Né au hameau de La Place près d’Hodenc-en-Bray [1] dans l’Oise. Son éducation fut commencée par son père, qui lui faisait lire, encore tout petit “les Vies de Plutarque”. Il étudia ensuite au collège de Beauvais [2], d’où il vint à Paris faire sa philosophie au collège de Boncourt [3]. Brouillé avec sa famille par son refus d’entrer dans la carrière ecclésiastique, il se livra à l’étude de la médecine et, comme il était dépourvu de ressources, il se fit correcteur d’imprimerie.
En 1624, il prit le grade de docteur et, en 1651, succéda à son maître Riolan dans sa chaire au Collège de France, doyen de la Faculté de médecine de Paris de 1650 à 1652, professeur au Collège de France à partir de 1655.
Quoiqu’il ait fait, comme médecin, beaucoup de bruit par ses vives polémiques en faveur des anciens contre les partisans des découvertes modernes, on allait l’entendre surtout pour ses bons mots et ses traits satiriques. Des grands seigneurs, le recevant à dîner, plaçaient un louis d’or sous son assiette, pour reconnaître le plaisir que leur causait sa verve sarcastique. Elle se retrouve entière dans ses Lettres, qu’il ne destinait pas à la publicité, et qui font vivre son nom.
Il fut surtout un épistolier [4] prolixe et parfois redoutable.
Dans sa correspondance suivie avec les principaux savants de l’Europe, les nouvelles du jour, les détails curieux sur la littérature et les hommes illustres du temps, les bons mots abondent, avec des hardiesses de toutes sortes, une malveillance visible, beaucoup de passion, de la crudité et quelquefois de la grossièreté.
Son style plaisant, léger et humoristique fait de lui un philosophe libertin. Ses lettres sont une ressource de choix pour les historiens de la médecine.