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Marie de Hongrie (1505-1558)

lundi 21 décembre 2020 (Date de rédaction antérieure : 6 novembre 2012).

Marie de Hongrie (1505-1558)

Dame de Binche-Archiduchesse

Marie de Hongrie Dame de Binche-Archiduchesse

Marie d’Autriche naquit au palais du Coudenbreg à Bruxelles [1]. Ses parents étaient l’Infante Jeanne d’Espagne dite Jeanne la Folle et l’Archiduc Philippe le Beau. Ses grands-parents maternels possédaient l’Espagne, la Sicile, Naples, la Sardaigne et les colonies espagnoles d’Amérique, tandis que la branche paternelle régnait sur l’Empire Romain Germanique, l’Autriche et les richissimes Pays-Bas. Ceux-ci s’étendaient sur le nord actuel de la France, la Belgique, le Grand-duché de Luxembourg et les Pays-Bas modernes.

Philippe le Beau mourut en 1506 alors que sa femme perdait complètement la raison. Marie fut élevée avec son frère Charles Quint et ses sœurs Eléonore et Isabelle d’Autriche dans le palais malinois de leur tante Marguerite d’Autriche, Gouvernante des Pays-Bas [2]. Son frère Ferdinand et sa sœur Catherine vivaient en Espagne. A l’âge de 9 ans, Marie dut quitter les Pays-Bas pour rejoindre son grand-père l’Empereur Maximilien 1er en Autriche à Innsbruck [3].

En 1520, elle épousa le Roi Louis II Jagellon.

En 1526, le Roi de Bohême et de Hongrie mourut lors de la retraite de la bataille de Mohacs [4] où les Hongrois furent battus par les Turcs. Elle prit le deuil de son mari et assura la régence du royaume jusqu’à ce que son frère Ferdinand se fasse élire à son tour Roi de Bohême et de Hongrie.

Elle espérait trouver une retraite paisible, malheureusement, sa tante Marguerite d’Autriche, venait de décéder.

Charles, qui était devenu entre-temps roi d’Espagne et Empereur Germanique Romain sous le nom de Charles Quint, demanda à sa sœur de reprendre le gouvernement des Pays-Bas. Elle accepta à condition que cette charge soit provisoire. Elle restera gouvernante durant 24 ans.

Il lui offrit le domaine de Binche [5] et de Mariemont [6] et celui de Turnhout [7]. Elle fit ériger un nouveau palais dans le style de la Renaissance à Binche, un pavillon de plaisance dans le même style à Mariemont et réaménager le château de Turnhout toujours dans le même esprit. Son palais regorgeait d’oeuvres d’art comme des tapisseries précieuses, des toiles du Titien, des bronzes et des marbres ; il possédait une riche bibliothèque. Après l’incendie des résidences de Binche et de Mariemont en 1554, des travaux de restaurations furent entrepris. La Reine préféra alors résider en son domaine de Turnhout.

En 1556, l’Empereur Charles Quint abdiqua de tous ses pouvoirs en faveurs de son fils l’Infant Philippe d’Espagne qui devint Roi et de son frère le Roi Ferdinand de Bohême et de Hongrie qui devint l’Empereur Ferdinand 1er. Marie de Hongrie profita de l’occasion pour remettre sa charge. Accompagnée de Charles Quint et de leur sœur Eléonore, elle quitta les Pays-Bas en 1556 en s’embarquant à Flessingue [8] pour atteindre l’Espagne.

Elle réprimera durement les soulèvements de Gand [9] et de Bruxelles [10], mènera la guerre contre la France. Elle meurt en 1558 en Espagne.

Notes

[1] Le château, puis palais du Coudenberg, situé au centre du Quartier de la Cour à Bruxelles, sur la colline du Coudenberg, fut durant près de 700 ans la résidence (et siège du pouvoir) des comtes, ducs, archiducs, rois, empereurs ou gouverneurs qui, du 12ème siècle jusqu’au 18ème siècle, ont exercé leur souveraineté sur le duché du Brabant et sur tout ou partie des Pays-Bas bourguignons puis espagnols et autrichiens. Le palais fut complètement détruit dans un incendie accidentel qui éclata dans la nuit du 3 au 4 février 1731.

[2] Les Pays-Bas espagnols étaient les États du Saint Empire romain rattachés par union personnelle à la couronne espagnole sous le règne des Habsbourgs, entre 1556 et 1714. Cette région comprenait les actuels Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, ainsi que des territoires situés en France et en Allemagne. La capitale était Bruxelles.

[3] Innsbruck est une ville autrichienne située dans l’ouest du pays, dans une vallée au cœur des Alpes. En 1363, la dernière comtesse du Tyrol, Margarete Maultasch, transmet la région au Habsbourg Rodolphe IV d’Autriche, l’Ingénieux. Son descendant le duc Frédéric (1402 à 1439) déplace sa résidence de Méran à Innsbruck en 1420. Puis en 1486 le palais impérial est mis en chantier. Entre 1490 et 1519, Maximilien 1er (1459-1519), empereur du Saint Empire, prend le contrôle du Tyrol et Innsbruck, plus centrale que Vienne, devient sa résidence préférée : il y installe la chambre des finances et le gouvernement d’Autriche occidentale. À sa mort il se fera enterrer dans la chapelle du château construite entre 1553 et 1563. Sous le règne du petit-fils de Maximilien, Ferdinand 1er du Saint Empire, frère de Charles Quint, fut fondée un collège jésuite en 1562, l’Akademisches Gymnasium Innsbruck. Celui-ci est donc le Gymnasium le plus ancien de l’ouest de l’Autriche et une des écoles les plus vieilles du monde germanophone. Le Tyrol est ensuite confié à une branche cadette des Habsbourg. À la mort de Sigismond-François en 1665, la dynastie des Habsbourg du Tyrol s’éteint.

[4] La bataille de Mohács voit s’opposer, le 29 août 1526, les forces de l’Empire ottoman, menées par Soliman le Magnifique, et celles du royaume de Hongrie, commandées par le roi Louis II. La victoire des Ottomans entraîne par la suite la partition de la Hongrie entre l’Empire ottoman, les souverains Habsbourg d’Autriche et la principauté de Transylvanie.

[5] Binche est une ville francophone de Belgique située en Région wallonne dans la province de Hainaut. Elle est célèbre pour son carnaval et son patrimoine architectural. Binche est située dans la région du Centre sur l’axe reliant les villes de Mons et de Charleroi.

[6] Le domaine royal de Mariemont, situé à Morlanwelz dans la province belge de Hainaut, est issu d’un ancien domaine royal créé au 16ème siècle par Marie de Hongrie. Cédé par son dernier propriétaire, Raoul Warocqué, à l’État belge, le domaine est aujourd’hui un parc public, qui est également arboretum, et dans lequel se trouve entre autres le musée royal de Mariemont.

[7] Turnhout est une ville néerlandophone de Belgique située en Région flamande. Turnhout appartint au Brabant du 12ème au 18ème siècle et Charles Quint en fit une seigneurie qu’il offrit à sa sœur Marie de Hongrie. Après le traité de Münster en 1648, la cité devint un fief tenu par les Orange-Nassau jusqu’en 1753.

[8] Flessingue, est une commune et une ville néerlandaise dotée d’un important port de commerce située sur l’ancienne île de Walcheren, en Zélande. Avec sa position stratégique entre l’Escaut et la mer du Nord, Flessingue a été un port important durant des siècles. Au 17ème siècle, la ville fut le port principal pour les bateaux de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales.

[9] La révolte de Gand est une révolte en 1539 des citoyens de Gand contre le régime de Charles de Habsbourg, roi d’Espagne et empereur romain germanique. La révolte est une réaction aux impôts élevés, que les Flamands jugent ne servir qu’à faire la guerre à l’étranger (en particulier la guerre italienne de 1536 à 1538). L’année suivante, Charles entre dans la ville de Gand avec une armée, et les rebelles se rendent sans combat. Il humilie leurs chefs en les faisant défiler en sous-vêtements avec des nœuds coulants autour du cou.

[10] En 1532 Marie accorde aux nobles n’appartenant pas aux lignages de Bruxelles le pouvoir de devenir échevins de la ville. Cette mesure n’est pas populaire auprès des échevins en place. Ajoutée aux pillages commis par des bandes armées à la suite de l’augmentation du prix du grain, elle fait qu’une révolte éclate à Bruxelles : des maisons de patriciens sont mises à sac. Marie essaie en vain de les calmer en promettant d’en parler à Charles Quint. Le pouvoir bruxellois tarde à intervenir mais arrête finalement les meneurs. Marie quitte Bruxelles pour gérer le conflit depuis Binche. Charles Quint lui demande d’agir avec fermeté mais l’émeute cesse d’elle-même et des émissaires sont envoyés pour demander grâce. En signe de soumission, ils offrent un faucon blanc coiffé d’un chaperon d’or. En janvier 1533 Marie revient à Bruxelles et les bourgeois se présentent pieds nus, vêtus de robes noires, un flambeau à la main. En punition, chaque représentant des métiers est remplacé, la ville perd son droit de grâce et paie une amende de 4 000 carolus d’or.