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Abū ‘Alī al-Husayn ibn ‘Abd Allāh ibn Sīnā, dit Avicenne

mardi 26 février 2019, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 29 novembre 2011).

Abū ‘Alī al-Husayn ibn ‘Abd Allāh ibn Sīnā, dit Avicenne (980-1037)

Philosophe, écrivain, médecin et scientifique musulman chiite d’origine persane

Abū ‘Alī al-Husayn ibn ‘Abd Allāh ibn Sīnā, dit Avicenne Philosophe, écrivain, médecin et scientifique musulman chiite

Il s’intéressa à de nombreuses sciences, notamment l’astronomie. Il naquit à Afshéna, près de Boukhara [1] faisant partie de la province de Khorasan [2]. Ses disciples l’appelaient Cheikh el-Raïs, prince des savants, le plus grand des médecins.

Aux 7ème et 8ème siècle, les intellectuels orientaux traduisent, compilent et commentent les écrits des antiques, grecs surtout. Une compétition commence entre la culture arabe et la culture persane. De 750 à 850, période des califes Abbassides [3], la science dite "arabo-musulmane" atteint son sommet. Les souverains payaient, parfois son poids en or, tout livre récemment traduit, et c’est ainsi que, dès le 9ème siècle, une majeure partie des écrits de la Grèce était disponible en langue arabe. Le philosophe Al-Farabi, tient une place prépondérante dans cette dynamique.

Son père était musulman chiite ismaélien [4]. Il se serait plus tard converti au chiisme duodécimain [5].

Il semble qu’il fut précoce dans son intérêt pour les sciences naturelles et la médecine, qu’à 14 ans, il étudie seul. Il fut envoyé durant sa petite enfance étudier le calcul chez un marchand, al-Natili. Ayant une bonne mémoire, le jeune garçon finit par surpasser son maître en calcul et en mathématiques. Il retient de mémoire l’intégralité du Coran. Il étudia à Boukhara, s’intéressant à toutes les sciences, et surtout à la médecine. Il est influencé par un traité d’Al-Farabi, qui lui permet de surmonter les difficultés qu’il rencontre dans l’étude de la Métaphysique d’Aristote. Cette précocité dans les études se double d’une précocité dans la carrière, à 16 ans déjà, il dirigeait des médecins célèbres.

Tout alors s’enchaîne, ayant guéri le prince samanide [6] de Boukhara, Nuh ibn Mansûr, d’une grave maladie, il est autorisé à consulter la vaste bibliothèque du palais. Son appétit de connaissance aidant, il aurait possédé à 18 ans toutes les sciences connues.

Après la mort du prince et celle de son père, qui le contraint à gagner sa vie, il commence sa vie itinérante. Il voyage d’abord dans le Khârezm [7] au sud de la mer d’Aral [8], sur les 2 rives du Djihoun, entre Boukhara et la mer Caspienne. À Djouzdjan [9], un puissant protecteur, Abu Muhammed Chirâzi, lui permet de donner des cours publics. Il commence à composer son œuvre majeure, le Qanûn [10] de médecine.

Il passe ensuite par le Khorassan [11], puis Rayy [12], enfin à Hamadan [13] où l’émir bouyide [14] Chams ad-Dawla le choisit comme vizir [15]. Il s’impose alors un programme de travail harassant. Le jour, il se consacre à la chose publique, la nuit à la science. En plus de vivre 2 carrières, il travaille doublement, il mène de front la composition du Shifa et celle du Canon médical ; la tâche est alors si écrasante qu’il doit se faire aider : 2 disciples se partagent la relecture des feuillets des 2 ouvrages, dont le fidèle Al-Juzjani, secrétaire et biographe.

En 1021, la mort du prince Shams o-dowleh, et le début du règne de son fils Sama o-dowleh, cristallisent les ambitions et les rancœurs.

Victime d’intrigues politiques, il connaît la prison. Déguisé en derviche [16], il réussit à s’évader, et s’enfuit à Ispahan [17], auprès de l’émir kakouyide [18] `Ala o-dowleh. Ces bouleversements n’entament pas sa boulimie de travail.

Il jouissait d’une telle réputation que plusieurs princes de l’Asie l’appelèrent à leur cour. Le roi de Perse l’employa à la fois comme vizir et comme médecin. Il cultiva aussi avec succès la philosophie, et fut l’un des premiers à étudier et à faire connaître Aristote. Il composa d’après ce philosophe des traités de logique et de métaphysique, où il se montre souvent penseur original.

Lors d’une expédition, dont il faisait partie, de l’émir `Ala o-dowleh contre Hamadan [19], il fut frappé par une crise intestinale grave, dont il souffrait depuis longtemps. Avicenne tenta de se soigner de lui-même, mais son remède lui fut fatal. Il mourut à l’âge, de 57 ans au mois d’août 1037.

L’œuvre d’Avicenne est nombreuse et variée. Avicenne a écrit principalement dans la langue savante de son temps, l’arabe classique, mais parfois aussi dans la langue vernaculaire, le persan. Il est l’auteur de monuments, d’ouvrages plus modestes, mais aussi de textes courts. Son œuvre couvre toute l’étendue du savoir de son époque

Le dessein personnel du philosophe trouve son achèvement dans la philosophie orientale, qui prit la forme de la compilation de 28 000 questions. Cette œuvre disparut lors du sac d’Ispahan en 1034, et il n’en subsiste que quelques fragments.

Fin lettré, il fut le traducteur des œuvres d’Hippocrate et de Galien, et porta un soin particulier à l’étude d’Aristote. Il s’inscrit dans un mouvement général qui vit les philosophes de culture islamique découvrir la culture grecque et la faire redécouvrir ultérieurement à l’occident.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Avicenne/ Portail de la philosophie/ Portail des mathématiques/ Portail de la médecine/ Catégories : Avicenne/ Scientifique arabo-musulman

Notes

[1] Boukhara est une ville d’Ouzbékistan, située au centre-sud du pays. C’est la capitale de la province de Boukhara.

[2] en Perse, actuellement en Ouzbékistan

[3] Les Abbassides sont une dynastie arabe musulmane qui règne sur le califat abbasside de 750 à 1258. Le fondateur de la dynastie, Abû al-Abbâs As-Saffah, est un descendant d’un oncle de Mahomet, Al-Abbas ibn Abd al-Muttalib. Proclamé calife en 749, il met un terme au règne des Omeyyades en remportant une victoire décisive sur Marwan II à la bataille du Grand Zab, le 25 janvier 750. Après avoir atteint son apogée sous Hâroun ar-Rachîd, la puissance politique des Abbassides diminue, et ils finissent par n’exercer qu’un rôle purement religieux sous la tutelle des Bouyides au 10ème siècle, puis des Seldjoukides au 11ème siècle. Après la prise de Bagdad par les Mongols en 1258, une branche de la famille s’installe au Caire, où elle conserve le titre de calife sous la tutelle des sultans mamelouks jusqu’à la conquête de l’Égypte par l’Empire ottoman, en 1517.

[4] L’ismaélisme est un courant minoritaire de l’islam chiite. Ses membres sont appelés ismaéliens. Son nom provient d’Ismaïl ben Jafar. L’ismaélisme n’est pas spécifiquement persan, ni arabe, ni indien ; il a une longue histoire qui est complexe et, loin d’être unifié, l’ismaélisme se subdivise en plusieurs rameaux (Mubârakiyya, Khattâbiyya, Qarmates, Druzes, Mustaliens, Nizârites, Septimain). Les adeptes de l’ismaélisme sont appelés ismaéliens ou ismaīlis ; il ne faut pas les confondre avec les ismaélites descendants d’Ismaël, prophète de l’islam et patriarche biblique.

[5] Le chiisme duodécimain désigne le groupe des chiites qui croient dans l’existence des douze imams. 90 % des chiites sont duodécimains et ils sont majoritaires parmi les écoles de la pensée chiite. Ils sont majoritaires en Azerbaïdjan, à Bahreïn, en Iran, en Irak, et constituent la communauté musulmane majoritaire au Liban.

[6] Les Samanides sont une dynastie iranienne qui reprend le pouvoir après la conquête arabe

[7] Le Khwarezm également appelé Chorasmie antique, est une région historique située au sud de la mer d’Aral, principalement dans l’actuel Ouzbékistan, une plus petite partie en Turkménistan ; elle a parfois été autrefois incluse dans le Grand Iran.

[8] La mer d’Aral est un lac d’eau salée d’Asie centrale est, occupant la partie basse de la dépression touranienne ou aralo-caspienne au milieu d’espaces désertiques. Elle est partagée entre le Kazakhstan au nord et l’Ouzbékistan au sud. Elle tire son nom du mot kazakh Aral qui signifie « île » en référence aux milliers d’îles qui la couvraient.

[9] Djôzdjân, est une province du nord de l’Afghanistan. Sa capitale est Chéberghân. La province est à la frontière du Turkménistan au Nord et du Tadjikistan au Nord-Est, et bordé par la province de Balkh à l’Est, province de Sar-é Pol au Sud, et province de Fâryâb à l’Ouest.

[10] Le Kitab Al Qanûn fi Al-Tibb (Le Livre de la Loi concernant la médecine), connu plus simplement en Occident sous le nom de Qanûn et en français sous celui de Canon (du grec kanôn, règle) est un ouvrage encyclopédique de médecine médiévale rédigé en arabe par Avicenne médecin et scientifique persan du 11ème siècle, achevé vers 1020. Cet ouvrage est considéré comme l’un des plus importants ouvrages écrits en médecine. Le plus ancien exemplaire connu du Qanûn rédigé en langue arabe date de 1052. Il servira de livre de base de l’enseignement de la médecine en Europe jusqu’au 17ème siècle.

[11] actuel nord-est de l’Iran

[12] proche de l’actuel Téhéran

[13] à l’ouest de l’Iran moderne

[14] Les Bouyides sont une dynastie chiite qui règne en Perse et dans l’Irak-Adjémi (Jibâl) aux 10ème et 11ème siècles, de 945 à 1055.

[15] Premier ministre

[16] Mendiant

[17] Ispahan ou Isfahan est une ville d’Iran, capitale de la province d’Ispahan. Elle est située à 340 kilomètres au sud de la capitale, Téhéran. Ispahan a été capitale de l’empire perse sous la dynastie des Safavides entre le 16ème siècle et le 18ème siècle. La ville est bien irriguée et sa verdure offre un contraste bien particulier avec les étendues désertiques qui l’entourent. Les travaux entrepris sous le chah Abbas faisant d’Ispahan une vitrine de l’architecture et de l’art safavide extrêmement raffiné, ainsi que les nombreux monuments islamiques construits entre le 11ème et le 19ème siècle, font d’Ispahan un des joyaux du Moyen-Orient.

[18] Les Kakouyides ou Kâkwayhides forment une dynastie d’origine daylamite qui règne sur Ispahan après le déclin des Bouyides (1008-1141). Les Seldjoukides prennent Ispahan en 1051. Néanmoins les derniers Kakouyides restent Atabegs de Yazd et Abar Kûh au service des Seldjoukides jusqu’au milieu du 12ème siècle.

[19] Hamadan ou Hamedan est l’une des principales villes d’Iran dans la région occidentale et montagneuse du pays, capitale de la province du même nom. Cette ville est située sur les pentes de l’Alvand, à plus de 1800 mètres au-dessus du niveau de la mer, ce qui fait d’elle l’un des villes les plus froides de l’Iran. Hamadan est considérée comme la plus ancienne ville d’Iran et l’une des plus anciennes du monde.