Appius Claudius Pulcher (consul en 143 av.jc) (mort vers 130 av. jc)
Homme d’État de la République romaine
Membre de l’illustre gens des Claudii [1] : Petit-fils d’ Appius Claudius Pulcher consul en 212 av. jc, fils de Appius Claudius Pulcher consul en 185 av. jc et père d’Appius Claudius Pulcher consul en 79 av. jc.
Il fait partie de la confrérie des Saliens [2] et se vante d’être le meilleur danseur parmi ses collègues.
En 143 av. jc, il est élu consul. Avide de gloire militaire, il attaque en Italie du nord les Salasses [3]. Défait au départ, il finit par remporter la victoire en suivant les conseils des livres Sibyllins [4].
À son retour, la célébration du triomphe lui est refusée, car son action a été menée sans déclaration de guerre et contre une population alliée de Rome. Il organise néanmoins une cérémonie à ses frais, et lorsqu’un tribun de la plèbe s’interpose pour l’empêcher de gravir en char la montée du Capitole, sa sœur Claudia, une vestale [5] à qui on ne peut faire obstacle, monte dans son char et l’accompagne jusqu’au Capitole.
En 142 av. jc, il échoue à l’élection pour la censure.
En 136 av. jc, il est censeur [6] avec Quintus Fulvius Nobilior et princeps senatus [7]. Il s’allie avec Tiberius Sempronius Gracchus qui a épousé sa fille Claudia Pulcheria.
En 133 av. jc, il est l’un des triumvirs chargés de l’application de la loi agraire de Tiberius [8]. Mais cette loi représentait une perte de pouvoir du Sénat et des sénateurs, et Tiberius Gracchus est finalement assassiné.
C’était un rival de Scipion Émilien.
Il meurt vers 130 av. jc.
Notes
[1] Les Claudii sont les membres de la gens Claudia, l’une des plus anciennes et plus importantes familles romaines. Selon la tradition, les Claudii sont les descendants d’un Attus Clausus, un Sabin qui est en faveur de la paix avec Rome, une position alors impopulaire parmi son peuple qui le contraint à quitter Inregillumn avec ses clients environ 5 ans après l’expulsion des rois, soit vers 504 av. jc. Ils sont accueillis à Rome, fait citoyens romains, admis parmi les familles patriciennes et des terres leur sont accordées
[2] prêtres qui dansent lors de rituels traditionnels romains
[3] tribu des Alpes en paix avec Rome
[4] Les livres sibyllins sont un recueil d’oracles conservé à Rome dans l’Antiquité. Selon une tradition ancienne, ils furent achetés à une sibylle par le roi Tarquin le Superbe. Les livres sibyllins ne sont consultés qu’à la suite d’un prodige (ou présage) grave. Il s’agit de savoir quel dieu apaiser et par quels rites. Ils furent d’abord confiés à un collège de deux prêtres, nombre qui s’accrut par la suite pour atteindre 15 membres sous l’Empire, qu’on appela alors les quindecemviri sacris faciundis. La réponse était d’abord lue au Sénat, qui statuait ensuite sur l’opportunité de sa publication. Pendant la guerre sociale (entre 91 et 89 av. J.-C.), un incendie au Capitole détruisit les exemplaires des livres sibyllins. Pour les reconstituer, on fit rechercher les prophéties de la Sibylle enregistrées à Samos, à Ilion, à Érythrée, dans les colonies grecques d’Italie, en Afrique et en Sicile. Les prêtres firent ensuite un tri pour ne retenir que celles qui leur paraissaient véritables. À la fin de l’Empire romain d’Occident, probablement lors des mesures antipaïennes promulguées par Honorius à partir de 404, les chrétiens s’emparèrent des livres sibyllins et les brûlèrent. Rutilius Namatianus, préfet de Rome en 417, dénonce Stilicon comme l’instigateur de cette action sacrilège
[5] Une vestale est une prêtresse de la Rome antique dédiée à Vesta, divinité italique dont le culte est probablement originaire de Lavinium et qui fut ensuite assimilée à la déesse grecque Hestia. Le nombre des vestales en exercice a varié de quatre à sept. Choisies entre 6 et 10 ans, elles accomplissaient un sacerdoce de trente ans durant lequel elles veillaient sur le foyer public du temple de Vesta situé dans le Forum romain. Durant leur sacerdoce, elles étaient vouées à la chasteté, symbole de la pureté du feu.
[6] Le censeur est un magistrat romain. Deux censeurs sont élus tous les cinq ans parmi les anciens consuls par les comices centuriates. Le pouvoir des censeurs est absolu : aucun magistrat ne peut s’opposer à leurs décisions, seul un autre censeur qui leur succède peut les annuler. Après 18 mois de mandat, ils président une grande cérémonie de purification, le lustrum, à la suite de laquelle ils abdiquent. La censure est la seule magistrature romaine qui n’autorise pas la réélection. Les censeurs ne sont plus élus à partir de la dictature de Sylla, et leurs pouvoirs sont repris par les empereurs romains.
[7] Le « princeps senatus » est le premier membre par préséance du sénat romain. Cette fonction entrée en existence autour de 275 av. jc était, à l’origine, honorifique. Il s’agissait du plus ancien des ex-magistrats présents au Sénat. Sous la République romaine, le princeps senatus n’était pas nommé à vie, mais sélectionné par chaque nouveau tandem de censeurs, c’est-à-dire tous les 5 ans et pouvait toutefois être confirmé pour une période supplémentaire de 5 ans. Sélectionné parmi les sénateurs patriciens jouissant du rang consulaire, généralement d’anciens censeurs, le candidat devait être un patricien respecté de ses collègues sénateurs au passé politique irréprochable. Cette dignité qui conférait un grand prestige et une autorité morale à celui qui en disposait : le privilège de parler le premier au sénat lors des délibérations dont il disposait lui permettait de donner le ton du débat et son avis influait généralement celui des sénateurs qui parlaient après lui et son nom était, à ce titre, inscrit en tête de l’album sénatorial.
[8] la Lex Sempronia