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Mounis al-Muzaffar ou Al-Muzaffar (« Le Victorieux »)

mercredi 3 janvier 2024, par lucien jallamion

Mounis al-Muzaffar ou Al-Muzaffar (« Le Victorieux ») (vers 845/846-933)

Général en chef de l’armée du califat abbasside de 908 à sa mort

Carte de l'empire abbasside vers l'an 820. (source : wiki/Califat abbasside/ Christophe Cagé)À partir de 928, il agit en tant qu’autocrate [1] et faiseur de roi au sein du califat.

En tant que vétéran des campagnes conduites sous Al-Mutadid, il se distingue en sauvant le jeune Al-Muqtadir lors d’un coup d’état palatin en 908. Avec le soutien du calife [2], il devient général en chef de l’armée califale et conduit plusieurs expéditions contre l’Empire byzantin [3], préserve Bagdad [4] des Qarmates [5] en 927 et vainc deux invasions des Fatimides [6] en 915 et 920.

En 924, il participe à la déposition et à l’exécution du vizir [7] Ibn al-Fourat. Après cet événement, son influence politique progresse fortement, au point qu’il dépose brièvement Al-Muqtadir en 928. Sa rivalité avec le calife et l’administration civile de Bagdad débouche sur une confrontation ouverte en 931-932, qui se termine par le succès de Mounis et la mort au combat du calife.

Mounis fait d’ Al-Qahir le nouveau calife qui, en août 933, le fait exécuter avec ses principaux officiers. La prise du pouvoir de Mou’nis, tout comme sa fin brutale, marquent le début d’une nouvelle période de troubles dans le califat abbasside déclinant, qui se termine par sa chute en 946 et la prise de Bagdad par les Bouyides [8].

Selon le récit du chroniqueur Al-Dhahabi , Mou’nis est âgé de 90 ans à sa mort, ce qui indiquerait une naissance vers 845-846. En raison de son statut d’eunuque [9], il est appelé Al-Khadim (L’Eunuque) dans les sources, pour le distinguer de son homonyme, le trésorier Mou’nis al-Fahl (L’Etalon). Il apparaît d’abord en tant que ghulam [10] du futur calife Al-Mu’tadid lors de la répression de la révolte des Zanj [11] en 880-881.

Il progresse dans la hiérarchie jusqu’au poste de sahib al-shurta [12] au sein du camp d’Al-Mutadid en 900. Toutefois, Al-Dhahabi rapporte que le calife le bannit à La Mecque [13] d’où il est rappelé seulement après l’arrivée au pouvoir d’Al-Muqtadir en 908. Cette affirmation est confirmée par son absence complète des sources lors du règne intermédiaire d’Al-Muktafi.

Mou’nis gagne en influence très tôt lors du règne d’Al-Muqtadir. En 908, dès l’arrivée de celui-ci au pouvoir, une partie de l’administration et de l’armée déclenche un putsch pour le renverser et le remplacer par son frère, Abdullah ibn al-Mu’tazz . Mou’nis dirige la défense du palais et le coup d’état échoue. Cela lui assure la confiance et le soutien du jeune calife et de son influente mère, Shaghab, ce qui lui permet de consolider sa position au sein des principaux membres de la cour abbasside [14]. Il devient le général en chef de l’armée permanente du califat, qui comprend 9 000 hommes en 927. En 909, il dirige le sa’ifa*( [15]) contre l’Empire byzantin et envahit l’Asie Mineure [16] byzantine depuis Malatya [17], faisant un grand nombre de prisonniers. L’année suivante, il parvient à reprendre la province de Fars [18] aux Saffarides [19], profitant des tensions entre l’émir saffaride Al-Layth et l’ancien général Sebük-eri, qui s’est emparé de la province.

Quand al-Mu’addal, le frère d’Al-Layth, envahit la région de Fars, Sebük-eri appelle le calife à l’aide et une armée conduite par Mou’nis est envoyée. Al-Layth est vaincu et capturé tandis que Sebük-eri est rapidement déposé de son poste de gouverneur dès lors qu’il se montre incapable de payer le tribut promis. La même année, en 909-910, Mou’nis supervise un échange de prisonniers avec les Byzantins.

En 914, les Fatimides viennent seulement de s’emparer de l’Ifriqiya [20] au détriment des Aghlabides [21] mais ils envahissent déjà l’Égypte sous la conduite d’ Abu’l-Qasim . Rapidement, ils prennent Alexandrie [22] mais ne peuvent s’emparer de la capitale provinciale, Fostat [23]. En 915, Mou’nis dirige des renforts abbassides en Égypte et en chasse les Fatimides. Ce succès lui permet d’obtenir le laqab [24] d’Al-Muzaffar.

À son retour d’Égypte, il reçoit l’ordre de se porter dans la région de la Jazira [25] et dans la zone frontalière avec les Byzantins. Ces derniers ont profité de la rébellion d’Husayn ibn Hamdan pour prendre la forteresse d’Hisn Mansur et en déporter la population. En représailles, il dirige un raid d’importance à la fin de l’été 916, prenant plusieurs forteresses dans les environs de Malatya avant d’ordonner à Abu’l-Qasim de conduire un autre raid vers Tarse [26]. En septembre et octobre 917, à la suite d’une demande d’une ambassade byzantine dirigée par Jean Rhadénos, il supervise aux côtés de Bishr al-Afshini, le gouverneur de Tarse et de la zone frontalière de la Cilicie [27], un autre échange de prisonniers sur le fleuve Lamos*.

En 918-919, Mou’nis combat le chef rebelle d’Azerbaïdjan [28] Yusuf Ibn Abi’l-Saj , qui a récupéré pour lui-même la partie des taxes devant revenir à Bagdad et s’est emparé de plusieurs provinces au nord de l’Iran sans l’approbation du calife. Lors de sa première campagne en 918, Yusuf se replie dans sa capitale Ardabil [29] face à l’avancée de Mou’nis.

Après que les tentatives de médiation du vizir Ibn al-Furat ont échoué, Yusuf engage le combat lors d’une bataille rangée devant Ardabil et remporte la victoire. Toutefois, l’année suivante, Mou’nis vainc Yusuf lors d’un nouvel affrontement devant Ardabil et l’emmène comme prisonnier à Bagdad. Yusuf reste prisonnier durant 3 ans tandis que, dans le même temps, Subuk, un ghulam de Yusuf, prend le pouvoir en Azerbaïdjan après avoir obtenu la reconnaissance califale. En 922, Mou’nis persuade al-Muqtadir de libérer Yusuf et de lui rendre son ancienne position mais cette fois-ci au service du gouvernement abbasside.

Entre 920 et 922, Mou’nis joue un rôle décisif dans la défaite de la deuxième armée fatimide envoyée envahir l’Égypte. Après s’être emparée d’Alexandrie et occupée le Fayoum [30], la flotte l’accompagnant est coulée avant que Mou’nis ne la défasse devant Fostat puis ne piège Abu’l-Qasim à Fayoum, dont il ne s’échappe qu’au prix de lourdes pertes. En 923, il lance un nouveau raid en territoire byzantin, s’emparant de quelques forteresses et d’un important butin.

Au sein de la cour, Mou’nis est très tôt un opposant résolu d’Ibn al-Furat et un allié de son rival, Ali ibn Isa al-Jarrah. Le conflit entre les deux hommes culmine lors du troisième mandat d’Ibn al-Furat au poste de vizir, en 923-924. Cette période troublée voit Mou’nis être envoyé dans une situation de quasi-exil à Raqqa [31] et la torture de la famille des Banu’l Furat [32]. En outre, la menace des Qarmates réapparaît avec le sac de Bassora [33] et le pillage de la caravane du hajj [34] de retour de La Mecque. La crise se termine par un soulèvement militaire, la déposition d’Ibn al-Furat, le rappel de Mou’nis et l’exécution du vizir et de son fils.

Mou’nis est alors à l’apogée de sa carrière. Il a la main sur le gouvernement du califat et sa voix est décisive dans la nomination des successeurs d’Ibn al-Furat. Toutefois, au même moment, son pouvoir creuse un fossé croissant entre lui et le calife. Celui-ci en vient à comploter pour assassiner son général en chef en 927.

Au cours de l’été, Mou’nis dirige une armée vers la frontière, autour de Samosate [35], que les Byzantins ont mis à sac. Toutefois, l’armée abbasside est prise par surprise par les Byzantins qui lui infligent une défaite. La même année, Mou’nis, soutenu par les Hamdanides [36], parvient à défendre Bagdad contre une attaque des Qarmates. Les raids de ces derniers sont alors une source de troubles importants.

En plus de piller les régions fertiles du Sawad [37] qui sont la principale source de revenus du califat, le prestige personnel du calife en vient à être atteint, notamment après le sac de La Mecque en 930. En 928, après la déposition de Ali ibn Isa, le favori de Mou’nis au poste de vizir, Mou’nis déclenche un coup d’état et dépose Al-Muqtadir qu’il remplace par son demi-frère Al-Qahir avant de revenir sur sa décision.

Désormais, il détient une autorité quasi dictatoriale sur le gouvernement abbasside. En 931, Al-Muqtadir rassemble suffisamment de soutien pour le contraindre à quitter Bagdad mais, en 932, Mou’nis parvient à rassembler une armée importante pour attaquer Bagdad. Il vainc les forces califales devant les murs de la ville et Al-Muqtadir périt lors de la bataille. Mou’nis installe de nouveau Al-Qahir sur le trône califal mais les deux hommes entretiennent rapidement des relations difficiles. Le nouveau calife noue des relations avec la faction de la cour qui était favorable à Al-Muqtadir. Si Mou’nis parvient un temps à le confiner dans le palais, Al-Qahir parvient à piéger son rival et ses principaux lieutenants qu’il fait exécuter.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Thierry Blanquis, « Autonomous Egypt from Ibn Ṭūlūn to Kāfūr, 868–969 », dans Cambridge History of Egypt, Volume One : Islamic Egypt, 640–1517, Cambridge University Press, 1998, 86-119 p. (ISBN 0-521-47137-0)

Notes

[1] Celui ou celle dont la puissance ne relève d’aucune autre.

[2] Le terme calife, est une romanisation de l’arabe khalîfa, littéralement « successeur » (sous-entendu du prophète), titre porté par les successeurs de Mahomet après sa mort en 632 et, pour les sunnites, jusqu’à l’abolition de cette fonction par Mustafa Kemal Atatürk en 1924. Les ibadites ne reconnaissent plus aucun calife depuis 657. L’autorité d’un calife s’étend sur un califat. Il porte aussi le titre de commandeur des croyants, titre aboli chez les chiites après la mort d’Ali. Les critères de choix sont différents entre les chiites et les sunnites mais le porteur du titre a pour rôle de garder l’unité de l’islam et tout musulman lui doit obéissance : c’est le dirigeant de l’oumma, la communauté des musulmans.

[3] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[4] Bagdad ou Baghdad est la capitale de l’Irak et de la province de Bagdad. Elle est située au centre-Est du pays et est traversée par le Tigre. Madīnat as-Salām fut fondée ex nihilo au 8ème siècle, en 762, par le calife abbasside Abou-Djaafar Al-Mansur et construite en quatre ans par 100 000 ouvriers. Selon les historiens arabes, il existait à son emplacement plusieurs villages pré-islamiques, dont l’un s’appelait Bagdad.

[5] Les Qarmates sont un courant dissident du chiisme ismaélien refusant de reconnaître le fatimide Ubayd Allah al-Mahdî comme imam, actifs surtout au 10ème siècle en Irak, Syrie, Palestine et dans la région de Bahreïn où ils fondèrent un état aux prétentions égalitaires mais néanmoins esclavagiste, qui contrôla pendant un siècle la côte d’Oman. Il y eut des Qarmates dans toutes les régions atteintes par les missions ismaélites : Yémen, Sind, Khorasan, Transoxiane. Ils entreprirent contre les Abbassides, puis contre les Fatimides, des excursions militaires (dont le sac de la Mecque et Médine en 930) qui leur valurent une réputation de guerriers cruels et sanguinaires.

[6] Les Fatimides (également appelés Obeydides ou Banu Ubayd depuis le manifeste de Bagdad ont formé une dynastie califale arabe chiite ismaélienne d’ascendance alide qui régna, depuis l’Ifriqiya (entre 909 et 969) puis depuis l’Égypte (entre 969 et 1171), sur un empire qui englobait une grande partie de l’Afrique du Nord, la Sicile et une partie du Moyen-Orient. Issus de la branche religieuse chiite des ismaéliens pour laquelle le calife doit être choisi parmi les descendants d’Ali, cousin et gendre du prophète de l’islam Mahomet, les Fatimides considèrent les Abbassides sunnites comme des usurpateurs de ce titre. L’établissement de leur califat débute au Maghreb, grâce à l’appui des Berbères Kutama, grande tribu qui était établie à l’est de l’actuelle Algérie qui vont renverser le pouvoir local aghlabide. Après un intermède en Ifriqiya, ils finiront par s’établir dans la ville du Caire qui pendant leur règne prendra un essor considérable.

[7] Le mot persan vizir, désigne un fonctionnaire de haut rang, ayant un rôle de conseiller ou de ministre auprès des dirigeants musulmans (califes, émirs, maliks, padishah ou sultans).

[8] Les Bouyides sont une dynastie chiite qui règne en Perse et dans l’Irak-Adjémi (Jibâl) aux 10ème et 11ème siècles, de 945 à 1055.

[9] Un eunuque est un homme castré. La castration se limite généralement à l’ablation des testicules mais il arrive qu’elle concerne également le pénis, connue alors sous le nom de pénectomie. Dans la Chine ancienne, la castration était à la fois une punition traditionnelle (jusqu’à la dynastie Sui) et un moyen d’obtenir un emploi dans le service impérial. À la fin de la dynastie Ming, il y avait 70 000 eunuques dans la Cité interdite. La valeur d’un tel poste était importante car elle pouvait permettre d’obtenir un pouvoir immense qui dépassait parfois celui du premier ministre. Cependant, la castration par elle-même fut finalement interdite. Le nombre d’eunuques n’était plus estimé qu’à 470 en 1912, lorsque la fonction fut abolie. La justification de cette obligation pour les fonctionnaires de haut rang était la suivante : puisqu’ils ne pouvaient procréer, ils ne seraient pas tentés de prendre le pouvoir pour fonder une dynastie. À certaines périodes, un système similaire a existé au Viêt Nam, en Inde, en Corée et dans d’autres contrées du monde.

[10] Un ghulam était un esclave militaire. Le terme de mamlūk ou mamelouk en français moderne était également utilisé en arabe. Ce dernier terme s’imposera progressivement en Europe pour le remplacer complètement au 13ème siècle alors qu’ils prenaient le pouvoir en Égypte. En Perse, les ghulams désignaient des esclaves islamisés qui faisaient allégeance personnelle au chah perse.

[11] Le Zanguebar ou Zanj, voire Zingium ou côte swahilie, sont des anciennes appellations de la même partie de la côte de l’Afrique orientale qui se trouve répartie aujourd’hui entre le Mozambique, la Tanzanie, le Kenya et la Somalie. Elle comporte aussi les îles côtières (archipel de Zanzibar, Comores...), et on y inclut parfois également la côte musulmane (nord-ouest) de Madagascar.

[12] chef de la police

[13] La Mecque est une ville de l’ouest de l’Arabie saoudite, non loin de la charnière séparant le Hedjaz de l’Asir, à 80 km de la mer Rouge, et capitale de la province de la Mecque. Lieu de naissance, selon la tradition islamique, du prophète de l’islam Mahomet à la fin du 6ème siècle, elle abrite la Kaaba au cœur de la mosquée Masjid Al-Haram (« La Mosquée sacrée ») et la tradition musulmane a lié sa fondation à Ibrahim (Abraham), ce qui en fait la ville sainte la plus sacrée de l’islam. L’accès est interdit aux personnes qui ne sont pas de confession musulmane ainsi qu’aux femmes seules, même musulmanes

[14] Les Abbassides sont une dynastie arabe musulmane qui règne sur le califat abbasside de 750 à 1258. Le fondateur de la dynastie, Abû al-Abbâs As-Saffah, est un descendant d’un oncle de Mahomet, Al-Abbas ibn Abd al-Muttalib. Proclamé calife en 749, il met un terme au règne des Omeyyades en remportant une victoire décisive sur Marwan II à la bataille du Grand Zab, le 25 janvier 750. Après avoir atteint son apogée sous Hâroun ar-Rachîd, la puissance politique des Abbassides diminue, et ils finissent par n’exercer qu’un rôle purement religieux sous la tutelle des Bouyides au 10ème siècle, puis des Seldjoukides au 11ème siècle. Après la prise de Bagdad par les Mongols en 1258, une branche de la famille s’installe au Caire, où elle conserve le titre de calife sous la tutelle des sultans mamelouks jusqu’à la conquête de l’Égypte par l’Empire ottoman, en 1517.

[15] traditionnel raid estival

[16] L’Anatolie ou Asie Mineure est la péninsule située à l’extrémité occidentale de l’Asie. Dans le sens géographique strict, elle regroupe les terres situées à l’ouest d’une ligne Çoruh-Oronte, entre la Méditerranée, la mer de Marmara et la mer Noire, mais aujourd’hui elle désigne couramment toute la partie asiatique de la Turquie

[17] Malatya est une ville de Turquie, préfecture de la province du même nom. La population de Malatya est principalement turque, mais la ville accueille aussi une minorité arménienne et kurde. Il s’agit de l’ancien emplacement de Mélitène, fort et chef lieu de la province romaine de l’Arménie. Mélitène fut un grand centre du christianisme monophysite. Byzantine, la ville tombe aux mains des Arabes au 7ème siècle. Basile 1er l’isole mais ne réussit pas à la prendre. Reprise par les Byzantins en 934, la cité est ensuite intégrée aux possessions de Philaretos Brakhamios, serviteur arménien de l’empire qui prend son autonomie à la mort de Romain IV Diogène, en 1071. Après sa chute en 1085, Mélitène est défendue par son lieutenant Gabriel contre les Seldjoukides, qui assiègent la cité en 1097. L’arrivée des Croisés les oblige cependant à lever le siège et à quitter la région. Malgré l’alliance avec Baudouin du Bourg, comte d’Édesse, Mélitène est prise en 1103 par les Danichmendides. Militène fut le siège du patriarcat jacobite de 1094 à 1293.

[18] Le Fars ou Pars est une des trente provinces d’Iran, au sud-ouest du pays. Sa capitale est Chiraz.

[19] La dynastie des Saffarides de Perse gouverna un éphémère empire centré sur le Seistan, une région frontalière entre l’Afghanistan et l’Iran actuels, entre 861 et 1003. La capitale des Saffarides était située à Zarandj dans l’actuel Afghanistan. La dynastie fut fondée par Ya`qûb ben Layth as-Saffâr, un homme d’origine modeste qui commença obscurément sa vie comme chaudronnier dans l’est de l’Iran, d’où son qualificatif qui donna son nom à la dynastie. Avec une armée composée à l’origine de milices plus ou moins contrôlées, majoritairement sunnites mais avec de nombreux kharidjites venus de Perse, battus et pourchassés par les gouverneurs omeyyades, Ya’kûb prit le contrôle de la région du Seistan, conquérant ensuite la plus grande partie de l’Iran actuel en utilisant cette région comme base de ses conquêtes. En 871, venant de Balkh, Ya’kûb ravage les temples bouddhistes de Bâmiyân avant de conquérir Kaboul et d’en chasser les Turki Shahis. Dès lors, ces territoires, jusque-là voués au bouddhisme, vont progressivement se convertir à l’islam. À sa mort, il avait conquis le Khorassan (mettant ainsi un terme à la dynastie régionale des Tahirides) ainsi que des parties du nord de l’Inde et de l’ouest de l’Iran, atteignant presque Bagdad. L’empire saffaride ne survécut guère à la mort de Ya`qûb.

[20] L’Ifriqiya représente une partie du territoire de l’Afrique du Nord de la période du Moyen Âge occidental, qui correspond à la province d’Afrique dans l’Antiquité tardive. elle était située dans le Maghreb el-Adna (Maghreb oriental). Le territoire de l’Ifriqiya correspond aujourd’hui à la Tunisie, à l’est du Constantinois (nord-est de l’Algérie) et à la Tripolitaine (nord-ouest de la Libye). C’est sous ce nom que ce territoire est connu au moment de l’arrivée des Arabes musulmans et de la résistance qui leur est opposée par les populations berbères partisanes des religions libyque, chrétienne ou juive. Le continent africain, dont la partie nord-ouest, seule connue, était autrefois nommée « Libye » par Hérodote, tire donc son nom de cette dénomination que les Romains imposèrent par leur conquête.

[21] Les Aghlabides ou Banû El Aghlab sont une dynastie d’émirs issue de la tribu arabe des Banu Tamim. Deuxième dynastie arabe après les Muhallabides ayant régné sur l’Ifriqiya au nom du calife abbasside, de 800 à 909, elle compte onze souverains avant d’être évincée avec l’installation des Fatimides.

[22] Alexandrie est une ville en Égypte. Elle fut fondée par Alexandre le Grand en -331 av. jc. Dans l’Antiquité, elle a été la capitale du pays, un grand centre de commerce (port d’Égypte) et un des plus grands foyers culturels hellénistiques de la mer Méditerranée centré sur la fameuse bibliothèque, qui fonda sa notoriété. La ville d’Alexandrie est située à l’ouest du delta du Nil, entre le lac Maréotis et l’île de Pharos. Cette dernière était rattachée à la création de la ville par l’Heptastade, sorte de digue servant aussi d’aqueduc, qui a permis non seulement l’extension de la ville mais aussi la création de deux ports maritimes.

[23] le Caire

[24] nom honorifique : en général c’est un adjectif ou une expression plutôt flatteurs. Attribué durant la vie d’une personne pour ses actions, il vient compléter le nom proprement dit.

[25] La Djézireh, Jazîra ou (la) Jezire, partie du Nord de la Mésopotamie correspondant à la région géographique de la Haute Mésopotamie, est une ancienne province de Syrie située au nord-est de ce pays, le long des frontières avec la Turquie et l’Irak. Elle correspond quasiment à l’actuel gouvernorat d’Al-Hasaka.

[26] Tarse est située sur la rivière Tarsus. À l’origine, Tarse était un port maritime important. Aujourd’hui, ce port se trouve à une quinzaine de kilomètres à l’intérieur des terres, à cause d’un envasement important. D’origine hittite, comme la plupart des villes de Cilicie, Tarsus fut tour à tour assyrienne, perse, grecque, romaine, byzantine, arabe, arménienne et, pour terminer, ottomane et turque. Tarse est la ville natale de saint Paul, dit de Tarse, un juif et citoyen romain du nom de Saül.

[27] La Cilicie est une région historique d’Anatolie méridionale et une ancienne province romaine située aujourd’hui en Turquie. Elle était bordée au nord par la Cappadoce et la Lycaonie, à l’ouest par la Pisidie et la Pamphylie, au sud par la mer Méditerranée et au sud-est par la Syrie. Elle correspond approximativement aujourd’hui à la province turque d’Adana, une région comprise entre les monts Taurus, les monts Amanos et la Méditerranée.

[28] Pays du Caucase situé sur la ligne de division entre l’Europe et l’Asie. Sa capitale est Bakou, sa langue officielle est l’azéri et sa monnaie est le manat. Du 7ème au 10ème siècles, la région connaît un essor politique, sous les Sajides, les Chirvanchahs, les Salarides, les Ravvadides et les Cheddadides. Au 12ème siècle, après l’effondrement de l’Empire seldjoukide, les Atabegs d’Azerbaïdjan règnent depuis leur capitale de Nakhitchevan, puis d’Ardabil, et enfin de Tabriz, sur l’Azerbaïdjan iranien actuel et sur l’Arran (l’Azerbaïdjan moderne). Leur territoire est ensuite conquis par le Khwarezmchahs Jalal ad-Din au 13ème siècle, dont l’État succombe ensuite aux Mongols. Au 13ème siècle, l’Empire mongol des Khulaguides est fondé, avec sa capitale à Tabriz.

[29] Ardebil, également Ardabil, anciennement Artavil, est une ville historique de nord-ouest de l’Iran et la capitale de la province d’Ardabil. La ville est réputée pour sa tradition de fabrication de soie et de tapis. C’est ici que se trouve la tombe de Sheikh Safî ad-Dîn, qui donna son nom à la dynastie Safavide.

[30] Le gouvernorat du Fayoum est l’un des gouvernorats de l’Égypte située dans le centre du pays. Sa capitale est la ville également appelée Médinet el-Fayoum, à 130 kilomètres au sud-ouest du Caire. Le Fayoum proprement dit est une oasis du désert de Libye, sa frontière orientale étant environ à 30 kilomètres à l’ouest du Nil. Couvrant une surface de 1 270 km², le Fayoum est une région distincte de la vallée du Nil et d’autres oasis de désert : ses champs sont arrosés par un canal venant du Nil, Bahr Youssef. L’eau s’écoule dans une dépression du désert à l’ouest de la vallée du Nil, le lac Fayoum, un grand lac d’eau douce dans l’antiquité, mais actuellement de dimension plus modeste et dont l’eau est salée. Grâce au Bahr Youssef, le Fayoum est une riche région agricole. Le Fayoum était un des principaux greniers à blé du monde antique.

[31] Raqqa, est une ville du centre de la Syrie. C’est la capitale éponyme du gouvernorat de Raqqa. Située dans le Nord du pays, la ville de Raqqa est établie sur les rives de l’Euphrate en aval du lac el-Assad, à 170 km à l’est d’Alep. Elle doit sa fondation sous le nom de Nikephorion, au roi Séleucos 1er qui règne de 305 à 281 av. jc. Vers 244, Séleucos II fait agrandir la ville et la renomme d’après son surnom Kallinikos (latinisé en Callinicum) signifiant « grand vainqueur ». Elle fait alors partie de l’Osroène.

[32] des opposants politiques importants au sein de la cour abbasside

[33] Bassora ou Bassorah ou Basra est la deuxième ville d’Irak, après Bagdad, la capitale. C’est la capitale de la province d’Al-Basra. Principal port du pays, la ville est située sur le Chatt-el-Arab, estuaire commun des fleuves Tigre et Euphrate, à 55 km en amont du golfe Persique et à 550 km de Bagdad. Bassora est, avec Koufa (située plus au nord), un ancien « misr » (au pluriel « amsar » : ville-camp), bâtie en 638 par Omar, le deuxième calife bien-guidé, lors de l’expansion musulmane. Afin de maintenir la distinction entre « croyants » (les convertis à l’islam) et les autres populations, les musulmans y vivaient. Ce confinement ethnique et religieux a, à maintes reprises, fait de la ville un lieu de bouillonnement idéologique.

[34] Le hajj est le pèlerinage que font les musulmans aux lieux saints de la ville de La Mecque, en Arabie saoudite. C’est entre les 8 et 13 du mois lunaire de Dhou al-hijja, celui du pèlerinage, douzième mois de l’année musulmane, qu’a lieu le grand pèlerinage à La Mecque, qui constitue le cinquième pilier de l’islam sunnite et fait partie des auxiliaires de la foi chiite. Il a ainsi un caractère obligatoire, inscrit dans le Coran, pour tout musulman qui en a la capacité financière et physique. S’il peut être effectué plusieurs fois, le hajj n’est néanmoins obligatoire qu’une seule fois au cours de la vie du croyant. Le mot hâjj (féminin hâjja) désigne toute personne qui a accompli ce pèlerinage. Il est alors accolé au nom de la personne, comme marque honorifique quand on s’adresse à elle.

[35] également appelée Antioche de Commagène, une ancienne cité dont les ruines se situent dans l’actuelle province d’Adıyaman, près de l’Euphrate, en Turquie

[36] La dynastie hamdanide est une dynastie arabe d’émirs chiites (890-1004) originaires de la partie Est de la Djazira, qui règne sur un espace allant du nord de l’Irak à la Syrie. Les capitales de cet émirat sont Mossoul et Alep. La famille des hamdanides descend de ‘Adi b. Ousama b. Taghlib, membre de la tribu des Banu Taghlib. Cette dynastie apparaît dans un contexte d’affaiblissement du pouvoir central abbasside, qui voit dans cette période du 10ème siècle l’émancipation et l’affirmation de petites dynasties qui s’emparent des pouvoirs temporels et spirituels du califat à une échelle locale ou régionale. Les Hamdanides constituent une de ces dynasties autonomes gouvernées par des émirs.

[37] Sud de la Mésopotamie La Sawâd désigne la zone humide, marécageuse et irriguée du sud de la Mésopotamie du Sud d’Al-Hila jusqu’au Golfe. La partie Nord de la Mésopotamie qui s’appelait la Djézireh, est en partie en Syrie actuelle.