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Marguerite d’Anjou (1430-1482)

mercredi 28 février 2018

Marguerite d’Anjou (1430-1482)

Princesse de Lorraine et de Bar-Reine consort d’Angleterre de 1445 à 1461 puis de 1470 à 1471

Née probablement à Pont-à-Mousson [1] ou Nancy [2], elle est l’épouse du roi Henri VI d’Angleterre.

Fille de René 1er d’Anjou, roi de Naples [3], duc d’Anjou [4], de Bar [5], de Lorraine [6] et comte de Provence [7], et d’Isabelle 1ère, duchesse de Lorraine.

Sa tante Marie d’Anjou ayant épousé le roi Charles VII, Marguerite était la cousine germaine du roi Louis XI. Sa grand-mère paternelle était Yolande d’Aragon, sa grand-mère maternelle Marguerite de Wittelsbach.

Le 23 avril 1445, elle est mariée par procuration, en la collégiale Saint-Georges de Nancy [8], à Henri VI, roi d’Angleterre. Le mariage est ensuite célébré en personne, en la cathédrale de Westminster [9], le 30 mai de la même année.

Femme active, Marguerite d’Anjou fonde le Queen’s College de Cambridge [10].

Son mari Henri VI, petit-fils de Charles VI de France, connaît des accès de démence dès 1453. En 1461, il est déposé par son cousin, le duc d’York qui régna sous le nom d’Édouard IV, et fut enfermé dans une prison où il sombra définitivement dans la folie. Marguerite et son fils parviennent à se réfugier en France en 1463 où ils sont accueillis sans chaleur par son cousin Louis XI.

Henri VI restauré en 1470, la reine Marguerite et le prince de Galles rentrent en Angleterre.

Marguerite joue un grand rôle politique et militaire pendant la Guerre des Deux-Roses [11]. Elle combat sans relâche son ennemi Richard duc d’York , père d’Édouard IV lequel était soutenu par les armées du puissant duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, quand Louis XI se refusait à aider sa cousine, et tente sans succès de faire monter sur le trône son fils Édouard, prince de Galles.

Henri VI est définitivement détrôné après la défaite de Tewkesbury [12] où son fils, âgé de 18 ans, fait prisonnier, est abattu sommairement sur l’ordre du duc de Gloucester, le futur Richard III. Henri VI, enfermé dans la Tour de Londres [13], est assassiné.

Marguerite est emprisonnée au château de Wallingford [14]. Son père, le bon roi René, devait payer une rançon de 50 000 écus pour la libération de sa fille, mais l’état de ses finances ne le permettait pas. Louis XI, son cousin qui avait favorisé son mariage, accepte de verser la rançon, mais à condition que le roi René lui cède ses duchés d’Anjou, de Bar, de Lorraine et de Provence.

Exilée en France, ayant perdu son trône, son mari et son enfant, Marguerite rejoint son père en 1476 à Aix-en-Provence.

En 1480, après la mort de son père, Marguerite d’Anjou termine sa vie entre le manoir de Reculée à Angers [15], et celui de Saumur [16]. En faveur de Louis XI, elle renonce de nouveau à ses droits sur les duchés de Bar et de Lorraine.

Elle meurt en Anjou en 1482 à l’âge de 52 ans.

Sa dépouille mortelle est déposée dans le tombeau que le roi René avait fait construire pour lui-même dans le chœur de la cathédrale d’Angers [17].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article Helen H. Maurer, « Un pouvoir à négocier : le cas de Marguerite d’Anjou », dans Éric Bousmar, Jonathan Dumont, Alain Marchandisse et Bertrand Schnerb (dir.), Femmes de pouvoir, femmes politiques durant les derniers siècles du Moyen Âge et au cours de la première Renaissance, Bruxelles, De Boeck, coll. « Bibliothèque du Moyen Âge »,‎ 2012 (ISBN 978-2-8041-6553-6),

Notes

[1] Pont-à-Mousson est une ville et une commune du nord-est de la France, en Meurthe-et-Moselle. Tour à tour place forte, ville avancée ou pays frontière, Pont-à-Mousson a souvent eu à souffrir des rigueurs de la guerre. Pont-à-Mousson est située au cœur de la Lorraine et du département de Meurthe-et-Moselle, à mi-chemin entre Nancy et Metz, au pied de la colline de Mousson (382 mètres), ancienne place forte des comtes puis ducs de Bar. La ville est située de part-et-d’autre de la Moselle.

[2] Capitale du duché de Lorraine jusqu’au rattachement de celui-ci au Royaume de France en 1766, évêché depuis 1777, Nancy est le chef-lieu du département de la Meurthe de 1790 à 1871 puis de Meurthe-et-Moselle à partir de 1871. La naissance de Nancy est liée à l’édification d’un château féodal, au cours du 11ème siècle, par Gérard d’Alsace qui y fonde une petite cité qui deviendra la capitale du duché de Lorraine sous ses successeurs au 14ème siècle. En 1218, au cours de la Guerre de Succession de Champagne, sous le règne du duc Thiébaud 1er , la ville est totalement incendiée par l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen. Elle sera reconstruite, agrandie et protégée par un nouveau château.

[3] Le royaume naquit de la scission de fait du royaume de Sicile, provoquée par les Vêpres siciliennes de 1282. Le roi Charles d’Anjou, chassé de l’île de Sicile par les troupes de Pierre III d’Aragon, ne se maintint que sur la partie continentale du royaume. Naples devint la capitale de ce nouveau royaume, ce qui provoqua une forte croissance de la ville qui était auparavant supplantée par Palerme. Sous le règne de Robert 1er, le royaume connaît une période de paix et de prospérité. Le roi fit de Naples l’un des centres culturels de l’Italie, invitant à sa cour Giotto, Pétrarque et Boccace. La seconde partie du 14ème siècle vit cependant s’amorcer une période de déclin due à la lutte fratricide entre deux branches adverses de la dynastie angevine pour régler la succession de Robert 1er puis celle de sa fille, la reine Jeanne 1ère. La maison d’Anjou-Duras finit par triompher, avec Charles III, duc de Duras, qui fit assassiner la reine Jeanne en 1382. Son fils, Ladislas 1er, étendit provisoirement le royaume sur une bonne partie de l’Italie centrale, caressant le rêve d’unifier la péninsule. À sa mort sans héritier en 1414 c’est sa sœur, Jeanne II, qui monta sur le trône.

[4] Dans l’histoire de l’Anjou, le comté d’Anjou émerge au 10ème siècle en conséquence de la dislocation du royaume carolingien. Il devient l’une des plus importantes principautés du royaume de France aux 11ème et 12ème siècles. En 1204, le roi de France Philippe Auguste met la main sur le comté. Celui-ci retrouve une certaine autonomie à partir du règne de Saint Louis en tant qu’apanage. L’Anjou est érigé en duché au début de la guerre de Cent Ans.

[5] Relevant à la fois du Saint Empire romain germanique mais aussi du domaine royal de France (partie du duché située à l’ouest de la Meuse), le comté, puis duché de Bar, fut formé au 10ème siècle par Ferry d’Ardennes, frère de l’évêque de Metz Adalbéron. Il fut annexé par la France en 1766. Ses villes principales étaient Bar-le-Duc, la capitale, Pont-à-Mousson sur la Moselle, au pied du château de Mousson, Briey et Longwy. Ses frontières bordaient le comté de Champagne, la principauté épiscopale de Verdun, le comté puis duché de Luxembourg, la principauté épiscopale de Metz, le duché de Lorraine et la principauté épiscopale de Toul.

[6] Le duché de Lorraine est né du partage de la Lotharingie en 959 par le duc Brunon de Cologne, qui confia la Haute Lotharingie au vice duc Frédéric de Bar. Celui-ci prit le titre de duc de Haute Lotharingie en 977. Au fil du temps, le duché de Haute Lotharingie deviendra le duché de Lorraine, mentionné comme tel en 1067. Les ducs (pour les descendants de Gérard d’Alsace et ceux des Maisons de Vaudémont et d’Anjou jusqu’en 1737) se succédèrent jusqu’en 1766, date de l’annexion par la France où le trône ducal fut occupé par Stanislas Leszczynski, souverain polonais détrôné profitant de la vacance du trône lorrain à la suite du mariage du dernier duc de la maison de Lorraine, François III, avec l’archiduchesse régnante d’Autriche Marie-Thérèse. Ce François III a été élu par la suite roi des Romains et couronné comme Saint Empereur Romain sous le nom de François (premier de ce nom), de sorte qu’on parle de sa femme comme l’Impératrice Marie-Thérèse.

[7] Le Comté de Provence est une ancienne principauté territoriale située à l’est du delta du Rhône. Il ne doit pas être confondu avec le marquisat ou le Duché de Provence. En 1019, Emma, comtesse de Provence, se maria avec Guillaume Taillefer, comte de Toulouse, transmettant les droits de la lignée de Roubaud à la maison de Toulouse. Le titre de marquis de Provence passa définitivement à cette maison à compter de 1093. En 1112, Douce de Provence, héritière des droits de la ligne de Guilhem, épousa Raimond Bérenger III, comte de Barcelone, qui devient Raimond Bérenger 1er de Provence. Les maisons de Toulouse et de Barcelone entrèrent alors en conflit pour le marquisat. Un traité fut conclu, en 1125, entre Raymond Bérenger et Alphonse Jourdain de Toulouse : par celui-ci, le comté de Provence fut divisé en un marquisat au nord de la Durance - attribué aux Toulouse - et un comté au sud, attribué à Barcelone. En 1193, Alphonse II de Provence épouse Gersande de Forcalquier, ce qui donne naissance au comté de Provence Forcalquier.

[8] La collégiale Saint-Georges est une ancienne église de Nancy attenant au Palais des Ducs de Lorraine. Construite en 1339, elle reçoit le statut de nécropole dynastique des ducs de Lorraine. Charles le Téméraire y est inhumé après la bataille de Nancy dans un tombeau commandé à Jean Crocq sculpteur. La collégiale est détruite en 1743 pour permettre au duc Léopold d’agrandir le palais ducal. Les cendres des ducs de Lorraine sont alors transférés dans l’église des Cordeliers

[9] La cathédrale du Précieux-Sang ou cathédrale de Westminster est la cathédrale catholique de l’archidiocèse catholique de Westminster, siège primatial et métropolitain de l’Église catholique romaine en Angleterre et Pays de Galles qui se trouve à Londres. Elle en est le plus grand lieu de culte, cet édifice se trouve dans la cité de Westminster.

[10] Queens’ College est un des 31 collèges de l’université de Cambridge au Royaume-Uni. Le collège a été fondé en 1448 par Marguerite d’Anjou épouse d’Henri VI d’Angleterre dont il porte les armoiries brisées. Il est fondé à nouveau en 1465 par Élisabeth Woodville épouse d’Édouard IV d’Angleterre. Cette double fondation se reflète dans l’orthographe de son nom : « Queens’ », et non « Queen’s », bien que le nom complet soit The Queen’s College of St Margaret and St Bernard, commonly called Queens’ College, in the University of Cambridge.

[11] La guerre des Deux-Roses désigne un ensemble d’affrontements, constituant globalement une guerre civile discontinue, qui eut lieu en Angleterre entre la maison royale de Lancastre et la maison royale d’York. Elle est appelée ainsi en référence aux emblèmes des deux maisons, la rose rouge de Lancastre et la rose blanche d’York ; cette référence ne se fait pour autant qu’a posteriori, la rose de Lancastre n’ayant été utilisée comme emblème pour cette maison qu’à partir de 1485, à la dernière bataille du conflit. Cette guerre des roses est liée aux droits de succession de la couronne d’Angleterre. Elle débute en 1455 et prend fin en 1485, quand le dernier des rois de la maison d’York, Richard III, meurt sur le champ de bataille et que Henri Tudor devient roi sous le nom d’Henri VII, fondant la dynastie des Tudor. Il réunit ainsi les deux maisons royales issues de la même branche en se mariant à Élisabeth d’York, et permet la fin de la guerre entre les maisons de Lancastre et d’York ; il choisit également pour emblème la rose Tudor, qui fusionne les deux autres.

[12] La bataille de Tewkesbury a lieu le 4 mai 1471 au confluent de l’Avon et de la Severn, dans le Gloucestershire. Elle marque la fin d’une phase de la guerre des Deux-Roses et oppose une armée royale légitime, comprenant 6 000 hommes de guerre, commandée par Marguerite d’Anjou, épouse d’Henri VI, à celle, inférieure en nombre, de l’ancien roi Édouard IV d’Angleterre, chef de la maison d’York à la rose blanche, récemment déposé par la maison de Lancastre à la rose rouge

[13] La tour de Londres est une forteresse historique située sur la rive nord de la Tamise à Londres en Angleterre à côté de Tower bridge. La tour se trouve dans le district londonien de Tower Hamlets situé à l’est de la Cité de Londres dans un espace appelé Tower Hill. Sa construction commença vers la fin de l’année 1066 dans le cadre de la conquête normande de l’Angleterre. La tour Blanche qui donna son nom à l’ensemble du château, fut construite sur l’ordre de Guillaume le Conquérant en 1078 et fut considérée comme un symbole de l’oppression infligée à Londres par la classe dirigeante. Le château fut utilisé comme prison dès 1100. Il servait également de grand palais et de résidence royale.

[14] Pour protéger son royaume des Vikings, le roi du Wessex Alfred le Grand améliore significativement l’état de plusieurs forteresses, ainsi que le démontrent des fouilles. Wallingford est l’un de ces burhs ou « villes fortifiées ». Pendant la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant, après sa victoire à Hastings, ses armées contournent Londres pour remonter la vallée de la Tamise en direction de Wallingford, dont le seigneur saxon, Wigod, avait soutenu la cause de Guillaume. Le château de Wallingford tient un rôle important dans la guerre civile anglaise entre Étienne d’Angleterre et Mathilde l’Emperesse qui s’ensuit jusqu’au traité de Wallingford. Jean d’Angleterre et Richard de Cornouailles ont renforcé le château. Édouard 1er d’Angleterre, Marguerite d’Anjou et Owen Tudor, tous ont été emprisonnés dans le château de Wallingford. Jeanne de Kent y est morte en 1385. Le château de Wallingford est devenue une forteresse royaliste pendant la Révolution anglaise : en 1652, le Parlement ordonne sa destruction.

[15] En 1466, une maison de plaisance élève sa tourelle d’escalier et sa galerie au milieu des maisons de pêcheurs : c’est le manoir que le duc d’Anjou, le roi René, s’est fait bâtir là par amour de la pêche. Car les eaux de la Maine sont très poissonneuses : brochets, silures, anguilles, brèmes, ablettes y foisonnent.

[16] Le château de Saumur, en Maine-et-Loire, est bâti au confluent de la Loire et du Thouet, aux confins est de l’Anjou et à proximité de l’ouest de la Touraine. Le château de Saumur a connu ses premières fortifications sous Thibaud 1er le Tricheur, comte de Blois, au 10ème siècle. En 1026, il devint propriété du comte d’Anjou, le célèbre Foulques Nerra qui le légua à ses héritiers Plantagenêt. Philippe Auguste, roi de France et capétien, l’annexa à la couronne. En 1227, Saint Louis fait rehausser le fort puis, à partir de 1367, Louis 1er d’Anjou, petit-fils de Philippe VI, fait remplacer les vieilles tours rondes par des tours octogonales. Le roi René d’Anjou, dit le bon roi René, écrivain, homme cultivé et bâtisseur de forteresse améliore sensiblement le confort de l’ensemble du château qu’il surnomme le « château d’amour ». Au 16ème siècle, l’italien Bartolomeo renforce les défenses du château.

[17] La cathédrale Saint-Maurice d’Angers, en France, est l’église cathédrale du diocèse d’Angers. L’œuvre est intermédiaire entre les styles roman et gothique. La cathédrale est un témoignage de l’art gothique angevin. Au début du 11ème siècle, l’évêque Hubert de Vendôme fit construire une nouvelle cathédrale romane à nef unique, qui fut consacrée le 16 août 1025. Mais à peine achevé, cet édifice brûla en 1032. L’évêque Geoffroy de Tours remit la cathédrale en état durant la seconde moitié du 11ème siècle. L’autel du crucifix fut béni en 1051 et le nouveau maître-autel fut consacré en 1096. Peu après les évêques Renaud de Martigné et Ulger entreprirent la reconstruction de ce lieu de culte. Celle-ci se déroula progressivement sous l’impulsion notamment des évêques Normand de Doué et Guillaume de Beaumont.