Formé à l’école épiscopale de Beauvais [1], puis à l’abbaye du Bec [2], il eut comme maître Lanfranc et comme condisciple saint Anselme. En 1078, il devient prieur de Saint-Quentin de Beauvais [3] et 12 ans plus tard, le pape Urbain II l’appela à succéder à l’évêque Godefroy de Chartres, accusé de simonie [4].
Il combattit la cupidité des dignitaires ecclésiastiques et laïques de l’époque soutenu dans un premier temps par le roi Philippe 1er avant la répudiation de Berthe de Hollande en 1090. Des lors, il devint l’un des grands adversaires du roi et son remariage avec Bertrade de Montfort en 1092 n’arrangea pas leur relation. Sa dénonciation de l’adultère du roi, lui valut la prison au château d’ Hugues 1er du Puiset entre 1092 et 1093. Il fut acquitté lors d’un procès qui eut lieu 2 ans plus tard.
Il était réputé comme spécialiste du droit canonique. C’est la Querelle des Investitures [5] qui lui valut sa renommée. Le noyau de sa théorie est la distinction entre le temporel et le spirituel. Il soutient que l’investiture n’est pas un sacrement et peut être donnée par un laïc. Par la suite, il fait une distinction entre la consécration épiscopale avec remise de charge pastorale de guider tous les chrétiens du diocèse et d’autre part l’investiture temporelle. Cette distinction pouvait permettre au roi de ne pas passer par la remise de la crosse et de l’anneau.
Ses théories rencontrent l’opposition de son chapitre, soutenu par le roi Louis VI le Gros. Finalement une bulle papale donne raison à l’évêque de Chartres en 1114.
Il est l’auteur de trois collections canoniques importantes pour la scolastique et le droit canon du haut moyen âge.