Fils de Claude Hédelin, avocat au parlement, et de Catherine Paré, fille du chirurgien Ambroise Paré, il fut d’abord destiné au barreau.
Après avoir achevé ses études, il exerça la profession d’avocat à Nemours [1], où son père avait acheté la charge de lieutenant général. Il abandonna bientôt le barreau pour l’état ecclésiastique, et devint précepteur du duc de Fronsac Jean Armand de Maillé, neveu du cardinal de Richelieu.
Peu de temps après, il fut pourvu de l’abbaye d’Aubignac, puis de celle de Meymac [2]. L’élève, devenu majeur, fit à son maître une pension de 4 000 livres, pour laquelle d’Aubignac eut un procès à soutenir après la mort du duc, en 1646. Cette mort fut, pour l’abbé d’Aubignac, un coup de foudre qui lui fit perdre les pensées de la fortune et des plaisirs de la vie. Il continua cependant à s’occuper de littérature. Sur la fin de ses jours, il se retira à Nemours, où il mourut le 25 juillet 1676.
Il se livra à la littérature, et fut en relation avec les plus beaux esprits de son temps. Passionné de littérature il écrit quelques romans et tragédies [3]. Il est principalement connu pour avoir édifié la règle des trois unités pour le théâtre classique et par ses querelles avec Pierre Corneille, dont il attaqua les tragédies, et avec Ménage, contre lequel il publia Térence justifié.
Il soutint un des premiers qu’Homère est un personnage chimérique, et que les poèmes qu’on lui attribue ne sont qu’un recueil de morceaux détachés.
Irrité de voir que, dans l’examen de ses tragédies, Pierre Corneille ne faisait nulle mention de lui, d’Aubignac se déchaîna contre ce grand homme, et, saisissant toutes les occasions de l’attaquer, il fit imprimer deux Dissertations concernant le poème dramatique, en forme de remarques sur les deux tragédies de M. Corneille, intitulées “Sophonisbe et Sertorius”.
Corneille, alarmé, s’en plaignit et voulut faire arrêter l’impression. N’ayant pu en venir à bout, il engagea un de ses amis à publier les Défenses de la Sophonisbe et du Sertorius. L’abbé d’Aubignac y répliqua par ses Troisième et quatrième Dissertations concernant la tragédie de M. Corneille, intitulée “Œdipe”, et Réponse à ses calomnies.
D’Aubignac travailla jusqu’à la fin de sa vie à retoucher la Pratique du Théâtre et y ajouta un chapitre entier sur les discours de piété dans les tragédies.