L’existence des États-Unis comme État indépendant ne date que de 1776 : mais l’histoire des Européens dans ce pays remonte bien avant.
Rapidement après les premières explorations, Français et Espagnols revendiquèrent les territoires nouvellement découverts. Ainsi, de 1562 à 1565 les Français essayèrent-ils vainement de coloniser la Floride. Mais ce fut les Britanniques, puis les Hollandais, qui fondèrent les établissements durables. En 1584 des Anglais s’établirent en Virginie. Gosnold en 1602, Hudson en 1607, John Smith en 1614, firent d’importantes découvertes dans le nord.
Les Hollandais, marchant sur leurs traces, colonisèrent en 1614 l’État de New York, auquel ils donnèrent le nom de Nouveaux Pays-Bas. Des Puritains, émigrés de la Grande-Bretagne, vinrent en 1620 s’établir dans le Massachusetts. Le New Hampshire fut colonisé en 1621. En 1627 le Delaware reçut une colonie suédoise, le Maryland fut colonisé en 1632, le Connecticut en 1635, le Rhode Island en 1638. Tous ces pays durent leurs premiers habitants aux persécutions religieuses. Charles Il, roi d’Angleterre, donna en 1662 au comte Clarendon et à 7 autres seigneurs le pays qui forma depuis les 2 Carolines, et en 1681 au quaker William Penn la contrée appelée de son nom Pennsylvanie.
L’Angleterre n’était pas la seule puissance européenne présente en Amérique du Nord à cette époque. L’Espagne et la France avaient leurs propres colonies sur le continent. Les colons de Caroline entrèrent ainsi plus d’une fois en conflit avec les Espagnols installés en Floride. Mais ce sont surtout les conflits permanents qui opposaient la France à l’Angleterre qui allaient s’exprimer.
La colonisation des îles d’Amérique et l’esclavage
L’esclave est une personne de condition non libre, considérée comme un instrument économique pouvant être vendue ou achetée et placée sous la dépendance d’un maître.
A partir de 1620, les premiers Noirs furent transportés d’Afrique vers l’Amérique Latine afin de travailler comme esclaves dans des plantations de canne à sucre. L’origine d’un noir ayant une influence sur son prix. Pierre Belain d’Esnambuc, ancien corsaire normand est envoyé dans les colonies par la compagnie des Iles d’Amérique dont un des principaux actionnaires était le Cardinal de Richelieu et l’un des pères fondateurs de la colonisation française.
En mai1635 à lieu l’Acquisition de la Guadeloupe et de la Martinique par Richelieu. La Martinique est colonisée par d’Esnambuc, et en 1639, la compagnie autorise l’importation d’engagés* d’une part et des esclaves achetés sur les côtes d’Afrique d’autre part. La fabrication du tabac en Martinique, nécessitant peu de main d’œuvre faite essentiellement du concessionnaire et des engagés. Mais, au bout de 36 mois, les engagés demandèrent à leur tour une concession et très peu d’esclaves furent sur les plantations martiniquaises.
En 1640, la compagnie a des difficultés et vend l’île à Dyel Duparquet, un seigneur normand. Les Indiens caraïbes étant les alliés de Duparquet, un édit du Roi interdit leur mise en esclavage pour des raisons stratégiques. En 1645, des colons Juifs Hollandais, expulsés du nord-est Brésilien par les Portugais, passent en Martinique où ils apportent les secrets de fabrication du sucre. La culture de la canne à sucre remplaça celle du tabac aux Antilles et fera la fortune de la Martinique au 18ème siècle. Avec les premières techniques de distillation du jus de canne, améliorées par le Père Labat dès 1694, s’ouvrit l’ère de l’alcool. Les premières sucreries furent montées en Martinique et les capitaux fournis par les marchands des différents ports de France et de la région parisienne.
On se rendi compte rapidement que la main d’œuvre engagée était insuffisante pour permettre le développement de la production sucrière. Les négociants et capitaines des navires poussèrent donc à l’utilisation d’esclaves. La traite régulière s’organisa d’abord avec les Hollandais puis ensuite avec les Français qui montèrent la compagnie du Sénégal. Celle-ci obtint les primes du Roi de France pour chaque tête d’esclave introduite en Martinique. L’île de Gorée, au large de Dakar, sera l’un des lieux de concentration de la traite française qui partait du Havre, de Nantes, de la Rochelle. La pacotille étant échangée contre des esclaves aux trafiquants de la côte des esclaves s’étendant du Sénégal jusqu’au Nigeria actuel. En 1685, Colbert, ministre de louis XIV, synthétisa dans un texte sous le nom de "code noir*" l’ensemble des instructions concernant les esclaves dans les colonies.
Naissance des première Colonie en Amérique du Nord
Le 26 novembre 1620, le Mayflower aborde en un lieu baptisé Plymouth, près de Cape Cod, sur la côte sauvage du Massachusetts. Ce voilier amenait d’Angleterre 102 colons. Parmi eux, 35 protestants anglais très pieux, chassés de leur pays par les persécutions du roi Jacques 1er. Ces protestants se nommaient “Pères Pèlerins”. Ils avaient d’abord tenté leur chance aux Pays-Bas, à Leyde, mais l’état de l’Europe les avait déçus. En Angleterre, les troubles religieux laissaient entrevoir la chute de la monarchie et la dictature de Cromwell. L’Allemagne souffrait de la guerre de Trente Ans. En France, la régence troublée de Marie de Médicis faisait suite à l’assassinat d’Henri IV. Le petit groupe d’Anglais avait donc décidé de créer une “Nouvelle Jérusalem” en Amérique. C’était au moment où la Virginia Company organisait le peuplement de la nouvelle colonie anglaise de Virginie.
Les Pères Pèlerins embarquèrent en septembre 1620 à Plymouth sur le Mayflower ou Fleur de Mai, un voilier de 180 tonneaux. Après une traversée agitée, le navire arriva en vue de Cape Cod, sur la côte du futur Massachusetts, le 21 novembre. Les passagers comprirent alors qu’ils avaient fait fausse route. Ils durent se résigner à débarquer sur une terre inhospitalière, encore inconnue des Européens. En prévision de l’avenir, “les pères pèlerins” et leurs compagnons signèrent le jour même, sur leur navire, un pacte de bonne entente. Ce pacte connu comme le “Mayflower Compact” édictait les principes qui devaient régir le futur établissement. Il mettait sur pied une démocratie locale efficace et respectueuse des croyances de chacun. Sitôt débarquée, la communauté conclut un traité de paix avec les Indiens, mais les incidents de voisinage n’en seront pas moins nombreux. La première année, la famine et la maladie eurent raison de nombreux colons. Les survivants durent leur survie aux dindes sauvages et au maïs fourni par les Indiens.
C’est aussi en 1620 que la première bibliothèque publique dans les colonies fut organisée en Virginie avec des livres donnés par des propriétaires fonciers Anglais.
En 1621 un des premiers traités entre les colons et les Américains indigènes fut signé pendant que les pèlerins de Plymouth décrétaient un pacte de paix avec la tribu de Wampanoag, avec l’aide de Squanto, un Américain indigène qui parlait anglais. En 1624, 30 familles de colons hollandais, commanditées par la Dutch West India Company arrivèrent à New York. La même année, la charte de la compagnie de la Virginie fut retirée à Londres et la Virginie fut déclarée colonie royale. En 1626, Peter Minuit, un colon hollandais, acheta l’île de Manhattan aux Américains indigènes pour 60 florins et lui donna le nom de New Amsterdam. En mars 1630, John Winthrop mena une migration de 900 Puritain au Massachusetts, où il sera le premier gouverneur. En septembre, Boston fut officiellement établi et servira d’emplacement du gouvernement de Winthrop. En 1633, le premier gouvernement d’une ville dans les colonies fut organisé à Dorchester dans le Massachusetts. En 1635, l’école latine de Boston fut fondée, elle fut la première école d’Etat en Amérique. En juin 1636, Roger Williams fonda Providence et Rhode Island. Il avait été banni du Massachusetts pour des "nouveaux et dangereux avis" réclamant notamment la séparation de l’église et de l’état. Providence devint alors un asile pour beaucoup d’autres colons se sauvant de l’intolérance religieuse. En 1638, la première presse coloniale fut installée à Cambridge dans le Massachusetts et en 1646, la cour générale approuva une loi condamnant à mort l’hérésie religieuse. En 1652, le Rhode Island décréta la première loi dans les colonies déclarant l’esclavage illégal. En 1660, la couronne anglaise approuva un acte de navigation exigeant l’utilisation exclusive des bateaux anglais pour les échanges entre les colonies anglaises et pour des exportations de tabac et de sucre et d’autres produits en Angleterre ou dans ses colonies. Celui-ci se traduira en 1663 par la loi de navigation exigeant que la plupart des importations, vers les colonies, devraient être dorénavant transportées par l’intermédiaire de l’Angleterre sur des bateaux anglais. En 1664, la nouvelle colonie hollandaise de Netherland devint New York après que Peter Stuyvesant se rende aux Anglais suite à un blocus naval. La même année, le Maryland passa une loi rendant la servitude perpétuelle pour les esclaves noirs afin de les empêcher de tirer profit des précédents établis en Angleterre qui accordaient la liberté dans certaines conditions, telle que la conversion au christianisme. Des lois semblables furent passées à New York, au New Jersey, en Caroline et en Virginie. En 1672, la Royal Africa Company obtint le monopole dans le commerce anglais d’esclave. En 1673, les forces militaires hollandaises reprenaient New York aux Anglais.
En 1682, le français Cavalier de la Salle explora la région inférieure de la vallée du Mississippi et la réclama pour la France, appelant le secteur Louisiane. La même année, une grande vague d’immigrés arriva en Pennsylvanie d’Allemagne et des îles britanniques. Après une domination Suédoise puis Hollandaise, c’est en 1680 que William Penn reçu la concession de ses terres par Charles II, comme paiement d’une dette due à son père. Celui-ci souhaitait un gouvernement pour cet Etat basé sur un modèle libérale et véritablement démocratique. Il garanti la liberté complète de culte et mis en place un organisme administratif chargé d’établir des relations amicales avec les Indiens. En 1683, il signa avec ceux-ci un traité stipulant qu’en échange des droits de propriétés qu’ils étaient disposés à lui accorder, il leur donnerait une variété de marchandises. Penn retourna en Angleterre en 1684 et nomma son ami James Harrison comme administrateur.
Le Canada au 17ème siècle
C’est Le 3 juillet 1608 que Samuel de Champlain, un explorateur de 38 ans natif de Brouage, débarqua au pied du cap Diamant, sur les bords du Saint-Laurent, et fonda la future capitale de la province canadienne du Québec. Ce fils de marin, hardi et passionné avait en 1601, participé à une mission d’exploration de la côte nord-américaine avec Aymar de Chaste, premier gouverneur de la Nouvelle-France, une colonie encore à l’état de projet. En 1604, il avait tenté mais en vain de créer un établissement permanent dans la vallée d’Annapolis, en Acadie. Il revint en France et publia “Des Sauvages”.
De retour en Nouvelle-France, il jeta cette fois son dévolu sur la vallée du Saint-Laurent et repéra un promontoire boisé auquel les Indiens du cru donnaient le nom de Québec, en un lieu où le fleuve se rétrécit. Il fonda à cet endroit un comptoir, “l’Abitation de Québec”. Il voulu faire de Québec un établissement permanent pour la traite des fourrures. Celle-ci comportait 3 premières maisons en bois à 2 étages disposées en U autour d’une cour fermée, et un magasin d’un étage sur une cave. Un colombier faisait fonction de tour de guet. L’ensemble était ceinturé par un fossé et des remparts de terre, avec un pont-levis et deux plates-formes à canon.
L’établissement compta à ses débuts 28 hommes. Dès le début, des frictions surgissent entre ceux-ci. Un certain Jean Duval projeta d’assassiner Samuel de Champlain et de vendre la colonie aux Espagnols. Démasqué, il fut pendu. Là-dessus arriva l’hiver et avec lui le scorbut. La maladie faucha 16 des 24 Français restés à Québec.
Cependant Samuel de Champlain participa aux guerres indiennes. Il s’allia aux Hurons et aux Algonkins contre les Iroquois. C’est ainsi qu’il se retrouva à un moment avec 60 Hurons face à 200 Iroquois. Il braqua son arquebuse et fit feu sur un ennemi. Ce fut la débandade.
Champlain poursuivit l’exploration du pays et accomplit plusieurs voyages en France. Mais il ne perdit jamais de vue le développement de sa colonie de Québec, dont il fut nommé lieutenant gouverneur par le duc de Montmorency en 1619. Il entreprit en 1623 la construction des premiers bâtiments en pierre. En 1629, les Anglais s’emparèrent de la petite ville mais ils la restitueront à la France 3 ans plus tard.
C’est à Québec que Samuel de Champlain meurt le 25 décembre 1635, à l’âge de 65 ans, tandis qu’en France, Louis XIII et son ministre Richelieu gouvernent.
Naissance de Montréal
C’est le 17 mai 1642 que naît la métropole du Québec sur une île située au confluent du fleuve Saint-Laurent et de la Rivière des Prairies. Cette île, à 1500 km à l’intérieur des terres, avait été remarquée un siècle plus tôt, le 2 octobre 1535, par l’explorateur Jacques Cartier. Il l’avait baptisée “Mons realis”.
En 1615, Samuel de Champlain, qui a déjà fondé “l’Abitation de Québec”, émet l’idée d’une nouvelle ville sur le fleuve Saint-Laurent en vue de promouvoir la religion catholique parmi les Indiens de la Nouvelle-France. L’idée est reprise par le baron de Fancamp et Jérôme de la Dauversière, un habitant de La Flèche. Ils fondèrent ensemble la Société de Notre-dame de Montréal pour la conversion des sauvages de la Nouvelle-France.
Le 9 mai 1641, deux navires quittèrent La Rochelle pour la Nouvelle-France. La colonie ne comptait encore que 400 Français. A bord des navires, une cinquantaine de personnes sous la direction de 2 catholiques fervents, le nobliau Paul de Chomedey de Maisonneuve et l’infirmière Jeanne Mance. L’expédition passa l’hiver à Québec et atteignit le site de Montréal l’année suivante. Sitôt arrivés, les colons construisirent une clôture près du village huron d’Hochelaga. La messe de fondation eu lieu le lendemain, dimanche 18 mai 1642. Le nouvel établissement fut consacré à la Vierge et prit le nom de Ville Marie. Une dizaine d’années plus tard, il ne sera connu que sous le nom de Montréal.
Les débuts furent très pénibles et la ville dut se défendre contre les Iroquois, farouches ennemis des Français depuis leur rencontre malheureuse avec Samuel Champlain. L’arrivée de nouveaux colons permit de fortifier la colonie. En 1647, par décision du gouvernement français, les armateurs furent contraints d’amener un immigrant pour chaque tonne de fret. En 1653, le gouverneur Maisonneuve ramena de France une centaine de soldats pour mieux protéger sa ville. Montréal devint bientôt la plaque tournante du commerce des fourrures.
Naissance de la Louisiane
C’est le 9 avril 1682 que René Robert Cavelier de la Salle prit possession du Mississipi au nom du roi de France, Louis XIV. Entouré de ses compagnons français et d’Indiens, il faisait face à l’embouchure du grand fleuve américain. Avec toute la solennité possible, il baptisa Louisiane, en l’honneur du Roi Soleil, la très vaste région qui s’étend du golfe du Mexique aux Grands Lacs.
Né à Rouen 39 ans plus tôt, dans une famille de riches négociants, Cavelier de la Salle était entré au service du gouverneur de la Nouvelle-France, Louis de Buade, comte de Frontenac.
De Montréal, il part sur les traces de Louis Joliet et du père Marquette. Ces 2 missionnaires avaient reconnu le Mississipi, la Grande Rivière, mais ils n’avaient pas dépassé la région des Grands Lacs.
De retour en France, il offrit la Louisiane au Roi Soleil mais celui-ci hésita à l’occuper, craignant de trop disperser ses forces. Toutefois, il obtint de revenir en Louisiane avec 4 vaisseaux et 320 émigrants. Malheureusement, il se trompa de route et aborda sur une côte inconnue du Texas actuel. Après la mort de la plupart des membres de l’expédition, Cavelier de la Salle tenta de rejoindre la Nouvelle-France. Il fut tué par ses derniers compagnons qui ne supportaient plus sa brutalité.