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Chrysippe de Soles

mardi 5 avril 2022, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 29 juillet 2011).

Chrysippe de Soles (vers 280-206 av. jc)

Philosophe stoïcien

Né à Soles [1], en Cilicie [2], il fut le deuxième scolarque [3] du Portique, après Cléanthe, de 232 à 206 av. jc. Il est le "second fondateur du stoïcisme", après Zénon de Citium.

Il se consacrait au début à la course de fond. Mais, écoutant un jour par hasard les enseignements de Cléanthe ou de Zénon, il se destina à la philosophie.

S’il n’adhéra pas, à la différence de la plupart des disciples de Zénon à l’hérésie d’Ariston, il rejoignit probablement l’Académie [4]. C’est là qu’il reçut une formation conséquente en logique et en rhétorique. L’on ignore combien de temps Chrysippe resta à l’Académie.

Entre sa rupture avec Cléanthe et la mort de celui-ci, sa position philosophique demeura sans doute floue. Bien qu’en accord avec un bonne part des thèses stoïciennes, il n’enseignait pas au Portique.

Il succéda probablement à Cléanthe à la mort de celui-ci en 235. Il n’était sans doute pas alors le membre le plus orthodoxe du Portique, mais certainement le plus compétent. De plus, les sécessions se multipliant au sein de l’école stoïcienne, Cléanthe ne devait pas avoir grand choix pour désigner un successeur.

En tant que dirigeant du Portique, Chrysippe s’astreignit à un régime d’ascète. Peut-être du fait de la saisie de l’héritage paternel, son revenu principal venait de cotisations de ses disciples, et de cours avec une vieille femme qui lui servait de servante.

Tout le reste de sa vie fut ainsi consacré à l’édification de son œuvre immense et aux luttes continues avec les Épicuriens [5] et les Académiciens. Il cultiva la dialectique et poussa quelquefois la subtilité jusqu’à l’excès. On lui attribue l’invention de plusieurs sophismes [6], entre autres celui du crocodile. Il ne reste presque rien de ses nombreux ouvrages.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Émile Chambry, Émeline Marquis, Alain Billault et Dominique Goust (trad. du grec ancien par Émile Chambry), Lucien de Samosate : Œuvres complètes, Paris, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2015, 1248 p. (ISBN 978-2-221-10902-1).

Notes

[1] Soles, Soli puis Pompéiopolis, aujourd’hui Mezitli, en Turquie, est une cité grecque de Cilicie. Les ruines sont situées sur la côte Méditerranéenne à 11 km à l’ouest de Mersin. Le nom de la ville est présent dans le français solécisme, nom commun désignant une faute de syntaxe. Les gens de Soles avaient la réputation de mal parler le grec

[2] La Cilicie est une région historique d’Anatolie méridionale et une ancienne province romaine située aujourd’hui en Turquie. Elle était bordée au nord par la Cappadoce et la Lycaonie, à l’ouest par la Pisidie et la Pamphylie, au sud par la mer Méditerranée et au sud-est par la Syrie. Elle correspond approximativement aujourd’hui à la province turque d’Adana, une région comprise entre les monts Taurus, les monts Amanos et la Méditerranée.

[3] recteur

[4] Le mot Académie a été employé à l’origine pour désigner l’école philosophique que Platon a fondée à Athènes en 387 av. jc. C’est l’Académie de Platon.

[5] L’épicurisme est une philosophie qui se vit : elle propose d’atteindre le bonheur en évitant tout ce qui peut troubler la quiétude ; le bonheur est alors défini comme l’absence de troubles (ataraxie). Philodème suit ce précepte, tout en assouplissant la règle et en étendant le champ d’application de cette philosophie à des domaines que le fondateur de l’école, Épicure, n’avait pas abordés ou tenait comme mineurs : l’esthétique, et notamment la musique, la politique.

[6] Un sophiste désigne à l’origine un orateur et un professeur d’éloquence de la Grèce antique, dont la culture et la maîtrise du discours en font un personnage prestigieux dès le 5ème siècle av. jc en particulier dans le contexte de la démocratie athénienne, et contre lequel la philosophie va en partie se développer. Au sens moderne, il désigne une « personne utilisant des sophismes, des arguments ou des raisonnements spécieux pour tromper ou faire illusion »