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L’histoire pour le plaisir

Jean VI Cantacuzène

jeudi 9 novembre 2023, par lucien jallamion

Jean VI Cantacuzène (vers 1295-1383)

Empereur byzantin du 13 mai 1347 au 10 décembre 1354

Fils de Michel Cantacuzène , gouverneur de Morée [1] et de Théodora Paléologue Ange-Comnène.

Jean Cantacuzène est cousin d’ Andronic III Paléologue , qui le crée grand domestique [2], ce qui le place en seconde position dans la hiérarchie byzantine [3].

Le 23 mai 1328, il participe à la prise de Constantinople [4] par Andronic III et à la déposition d’Andronic II Paléologue. Il devient alors, en fait, le premier ministre du nouveau gouvernement, décidant de toutes les nominations et contrôlant les affaires de l’État.

À plusieurs reprises il refuse le titre de co-empereur ou de régent, préférant soutenir les droits de l’empereur régnant.

À la mort d’Andronic III, il devient régent de facto de l’Empire, malgré l’absence d’instructions de l’empereur défunt. Il se heurte cependant à l’opposition d’une fraction importante de la population de l’Empire et, en particulier, du patriarche Jean XIV Kalékas .

Pressé par Alexis Apokaukos de se faire proclamer empereur, Jean Cantacuzène refuse afin de préserver les droits de la dynastie Paléologue et propose de se retirer des affaires. L’impératrice Jeanne de Savoie le persuade de demeurer à la tête du gouvernement et il part bientôt commander une expédition militaire afin de rétablir l’ordre en Macédoine  [5] puis en Thrace [6].

Apokaukos profite de son absence pour persuader le patriarche Kalékas ainsi que l’impératrice que Jean VI Cantacuzène est un usurpateur et un danger pour la paix. Réfugié à Didymotique [7], il s’y fait proclamer empereur par ses partisans le 26 octobre 1341. La noblesse d’Andrinople [8] annonce alors l’élection de Jean Cantacuzène au trône impérial, provoquant une rébellion populaire. L’insurrection gagne ensuite les principales villes de l’Empire.

À partir d’avril 1343, plusieurs villes de Macédoine et de Thessalie [9], abandonnant le parti d’Apokaukos, reconnaissent Jean VI Cantacuzène comme empereur. Alors qu’il s’était jusque-là rallié à lui, le roi Stefan Uroš IV Dušan de Serbie rappelle les troupes qu’il avait mises à sa disposition, l’isolant militairement dans Thessalonique [10]. En 1344, le propre fils d’Apokaukos, Manuel Apokaukos, se rallie à Cantacuzène, suivant en cela l’exemple de Jean Vatatzès, lui-même parent du patriarche Kalékas.

Les ralliements s’accentuèrent après l’assassinat d’Apokaukos, le 11 juin 1345.

Le 21 mai 1346, Jean Cantacuzène confirme sa proclamation comme empereur en acceptant de recevoir la couronne impériale à Andrinople des mains du patriarche de Jérusalem [11], mais il refuse catégoriquement de faire proclamer son fils Mathieu comme empereur associé. Finalement, le 3 février 1347, il entre à Constantinople.

Devenu empereur, Jean Cantacuzène prend le titre de Jean VI, montrant ainsi qu’il refuse la préséance de rang sur l’empereur légitime, Jean V Paléologue. Cet arrangement n’est cependant pas du goût de la famille Paléologue [12], qui persiste à ne voir en lui qu’un usurpateur.

Soucieux de ramener la paix dans l’Empire, il accorde une amnistie générale à ceux qui l’avaient combattu, à l’exception de Jean XIV Kakélas qui refusa toujours d’être pardonné comme de lui pardonner et maintint l’excommunication qu’il avait prononcée contre lui en 1341.

Il est couronné en l’église de la Vierge des Blachernes [13] par le nouveau patriarche Isidore 1er de Constantinople , le 13 mai 1347. Signes révélateurs de la pauvreté de l’Empire, le couronnement ne peut avoir lieu à Sainte-Sophie [14], trop délabrée, les joyaux de la couronne étant remplacés par de la verroterie et la vaisselle était de terre cuite.

Né sous les dernières années du règne d’Andronic III, le mouvement de l’hésychasme [15] s’amplifie sous le règne de Jean VI menaçant l’intégrité de l’Église orthodoxe. Jean VI lui-même soutient les hésychastes qui, menés par Grégoire Palamas , l’avaient soutenu contre Kakélas et Jeanne de Savoie.

En 1351, Jean VI fait réunir un concile qui s’ouvre sous sa présidence au palais des Blachernes le 28 mai 1351. Le concile conclut à la conformité de l’hésychasme par rapport à l’orthodoxie. Le tomos contenant les décisions officielles du concile est proclamé en la basilique Sainte-Sophie le 15 août suivant, puis cosigné par l’empereur Jean V Paléologue en février 1352.

Le règne de Jean VI est marqué par de nombreux troubles intérieurs, tant sur le plan social que sur le plan militaire.

La peste noire s’abat sur l’Empire dès la première année du règne, ravageant notamment Constantinople, aggravant l’état de découragement et d’apathie dans lequel se trouvaient les byzantins après deux guerres civiles. Ses anciens alliés et ceux d’Anne de Savoie se font menaçants, notamment Etienne V ou Stefan Uroš V , tsar de Serbie [16] ;

Il doit faire face aussi à une opposition populaire et religieuse, et à une révolte des Zélotes [17] à Thessalonique.

En août 1348 les Génois [18] envahissent la Corne d’Or [19] et incendient la flotte byzantine. Il doit céder aux Génois Salymbrie [20] et Héraclée [21] en 1352, malgré le concours des Vénitiens [22] et doit faire face à une nouvelle guerre civile, qui l’oppose à Jean V, dès 1351.

Il abandonne la division de l’empire en thèmes [23] et inaugure le système des apanages. L’Empire est alors divisé en trois régions : la Thrace avec Constantinople, la Morée byzantine, Thessalonique, qui reste favorable aux Paléologues.

La population de Constantinople demeure cependant attachée à la dynastie légitime des Paléologues, et en particulier à Jean V et s’oppose de plus en plus nettement à Jean VI. L’opposition se renforce en avril 1353 lorsque Jean VI fait proclamer coempereur son fils Mathieu Cantacuzène.

Ce couronnement provoque l’irritation du patriarche Calliste 1er de Constantinople , qui abdique et est remplacé par Philothée Kokkinos , partisan déclaré de Jean VI.

Le 22 novembre 1354, Jean V Paléologue entre à Constantinople, où il est acclamé par la foule. Le 1er décembre suivant, il signe avec Jean VI un accord de gouvernement aux termes duquel les deux hommes exercent en commun le pouvoir, tandis que Mathieu Cantacuzène demeurait empereur indépendant d’Andrinople jusqu’à sa mort.

Finalement, le 10 décembre 1354, Jean VI abdique et revêt l’habit monastique en prenant le nom de Joasaph Cantacuzène. Il entre au couvent Saint-Georges-des-Manganes [24], à Constantinople. Il s’installe plus tard au monastère de la Néa Péribleptos. Il meurt à Mistra [25] auprès de son fils Manuel.

Son épouse, Irène, prend également le voile sous le nom d’Eugénie et se retire au couvent de Kyra Martha.

Jean Cantacuzène consacrera la fin de sa vie à l’écriture de ses Mémoires, qui sont achevés en 1369.

Il épousa avant 1320 Irène de Bulgarie, morte entre 1363 et 1379, fille d’ Andronic Asen , prince bulgare.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Donald MacGillivray Nicol, The Reluctant Emperor : a biography of John Cantacuzene, Byzantine emperor and monk, c. 1295-1383, Cambridge University Press, 1996.

Notes

[1] Le despotat de Morée était une province de l’Empire byzantin, puis un État grec plus ou moins dépendant de cet Empire, État fondé au milieu du 14ème siècle dans la péninsule du Péloponnèse, ayant pour capitale la cité de Mistra près de l’ancienne Sparte. La taille de son territoire a varié au cours de son existence, mais a fini par inclure presque toute la péninsule. Le territoire était généralement dirigé par un ou plusieurs fils de l’empereur byzantin contemporain, voire à un membre de la famille impériale à qui on donnait le titre de despote. Son équivalent le plus proche est prince, un despotat correspondant donc à une principauté.

[2] c’est-à-dire chef des armées

[3] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[4] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[5] La Macédoine est une région géographique et historique de l’Europe du sud et de la péninsule des Balkans qui tire son nom du royaume antique de Macédoine et qui est actuellement répartie sur plusieurs pays : la Grèce, la Macédoine du Nord, la Bulgarie, mais aussi, selon certaines cartes, quelques petits territoires en Albanie orientale et en Serbie méridionale, le long de leurs frontières.

[6] La Thrace désigne une région de la péninsule balkanique partagée entre la Grèce, la Bulgarie et la Turquie ; elle doit son nom aux Thraces, la peuplade qui occupait la région dans l’Antiquité. Au 21ème siècle, la Thrace fait partie, à l’ouest, de la Grèce, Thrace occidentale, au nord, de la Bulgarie et, à l’est, de la Turquie, Thrace orientale.

[7] Didymotique est une ville de Thrace, située au nord-est de la Grèce dans le dème du même nom et le district régional de l’Évros. Le nom peut être romanisé de plusieurs façons et plusieurs graphies sont donc utilisées.

[8] Edirne (autrefois Andrinople ou Adrianople) est la préfecture de la province turque du même nom, limitrophe de la Bulgarie et de la Grèce. Elle est traversée par la Maritsa (Meriç en turc).

[9] La Thessalie est une région historique et une périphérie du nord-est de la Grèce, au sud de la Macédoine. Durant l’antiquité cette région a, pour beaucoup de peuples, une importance stratégique, car elle est située sur la route de la Macédoine et de l’Hellespont. Elle possédait un important port à Pagases. Le blé et le bétail sont les principales richesses de la région et une ressource commerciale vitale. La Thessalie est aussi l’une des rares régions de Grèce où l’on peut pratiquer l’élevage des chevaux, d’où l’importante cavalerie dont disposaient les Thessaliens.

[10] Thessalonique ou Salonique est une ville de Grèce, chef-lieu du district régional du même nom, située au fond du golfe Thermaïque. Aujourd’hui, elle est la capitale de la périphérie (région) de Macédoine centrale en Macédoine grecque mais aussi celle du diocèse décentralisé de Macédoine-Thrace.

[11] Le Patriarche latin de Jérusalem est l’un des patriarches catholiques orientaux. C’est le titre le plus ancien parmi tous les patriarches catholiques orientaux puisqu’il date de 1099 et le seul de rite latin. En effet, après la prise de Jérusalem par les croisés en 1099, une structure religieuse, le patriarcat latin, est créée à Jérusalem en complément d’une structure temporelle, qui sera le royaume de Jérusalem.

[12] La maison Paléologue est une famille noble d’origine grecque dont est issue la dernière dynastie ayant gouverné l’Empire byzantin. Originaires de Macédoine, les Paléologues s’illustrèrent surtout comme commandants militaires et gouverneurs de provinces. Après la quatrième croisade, divers membres de la famille s’établirent en Épire ou trouvèrent refuge dans l’Empire de Nicée voisin où Michel VIII usurpa le trône en 1259, reprit Constantinople et fut couronné empereur byzantin en 1261. Ses descendants gouvernèrent l’empire jusqu’à la chute de Constantinople aux mains des Turcs ottomans le 29 mai 1453. Pendant cette période, la famille Paléologue gouverna également, de façon intermittente, le despotat de Morée. D’autres s’établirent en Italie où une branche des Paléologues deviendra seigneur de Montferrat, héritage qui sera transféré ultérieurement à la famille Gonzague, qui régnait sur le duché de Mantoue.

[13] L’église Sainte-Marie-des-Blachernes, appelée aussi Sainte-Marie-Mère-de-Dieu était le sanctuaire le plus sacré de Constantinople. Elle faisait partie du quartier des Blachernes, situé au nord de Constantinople entre le monastère de Chora, la porte d’Andrinople et la Corne d’Or. On y trouvait également les palais d’Alexis Comnène, d’Anastase et du Porphyrogénète, la tour d’Isaac Ange et l’une des 24 portes de la muraille de Théodose II, laquelle fut modifiée sous le règne d’Héraclius pour englober l’église. Détruite ou détériorée à plusieurs reprises au cours des siècles, par divers incendies, séismes et le plus récemment lors du pogrom d’Istanbul de 1955, elle fut restaurée à nombre d’occasions, la plus récente étant en 1960. Sa fontaine est un lieu de pèlerinage pour les chrétiens orthodoxes et pour les musulmans

[14] Ancienne église chrétienne de Constantinople du vie siècle, devenue une mosquée au 15ème siècle sous l’impulsion du sultan Mehmet II. Elle est édifiée sur la péninsule historique d’Istanbul. Depuis 1934, elle n’est plus un lieu de culte mais un musée. Depuis 2020 de nouveau une mosquée

[15] L’hésychasme est une pratique spirituelle mystique enracinée dans la tradition de l’Église orthodoxe et observée par l’hésychaste. L’hésychasme vise la paix de l’âme ou le silence en Dieu. Cet usage trouve son expression dans la Philocalie des Pères neptiques, recueil de traités et de conseils concernant la vie spirituelle et la pratique de la prière.

[16] La Rascie est l’une des plus importantes principautés serbes du Moyen Âge. Établie à la fin du 11ème siècle, c’est à partir de celle-ci qu’est constitué le royaume de Serbie puis l’Empire serbe, après l’arrivée au pouvoir des Nemanjić. Par la suite, le terme de Rascie reste utilisé pour désigner l’ancienne principauté aussi bien que la Serbie d’alors. Ainsi, au 14ème siècle, la principauté du knèze Lazar Hrebeljanović (Lazareva zemlja), est désignée par les Hongrois comme royaume de Rascie.

[17] Les Zélotes, sont les groupes qui combattent le pouvoir romain les armes à la main pendant la Première Guerre judéo romaine. Appelés aussi Galiléens, ils se révoltent initialement contre le recensement de Quirinius en 6 : le recensement viole d’une part un interdit biblique (seul Dieu est le comptable autorisé des âmes) mais d’autre part prépare l’institution de l’impôt « par tête ». En se radicalisant, ils finissent par s’attaquer aussi bien à leurs compatriotes jugés timorés ou soupçonnés de collaborer avec les Romains, qu’aux païens qui pensent-ils souillent la Terre promise par leur seule présence. Les Zélotes constituent un des courants actifs du judaïsme du premier siècle. Secte juive anti-romaine, ils sont les principaux instigateurs de la révolte contre Rome : ils se défendent contre Titus avec acharnement, pendant le siège et après la prise de Jérusalem, en 70. La répression romaine est sans appel : ceux qui sont faits prisonniers sont crucifiés. Beaucoup préfèrent mourir dans des suicides collectifs

[18] La République de Gênes est l’une des grandes républiques maritimes italiennes (ou thalassocratie) qui a duré près de 8 siècles, du milieu du 11ème siècle à 1797, après l’abdication du dernier doge de Gênes, Giacomo Maria Brignole.

[19] La Corne d’Or est un estuaire commun aux rivières Alibeyköy Deresi et Kağıthane Deresi qui se jettent dans le Bosphore à Istanbul. Cet emplacement qui forme un port naturel fut aménagé par les colons grecs pour former la ville de Byzance. Sous l’empire byzantin, les chantiers navals y étaient installés et un mur d’enceinte le long de la berge protégeait la ville des attaques navales.

[20] Silivri ou Sélymbrie est l’un des 39 districts de la ville d’Istanbul, en Turquie, situé sur la péninsule de Thrace, le long de la mer de Marmara en Turquie, à 67 kilomètres à l’ouest du centre.

[21] Héraclée de Trachis, est une ville de Thessalie, au sud est, près du mont Œta et du golfe Maliaque. Elle formait aux temps mythologiques un petit État appelé Trachinie, que soumit Héraclès. C’est là que demeurait Déjanire, femme du héros, et qu’Héraclès revêtit la fatale tunique de Nessos. Une tragédie de Sophocle, qui représente la mort d’Hercule, est intitulée Les Trachiniennes.

[22] La république de Venise, parfois surnommée « la Sérénissime », est une ancienne thalassocratie d’Italie, progressivement constituée au Moyen Âge autour de la cité de Venise, et qui s’est développée par l’annexion de territoires divers en Italie du Nord, le long des côtes de la mer Adriatique et en Méditerranée orientale : les « Domini di Terraferma », l’Istrie, la Dalmatie, les bouches de Cattaro, l’Albanie vénitienne, les îles Ioniennes, la Crète, l’Eubée, Chypre et d’autres îles grecques, jusqu’à devenir une des principales puissances économiques européennes.

[23] Les thèmes ont constitué des divisions administratives de l’Empire byzantin.

[24] Le monastère de Saint-Georges-des-Manganes est un ancien monastère de Constantinople situé dans le quartier des Manganes. Il fut démoli pour permettre la construction du palais de Topkapi.

[25] Fondée par les Francs, Mistra ne reste pas longtemps en leur possession. Fait prisonnier en 1259 à la Bataille de Pélagonia, Guillaume doit céder Mistra en même temps que d’autres forteresses à Michel VIII Paléologue, en guise de rançon. L’empereur fait alors de Mistra la capitale du Despotat de Morée, statut qu’elle conserve jusqu’à la chute de l’Empire byzantin. En 1348, l’empereur Jean VI Cantacuzène nomme son fils Manuel à la tête du despotat, marquant le début d’une période de prospérité, à la fois économique, mais surtout culturelle, pour la ville. Désormais, Mistra est gouvernée par les fils ou les frères des empereurs byzantins. Sous le despote Théodore, Mistra est la deuxième plus grande ville de l’Empire après Constantinople, et l’ancien palais de Guillaume II devient la deuxième résidence des empereurs.