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Boleslav II le Pieux

lundi 5 décembre 2022, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 2 décembre 2011).

Boleslav II le Pieux

Duc de Bohême de 967 à 999

Afin de poursuivre la politique religieuse de son père Boleslav 1er de Bohême, il sollicite du Saint-Siège l’institution d’un évêché en Bohême [1]. L’empereur Otton II du Saint Empire ne peut s’opposer à cette requête et la diète [2] de Quedlinburg [3] en mars 973 entérine la création d’un siège épiscopal en Bohême. Après la mort de l’empereur, Boleslav II se range au côté du duc Henri II le Querelleur de Bavière et immobilise les troupes impériales jusqu’en 976.

À la mort de son premier évêque titulaire, Thietmar, consacré fin 975 ou début 976, l’évêché de Prague [4] échoit en 983 au tchèque Vojtěch baptisé sous le nom d’Adalbert. Ce nouvel évêque est le fils du duc Slavnik mort le 18 mars 981 et le frère de Sobeslav Slavnik, chef de cette puissante famille qui contrôlait la région de Libice [5] à l’est de Prague. Avec l’aide de Boleslav II, Adalbert fonde le monastère de Břevnov [6], la seconde abbaye bénédictine du pays.

Boleslav II s’empare de Meissen [7] mais il doit céder à la puissance polonaise naissante la Silésie [8] et Cracovie [9] vers 989 999.

Le duc slavnikide Sobeslav lui refuse son aide pour la reconquête des provinces perdues. Devant ce désaccord Adalbert quitte Prague avec l’intention de se rendre à Jérusalem [10]. L’abbé du Mont-Cassin [11] l’en dissuade et Adalbert entre en fin de compte à l’abbaye Saint Alexis et Saint Boniface à Rome [12] sur l’Aventin [13].

Boleslav II qui avait attaqué seul les Polonais fut battu et il dut se réconcilier avec ses vassaux slavnik et rendre l’évêché à Adalbert en 992. L’entente dura peu et en 995 Adalbert quitta de nouveau Prague où il est remplacé par Zbralcynaz de 995 à 997. Adalbert mourut en Prusse en évangélisant les Borusses [14] païens le 23 avril 997, il fut enterré à Gniezno [15] et canonisé dès 999. L’évêché de Prague fut alors occupé par le moine germanique Thiddag de 998 à 1017 provenant de l’abbaye de Corvey [16].

Craignant que la défection des Slavnik entraîne la perte de la Moravie [17] et de la Slovaquie [18], il décida de se débarrasser des membres de cette famille.

Profitant d’une campagne en Germanie [19] contre les Obodrites [20] du duc Sobeslav et de son armée, il attaqua le 28 septembre 995 Libice leur fief et massacra ses habitants dont les 4 fils du duc Sobeslav qui prit la fuite et se réfugia alors auprès de Boleslas 1er de Pologne.

La mort de Boleslav II le 7 février 999 provoqua rapidement des troubles entre ses héritiers.

P.-S.

[Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Francis Dvornik, Les Slaves histoire, civilisation de l’Antiquité aux débuts de l’Époque contemporaine, Paris, éditions du Seuil, 1970

Notes

[1] Le duché de Bohême était un duché médiéval qui émergeait vers la fin du 9ème siècle sous le règne du duc Bořivoj, issu de la dynastie des Přemyslides. Faisant initialement partie de la principauté de Grande Moravie, le duché obtinrent son indépendance sous les fils de Bořivoj, Spytihněv et Vratsilav ; en 895, Spytihněv a placé son territoire sous la protection d’Arnulf, roi de Francie orientale. Le duché de Bohême devient un royaume à titre viager en 1085 et en 1158 par décret du Saint Empire. Le titre royal fut définitivement accordé à Ottokar 1er en 1198

[2] La Diète d’Empire, officiellement Diaeta Imperii ou Comitium Imperiale était une institution du Saint-Empire chargée de veiller sur les affaires générales et de trouver une solution aux différends qui pourraient s’élever entre les États confédérés. À l’époque du Saint-Empire romain germanique (qui exista officiellement jusqu’en 1806), la Diète ne fut jamais un parlement dans le sens contemporain ; c’était plutôt l’assemblée des divers souverains que comptait l’Empire. Plus précisément, c’était la convention des Reichsstände (États de l’Empire) qui bénéficiaient de l’immédiateté impériale. Les décisions de cette assemblée portaient le nom de recès. Longtemps la Diète n’eut pas de siège fixe, se tenant tantôt à Nuremberg, à Augsbourg, à Spire ou à Ratisbonne. Le rôle et les fonctions précises changèrent au cours des siècles, comme l’Empire lui-même, à mesure que les États obtenaient de plus en plus de pouvoir aux dépens du pouvoir impérial. Au départ, le Reichstag ne se réunissait pas à intervalles réguliers, et le lieu de réunion changeait à chaque fois. Il commença comme une convention des ducs des anciennes tribus germaniques qui formaient le royaume franc et qui se réunissait quand des décisions importantes devaient être prises. Son principe était probablement fondé sur l’ancienne loi germanique qui voulait que chaque chef tînt son autorité de ses lieutenants.

[3] Quedlinbourg ou Quedlimbourg, en allemand Quedlinburg, est une ville de Saxe-Anhalt en Allemagne. La ville fut mentionnée pour la première fois en 922 dans une donation d’Henri l’Oiseleur. À la mort d’Henri, sa veuve sainte Mathilde de Ringelheim fonda l’abbaye de Quedlinbourg, une communauté de chanoinesses (Frauenstift) sur la colline du château, où les filles de la haute noblesse étaient éduquées. C’était une abbaye d’Empire.

[4] L’archidiocèse de Prague est créé comme évêché en 973, et élevé à l’archiépiscopat le 30 avril 1344.

[5] Libice nad Cidlinou est une commune du district de Nymburk, dans la région de la Bohême-Centrale, en République tchèque

[6] Le monastère de Břevnov est le second plus ancien ensemble monastique de la Bohême situé dans le quartier de Břevnov à Prague, après celui du cloître Saint-Georges qui est lui destiné aux femmes et situé au château de Prague.

[7] Meissen ou Misnie est une ville de Saxe, en Allemagne. La ville est internationalement connue pour la production de la porcelaine de Meissen, qui, en 1708, fut la première porcelaine produite en Europe. Cette ville fut fondée par Henri 1er de Saxe en 922 sur un rocher surplombant l’Elbe. En 929, il fit fortifier la montagne située à l’endroit stratégique constitué par un gué sur l’Elbe. Durant plusieurs siècles, Meissen fut une ville florissante dont il reste toujours de nombreux vestiges dans les quartiers anciens : ruelles médiévales, château (Albrechtsburg) qui a abrité, entre 1710 et 1865, la manufacture nationale de porcelaine, Dom (cathédrale Saints-Jean-et-Donat), construite à partir de 1250 sur les vestiges d’une église romane et terminée vers la fin du 15ème siècle.

[8] La Silésie est une région historique en Europe centrale qui s’étend dans le bassin de l’Oder sur trois États : la majeure partie est située dans le Sud-Ouest de la Pologne, une partie se trouve au-delà de la frontière avec la République tchèque et une petite partie en Allemagne.

[9] Chef-lieu de la voïvodie de Petite-Pologne, elle est située à 300 km au sud de Varsovie, sur la Vistule. Datant du 7ème siècle, c’est une des villes les plus anciennes et les plus importantes de Pologne, dont le patrimoine architectural est très bien conservé. La ville historique se situe au pied de la colline du Wawel. Cracovie était, avant Varsovie, la capitale de la Pologne et elle est souvent considérée comme le véritable centre du pays avec ses traditions et son passé vieux de plus de 1 000 ans. Elle est le centre culturel et scientifique du pays, avec l’Université jagellonne de Cracovie, la deuxième plus ancienne université d’Europe centrale (1364, après celle de Prague fondée en 1348 ; celle de Varsovie date de 1816).

[10] Ville du Proche-Orient que les Israéliens ont érigée en capitale, que les Palestiniens souhaiteraient comme capitale et qui tient une place centrale dans les religions juive, chrétienne et musulmane. La ville s’étend sur 125,1 km². En 130, l’empereur romain Hadrien change le nom de Jérusalem en « AElia Capitolina », (Aelius, nom de famille d’Hadrien ; Capitolina, en hommage au dieu de Rome, Jupiter capitolin) et il refonde la ville. Devenue païenne, elle est la seule agglomération de la Palestine à être interdite aux Juifs jusqu’en 638. Durant plusieurs siècles, elle est simplement appelée Aelia, jusqu’en 325 où Constantin lui redonne son nom. Après la conquête musulmane du calife Omar en 638, elle devient Iliya en arabe, ou Bayt al-Maqdis (« Maison du Sanctuaire »), équivalent du terme hébreu Beit ha-Mikdash (« Maison sainte »), tous deux désignant le Temple de Jérusalem, ou le lieu du voyage et d’ascension de Mahomet, al-Aqsa, où se situait auparavant le temple juif

[11] L’abbaye territoriale du Mont-Cassin est une église particulière (ecclesia particularis) de l’Église catholique située comme son nom l’indique, sur le mont Cassin dans la commune de Cassino en Italie.

[12] La basilique Saints Boniface et Alexis est une basilique mineure située à Rome sur l’Aventin et dédiée à Alexis de Rome (initialement seul) et à Boniface de Tarse. Son origine est très ancienne ; d’importants travaux effectués au 18ème siècle ont transformé son intérieur en édifice baroque. Fondée au 3ème ou au 4ème siècle comme chapelle du petit monastère Saint Alexis, elle fut restaurée en 1216 par Honorius III. Il reste de cette époque plusieurs colonnes dans la partie Est de l’abside. Elle fut encore restaurée en 1582 puis dans les années 1750 par Tommaso De Marchis. Depuis 1860, elle est confiée aux religieux somasques qui en assurent les services pastoraux.

[13] L’Aventin est l’une des sept collines de Rome, la plus méridionale, située entre le Tibre, le mont Cælius et le mont Palatin.

[14] Les Borusses ou Prussiens étaient un peuple balte habitant le pourtour sud-est de la mer Baltique, entre la Vistule et le Niémen. Après la conquête des Prussiens par les chevaliers-moines de l’ordre Teutonique au 13ème siècle et la fondation du duché de Prusse en 1525, le terme Prussiens a finalement servi à désigner l’ensemble des habitants du duché (puis du royaume), qui étaient majoritairement d’origine allemande.

[15] Gniezno est une ville du centre-ouest de la Pologne, à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Poznań. Gniezno était une ville importante à l’époque de la naissance de l’État polonais. Elle a été la première capitale de la Pologne. Elle est intimement associée aux débuts du christianisme en Pologne.

[16] L’abbaye de Corvey est un monastère bénédictin dans le land allemand de Rhénanie-du-Nord-Westphalie à 2 km au nord-est de Höxter, fondé vers 822 par l’empereur Louis le Pieux, fils de Charlemagne, et Adalhard, abbé de Corbie en Picardie, d’où elle tire son nom. En 1801, l’abbaye de Corvey fut donnée, avec celle de Fulda, au stadhouder (gouverneur) de Hollande Guillaume V d’Orange-Nassau en dédommagement de l’invasion de la Hollande par les Français en 1795.

[17] La Moravie est une région d’Europe centrale, formant aujourd’hui la partie orientale de la République tchèque. Ses villes principales sont Brno et Olomouc. Dans le premier tiers du 11ème siècle, la Moravie est rattachée à la Bohême. La Moravie est aujourd’hui entourée par la Bohême à l’ouest, l’Autriche au sud, la Slovaquie à l’est, la Silésie et la Pologne au nord.

[18] Pays situé en Europe centrale, au cœur de l’Europe continentale. Ses pays frontaliers sont la Pologne au nord, l’Ukraine à l’est, la Hongrie au sud, l’Autriche à l’ouest et la Tchéquie à l’ouest-nord-ouest. Slavisé au 5ème siècle, le territoire slovaque constituait le cœur de la Grande-Moravie et, à partir du 11ème siècle, une partie du Royaume de Hongrie (bien qu’il fût temporairement occupé par la Pologne au 11ème siècle). La Slovaquie tiendrait son nom des Slaves (slovanský) et des Valaques.

[19] La Germanie, qui rassemble la Germanie inférieure, la Germanie supérieure et la Germania Magn, est la région historique d’Europe occupée par des tribus non romanisées et romanisées germaniques (au sens géographique ou bien éthnolinguistique) et celtes dans l’antiquité et plus précisément à l’époque de l’Empire romain. Ces tribus et leur zone géographique associée sont définies principalement par La Germanie de Tacite et par les Commentaires sur la Guerre des Gaules de Jules César. Pour certains historiens, cette région historique a couvert d’abord essentiellement le sud de la Scandinavie puis s’est étendue en Europe centrale. D’autres auteurs mentionnent une origine danubienne (la Panonie pour Grégoire de Tours, par exemple). La Germanie couvrait alors une large zone qui allait à l’est approximativement jusqu’à la Vistule, à l’ouest et au sud jusqu’au Rhin et au Danube qui la séparaient du monde romain.

[20] Les Abodrites ou Obodrites, Obotrites sont une confédération tribale slave établie au 6ème siècle dans les régions connues aujourd’hui sous le nom de Holstein et de Mecklembourg, au Nord-Est de l’Allemagne. Sa capitale est Luibice, l’actuelle Lübeck. À partir de 1147, les Abodrites deviennent la cible de croisades avant d’être intégrés au Saint Empire romain germanique en 1164. La confédération abodrite est composée de trois tribus principales : les Wagriens, les Polabes et les Abodrites à proprement parler. Elle est gouvernée par un roi, mais les familles nobles ont un pouvoir très important.