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Othon-Henri du Palatinat ou Othon-Henri de Wittelsbach

dimanche 10 décembre 2023, par lucien jallamion

Othon-Henri du Palatinat ou Othon-Henri de Wittelsbach (1502-1559)

Duc de Neubourg puis électeur palatin

Dernier représentant des branches de Palatinat et de Bavière-Landshut de la maison de Wittelsbach [1], par ses deux grands-pères.

Converti à la Réforme [2], il favorise l’essor du luthéranisme [3] dans ses États et dans l’Empire. C’est également un prince éclairé, mécène et collectionneur d’art, bibliophile et amateur d’occultisme et d’alchimie mais piètre gestionnaire.

À la suite de la guerre de succession de Landshut [4], il hérite en 1505 d’une partie des biens de ses deux aïeux, composant le duché de Palatinat-Neubourg [5]. Trop jeune pour régner, il est mis sous la tutelle de son oncle le prince puis électeur Fréderic, qui réside souvent à la cour de Charles Quint.

Une fois émancipé, il règne nominalement avec son jeune frère Philippe le Consciencieux. Ils se répartissent le territoire du duché dans un premier temps en 1535, avant qu’Othon-Henri ne parvienne à évincer purement et simplement son cadet en 1541. Philippe doit se réfugier chez ses oncles à Heidelberg [6], où il vit dans la dépendance en raison de sa grande gêne financière.

Othon-Henri mène grand train dans son château de Neubourg sur le Danube [7], promouvant les arts et entretenant une cour fastueuse qui le met à plusieurs reprises au bord de la banqueroute. Il doit même réclamer au roi de Pologne [8] le paiement de la partie de la dot de sa grand-mère, Hedwige Jagellon, qui n’avait pas été versée lors de ses noces avec Georges le Riche.

À partir de 1527, il fait reconstruire le château selon les préceptes de la Renaissance italienne. Il épouse en 1529 sa cousine Suzanne de Bavière , fille du duc Albert IV de Bavière et veuve du margrave [9] de Kulmbach Casimir de Brandebourg-Culmbach , dont il n’aura pas d’enfants.

Bibliophile passionné, il constitue une bibliothèque particulièrement riche en saisissant systématiquement les livres appartenant aux monastères dans ses états. Il fait enluminer des manuscrits prestigieux comme la fameuse bible en langue allemande qui porte son nom ou des traités d’alchimie. À côté de la traditionnelle dimension dynastique, ses collections sont marquées par le conflit religieux qui traverse l’Allemagne du 16ème siècle, donnant une large part aux ouvrages théologique et de controverse. En 1543, sous l’influence du théologien Andreas Osiander, il se convertit à la Réforme protestante, ce qui provoque sa mise au ban de l’Empire lors de la diète de Ratisbonne [10] en 1546.

Les troupes impériales occupent le duché et Othon-Henri doit fuir en Palatinat pendant la guerre de Smalkalde [11]. Il ne retrouve ses états que 6 ans plus tard, en 1552, grâce à la révolte des princes contre Charles Quint. Lors des pourparlers en vue de la paix de Passau [12], il réclame une liberté confessionnelle totale pour les protestants. À la mort de son oncle Frédéric II de Palatinat, en 1556, il hérite du trône électoral et devient comte palatin du Rhin [13] et prince électeur du Saint Empire. Par le traité de Heidelberg de 1557, il lègue son duché de Neubourg à son lointain cousin le duc Wolfgang de Deux-Ponts dit Wolfgang de Bavière .

Son règne comme prince électeur est marqué par la restauration du luthéranisme, suspendu après la capitulation de Frédéric II pendant la guerre de Smalkalde. Il poursuit son mécénat, favorise l’humanisme, réforme l’université de Heidelberg [14] et augmente le château des princes électeurs d’une nouvelle aile de style Renaissance qui porte aujourd’hui son nom. Il fait transférer sa bibliothèque depuis Neubourg et saisit encore une fois une partie des bibliothèques des églises de ses États, notamment celles de l’Église du Saint-esprit de Heidelberg [15], qu’il ajoute à ses propres collections.

Ce fonds princier forme aujourd’hui la“ bibliotheca palatina” de l’université de Heidelberg. Il meurt dans cette dernière ville le 12 février 1559 et son corps est déposé à l’Église du Saint-Esprit. Comme toutes les sépultures princières de la ville, ses ossements sont profanés et dispersés lors du sac du Palatinat en 1693. Son décès marque l’extinction de la branche ainée des Wittelsbach. C’est son cousin éloigné, le duc de Palatinat-Simmern qui devient Électeur Palatin [16] sous le nom de Frédéric III du Palatinat .

P.-S.

SSource : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Klaus Reichold, Petra Raschke, Der Himmelsstürmer : Ottheinrich von Pfalz-Neuburg(1502-1559), Ratisbonne, éditions Friedrich Pustet, 2004

Notes

[1] La Maison de Wittelsbach est une famille souveraine d’Allemagne occidentale, l’une des plus anciennes et des plus puissantes du Saint Empire romain germanique. Elle a régné en particulier sur la Bavière et sur le Palatinat, et a donné des souverains au Saint Empire, à la Suède et à la Grèce.

[2] La réforme protestante, également appelée “la Réforme”, amorcée au 16ème siècle, est une volonté d’un retour aux sources du christianisme et aussi, par extension, un besoin de considérer différemment la religion et la vie sociale.

[3] Le luthéranisme est la théologie qui trouve son origine dans la pensée et les écrits du théologien et moine augustin allemand Martin Luther, à partir de 1517. Ce courant de pensée a favorisé plus généralement l’émergence d’une théologie protestante et d’églises protestantes au cours du 16ème siècle, tout en restant la référence dogmatique principale du courant théologique d’églises protestantes luthériennes, notamment en Allemagne et dans les pays scandinaves. Du fait des circonstances historico-politiques, d’importantes églises luthériennes se sont constituées dans d’autres régions ou pays, en Alsace et Lorraine, à Madagascar, en Pologne, dans les pays baltes notamment. Le luthéranisme concerne à la fois la foi d’individus se revendiquant protestants luthériens, les Églises luthériennes et un corpus théologique et ecclésiologique. La théologie de Luther est le bien commun de l’ensemble de la Réforme protestante. Le luthéranisme est ainsi une branche du protestantisme, qui est lui-même un courant du christianisme.

[4] La guerre de Succession de Landshut (1503-1505) est une guerre qui opposa les deux parties du Duché de Bavière : la Bavière-Munich et la Bavière-Landshut. Cette dernière reçut l’aide du Palatinat du Rhin, un allié de longue date. Cette guerre permit la réunification du duché de Bavière au profit de la branche de Munich.

[5] Le duché de Palatinat-Neubourg, parfois aussi appelé le Nouveau Palatinat (Junge Pfalz), est un ancien État du Saint Empire romain germanique qui a été créé en 1505 à la suite de la guerre de succession de Landshut. Neubourg sur le Danube fut choisie comme capitale. Il fut donné aux enfants de Robert de Palatinat (fils du comte électeur Philippe 1er du Palatinat) et d’Élisabeth de Bavière Landshut, les princes Othon Henri et Philippe (n’ayant pu hériter de la totalité des terre de leur grand-père maternel, le dernier duc de Bavière Landshut, Georges le Riche, les deux princes avaient reçu en compensation des terres indivises dans le nord de l’ancien duché, qui sont devenues le Palatinat Neubourg). Philippe fut évincé par son frère qui régna seul à partir de 1541. La mort de leur oncle Frédéric II, en 1556, permet à Othon Henri de devenir électeur palatin. À la mort de l’Électeur Othon Henri en 1559, ses possessions sont partagées au Traité de Heidelberg : le Palatinat revient à la lignée des Palatinat-Simmern et le duché de Palatinat Neubourg à Wolfgang de Bavière, déjà duc de Deux-Ponts.

[6] Le château de Heidelberg est un château situé sur un coteau surplombant la ville de Heidelberg dans le Bade-Wurtemberg dans le Sud-Ouest de l’Allemagne. Sa construction date du 13ème siècle. Sa façade principale est orientée vers le nord. Inséré entre deux collines, il contrôlait la vallée du Neckar, au centre de laquelle s’est construite la ville de Heidelberg. Édifié entre 1294 et 1303, le château fut la résidence des électeurs palatins. Pendant la guerre Bade-Palatinat de 1461 à 1463, l’électeur palatin Frédéric 1er fait conduire ses prisonniers en son château de Heidelberg et les met aux fers jusqu’au règlement de leur rançon. Le 27 mai 1652 y naquit Élisabeth-Charlotte de Bavière, fille de l’électeur Charles-Louis. La princesse fut mariée à Philippe d’Orléans, frère du roi Louis XIV de France et fut la mère du Régent et de la duchesse-régente de Lorraine et de Bar.

[7] Neubourg-sur-le-Danube est une ville d’Allemagne, située dans l’arrondissement de Neuburg-Schrobenhausen, en Bavière.

[8] Le royaume de Pologne est dirigé alternativement par des ducs et des rois de 960 à 1320, puis uniquement par des rois jusqu’à sa disparition comme royaume indépendant en 1795. Les premières dynasties polonaises sont héréditaires ː les Piast, qui règnent jusqu’en 1370, et les Jagellon, sous lesquels le pays connaît son apogée territorial de 1386 à 1572. Avec l’extinction de la dynastie des Jagellon la monarchie parlementaire polonaise devient élective, et c’est l’assemblée de tous les nobles qui élit le roi. Le dernier roi de Pologne, Stanisław II August, abdique en 1795, suite aux partages du royaume par les puissances voisines. L’État polonais cesse d’exister.

[9] Le titre de margrave était donné aux chefs militaires des marches (ou mark), dans l’empire carolingien, puis à certains princes du Saint Empire romain germanique. Le titre équivalent en français est marquis. Le margraviat est la juridiction sur laquelle il a autorité.

[10] La Diète d’Empire, officiellement Diaeta Imperii ou Comitium Imperiale, était une institution du Saint-Empire chargée de veiller sur les affaires générales et de trouver une solution aux différends qui pourraient s’élever entre les États confédérés.

[11] La guerre de Smalkalde est le conflit qui opposa les forces de l’empereur du Saint Empire romain germanique, Charles Quint, commandées par le duc d’Albe et le duc de Saxe, à celles de la ligue luthérienne de Smalkalde. Elle se déroule exclusivement sur les terres du Saint Empire.

[12] La paix de Passau est un traité signé par l’empereur Charles Quint le 2 août 1552, après une courte guerre contre les princes luthériens de la ligue de Smalkalde, garantissant la liberté de culte aux protestants.

[13] La dignité de comte palatin du Rhin tire son origine de la dignité plus ancienne des comtes palatins de Lotharingie. Le titre apparut à la mort de Hermann II, comte palatin de Lotharingie de la dynastie des Ezzonides ; sa veuve Adélaïde de Weimar-Orlamünde apporta alors la dignité de comte palatin en dot à son nouvel époux Henri II de Laach. L’Empereur à cette occasion s’assure d’en réduire le pouvoir, afin d’éviter l’émergence d’une dynastie rivale comme ce fut le cas avec les Ezzonides. Le titre fut assorti d’un territoire dont l’extension se modifia au cours des siècles, le Palatinat du Rhin. Les comtes palatins du Rhin étaient également les premiers électeurs du Saint Empire avec la charge d’archi-sénéchal d’Empire, d’où leur nom d’Électeur palatin. En 1214, la dignité échut à la maison de Wittelsbach en la personne de Louis 1er de Bavière à partir duquel elle devint de fait héréditaire. Cette maison transmit à plusieurs branches collatérales le titre assorti de possessions familiales.

[14] L’université de Heidelberg, située à Heidelberg, en Bade-Wurtemberg, est la plus ancienne université allemande.

[15] Heidelberg est une ville située sur les deux rives du Neckar, dans le Land de Bade-Wurtemberg au sud-ouest de l’Allemagne. Heidelberg a été l’un des foyers de la réforme protestante et a accueilli Martin Luther en 1518. La ville est l’ancienne résidence du comte palatin, l’un des sept princes électeurs du Saint Empire romain germanique. Elle a été en partie détruite par l’armée française de Louis XIV lors de la dévastation du Palatinat en 1689 (guerre de la Ligue d’Augsbourg) et son célèbre château fut dévasté à cette époque.

[16] Le palatinat du Rhin, l’électorat palatin, ou encore en forme longue le comté palatin du Rhin, aussi connu sous le nom de Bas Palatinat ou de Palatinat inférieur, possession du comte palatin du Rhin, était l’un des sept plus anciens électorats du Saint Empire romain germanique. Son souverain était appelé électeur palatin. Situé de part et d’autre du Rhin, il avait pour limites : au sud, la Lorraine et l’Alsace (et comprenait le bailliage de Seltz de 1418 à 1766) ; à l’ouest et au nord, Trèves, Mayence et Liège ; de l’autre côté du Rhin, Bade et le Wurtemberg. Il avait dans sa plus grande largeur 125 km, et sa capitale était Heidelberg. Les principales autres villes étaient Mannheim et Frankenthal. Son territoire s’étendait sur les actuels länder de Bade-Wurtemberg, de Hesse, de Rhénanie-Palatinat, de Sarre et sur l’Alsace-Moselle.