John II Comyn dit l’Ancien ou le Rouge (mort vers 1302)
Seigneur de Badenoch-Gardien de l’Écosse de 1286 à 1290)-Prétendant au trône d’Écosse de 1290 à 1292
Fils aîné de John 1er Comyn , seigneur de Badenoch [1] et justicier [2] de Galloway [3], et sa première femme Eva, d’origine inconnue.
Il hérite de la majeure partie des domaines de son père. À son époque, il était comme son père appelé Red Comyn, surnom qui semblait être donné traditionnellement au chef de la branche senior des Comyn [4].
Entre 1270 et 1275, il épouse Éleanor de Bailleul [5] ou Balliol dite Marjory, sœur de Jean Bailleul, futur roi d’Écosse, et fille de Jean de Bailleul et de Derborgail de Galloway . Il a pour beau-frère Alexandre MacDougall, seigneur d’Argyl [6].
Il hérite du patrimoine familial, principalement les seigneurie de Badenoch et Lochaber [7], et les châteaux de Ruthven [8], Lochindorb, et Inverlochy. À la mort sans héritier de son frère cadet William, il hérite des seigneuries de Lenzie [9] et Kirkintilloch [10] dans l’East Dunbartonshire [11].
Il est adoubé chevalier par le roi Alexandre III d’Écosse en 1270. En 1276, il est dans l’entourage du roi à Selkirk [12]. En 1281, il est présent à Roxburgh [13] lorsqu’il fait le serment de respecter les termes de l’arrangement passé avec le roi Éric II de Norvège pour son mariage avec Marguerite d’Écosse (1261-1283) , fille d’Alexandre III d’Écosse.
En 1284, il est également présent avec toute la noblesse d’Écosse lorsque Marguerite, la fille de Marguerite et Éric II, est reconnue comme héritière présomptive de son grand-père Alexandre III. À la mort du roi, en 1286, il est élu par ses pairs l’un des six gardiens de l’Écosse [14]. Il est l’un des trois gardiens responsables des domaines situés au sud de la Forth [15], bien que ses domaines soient plus importants au nord de celle-ci.
Le 27 septembre 1289, il est envoyé à Salisbury [16] avec les évêquesWilliam Fraser de Saint-Andrews [17] et Robert Wishart de Glasgow [18], eux aussi gardiens de l’Écosse, et Robert V de Bruce , 5ème seigneur d’Annandale, pour négocier avec les Anglais le retour de la princesse Marguerite de Norvège en Écosse. Quelques mois plus tard, l’union de la jeune Marguerite avec l’héritier de la couronne d’Angleterre Édouard est décidée par traité. Comyn est présent parmi les barons et prélats qui le confirment formellement en juillet 1290 à Birgham [19].
La mort inopinée de Marguerite 1ère d’Écosse, fin septembre début octobre 1290 à l’âge de 7 ans, rend caduques ces dispositions et donne une nouvelle tournure aux affaires écossaises. Comyn devient l’un des 14 prétendants au trône laissé vacant comme descendant en ligne féminine du roi Donald III d’Écosse. En effet, Hextilda, sa petite-fille, avait épousé Richard Comyn, et était donc son arrière-arrière-grand-mère.
En juin 1291 à Norham [20], avec les autres prétendants, il reconnaît la suzeraineté d’Édouard 1er d’Angleterre sur le royaume. Cela permet au roi Édouard de se déclarer apte à arbitrer entre les revendications des prétendants. Dans la compétition pour le trône, il use de son influence pour soutenir la candidature de son beau-frère Jean de Bailleul qu’il estime plus proche de la famille royale que lui-même.
Il approuve la décision du roi d’Angleterre qui, en novembre 1292, accorde le royaume à Jean de Bailleul. Durant les premières années de règne, il occupe une place prééminente dans la politique écossaise du fait de sa parenté avec le nouveau roi. Mais le roi d’Angleterre est bien décidé à affirmer sa suzeraineté sur son voisin, et Bailleul est un roi faible.
En 1295, il devient évident que Bailleul n’est pas à la hauteur de son rang, et le pouvoir lui est retiré par ses barons. Comyn est à nouveau élu dans un conseil de 12 administrateurs du royaume. Plus tard, cette même année, il est en France pour négocier un traité.
En 1296, le roi Jean rejette la suzeraineté d’Édouard 1er, et l’Angleterre entre en guerre contre l’Écosse. Les terres de Comyn dans le Northumberland [21] sont rapidement confisquées. Son fils, John Comyn le Jeune dit John III Comyn , prend part à des raids sur l’Angleterre, et est capturé à Dunbar. Il est envoyé comme otage à la Tour de Londres [22]. Comyn se soumet au roi anglais en juillet 1296, après la défaite de Dunbar [23]. Il est envoyé en exil en Angleterre, à Geddington [24], mais est relativement libre de ses mouvements.
Après le début de la révolte de William Wallace, en 1297, Édouard 1er l’envoie en Écosse rétablir l’ordre. Il lui est ensuite ordonné d’assister l’Anglais Brian Fitzalan dans sa gestion du royaume écossais. Il est envoyé réprimer une rébellion dans le Moray [25], mais il semble qu’il soit passé du côté des rebelles, car ses terres anglaises lui sont à nouveau confisquées fin 1297.
Il est probable que Comyn ait fourni des troupes à l’armée écossaise lors de la défaite de Falkirk [26] en 1298. Pour Jean de Fordun , un chroniqueur écrivant quelques décennies après les faits, les Comyn jalousaient William Wallace et auraient déserté le champ de bataille.
Édouard 1er désigne son fils John pour être l’un des gardiens du royaume.
Comyn meurt vers 1302 dans son château de Lochindorb. Son fils John lui succède.
Notes
[1] Les seigneurs de Badenoch (anglais Lord of Badenoch) sont des nobles écossais qui ont gouverné la seigneurie de Badenoch au XIIIe siècle et au début du XIVe siècle. La seigneurie de Badenoch (anglais Lordship of Badenoch) est créée par le roi Alexandre II d’Écosse vers 1230 dans les Highlands sur les domaines des Meic Uilleim pour Walter Comyn, comte de Menteith de jure uxoris1 après que William Comyn, comte de Buchan de jure uxoris, Justiciar d’Écosse et « Gardien de Moray » ait tué Gilleasbuig MacWilliam et exterminé sa famille. Toutefois il n’est pas sûr que les Meic Uilleim controlaient des domaines dans cette région. Après le meurtre de John III Comyn en 1306, la seigneurie est confisquée et revient dans le domaine royal, malgré les prétentions de John (IV) Comyn qui est tué en 1314 en combattant dans les rangs anglais lors de la Bataille de Bannockburn. La seigneurie est ensuite incluse dans le vaste comté de Moray quand il est reconstitué en 1312 en faveur de Thomas Randolph.
[2] Dans l’Angleterre et l’Irlande médiévales, le Chief Justiciar (appelé plus tard Justiciar ou justicier) occupait des fonctions semblables à celle du premier ministre du Royaume-Uni en tant que ministre en chef du roi.
[3] Sous royaume de l’Ecosse, le Galloway désigne aujourd’hui l’ancien comté de Wigtownshire (délimité par la côte à l’ouest, les collines de Galloway au nord, et le fleuve Cree à l’est) et la Stewartry of Kirkcudbright (qui s’étend du Nith au Cree, et est limité également par les collines de Galloway au Nord) dans le sud-ouest de l’Écosse, mais dont la taille a beaucoup varié au cours de l’Histoire.
[4] Les Comyn, Cumming ou Cumin sont un clan écossais probablement d’origine anglo-normande qui joue un grand rôle dans l’Écosse du 13ème et 14ème siècle.
[5] La famille Bailleul est une famille appartenant au baronnage anglo-normand originaire de Bailleul-en-Vimeu près d’Abbeville dans le comté de Ponthieu. La famille, qui conserve de forts liens avec sa seigneurie de Bailleul en Picardie, devient très importante à la fin du 13ème siècle quand Jean monte sur le trône écossais. La branche principale de la famille s’éteint une génération plus tard en 1364, avec Édouard Balliol lui aussi couronné roi d’Écosse.
[6] Argyll, est une région de l’ouest de l’Écosse correspondant plus ou moins à l’ancien Dál Riata, située en Grande-Bretagne sur la côte ouest entre Mull of Kintyre et Cap Wrath.
[7] Lochaber, est l’un des cinq districts écossais du council area de Highland. Lochaber est l’une des 16 zones de gestion de la paroisse du Highland Council d’Écosse et l’un des huit anciens districts gouvernementaux des Highlands.
[8] Une première structure fortifiée est érigée sur la colline en 1229, peut-être par les Comyn. Au cours du 13ème siècle, le château est détenu par les seigneurs de Badenoch, chefs du clan Comyn. Au siècle suivant Alexander Stewart, comte de Buchan connu sous le nom de « Loup de Badenoch » et fils cadet du roi Robert II d’Écosse l’utilise comme base. L’édifice est démoli en 1451 par Jean d’Islay, comte de Ross. Un deuxième château prend sa place, achevé en 1459
[9] Lenzie est une ville dans l’East Dunbartonshire en banlieue de Glasgow, en Écosse.
[10] Kirkintilloch est une ville et ancien burgh d’Écosse, situé dans le council area de l’East Dunbartonshire dont elle est la capitale administrative, après avoir été celui de l’ancien district de Strathkelvin (originellement appelé Bishopbriggs and Kirkintilloch), au sein de la région du Strathclyde. Elle est située à une douzaine de kilomètres au nord-est de Glasgow, dans la région de lieutenance et ancien comté de Dunbartonshire. Elle se trouve sur les bords du canal de Forth et Clyde.
[11] L’East Dunbartonshire est un council area écossais se situant au nord de Glasgow, à la lisière des monts Highlands, et sillonné par le canal de Forth et Clyde.
[12] Selkirk est une ville d’Écosse, dans les Scottish Borders. Située sur l’Ettrick, un affluent de la Tweed. Selkirk est l’ancien chef-lieu du Selkirkshire et l’un des plus anciens burghs royaux d’Écosse.
[13] Le château de Roxburgh était un château situé près de l’ancienne ville de Roxburgh dans les Scottish Borders, une région d’Écosse. Le château fut fondé par David 1er d’Écosse. En 1174 le château se rend à l’Angleterre après la capture de Guillaume 1er d’Écosse à Alnwick, et fut la plupart du temps aux mains des Anglais après cela
[14] Entre les 13ème et 16ème siècles, l’histoire du royaume d’Écosse se caractérise par de nombreuses minorités, périodes au cours desquelles, les rois sont captifs, absents ou empêchés, voire de vacances du pouvoir qui impliquèrent la mise en place de régences, parfois collectives, pendant lesquelles le pouvoir fut exercé par des Régents ou des Gardiens du Royaume.
[15] Le Forth est un des principaux fleuves d’Écosse. Long de 47 km, il prend sa source au loch Ard dans le Parc national des Trossachs et du Loch Lomond, à l’ouest de Stirling. Il coule ensuite vers l’est à travers la ville de Stirling. À partir de Stirling, le fleuve s’élargit et commence à subir l’influence de la marée. C’est d’ailleurs à cet endroit qui se situe le dernier passage à gué. Il continue ensuite toujours plus à l’est, jusqu’à Kincardine où commence alors l’estuaire du Firth of Forth au bord duquel se trouve Édimbourg.
[16] Salisbury est une ville du Wiltshire, en Angleterre, évêché suffragant de l’archevêque de Cantorbéry. Elle a le statut de Cité. Elle se trouve à une dizaine de kilomètres au sud de Stonehenge.
[17] L’évêque de St Andrews est le chef ecclésiastique du diocèse de St Andrews, en Écosse. Il est élevé au rang d’archevêque en 1472. Son siège est la cathédrale de St Andrews. L’évêché lui-même a été créé entre 700 et 900 lors de la fusion des églises des Pictes et Scots devenue effective sous le règne du roi Constantin 1er d’Écosse. Au 11ème siècle, il s’agit du plus important évêché du royaume d’Écosse.
[18] L’archidiocèse de Glasgow était l’un des treize (puis 14 à partir de 1633) diocèses de l’Église catholique d’Écosse. C’était le second plus grand diocèse du royaume, comprenant des districts de la moitié sud : Clydesdale, Tweeddale, Liddesdale, Annandale, Nithsdale, Cunninghame, Kyle, Strathgryfe et le Kirkcudbrightshire. Glasgow devint un archevêché en 1472 et obtint les diocèses de Galloway, Argyll et des îles comme suffragants. L’Église d’Écosse rompit son allégeance à Rome en 1560, mais continua d’avoir des évêques à Glasgow par intermittence jusqu’en 1689.
[19] Le traité de Birgham, aussi appelé traité de Salisbury, comporte deux traités visant à garantir l’indépendance de l’Écosse après la mort d’Alexandre III sans descendance en 1286. Garanti par le roi d’Angleterre Édouard 1er, le but du traité était de mettre un terme aux revendications concurrentes de la maison de Balliol et de la maison de Bruce. Les traités ont été rédigés à Salisbury en 1289 et Birgham, dans le Berwickshire, en 1290. Sous la condition que l’héritière de l’Écosse, Margaret, la jeune fille de Norvège, épouserait le fils d’Édouard, l’Écosse devait rester « séparée et divisée de l’Angleterre dans ses limites légitimes, libre et sans sujétion ». Le traité s’est avéré inefficace, à la fois parce que Margaret est morte lors de son voyage pour l’Écosse en 1290, et parce que les négociateurs anglais avaient inclus des réserves suffisantes pour rendre les clauses sur l’indépendance inutiles. En 1291, Édouard convoque les nobles écossais pour le rencontrer à Norham-on-Tweed et s’est proclamé seigneur d’Écosse (« seigneur suzerain de l’Écosse ») et force les prétendants au trône écossais à le reconnaître comme leur supérieur féodal.
[20] Norham est un village du Northumberland, en Angleterre, situé juste au sud de la Tweed et de la frontière écossaise. Il abrite le château de Norham, construit au 12ème siècle. C’est là qu’Édouard 1er d’Angleterre rencontra les Écossais en 1292 pour décider du futur roi d’Écosse.
[21] Le comté de Northumberland est un important comté du nord de l’Angleterre qui remonte à l’époque anglo-saxonne. Il succède à l’ancien royaume de Northumbrie dont il n’occupe qu’une portion septentrionale.Le comté de Northumberland est un important comté du nord de l’Angleterre qui remonte à l’époque anglo-saxonne. Il succède à l’ancien royaume de Northumbrie dont il n’occupe qu’une portion septentrionale.
[22] La tour de Londres est une forteresse historique située sur la rive nord de la Tamise à Londres en Angleterre à côté de Tower bridge. La tour se trouve dans le district londonien de Tower Hamlets situé à l’est de la Cité de Londres dans un espace appelé Tower Hill. Sa construction commença vers la fin de l’année 1066 dans le cadre de la conquête normande de l’Angleterre. La tour Blanche qui donna son nom à l’ensemble du château, fut construite sur l’ordre de Guillaume le Conquérant en 1078 et fut considérée comme un symbole de l’oppression infligée à Londres par la classe dirigeante. Le château fut utilisé comme prison dès 1100. Il servait également de grand palais et de résidence royale.
[23] La bataille de Dunbar est la première d’une série de batailles ayant eu lieu pendant les guerres d’indépendance de l’Écosse. Elle a lieu le 27 avril 1296 à Dunbar (Écosse) lors de l’invasion de l’Écosse par le roi Édouard 1er d’Angleterre afin de punir la révolte du roi d’Écosse John Balliol. Cette victoire anglaise conduit à la déposition du roi John Balliol et à la capture de nombreux seigneurs écossais rebelles et met fin temporairement à l’indépendance de l’Écosse annexée au royaume d’Angleterre.
[24] Northamptonshire
[25] Le Moray est une région de lieutenance d’Écosse située à l’est des Highlands, basée sur l’ancien comté de Moray ou Morayshire. D’une superficie de 2 237 km2. Sa ville principale est Elgin ; le Morayshire tirait son nom de cette ville et était appelé Elginshire jusqu’au 17ème siècle. La limite nord de la région est constituée par la côte, basse et formée de plages sablonneuses. En allant vers le sud le relief s’accentue et devient montagneux en se rapprochant du Cairn Gorm (1 245 m), un des principaux sommets des Grampian. Les principaux cours d’eau sont la Spey, la Lossie et la Findhorn. Dans ces vallées fertiles s’est développée une petite agriculture qui ne pouvait exploiter les landes incultes couvrant les dessus des collines. En dehors des activités liées au whisky (vallée de la Spey) il y a peu d’industrie. Les amateurs de pêche sportive s’intéressent à la truite et au saumon en rivière ou se tournent vers le large : morue, haddock, lotte, etc. D’abord peuplé par les Pictes, il fut envahi à plusieurs reprises par les Vikings norvégiens aux 10 et 11ème siècles.
[26] La bataille de Falkirk, qui eut lieu en juillet 1298, marqua la fin de l’épopée de William Wallace lors de la Première Guerre d’indépendance de l’Écosse.