Artapherne ou Artaphernès
Satrape de Lydie
Selon Hérodote, il disposait d’une autorité étendue à tous les pays maritimes d’Asie. C’est donc contre lui que se révoltent les cités grecques ioniennes en 498 av.jc [1].
Préoccupé par les affaires grecques, il accueille Hippias, tyran d’Athènes [2] chassé par son peuple, à sa cour. Vers 500, le tyran de Milet [3] Aristagoras le convainc de participer à un raid contre l’île de Naxos [4] mais après plusieurs mois de siège l’entreprise tourne court. Aristagoras, tombé en disgrâce et sommé de rembourser les frais engagés par Artapherne, pousse l’Ionie à la révolte.
En 499, il subit une offensive des Ioniens révoltés alliés à Eréthrie [5] et Athènes [6] sur sa capitale Sardes [7]. Replié dans l’acropole, il parvient à les repousser mais ne peut les empêcher de piller et incendier la ville basse. Il prend sa revanche à Éphèse [8] en écrasant les alliés grecs ce qui met fin à l’intervention d’Athènes. Après plusieurs années de guerre, il parvient à mater l’insurrection. Lors de la prise de Milet, il l’a fait raser et déporte sa population.
Discrédité par l’ampleur de la révolte, Artapherne doit déjouer un complot de ses officiers et procède à de nombreuses exécutions. Après la phase de reconquête brutale, il fit preuve de mesure en laissant leur autonomie aux cités grecques qui s’étaient révoltées et en leur imposant un tribut modéré.
Son fils, qui porte son nom Artapherne , participe aux guerres médiques sous la direction de Xerxès 1er.
Notes
[1] La révolte de l’Ionie représente un épisode décisif vers la confrontation entre Grecs et Perses que sont les guerres médiques. Elle a pour origine la volonté de Darius 1er de contrôler les sources d’approvisionnement en blé et en bois de construction navale de la Grèce. Pour cela il doit s’attaquer, avec l’aide de contingents grecs ioniens, dans un premier temps aux Scythes, qui avaient fondé un puissant empire dans le territoire qui correspond aujourd’hui à la Russie méridionale et dont les relations commerciales avec les Grecs étaient fructueuses et actives. Il y a sans doute aussi la volonté de contrôler la route du commerce de l’or, extrait des monts Oural ou de Sibérie et dont les Scythes faisaient grand commerce. Cette expédition contre les Scythes est un échec, ceux-ci appliquant la technique de la terre brûlée devant l’armée perse. L’armée perse échappe même au désastre et à l’encerclement grâce à la loyauté du contingent grec qui garde le pont sur le Danube (Ister). Cependant Darius s’est assuré la maîtrise de la Thrace tandis que le roi Amyntas 1er de Macédoine reconnaît la suzeraineté de la Perse en 513 av. jc. En 508, c’est l’île de Samothrace qui tombe sous le joug perse. Même Athènes sollicite vers 508 l’alliance perse. De cette campagne Darius tire la conclusion qu’il peut compter sur la fidélité des Grecs ioniens. Ceux-ci par contre estiment qu’ils peuvent sans risques excessifs se révolter contre la domination perse car l’expédition contre les Scythes a montré que l’empire achéménide n’est pas invulnérable.
[2] Dans la Grèce antique, un tyran était un homme qui disposait d’un pouvoir assuré par la force ; ce pouvait être un ancien magistrat, parfois même un esclave, arrivé au pouvoir après un coup d’État, par ruse plus que par violence. Les tyrans ne prirent jamais officiellement le titre de tyran, et il n’y eut pas de titre général et officiel pour les désigner, c’est pourquoi on leur donne le nom dont leurs ennemis les stigmatisaient.
[3] ancienne cité grecque d’Ionie, aujourd’hui en Turquie
[4] Naxos est une île grecque de la mer Égée appartenant aux Cyclades. C’est la plus grande et la plus haute île de l’archipel. Elle est située pratiquement au cœur de l’Égée, à approximativement 140 km de la Grèce continentale et de la Turquie continentale. La plus grande ville et port principal est Náxos, aussi appelée Chóra
[5] Érétrie est une cité de la Grèce antique, située sur la côte occidentale de l’île d’Eubée, et qui a largement contribué au développement et au rayonnement de la civilisation grecque. Les premières fouilles archéologiques ont eu lieu en 1885 par la société archéologique d’Athènes et l’école américaine.
[6] Athènes est l’une des plus anciennes villes au monde, avec une présence humaine attestée dès le Néolithique. Fondée vers 800 av. jc autour de la colline de l’Acropole par le héros Thésée, selon la légende, la cité domine la Grèce au cours du 1er millénaire av. jc. Elle connaît son âge d’or au 5ème siècle av. jc, sous la domination du stratège Périclès
[7] Sardes est une ancienne ville d’Asie mineure, capitale de la Lydie, sur la rivière Pactole, dans la vallée de l’Hermos.
[8] Éphèse est l’une des plus anciennes et plus importantes cités grecques d’Asie Mineure, la première de l’Ionie. Bien que ses vestiges soient situés près de 7 kilomètres à l’intérieur des terres, près des villes de Selçuk et Kuşadası dans l’Ouest de l’actuelle Turquie, Éphèse était dans l’Antiquité, et encore à l’époque byzantine, l’un des ports les plus actifs de la mer Égée ; il est situé près de l’embouchure du grand fleuve anatolien Caystre. L’Artémision, le grand sanctuaire dédié à Artémis, la déesse tutélaire de la cité, qui comptait parmi les Sept merveilles du monde et auquel Éphèse devait une grande part de sa renommée, était ainsi à l’origine situé sur le rivage.