Grande figure du 10ème siècle, c’est à la fois un ascète et un homme d’action.
D’une part, il emploie une violente éloquence pour lutter contre l’esprit d’orgueil et de luxure, selon lui à l’origine de tous les maux, réforme les monastères et fait prospérer son ordre de Cluny ; de l’autre, il se montre le partisan énergique de la royauté, dont il attend l’ordre et la paix, et qu’il appuie de tout son prestige contre les grands.
Il fut d’abord moine à Baume quand Bernon en était l’abbé. Il y arriva avec sa bibliothèque personnelle, 100 volumes, impressionnante pour l’époque. Il avait appris de Virgile le latin et de Rémi d’Auxerre la musique qui jouera un rôle primordial dans sa vie puisqu’elle orientera, pour des siècles, le chant sacré clunisien et sa tonalité particulière commune à toute l’obédience. Écrivain, on lui doit un abrégé du traité deSaint Grégoire le grand sur le livre de Job, les "collationnes" ou tableau effrayant du monde en trois parties, des hymnes, des séquences, des antiennes et des psaumes, une vie de saint Géraud , des sermons, un poème intitulé "occupatio" ou méditation de 5500 vers en 7 chapitres sur l’histoire du monde, etc...
Sous son abbatiat afflueront les donations. La primauté de Cluny sur d’autres monastères et d’innombrables prieurés tels Romainmôtier [1], Saint Géraud d’Aurillac [2], Charlieu [3], Fleury, Saint Benoît sur Loire [4] s’affirmera. Mais tandis que le prestige de Cluny et celui d’Odon s’accroissait, Rome, à l’inverse, sombrait dans le vice. C’est à la demande du seul pape normal de cette époque, Léon VII, qu’à 3 reprises, il dû se rendre à Rome pour y réconcilier le prince Albéric avec son gendre, Hugues, roi des Lombards. Ses rapports avec les autorités temporelles seront un modèle du genre. Son constant souci de régénération de l’Église, sa distinction de la culture et des arts seront autant de principes qui, triomphant avec lui, feront la fortune de Cluny.