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L’histoire pour le plaisir

Moulay Ismaïl ou Moulay Ismaïl ben Chérif

mercredi 13 décembre 2023, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 7 mai 2015).

Moulay Ismaïl ou Moulay Ismaïl ben Chérif (vers 1645-1727)

Sultan du Maroc de 1672 à 1727

Moulay Ismaïl ou Moulay Ismaïl ben Chérif Sultan du Maroc de 1672 à 1727Né à Sijilmassa [1], fils deMoulay Chérif prince du Tafilalet [2] et fondateur de la dynastie des Alaouites [3]. Sa mère est une esclave noire et son père descendrait de Muhammad al-Nafs al-Zakiya. Il est le descendant de Hassan Ad-Dakhil, qui se réclame 21ème descendant de Mahomet et 17ème descendant de al-Zakiya, et qui se serait installé à Sijilmassa en 1266.

Il occupe la fonction de gouverneur du Royaume de Fès [4] et du nord du Maroc à partir de 1667, jusqu’à la mort de son demi-frère, le sultan Moulay Rachid, en 1672.

Après sa prise de pouvoir, Moulay Ismaïl doit faire face à plusieurs cas de rébellions. Tout d’abord la révolte de son neveu Ahmed Ben Mehrez, fils de Mourad Mehrez ben Chérif ; puis celle de ses frères, parmi lesquels Moulay Harran , qui prend le titre de roi au Tafilalet.

Le chef de guerre tétouanais Khadir Ghaïlan oppose également une résistance au sultan Ismaïl, ainsi que plusieurs tribus insoumises et groupes religieux. En 1672, Moulay Ismaïl lance une campagne contre son neveu Ahmed, qui a rallié les tribus du Haouz [5] et s’est proclamé sultan à Marrakech. Ismaïl réussit à remporter une victoire grâce à son artillerie et à entrer dans la ville de Marrakech, puis à s’y faire reconnaître comme sultan le 4 juin 1672.

Ahmed, blessé par une balle, s’enfuit dans les montagnes tandis que le nord du pays se soulève avec, à sa tête, Khadir Ghaïlan. Ahmed continue à comploter pour le pouvoir et incite les villes de Fès [6] et de Taza [7] à se rebeller. Après une révolte, Fès proclame Ahmed sultan alors que celui-ci se trouve à Taza.

Cependant, Ismaïl atteint la ville avant son neveu et met fin à la révolte de ses habitants, qui le proclament à nouveau sultan. Taza se soumet ensuite après un siège, ce qui oblige Ahmed Ben Mehrez à prendre la fuite vers le Sahara.

Après les révoltes de Marrakech et de Fès, Mouley Ismaïl décide plus tard de faire de Meknès [8] la capitale de son empire. Il se tourne ensuite vers le nord-ouest et précisément contre Khadir Ghaïlan qui, avec l’aide des Turcs d’Alger, soulève les régions du Gharb et du Habt. Avec une force de douze mille hommes, Moulay Ismaïl mate la rébellion et soumet les provinces du nord en tuant Ghaïlan le 2 septembre 1673, près de Ksar El Kébir [9].

Ahmed retente une nouvelle fois de se soulever contre son oncle en 1674 en fortifiant Marrakech. Moulay Ismaïl assiège la ville pendant deux ans avant que Ben Mehrez ne s’enfuie au Souss [10]. Cette fois-ci, Ismaïl châtie violemment et avec cruauté ceux qui ont soutenu Ahmed. En 1675, avec l’aide d’habitants de Taroudant [11], Ahmed rentre secrètement à Marrakech, puis réoccupe la ville après avoir battu l’armée royale. Ismaïl remet le siège devant la ville avant que Moulay Harran ne négocie une paix entre les belligérants. Ahmed quitte la ville et lorsque Ismaïl comprend que cette médiation a pour but de sauver Ben Mehrez qui n’a plus de munitions que pour huit jours, il devient fou de rage et fait arrêter son frère pour trahison. Il reprend le contrôle du Tafilalet puis laisse la ville être pillée en exerçant lui-même des violences sur les habitants de Marrakech. Vers la fin du ramadan 1678-1679, ses trois frères Moulay Harran, Moulay Hachem et Moulay Ahmed se révoltent contre son autorité avec l’aide de la tribu Aït Atta [12]. Mouley Ismaïl réussit, à l’aide d’une importante armée, à défaire les rebelles qui s’enfuient au Sahara. La peste fait ensuite son apparition vers la fin de la décennie et tue plusieurs milliers de personnes, principalement dans les régions du Gharb et du Rif [13].

Le règne d’Ismaïl correspond à une période d’apogée de la puissance marocaine. Le sultan dote le Maroc d’une puissante armée, composée pour une bonne part d’esclaves noirs qui lui sont totalement dévoués, ce qui permet au pouvoir central d’être moins dépendant des tribus trop souvent rebelles.

Moulay Ismaïl, qui restaure et organise Oujda [14] à partir de 1673, tente entre 1678 et 1679 une expédition au-delà du Djebel Amour avant que l’artillerie turque ne repousse l’armée marocaine obligeant le sultan à reconnaître la limite sur la Tafna [15] comme frontière séparant l’Empire ottoman du Maroc. Ismaïl réorganise le Sud de l’Empire après un voyage mené en 1678, des oasis du Touat jusqu’aux provinces de Chenguit, l’actuelle Mauritanie. Dans son périple, il nomme caïds [16] et pachas [17] puis fait construire des forts et ribats, ce qui démontre le contrôle du Makhzen [18] sur ces contrées. Le contrôle marocain sur le Pachalik de Tombouctou [19] redevient effectif en 1670 et le reste tout au long du règne de Mouley Ismaïl.

Moulay Ismaïl réussit à chasser les Européens des ports qu’ils occupent, en l’occurrence Larache, Assilah, El-Mamoura et Tanger. Il fait des milliers de prisonniers chrétiens et manque de peu de s’emparer de Ceuta [20].

Il maintient le contrôle sur la flotte de corsaires basée à Salé-le-Vieux [21] et Salé-le-Neuf [22], qui le fournit en esclaves chrétiens, puis en armement grâce à leurs razzias en Méditerranée et jusqu’à la mer du Nord.

Cela ne l’empêche pas de nouer des relations diplomatiques conséquentes avec les puissances étrangères, en particulier avec la France, l’Angleterre et l’Espagne. Souvent comparé à son contemporain Louis XIV par son charisme et son exercice du pouvoir en tant que monarque absolu, Moulay Ismaïl était surnommé le roi sanguinaire par les Européens, à cause de sa cruauté et de ses exécutions sommaires.

Après avoir achevé l’unification du Maroc, Moulay Ismaïl décide de mettre un terme à la présence chrétienne dans le pays. Il lance tout d’abord une campagne pour reprendre la ville de Tanger aux Anglais qui n’est plus sous contrôle marocain depuis 1471.

Moulay Ismaïl charge l’un de ses plus grands généraux, Ali Ben Abdallah Er-Riffi, de mettre le siège devant Tanger à partir de 1680. Durant le siège, Moulay Ismaïl envoie une partie de son armée commandée par Amar Ben Haddou Er-Riffi conquérir la ville d’El-Mamoura [23] en 1681. Cette ville est occupée par les Espagnols depuis 1614, période où le Maroc sombre dans le chaos. Ismaïl assiège la ville, la prive d’eau, puis l’occupe et fait prisonniers tous les Espagnols présents dans la ville. À Tanger les Anglais résistent, mais face au coût très élevé du maintien d’une garnison, les Anglais décident d’abandonner la ville à l’armée marocaine le 5 février 1684.

Fier de ses victoires, Moulay Ismaïl décide de lancer une expédition imprudente face aux montagnards de l’Atlas, où le Sultan perd près de 3 000 tentes, une partie de son armée et de sa richesse.

C’est après cette humiliation que Moulay Ismaïl a l’idée de créer le corps des Abid al-Bukhari [24], puisque l’armée chérifienne n’est composée majoritairement que de soldats issus du Tafilalet, de renégats européens ou de soldats qui viennent des tribus qui doivent être souvent récompensées et qui se voient octroyer des terres en échange. Ismaïl décide donc d’acheter un grand nombre d’esclaves noirs, vraisemblablement au nombre de 14 000, totalement dévoués à lui.

Alors que Moulay Ismaïl est occupé à combattre les Européens et les tribus insoumises de l’Atlas, Ahmed Ben Mehrez profite de la situation, et s’allie avec Moulay Harran pour déstabiliser l’Empire chérifien d’Ismaïl. Lorsque celui-ci apprend en 1684-1685 que les deux rebelles se trouvent à Taroudant, Moulay Ismaïl se met immédiatement en route vers la ville pour l’assiéger. Ahmed est tué durant l’assaut de l’armée chérifienne tandis que Moulay Harran réussit à s’enfuir au Sahara après un siège qui prend fin en 1687. À partir de cette date, plus personne ne conteste le pouvoir du souverain.

En 1700, Moulay Ismaïl lance une expédition militaire contre la Régence d’Alger. Avec une troupe estimée entre 10 000 et 12 000 hommes, l’armée ottomane réussit à repousser les 60 000 soldats de l’armée marocaine après la perte d’Oujda en 1692.

En 1702, Moulay Ismaïl charge son fils Moulay Zidan à la tête d’une armée de 12 000 hommes, s’emparer du Peñón de Vélez de la Gomera [25]. Les Marocains rasent la forteresse espagnole mais ne parviennent pas à garder l’île.

Roi bâtisseur, il entreprend la construction du grand palais de Meknès, de jardins, de portes monumentales, de plus de quarante kilomètres de murailles et de nombreuses mosquées. Il meurt le 22 mars 1727 à Meknès des suites d’une maladie, et laisse un pays déchiré par une rébellion causée par la garde noire des Abid al-Bukhari, laquelle contrôle le pays jusqu’à l’avènement de Sidi Mohamed Ben Abdellah .

En 1706, devant les intrigues, les calomnies et la haine de sa belle-mère Lalla Aïcha Moubarka , qui veut introniser son fils Moulay Zidan, l’aîné Moulay Mohammed se révolte et s’empare de Marrakech. À l’approche de son frère Moulay Zidan à la tête d’une armée, Moulay Mohammed prend la fuite et se cache à Taroudant. Son frère assiège la place, le capture et l’emmène à Meknès. Son père le punit cruellement en l’amputant d’une main et d’un bras.

Il élimine ensuite avec une violence inouïe, un caïd de Marrakech coupable d’avoir livré la ville à Moulay Mohammed. Celui-ci décède quelques jours plus tard malgré les précautions de son père pour le garder en vie. Puis en apprenant les horreurs que commet Moulay Zidan à Taroudant, Ismaïl organise la mort de son fils et engage ses femmes qui l’étouffent en 1707 alors qu’il était en état d’ébriété.

Mécontent de Moulay Abdelmalek , gouverneur du royaume de Souss, du fait que celui-ci se comporte comme un souverain absolu et indépendant, et qu’il refuse en 1718 de payer les tribus, Ismaïl décide de changer l’ordre de succession d’autant plus que la mère d’Abdelmalek n’a plus d’importance pour lui.

Abdelmalek présentera plus tard ses excuses après une réconciliation, mais Ismaïl conserve une haine envers son fils.

En 1720, Philippe V d’Espagne qui veut se venger de Moulay Ismaïl pour avoir fourni de l’aide aux impériaux durant la guerre de succession d’Espagne [26], envoie le marquis de Lede, à la tête d’une flotte lever le siège de Ceuta et forcer l’armée marocaine à renoncer à une entreprise qu’il lui a coûté de lourdes pertes.

Moulay Ismaïl décide de remettre le siège devant Ceuta en 1721. Le Sultan qui voulait se venger des Espagnols avait préparé un armement considérable qu’une tempête détruit en 1722. Le siège de Ceuta dure jusqu’à la mort du souverain alaouite en 1727.

Moulay Ismaïl meurt finalement le 22 mars 1727 à l’âge de 81 ans, d’un abcès au bas-ventre accompagné du chagrin de ne plus pouvoir monter à cheval selon ses habitudes. Moulay Ahmed lui succède.

À sa mort, l’Empire se déchire en raison d’une rébellion causée par les Abid al-Bukhari, où plus de 7 prétendants au trône se succèdent entre 1727 et 1757, dont certains à plusieurs reprises comme Moulay Abdallah ben Ismaïl qui a été sultan 6 fois.

Moulay Ismaïl fut un roi bâtisseur, ses constructions sont autant politique, économique, culturelle, religieuse que militaire. Il choisit Meknès comme capitale de son empire en 1672. En raison de la frénésie de constructions qu’il déploie dans cette ville, il est souvent comparé à son contemporain Louis XIV. Il vide ainsi le palais saadien d’El Badi [27] de Marrakech de la quasi-totalité de ses richesses pour les faire transporter à Meknès, ainsi que tout le marbre et autres piliers encore utilisable dans la ville antique de Volubilis [28] avoisinante.

Employant pas moins de 30 000 de ses sujets comme ouvrier, ainsi que 2 500 esclaves chrétiens, Ismaïl aime aller au milieu de ses chantiers, corrige ou renverse ce qu’il ne lui convient pas, mais travaille aussi avec ses esclaves et ouvriers. Il est également cruel envers eux, et n’hésite pas à exécuter et punir ceux qui font mal leur travail. C’est par ces méthodes que Moulay Ismaïl impose ce travail d’esclaves à des populations entières.

Il commence la construction de son magnifique palais de Meknès avant de connaître les travaux de son contemporain Louis XIV à Versailles, selon les ambassadeurs occidentaux présents à Meknès à l’époque les remparts du palais seul faisaient plus de 23 kilomètres de long. Dâr-el-Kbira [29] le premier des palais à être fini après 3 ans de construction était immense à lui seul et possédait des jardins suspendue à l’image de ceux de Babylone [30], sitôt fini il se met à poser les fondations de Dâr-al-Makhzen qui devait relier une cinquantaine de palais les uns aux autres chacun comprenant ses propres thermes et sa propre mosquée pour ses multiples femmes et concubines et leur descendances, suivi ensuite par Madinat er-Riyad qui serait le lieu de résidence des vizirs.

Sur le plan militaire, il fait édifier un réseau de 76 forteresses qui jalonnent les principales routes et entourent les montagnes. Meknès est protégée par 40 kilomètres de murailles percés de 20 portes fortifiées de tours et de bastions. Dans le cadre de ses expéditions contre les Ottomans d’Alger, Moulay Ismaïl permet la pacification de l’Est du pays grâce à ses campagnes et à la construction d’un nombre important de forts protégeant le nord-est du pays. Des forts sont également construits dans les territoires de chaque tribu maintenant ainsi la sécurité dans le pays.

Il édifie également des constructions défensives lors de son périple des oasis du Touat jusqu’aux provinces de Chenguit, puis réorganise et reconstruit des murailles dans certaines villes à l’image d’Oujda et de Taza. Les garnisons d’Abid al-Bukhari sont souvent protégées de la kasbah dans les grands centres de population, à l’image de la kasbah des Gnaouas [31] de Salé.

Économiquement, Mouley Ismaïl construit le Hri Souani, important lieu de stockage des denrées alimentaires qui alimentent grâce à ces puits aussi bien le bâtiment que le bassin de l’Agdal, celui-ci construit pour irriguer les jardins de Meknès. De grandes écuries d’une capacité de 1 200 chevaux sont également construites par le sultan. Sur le plan politique et intérieur, il reçoit ses ambassadeurs dans le Koubat Al Khayatine, pavillon qu’il construit à la fin du 17ème siècle, tandis que c’est dans la prison Qara, que tous les criminels, esclaves chrétiens et prisonniers de guerre sont incarcérées.

Sur le plan religieux et culturel, Ismaïl dote la ville d’un nombre important d’institutions religieuses, mosquées et medersas, places publiques, fontaines et jardins. Il en est ainsi d’un perpétuel travail de construction acharné pendant tout le long de son règne de 55 ans.

Poursuivant la politique d’ouverture initiée par Abu Marwan Abd al-Malik, Moulay Ismaïl entretient de bonnes relations avec la France et la Grande-Bretagne afin de lier des relations commerciales. Elles concernent aussi la vente des marins chrétiens capturés sur mer principalement par les corsaires de Salé, mais aussi la création d’alliance. C’est ainsi que Moulay Ismaïl demande en vain à la France de l’aider dans son combat contre l’Espagne.

Une alliance contre la régence d’Alger est également élaborée en association avec la France et le Bey de Tunis. La Grande-Bretagne participe aussi en 1704 au blocus du port de Ceuta lors du siège de la ville.

En 1682, un traité d’amitié entre le Maroc et la France est signé à Saint-Germain-en-Laye, mais l’accès au trône d’Espagne du petit-fils de Louis XIV en 1710 condamne cette alliance, puis provoque en 1718 une rupture des relations diplomatiques avec la France et l’Espagne, puis le départ des commerçants et consuls français et espagnols.

Moulay Ismaïl envoie des ambassadeurs dont les plus connus sont Mohammad Temim et Abdellah Benaïcha qui ont visité la France. Une mission diplomatique a pour but de demander la main de Mademoiselle de Blois, l’une des filles naturelles de Louis XIV, mais sans succès.

Les relations avec la Grande-Bretagne sont très bonnes, puisque les Britanniques malgré la perte de Tanger aident Moulay Ismaïl dans son combat contre l’Espagne, et signent également plusieurs traités de paix et de commerce.

Après la rupture des relations avec la France, l’influence anglaise augmente. Moulay Ismaïl traite également avec Jacques II d’Angleterre, lui propose son aide et lui demande de se convertir à l’Islam.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de David Bensoussan, Il était une fois le Maroc : Témoignages du passé judéo-marocain, iUniverse,‎ 2012

Notes

[1] Sijilmassa ou Sidjilmassa était une ancienne ville importante du point vue commercial au Moyen Âge, la ville se trouvait à l’emplacement actuel de la ville de Rissani au sud d’Errachidia, à 40 km au nord des célèbres dunes de Merzouga, dans la région de Tafilalet au Maroc. Sijilmassa était une cité marchande pré-saharienne où faisaient halte les grandes caravanes amenant du Bilad el Sudan (Afrique sahélienne, correspondant aux pays inclus entre le Sénégal et le Soudan actuels) et notamment de l’Empire du Ghana, de la poudre d’or, de l’ivoire, des plumes d’autruche, et des esclaves. Elle constituait en outre un centre important des Berbères zénètes.

[2] Le Tafilalet est une région historique située au Sud-est du Maroc. C’est un ensemble d’oasis, dans les basses vallées des oueds Ziz et Ghéris. Villes principales : Erfoud et Rissani.

[3] La dynastie alaouite (« descendant d’Ali » gendre du prophète musulman Mahomet) est une dynastie qui règne sur le Maroc depuis la seconde moitié du 17ème siècle. Venus de Syrie ils s’installent à Tafilalet, les Alaouites deviennent sultans du Maroc à la suite d’une période d’instabilité ayant suivi le décès du dernier sultan de la dynastie des Saadiens en 1659 et durant laquelle le pays est morcelé en plusieurs états indépendants, l’autorité centrale échouant aux mains des Dilaïtes. Rachid ben cherif, troisième prince alaouite du Tafilalet, réunifie le pays entre 1664 et 1669 et réinstaure un pouvoir central, marquant ainsi le début de la dynastie alaouite du Maroc, qui est toujours à la tête du royaume de nos jours.

[4] Le royaume de Fès est le nom donné, du Moyen Âge jusqu’à la veille du Protectorat Français et Espagnol, à la partie du nord du Maroc, y compris tout le Rif et ayant Fès comme capitale. Il s’agit généralement d’un territoire gouverné directement par les sultans lorsque la capitale de l’état est à Fès, et d’une vice-royauté dirigée par un membre de la dynastie au pouvoir lorsque la capitale est à Marrakech. Le territoire du « Royaume de Fès » est généralement délimité par l’océan atlantique à l’ouest, par le fleuve Oum Errabiaa et le Haut-Atlas au sud, par la Méditerranée au nord et les hauts plateaux à l’est.

[5] La province d’Al Haouz est une subdivision à dominante rurale de la région marocaine de Marrakech-Tensift-Al Haouz. Son chef-lieu est Tahannaout. La province d’Al Haouz est située au sud-est de la région de Marrakech-Tensift-Al Haouz. Elle couvre une superficie de 6 612 km².

[6] Fès, est une ville du Maroc central, située à 180 km à l’est de Rabat, entre le massif du Rif et le Moyen Atlas. Elle est la deuxième ville la plus peuplée du Maroc après Casablanca, et a été à plusieurs époques la capitale du pays. Sa fondation remonte à la fin du 8ème siècle, sous le règne de Moulay Idriss 1er.

[7] Taza est une ville du nord-est du Maroc, chef-lieu de la province de Taza. Taza est située à 230 km d’Oujda, 120 km de Fès et 160 km d’Al Hoceïma, dans le « couloir de Taza » qui sépare le Rif du Moyen Atlas.

[8] Meknès est une ville du nord-est du Maroc fondée en 711 par la tribu des Meknassa, dont est issu son nom. Elle est le chef-lieu de la région administrative de Meknès-Tafilalet, dans le Nord du pays. C’est l’une des quatre villes impériales du Maroc et la troisième plus grande ville du royaume. Elle fut la capitale du Maroc durant le règne de Moulay Ismaïl.

[9] Ksar El Kébir, est une ville du Maroc située dans la région de Tanger Tétouan, au nord du pays. De tous temps, Ksar El Kébir a accueilli érudits, mystiques, réfugiés d’al-Andalus et d’Algarve. Ibn Ghalib, originaire de Silves, s’y installe et y fait venir plusieurs disciples d’ibn al-Arif, grand mystique d’Almérie. À sa mort, ibn Ghalib est déclaré saint patron de la ville ; Fatima al-Andalusiyya, autre mystique originaire de l’Algarve, est considérée comme la seconde sainte de Ksar El Kébir. Après la reconquête chrétienne, les habitants de Santarem, Evora, Alcacer de Sal et Silves y trouvent refuge

[10] Le Souss est une région historique et géographique du Maroc, qui constitue une partie de la région administrative de Souss-Massa-Draa. Le Souss est une région amazighophone du Sud-Ouest du Maroc, dont la capitale est Agadir. Les autres villes importantes sont Inezgane, Tiznit, Tafraout, Taroudant, Taghazout, Aït Melloul, Biougra, Aït Baha, Sidi Ifni, Bouizakarne. Un bassin très bien irrigué a fait du Souss l’une des régions les plus fertiles du Maroc pendant des siècles, connue depuis au moins le 11ème siècle pour la culture et l’exportation du sucre. La région connut un règne indépendant des Almohades sous l’égide des Ben Yedder entre 1252 et 1354. L’âge d’or du Souss se situe aux alentours du 17ème siècle pendant l’ère du royaume de Tazeroualt, quand la région entière a bénéficié de l’autonomie et a profité de l’exploitation commerciale du transport de l’or saharien et de la vente du sucre aux commerçants portugais, hollandais et anglais. Le commerce extérieur, à cette époque, se faisait à partir de la baie d’Agadir, située à 10 km au nord de l’embouchure de l’oued Souss.

[11] Taroudant est une ville du Sud-Ouest du Maroc située dans la plaine du Souss, chef-lieu de la province du même nom. La ville se trouve à 80 km à l’est d’Agadir, et à environ 250 km au sud-ouest de Marrakech, le long de l’oued Souss. Taroudant est au 11ème siècle la capitale du petit royaume chiite des Bajjalis théoriquement soumis aux califes fatimides. Annexée par les Almoravides en 1056, pratiquement indépendante sous les Almohades, elle fut notamment la capitale des princes rebelles Ben Yedder qui régnèrent sur le Souss de 1252 à 1334. La ville est détruite par les Mérinides en 1306 mais renaît aussitôt et connaît son apogée au 16ème siècle sous l’influence de Mohammed ech-Cheikh Saâdi, fondateur de la dynastie sâadienne, qui en fait la première capitale saadienne avant Marrakech et une base pour ses offensives contre les Portugais installés à Agadir. Elle devient alors un centre caravanier important, célèbre pour l’abondance et la qualité de ses marchandises

[12] Aït Atta est une grande tribu berbère, actuellement répartie sur trois provinces du Maroc central : Azilal, Ouarzazate et Errachidia. Les Ait-Atta vivent sur un immense territoire qui s’étend du Haut Atlas, et de l’Anti-Atlas jusqu’aux confins algériens. Ils sont organisés en confédération dont la capitale est Saghrou. Ils élisent chaque année un Amaghar qui est responsable de gérer la communauté, de distribuer les ressources (notamment l’eau d’irrigation et les pâturages), de trancher les conflits et de rendre la justice avec les autres notables locaux.

[13] Le Rif est la région septentrionale du Maroc, bordée par la mer Méditerranée au nord, l’Algérie à l’est, le Moyen Atlas au sud et l’océan Atlantique à l’ouest. Composé de montagnes et de plaines, il s’étend de la péninsule tingitane (Tanger) jusqu’à la petite région de Kebdana (frontière entre l’Algérie et le Maroc), irriguée par la Moulouya.

[14] Oujda est une ville frontalière du Maroc, située à l’extrême nord-est du pays, à la limite de la région du Rif oriental, chef-lieu de la préfecture d’Oujda-Angad, dans la région de l’Oriental.

[15] La Tafna ou Oued Tafna est une rivière d’Algérie située dans le Nord-Ouest du pays. Elle traverse les wilayas de Tlemcen et d’Aïn Témouchent avant de se jeter dans la Méditerranée. La Tafna prend sa source au Djebel Merchiche, dans les Monts de Tlemcen près de Sebdou, à 1 600 mètres d’altitude. Son cours, long de 165 km, s’étire dans la wilaya de Tlemcen, et après avoir franchi des gorges sinueuses, pénètre dans la wilaya d’Aïn Témouchent, traverse la cité antique de Siga, et se jette dans la Méditerranée, face à l’île de Rachgoun.

[16] Un caïd est, en Afrique du Nord, un notable qui cumulait autrefois des fonctions administratives, judiciaires, financières et parfois de chef de tribu. Généralement hommes issus de familles riches, ils achètent cette fonction et il est donc courant d’être le caïd de plusieurs districts en même temps.

[17] Le mot pacha est, dans le système politique de l’Empire ottoman, un titre de haut rang accordé aux gouverneurs de provinces et aux généraux.

[18] Le terme désigne, dans le langage courant et familier au Maroc, l’État marocain et les institutions régaliennes marocaines (justice, administration, armées, police, sapeurs pompiers, ...). Avant l’indépendance marocaine, le Makhzen était l’appellation du gouvernement du sultan du Maroc, alors sous protectorat français.

[19] Le pachalik de Tombouctou ou pachalik du Soudan est le territoire, basé autour des villes de Tombouctou et de Gao, au Mali, qui devint une province marocaine après son annexion en 1591 et qui demeure gouvernée par les Marocains et leurs descendants jusqu’au début du 19ème siècle. Le territoire formant le Pachalik de Tombouctou est conquis par le Maroc en 1591, à la suite de la bataille de Tondibi qui voit la défaite de l’armée songhaï face à l’expédition du sultan saadien Ahmed al-Mansur, dirigée par Yuder Pacha. Dans les faits « pachalik » marocain, soit une province, le contrôle effectif de l’État chérifien se relâche vite et la suzeraineté marocaine ne devient que nominale au début du 17ème siècle à la suite de la période d’anarchie qui a précédé la chute des Saadiens. Le pouvoir devient alors aux mains d’un pacha nommé par les descendants des soldats marocains, dits Armas. Le pacha, de facto indépendant, fait cependant allégeance au sultan du Maroc. Cette allégeance s’est renouvelée à la suite de l’arrivée au pouvoir de la dynastie alaouite et le contrôle marocain redevint effectif sous le règne du sultan alaouite Moulay Ismail.

[20] Ceuta est une ville autonome espagnole formant une encoche sur la côte nord du Maroc en Afrique. Située sur le côté méditerranéen du détroit de Gibraltar, en face de la péninsule Ibérique, à environ quinze kilomètres des côtes de la province espagnole de Cadix, elle est revendiquée par le Royaume du Maroc depuis 1956.

[21] actuel Salé

[22] Rabat

[23] Mehdia est située dans la région de Gharb-Chrarda-Beni Hssen. C’est une pittoresque petite ville côtière située près de la ville de Kénitra à 30 km au nord-est de la capitale Rabat. La ville qui portait alors le nom de Mâamora, fut détruite par le roi mérinide de Fès, Saïd El Ouattasi entre 1470 et 1500. Les Portugais parvinrent à s’en emparer en 1515, y construisirent une forteresse, mais ne purent s’y maintenir. À la fin du 16ème siècle, elle était devenue un repaire de pirates, et les Espagnols tentèrent de s’en emparer. Ils essayèrent en 1611 de rendre son port inutilisable en y coulant 8 vaisseaux, et revinrent en 1614 avec une flotte de 100 vaisseaux, au moment où les Hollandais se proposaient de l’occuper, et parvinrent à s’y installer. Ils en furent chassés, en 1681 par Moulay Ismail.

[24] L’Abid al-Bukhari était une armée, ou guiche, formée par le sultan alaouite Moulay Ismail. Elle était composée d’esclaves noirs, ou selon d’autres sources de Bambaras qui venaient d’embrasser l’Islam. Ils tirent leur nom du livre de hadiths de Mouhammad al-Bukhârî sur lequel ils prêtaient serment d’allégeance au sultan. Après la mort du sultan, l’armée s’est rebellée, créant ainsi une guerre civile.

[25] Le Peñón de Vélez de la Gomera ou rocher de Vélez de la Gomera, est une île située en Afrique du Nord, à 260 km à l’ouest de Melilla et à 117 km au sud-est de Ceuta. Elle est possession de l’Espagne depuis 1564, après avoir déjà été occupée entre 1508 et 1522, mais est revendiquée par le royaume du Maroc qui ne reconnaît pas la souveraineté espagnole.

[26] La guerre de Succession d’Espagne est un conflit qui a opposé plusieurs puissances européennes de 1701 à 1714, dont l’enjeu était la succession au trône d’Espagne à la suite de la mort sans descendance du dernier Habsbourg espagnol Charles II et, à travers lui, la domination en Europe. Dernière grande guerre de Louis XIV, elle permit à la France d’installer un monarque français à Madrid : Philippe V, mais avec un pouvoir réduit, et le renoncement, pour lui et pour sa descendance, au trône de France, même dans le cas où les autres princes du sang français disparaîtraient. Ces conditions ne permettaient pas une union aussi étroite que celle qui était espérée par Louis XIV. La guerre de succession donna néanmoins naissance à la dynastie des Bourbons d’Espagne, qui règne toujours aujourd’hui.

[27] Le palais El Badi est un ensemble architectural construit à la fin du 16ème siècle et situé à Marrakech au Maroc. Ancien palais, il fut édifié par le sultan saadien Ahmed al-Mansur Dhahbî pour célébrer la victoire sur l’armée portugaise, en 1578, dans la bataille des Trois Rois. Aujourd’hui, il ne reste qu’une immense esplanade creusée de jardins, plantée d’orangers et entourée de hauts murs. En effet, en 1696, le sultan alaouite Moulay Ismaïl a pris ce qu’il y avait de plus riche dans ce palais pour construire la ville impériale de Meknès.

[28] Volubilis est une ville antique berbère romanisée située au Maroc, sur les bords de l’oued Rhoumane, rivière de la banlieue de Meknès, non loin de la ville sainte de Moulay Idriss Zerhoun où repose Idriss 1er. Le site archéologique de Volubilis est situé sur la commune rurale de Oualili, qui dépend de la préfecture de Meknès et de la région de Meknès-Tafilalet.

[29] Le Dâr-el-Kbira est un palais situé à Meknès. C’était l’ancienne résidence de la famille royale et des proches parents du sultan Moulay Ismaïl. Il a été construit par ce dernier entre 1672 et 1680.

[30] Les jardins suspendus de Babylone sont un édifice antique, considéré comme une des 7 Merveilles du monde antique. Ils apparaissent dans les écrits de plusieurs auteurs grecs et romains antiques (Diodore de Sicile, Strabon, Philon d’Alexandrie, etc.), qui s’inspirent tous de sources plus anciennes disparues, dont le prêtre babylonien Bérose. C’est à ce dernier que l’on doit l’histoire de la construction de ces jardins par Nabuchodonosor II afin de rappeler à son épouse, Amytis de Médie, les montagnes boisées de son pays natal.

[31] La Kasbah des Gnaoua(s), ou Kasbah ismaïlienne, ou encore Kasbah El-Hrichi, est la seule kasbah qui existe sur la rive droite du Bouregreg, située à Salé. La kasbah des Gnaouas est à l’origine une des plus grandes forteresses, érigée sous le règne du sultan Moulay Ismail où il a placé le Jich Abid al-Bukhari (Gardes noire d’esclaves originaires du Soudan occidental) pour protéger les côtes de Rabat et Salé contre les tentatives de pénétration et d’occupations étrangères. On reprocha à ces derniers des libertés avec l’honneur et la vertu de femmes, alors cette inconduite provoqua une violente réaction de la part des habitants, qui formèrent un groupe mené par le gouverneur Abdelhaq Fennich, et attaquèrent la Kasbah des Gnaouas en 1758. Elle comprenait une mosquée, une Maison du Caid, un hammam, un four et des logements pour les soldats.