Murat Hüdavendiğar dit Murad 1er (1326-1389)
Né à Brousse [1] en 1326. Son père était Orhan auquel il succéda en 1360. Sa mère était la princesse byzantine Holofira connue sous le nom turc de Nilufer Hatun. Il reçut son éducation de sa mère, puis alla à l’université de Brousse, que son père avait construite, pour y faire des études d’arts, de sciences et de théologie.
Murad accomplit des réformes dans l’organisation de l’état. Il créa le divan [2], le commandant en chef, le juge militaire et la fonction de ministre des finances et les titulaires furent choisis par Murad hors de la famille ottomane.
Il créa aussi une fonction de grand vizir [3] à la manière des souverains arabes. Murad rédigea la loi du Tımar qui donnait aux cavaliers un fief dans les territoires annexés qui pouvait rapporter de 10 000 à 100 000 akçe et apporter de 5 à 20 hommes de troupe pour l’armée. Il inaugura la politique d’intégration de force de jeunes chrétiens dans les Janissaires [4]. Il divisa son empire en deux l’Anatolie [5] pour la partie asiatique et Roumélie [6] pour la partie en Europe.
Dès 1360 il entra en Thrace [7] par Gallipoli [8] et prirent Andrinople [9] et l’Empereur de Byzance [10] fut complètement encerclé. En 1366, une expédition envoyée au secours de Byzance [11] par Amédée VI de Savoie cousin de Jean VI Cantacuzène reprend aux turcs tous leurs territoires en Europe sauf Gallipoli. L’année suivante Murad reprend à son tour les territoires perdus.
Murad contraignit l’Empereur de Byzance à payer un tribut en 1373.
Dans les années 1370, Murad étend son domaine en Europe. A la bataille de la rivière Maritza [12] son lieutenant, Lala Şâhin Pacha , détruisit l’armée du roi de Serbie Vukašin Mrnjavčević , bien que celle ci, forte de 70 000 hommes fût beaucoup plus nombreuse le 26 septembre 1371.
Murad nommera ce lieutenant comme premier gouverneur de Roumélie. Ce coup dur affaiblit considérablement la Serbie. Murad en profita pour pénétrer plus avant en Bulgarie prenant Sofia [13] en 1385.
Les conquêtes ottomanes cessèrent quand les Serbes remportèrent une bataille en 1387. Deux ans plus tard, Murad repartit de nouveau vers l’Ouest et ce fut la victoire de Kosovo [14] qui fit passer la Serbie sous le contrôle ottoman.
Le roi de Serbie Lazare Hrebeljanovic y fut tué. Après cette victoire, Murad fut poignardé par le gendre du roi de Serbie alors qu’il traversait à pied le champ de bataille en 1389. C’est Bayezid 1er qui lui succéda.
Notes
[1] Bursa, l’antique Pruse, plus tard connue en français sous le nom de Brousse, est une ville du nord-ouest de l’Anatolie en Turquie, capitale de la province du même nom.
[2] c’est-à-dire le conseil des ministres du gouvernement
[3] Le grand vizir est le titre du chef du gouvernement de l’Empire ottoman ainsi que des souverains marocains et tunisiens.
[4] Les janissaires formaient un ordre militaire très puissant composé d’esclaves d’origine européenne et de confession chrétienne, ils constituaient l’élite de l’infanterie de l’armée ottomane, à l’apogée de l’Empire ottoman. Les janissaires appartenaient à la classe des « esclaves de la Sublime Porte », qui occupait les postes les plus influents dans l’administration et l’armée. Ils ont commencé en tant que corps d’élite d’esclaves, composé de jeunes garçons chrétiens kidnappés qui ont été forcés de se convertir à islam, et sont devenus célèbres pour leur cohésion interne et leur discipline. Contrairement aux esclaves typiques, ils étaient régulièrement payés. Interdit de se marier ou de s’engager dans le commerce, on s’attendait à leur dévouement total au Sultan. Au 17ème siècle, en raison d’une augmentation spectaculaire de la taille de l’armée permanente ottomane, la politique de recrutement initialement stricte du corps a été assouplie. Le corps a été aboli par le sultan Mahmoud II en 1826 lors du Vaka-i Hayriye dans lequel 7 000 janissaires ont été massacrés à Constantinople, 120 000 dans tout le pays sur 140 000 janissaires.
[5] L’Anatolie ou Asie Mineure est la péninsule située à l’extrémité occidentale de l’Asie. Dans le sens géographique strict, elle regroupe les terres situées à l’ouest d’une ligne Çoruh-Oronte, entre la Méditerranée, la mer de Marmara et la mer Noire, mais aujourd’hui elle désigne couramment toute la partie asiatique de la Turquie
[6] La Roumélie est le terme utilisé à partir du 15ème siècle pour désigner la partie de la péninsule balkanique sous domination ottomane. Selon le contexte, le terme peut faire référence à différentes régions de la péninsule balkanique.
[7] La Thrace désigne une région de la péninsule balkanique partagée entre la Grèce, la Bulgarie et la Turquie ; elle doit son nom aux Thraces, la peuplade qui occupait la région dans l’Antiquité. Au 21ème siècle, la Thrace fait partie, à l’ouest, de la Grèce, Thrace occidentale, au nord, de la Bulgarie et, à l’est, de la Turquie, Thrace orientale.
[8] La péninsule de Gallipoli, aussi connue sous son nom antique de Chersonèse de Thrace, est une péninsule située en Turquie, dépendant de la Thrace. Elle constitue la rive nord des Dardanelles, l’ancien Hellespont. Sa rive nord est baignée par la mer Égée. Durant l’Antiquité, Miltiade l’Ancien, exilé volontairement à l’avènement de Pisistrate, y fonda une colonie athénienne. C’est sur cette péninsule qu’eut lieu la célèbre bataille de Gallipoli durant la Première Guerre mondiale.
[9] Edirne (autrefois Andrinople ou Adrianople) est la préfecture de la province turque du même nom, limitrophe de la Bulgarie et de la Grèce. Elle est traversée par la Maritsa (Meriç en turc).
[10] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.
[11] Byzance est une ancienne cité grecque, capitale de la Thrace, située à l’entrée du Bosphore sous une partie de l’actuelle Istanbul. La cité a été reconstruite par Constantin 1er et, renommée Constantinople en 330, elle est devenue la capitale de l’Empire romain, puis de l’Empire romain d’Orient et enfin de l’Empire ottoman à partir de 1453 date de la prise de la ville par les Turcs. Elle fut rebaptisée Istanbul en 1930.
[12] La bataille de Maritsa eut lieu près de la Maritsa à côté du village de Černomen (aujourd’hui Orménio en Grèce) le 26 septembre 1371 entre les forces turques de Lala Şâhin Paşa et le roi serbe de Macédoine Vukašin Mrnjavčević.
[13] Sofia est la capitale de la Bulgarie, à 550 mètres d’altitude au pied du mont Vitocha, non loin du fleuve Iskar. Le principal établissement de la tribu thrace des Serdes se trouvait sur l’emplacement de l’actuelle Sofia. Cette tribu a donné son nom à la ville Serdica qu’ils ont bâtie au 7ème siècle av. jc. Par la suite, elle a été appelée Sredets par les Bulgares, et Triaditsa par les Byzantins. Le nom actuel de la ville lui fut donné en 1376 d’après la basilique Sainte-Sophie.
[14] La bataille de Kosovo, est une bataille qui opposa l’Empire ottoman à une coalition de princes chrétiens des Balkans, le 15 juin 1389, au Kosovo, sur le « champ des Merles ». Cette coalition de chrétiens des Balkans était composée de Serbes, Albanais, Valaques, Hongrois, Bosniens et Croates. Cette bataille est également très importante dans l’histoire turque car elle permet l’établissement durable des Ottomans dans les Balkans, et serait, selon la thèse des nationalistes turcs, à l’origine du drapeau actuel