Une légende, reprise notamment par Grégoire de Tours, raconte qu’il aurait été un des 7 missionnaires envoyés par Rome pour évangéliser la Gaule, sous le règne de l’empereur Dèce et le premier évêque d’Arles. Il serait le fondateur de l’église d’Arles au 3ème siècle
Mais cet évêque légendaire, pourrait avoir bien existé. En cohérence avec les propos rapportés par Grégoire de Tours, des lettres de l’évêque de Carthage Cyprien écrites dans les années 250/254 précisent la participation d’un évêque Trofime aux évènements liés à la persécution de Dèce. En effet, peu après ces évènements, vers 252, une lettre de Cyprien à Antonianus évêque en Numidie [1] évoque un Trofime qui après avoir renié l’église, avait demandé à revenir en son sein.
Bien qu’il ne soit pas affirmé que cet évêque soit l’évêque d’Arles, il est impossible de ne pas apercevoir une grande concordance. Trophime fut évêque vers 250, il a renié la foi chrétienne lors des persécutions de Dèce.
Ce Trofime, comme le Trophime légendaire, semble très connu dans la chrétienté au point que Cyprien, s’adressant à son interlocuteur, ne se sent pas obligé de préciser le diocèse dont Trofime est l’évêque.
Cyprien nous apprend également que ce Trofime, évêque universellement connu, souhaite retourner dans la communauté de l’Eglise, ce qui suscite des interrogations de la part de ses anciens collègues, tels que cet Antonianus. Or, l’évêque de Carthage évoque dans une de ses lettres datée de 254, toujours à propos du schisme novatien [2], l’évêque d’Arles Marcianus qui refuse de réintégrer dans l’Eglise les chrétiens repentants
Enfin comme évoqué dans la lettre, un des enjeux de ce pardon papal, c’est de savoir si Trofime récupère ou non son diocèse. Tous ces éléments expliquent très bien la conduite de Marcianus, élu évêque d’Arles à la place de Trofime, qui ne souhaite pas que Trofime reprenne sa place au sein de l’église arlésienne. Il est donc possible que ce Trofime et le Trophime semi-légendaire ne soient qu’une seule et même personne.