gênes [4], organisant une alliance tutélaire entre les activités de piraterie du comte de Malte et sa ville d’origine. Ses victimes sont choisies parmi les ennemis de Gênes, qui assure en contrepartie protection et soutien à Enrico. Si la distinction a un sens à cette époque, Enrico est donc plus corsaire que pirate, mais agit surtout à son propre profit.

Il s’associe avec un autre aventurier génois, Alamanno da Costa pour attaquer Syracuse [5], tenue par Pise [6]. Ils prennent la cité le 6 août 1204, et Alamanno prend le titre de comte de Syracuse.

Vers 1204-1205, Enrico reçoit à sa cour le troubadour provençal Peire Vidal qui célèbre Enrico en ces vers “Larcs es et arditz e cortes, et estela dels Genoes, e fai per terra e per mar tots ses enemichs tremelar” [7]. Loin de le présenter en pirate sanguinaire, le poète fait de lui un portrait noble et flatteur.

En 1206, à la tête de 5 navires et 24 galères et avec le soutien de Gènes, Enrico s’attaque à la Crète [8] que les Vénitiens viennent d’acheter en 1204. Il parvient à expulser les troupes vénitiennes de Ranieri Dandolo [9], avec l’aide des habitants de La Canée [10]. Enrico tente de se faire nommer roi de Crète par le pape Innocent III qui refuse sous la pression de Venise.

Il reste un temps seigneur de Crète, mais Gènes ne peut soutenir longtemps des troupes en Crète. Enrico est battu à Spinalonga [11], puis se retranche dans le château de Palekastro [12] mais doit finalement rendre la Crète aux Vénitiens en 1211. Il obtient dans la négociation une dot importante pour le mariage de son neveu avec une Vénitienne, et lui-même se remarie avec une noble vénitienne de la famille des Basei, qui avait joué un rôle important en Crète.

De retour à Malte, il reçoit de l’empereur Frédéric II le droit de battre monnaie en janvier 1212 ; une façon pour l’empereur de s’assurer la fidélité d’un personnage capital pour la stabilité maritime de la région. En 1220 cependant, Frédéric II supprime cette faveur aux Génois pour limiter leur influence grandissante. Enrico prudemment ne se mêle pas aux ambassadeurs génois qui vont protester à la cour impériale. Il garde ainsi les faveurs de Frédéric II qui le nomme amiral de sa flotte en 1221, reprenant ainsi la charge de son beau-père Guglielmo Grasso.

À la tête de la flotte impériale, Enrico est chargé en 1221 de soutenir Damiette [13], qui a été prise par les chevaliers chrétiens lors de la 5ème croisade [14]. Mais quand il arrive, la ville est déjà tombée aux mains des Musulmans. Que ce soit pour le punir de cet échec ou pour le manque de zèle d’Enrico face aux Sarrazins [15] de Sicile, Il est emprisonné brièvement et privé de son Comté. Il est ensuite rapidement rétabli dans son titre mais semble perdre ses droits sur l’administration de Malte qui passe à un fonctionnaire impérial et sur la garnison du Castrum maris [16].

En août 1225, Enrico escorte Isabelle II de Jérusalem , l’épouse de Frédéric II, d’Acre [17] à Brindisi [18].

En 1227, l’empereur envoie Enrico accompagné de Rainaldo de Urslingen et de l’achevèque de Bari [19] auprès du pape Honorius III. En tant que vétéran de l’expédition de Damiette, il doit exposer au pape les problèmes de la préparation de la croisade et les raisons qui ont jusque-là empêché la participation personnelle de l’empereur.

Lorsque Frédéric II est excommunié par le pape Grégoire IX en 1227, Enrico fait une nouvelle fois partie des ambassadeurs envoyés au pape qui, cependant, refuse de les recevoir.

Enrico prend ensuite le commandement de la flotte qui amène Frédéric II en Terre sainte le 3 septembre 1228 et le ramène en Italie le 10 mai 1229 quand le pape appelle à la révolte contre l’empereur.

Entre 1229 et 1230 Enrico est chargé de la lutte contre les rebelles du royaume. Il échoue lors du siège de Gaete [20] et doit essuyer à nouveau les reproches de l’empereur.

La dernière mention connue de Enrico est datée de 1230. En mai 1232, son fils Niccolo est nommé comte de Malte. Il est donc probable qu’Enrico soit décédé entre 1230 et 1232.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Enrico Pescatore / Portail de Malte/ Personnalité politique italienne du XIIIe siècle

Notes

[1] c’est-à-dire Henri, Comte de Malte

[2] Après la conquête de Malte par Roger de Hauteville en 1091, l’archipel devient un territoire de la couronne de Sicile en entre dans sa période féodale. En 1192 Malte est élevée en comté puis en marquisat en 1393. Jusqu’à l’arrivée des chevaliers de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem en 1530, Malte sera tantôt sous l’autorité d’un comte, tantôt intégrée au domaine royal et directement administré par des fonctionnaires nommés par la cour de Palerme. Malte est souvent offerte en cadeau à des membres de la famille royale à des nobles pour services rendus à la couronne. Pour cette raison, la chronologie est complexe est parfois peu sûre.

[3] le pêcheur

[4] Gênes est une ville italienne, capitale de la Ligurie, premier port italien et deuxième port de la mer Méditerranée. Gênes est située sur le golfe de Gênes, partie septentrionale de la mer de Ligurie. La ville correspond à l’inclinaison de l’arc de cercle formé à cet endroit par la côte. Au nord de la ville commencent les Apennins, débouchant à proximité sur la plaine du Pô. Gênes offre une façade méditerranéenne au nord de l’Italie, à 193 km de Nice au sud-ouest, à 155 km de Milan au nord et à 518 km de Rome au sud-est.

[5] Syracuse fut fondée au 8ème siècle av. jc par des colons grecs venant de Corinthe. Elle est aujourd’hui la principale ville de la province de Syracuse. Cicéron la présenta comme la plus grande et la plus belle des villes grecques.

[6] Pise est une ville italienne chef-lieu de la province de même nom en Toscane. Elle est célèbre dans le monde principalement pour sa tour penchée. Elle est traversée par le fleuve Arno et située sur la via Aurelia.

[7] Généreux, courtois et audacieux, il est de Gênes, et fait trembler ses ennemi, sur la terre comme sur la mer

[8] La Crète, est une île grecque, autrefois appelée « île de Candie ». Cinquième île de la mer Méditerranée en superficie, elle est rattachée en 1913 à la Grèce

[9] Les Dandolo sont une famille patricienne de Venise qui donna notamment plusieurs doges à « la Sérénissime ». Originaires d’Allemagne, les Dandolo possédaient de grands biens en Ligurie et passèrent par Altino pour arriver à Venise fuyant Attila, parmi les premiers habitants. Portant parfois le patronyme de Daulo ou Ipato, ils ont occupé tous les emplois importants de la République.

[10] La Canée est une ville de Crète occidentale, dans le district régional du même nom, en Grèce. C’est la seconde ville de l’île. Après la quatrième croisade et le démantèlement de l’Empire byzantin, en 1204, la Crète est donnée à Boniface, marquis de Montferrat, qui choisit de la revendre aux Vénitiens. Ceux-ci s’y établissent à partir de 1252. La Canée est fondée et devient le siège administratif de la région et un centre de commerce ainsi qu’une région agricole fertile. Les contacts avec les Vénitiens favorisent les échanges entre les deux cultures. En 1266, la ville tombe aux mains des Génois, et le reste jusqu’en 1290, année de la reconquête par les Vénitiens. Des fortifications sont construites tout autour de la ville pour la protéger des invasions et des pirates, donnant à la cité la forme qu’elle a aujourd’hui.

[11] Spinalonga est un îlot forteresse et une presqu’île situés en Crète à l’entrée ouest du golfe de Mirabello face à la ville d’Elounda, non loin d’Agios Nikolaos dans le district régional du Lassithi.

[12] Palaikastro ou Palekastro est un gros bourg de Crète (Grèce), à l’est de l’île. C’est le chef-lieu du dème d’Itanos. À deux kilomètres de la mer, qui est ventée à cet endroit, le village développe un riche musée folklorique auquel la plupart des habitants ont contribué : ancien métier à tisser, meubles, objets du quotidien, vêtements qui sont présentés dans une maison typique de la fin du 19ème siècle reconstruite.

[13] Damiette est un port du gouvernorat du même nom, en Égypte, dans le delta du Nil, à environ 200 kilomètres au nord-est du Caire. Dans l’Égypte ancienne, la cité était nommée Tamiat, mais elle perdit de l’importance durant la période grecque après la construction d’Alexandrie. Damiette reprit de l’importance durant les 12ème et 13ème siècles dans le cadre des Croisades. En 1169 une flotte du Royaume de Jérusalem, avec des soutiens de l’Empire byzantin attaqua le port, mais fut défaite par Saladin. Durant les préparations de la cinquième croisade en 1217, il fut décidé que Damiette serait la cible de l’attaque. Le contrôle de Damiette impliquait le contrôle du Nil, et les croisés pensaient pouvoir conquérir l’Égypte à partir de là. Après l’Égypte ils pourraient attaquer la Palestine et reprendre Jérusalem. Le port fut assiégé et occupé par des croisés de Frise en 1219, mais en 1221 les croisés furent vaincus devant Le Caire et chassés d’Égypte. Damiette fut aussi la cible de la septième croisade, menée par Saint Louis. Sa flotte arriva en 1249 et s’empara rapidement du fort. Il refusa de le rétrocéder au roi de Jérusalem, à qui il avait été promis durant la cinquième croisade. Toutefois à la suite de nouvelles défaites militaires, les croisés furent contraints de rendre la ville. Saint Louis donna aux remparts d’Aigues-Mortes la forme qu’avaient ceux de la ville égyptienne. Du fait de son importance pour les croisés, le sultan Mamelouk Baybars détruisit la ville et la reconstruit quelques kilomètres plus loin avec de meilleures fortifications. Aujourd’hui un canal la relie au Nil, ce qui en fait de nouveau un port important.

[14] La cinquième croisade (1217–1221) est une campagne militaire dont le but était d’envahir et de conquérir une partie du sultanat ayyoubide d’Égypte afin de pouvoir échanger les territoires conquis contre les anciens territoires du royaume de Jérusalem se trouvant sous contrôle ayyoubide. Malgré la prise de Damiette, cette croisade fut un échec, à cause de l’intransigeance du légat Pélage et de sa méconnaissance de la politique locale, ce qui le conduisit à refuser les négociations au bon moment.

[15] Sarrasins ou Sarrazins est l’un des noms donnés durant l’époque médiévale en Europe aux peuples de confession musulmane. On les appelle aussi « mahométans », « Arabes », « Ismaélites » ou « Agarènes ». D’autres termes sont employés également comme « Maures », qui renvoient aux Berbères de l’Afrique du Nord après la conquête musulmane.

[16] Le Fort Saint-Ange (Fort Sant’Angelo, anciennement Castrum Maris) est un fort militaire, édifié dans la commune de Il-Birgu au sud du Grand Harbour sur l’île de Malte. Son emplacement permet de surveiller l’entrée du Grand Harbour et de contrôler l’accès aux rades voisines

[17] Dans la continuité de l’Empire romain, la ville d’Acre fait partie de l’empire byzantin avant d’être conquise en 638 par les Arabes. Cette domination s’achève avec Baudouin 1er, le 26 mai 1104, lorsque la ville tombe aux mains des croisés. Reprise par le sultan Saladin, le 9 juillet 1187, elle est reconquise par les rois Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion durant la troisième croisade en juillet 1191. Elle devient au 13ème siècle la capitale du Royaume de Jérusalem et le principal port de Terre sainte. Au moins dès le 12ème siècle, des hommes s’inspirant du prophète Élie vivent en ermites dans les grottes du mont Carmel. Albert Avogadro, patriarche latin de Jérusalem, leur donne vers 1209 une règle de vie centrée sur la prière. L’appellation officielle de ce très ancien institut est celle d’Ordre de Notre Dame du Mont-Carmel, mais on les appelle habituellement en français les Grands Carmes. L’installation de l’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem et la fondation de l’Hôpital apportent à la ville un nouveau nom, celui de Saint-Jean-d’Acre. Jusqu’en 1291, la ville sera un grand centre intellectuel, non seulement chrétien mais aussi juif. En effet, de nombreux Juifs, souffrant de persécutions en Occident, se rendent en Terre sainte. Le rabbin Yehiel de Paris y fonde une yeshiva qui sera connue au-delà de la Terre Sainte. Nahmanide, grand kabbaliste d’Espagne le remplacera. En 1291, la ville est prise par les mamelouks. Cette date marque la fin du royaume latin de Jérusalem et de la présence occidentale en Terre Sainte. Durant les croisades, la vieille ville d’Acre était divisée en quartiers contrôlés par des marchands venus de tout le pourtour méditerranéen, notamment vénitiens, pisans, génois, français et germaniques.

[18] Brindisi est une ville de la province de Brindisi dans les Pouilles en Italie. C’est une ville importante de la côte adriatique, célèbre depuis l’antiquité. Son port en branches de cerf, le seul vraiment protégé de la côte adriatique, en a fait une porte vers l’Orient dès l’époque romaine. Cité grecque à l’origine et capitales des Salentins, Brindisium est conquise par le consul Marcus Atilius Regulus en 267 av., achevant la conquête romaine du sud de l’Italie. Transformée en colonie romaine en -244, elle fut rapidement reliée à Rome par la via Appia, puis par la Via Trajana.

[19] L’archidiocèse de Bari-Bitonto est un archidiocèse métropolitain de l’Église catholique d’Italie appartenant à la région ecclésiastique des Pouilles.

[20] Gaète ou Gaëte est une commune de la province de Latina dans le Latium en Italie, située sur la côte Tyrrhenienne, à 71 km au Nord-Ouest du centre de Naples, et à 118 km au Sud-Est du centre de Rome.