Bienvenue sur mon site historique. Bon surf

L’histoire pour le plaisir

Accueil du site > De l’Antiquité à 400 av.jc > Thoutmôsis IV ou Djéhoutymès IV

Thoutmôsis IV ou Djéhoutymès IV

samedi 16 septembre 2023, par lucien jallamion

Thoutmôsis IV ou Djéhoutymès IV

Huitième pharaon de la XVIIIème dynastie

Fils d’Amenhotep II et de la reine Tiâa . Manéthon l’appelle Thutmosis et lui attribue un règne de 9 ans et 8 mois, ce que semblent confirmer les documents retrouvés, dont la date n’excède pas l’an 9.

On situe son règne aux alentours de 1401/1400 à 1390 av. jc. Il épouse Néfertari et Iaret , toutes les 2 grandes épouses royales. Des 6 fils qu’on lui connaît, l’aîné lui succède sous le nom d’Amenhotep III.

La mère de l’héritier, Moutemouia , n’est mentionnée dans aucun document du règne, elle serait une princesse mittanienne [1], fille d’ Artatama 1er, laquelle aurait adopté le nom de Moutemouia. Amenhotep III sort sa mère de l’anonymat en la faisant représenter notamment dans le temple de Louxor [2], sur un relief de la salle de la naissance, où elle est approchée par le dieu Amon pour concevoir l’enfant royal que Khnoum façonnera sur son tour de potier.

Nous ignorons dans quelles circonstances Thoutmôsis IV prend possession du trône. Il se peut qu’il soit devenu le maître des Deux Terres après avoir écarté l’héritier légitime. Cette hypothèse se fonde sur la stèle dite du Songe [3] que le roi fait élever entre les pattes du sphinx de Gizeh [4]. Il y évoque un prodige qui lui était arrivé alors qu’il était adolescent. Après une chevauchée dans la région de Memphis [5], il s’était assoupi à l’ombre du dieu. Pendant son sommeil, Rê-Harmakhis , le Sphinx lui-même, lui apparut et lui demanda d’ôter le sable qui l’ensevelissait petit à petit.

Certains ont vu dans cette prophétie une tentative de la part du roi de légitimer a posteriori un pouvoir qui ne lui revenait pas de droit. Cependant, la promesse du dieu d’Héliopolis [6] ne signifie pas nécessairement que Thoutmôsis ait usurpé le trône. En effet, dans une tombe de la nécropole thébaine, son précepteur Héqarneheh affirme avoir instruit le fils aîné du roi. Il n’y a probablement pas lieu d’y voir une tromperie, bien que la tombe soit contemporaine du règne. Toujours est-il que, en l’absence d’indices irréfutables, il nous est impossible d’infirmer avec certitude, ni de confirmer, une usurpation du pouvoir, tant la documentation concernant Thoutmôsis IV est réduite.

Pendant ses 9 années de règne, Thoutmôsis IV profite de la paix et de la stabilité que ses prédécesseurs avaient assurées à l’Égypte. Il n’est pas exclu toutefois qu’il ait mené campagne en Galilée [7], mais son mariage avec une fille d’Artatama 1er met fin aux affrontements qui avaient opposé ses prédécesseurs au Mittani. En l’an 8, il entreprend une campagne de victoires en Nubie [8], sans doute une simple expédition punitive dans le “pays de Wȝwȝt”. Comme sous ses prédécesseurs, l’administration des pays du Sud était confiée à un Fils royal de Koush [9]. Sous son règne c’est un certain Amenhotep qui remplit cette fonction et porte ce titre prestigieux qui ne cessera d’être employé jusqu’à la fin du Nouvel Empire [10].

Quelques sites, peu nombreux, portent témoignage de son activité architecturale. À Amada [11], il ajoute une salle hypostyle au temple dédié à Amon-Rê et à Rê-Horakhty, dont Thoutmôsis III avait initié la construction. Il est également présent à Abydos [12], et il fonde un petit sanctuaire à El Kab [13], que son fils Amenhotep III achèvera. On a aussi retrouvé des traces de son activité à Gizeh, notamment au pied du sphinx, ainsi que dans le petit temple que son père avait fait édifier à proximité.

C’est surtout à Thèbes que l’on retrouve son intervention. Dans le temple de Karnak [14], il termine l’obélisque inachevé de Thoutmôsis III, aujourd’hui place Saint-Jean-de-Latran à Rome, rajoutant des inscriptions aux côtés de celles de son grand-père et le dressant à l’est du temple d’Amon-Rê.

Devant le quatrième pylône du grand temple, il fait ériger une cour à portiques qui autrefois occupait toute la façade occidentale du grand temple de Karnak. L’une des deux chapelles est également restaurée et présente des reliefs d’une grande finesse, presque translucides à la lumière du soleil. L’ensemble est visible désormais dans le musée en plein air de Karnak.

Il fit édifier son temple funéraire au sud-ouest de celui de son père, à l’écart de son hypogée de la vallée des Rois [15].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Thoutmôsis IV/ Portail de l’Égypte antique/Catégories : Pharaon XVIIIe dynastie égyptienne

Notes

[1] Mitanni (ou Mittani) était un royaume du Proche-Orient ancien dont le centre était situé au nord-est de la Syrie actuelle, dans le triangle du Khabur, à peu près entre le 17ème siècle et le 13ème siècle avant notre ère. Il était peuplé en majorité de Hourrites, peuple qui doit son nom actuel à la région appelée Hurri, qui semble recouvrir une grande partie de la Haute Mésopotamie. Son élite et sa dynastie régnante, bien que hourrites, préservent cependant des traits archaïques indo-aryens qui traduisent peut-être des origines de ce peuple. Le nom du royaume provient peut-être du nom d’un certain Maitta. Ses voisins l’appelaient de différentes façons : Naharina pour les Égyptiens, Hanigalbat pour les Assyriens, ou encore Subartu dans certains cas. À son apogée, le Mitanni domine un vaste espace allant de la mer Méditerranée jusqu’au Zagros, dominant alors de riches royaumes, notamment en Syrie (Alep, Ugarit, Karkemish, Qatna, etc.). Il rivalise avec les autres grandes puissances du Moyen-Orient de la période, les Égyptiens et les Hittites, avant que les conflits contre ces derniers et les Assyriens ne causent sa chute.

[2] Thèbes aujourd’hui Louxor est le nom grec de la ville d’Égypte antique Ouaset, appartenant au quatrième nome de Haute Égypte. Obscure capitale de province, elle prend une importance nationale à partir de la 11ème dynastie

[3] La stèle du rêve est une stèle de granit érigée lors de la première année du règne de Thoutmôsis IV lorsque celui-ci prend possession du trône. Il se peut qu’il soit devenu le maître du Double Pays après avoir écarté l’héritier légitime. Cette hypothèse se fonde sur cette stèle dite du Songe que le roi fait élever entre les pattes du grand sphinx. Il y évoque un prodige qui lui était arrivé alors qu’il était adolescent. Après une chevauchée dans la région de Memphis, il s’était assoupi à l’ombre du dieu. Pendant son sommeil, Rê-Harmakhis, le Sphinx lui-même, lui apparut et lui demanda d’ôter le sable qui l’ensevelissait petit à petit.

[4] Le sphinx de Gizeh est la statue thérianthrope qui se dresse devant les grandes pyramides du plateau de Gizeh, en Basse-Égypte. Sculpture monumentale monolithique la plus grande du monde avec 73,5 mètres de longueur, 14 mètres de largeur et 20,22 mètres de hauteur, elle représente un sphinx couchant. Réalisée vers 2500 av. jc, elle est attribuée à l’un des pharaons de la IVème dynastie (Khéops ou Khéphren).

[5] Memphis est à l’origine le nom de Memphis, princesse de la mythologie grecque, qui aurait fondé une ville en Égypte à laquelle elle aurait donné son nom. Memphis était la capitale du premier nome de Basse Égypte, le nome de la Muraille blanche. Ses vestiges se situent près des villes de Mit-Rahineh et d’Helwan, au sud du Caire.

[6] Héliopolis (la « ville du Soleil », aujourd’hui arabe Aîn-ech-Chams) est le nom donné par les Grecs à la ville antique de Onou (ou Iounou) dans le delta du Nil. Elle était la capitale du treizième nome de Basse Égypte. Les premières constructions datent du 27ème siècle avant notre ère.

[7] La Galilée est souvent citée dans l’Ancien Testament, et sa partie septentrionale évoquée comme "la Galilée des Gentils" dans le Nouveau Testament. Elle est décrite par Flavius Josèphe qui évoque son histoire, son peuplement sa géographie, et lui donne deux parties : la Galilée supérieure, en grande partie peuplée de Gentils, et la Galilée inférieure, en grande partie peuplée de Juifs. Son nom de Galilée pourrait venir d’un peuplement celte, comme plus au nord la Galatie. Elle recouvrait avant la Captivité les territoires des tribus d’Issacar, de Zabulon, de Nephthali et d’Asher. Comme les Galiléens étaient de bons cultivateurs, plantant des figuiers, des oliviers, des noyers, des palmiers, des habiles artisans et de bons pêcheurs, la Galilée était prospère avec 400 villes, certaines très peuplées.

[8] La Nubie est aujourd’hui une région du nord du Soudan et du sud de l’Égypte, longeant le Nil. Dans l’Antiquité, la Nubie était un royaume indépendant dont les habitants parlaient des dialectes apparentés aux langues couchitiques. Le birgid, un dialecte particulier, était parlé jusqu’au début des années 1970 au nord du Nyala au Soudan, dans le Darfour. L’ancien nubien était utilisé dans la plupart des textes religieux entre les 8ème et 9ème siècles.

[9] Le royaume de Koush est l’appellation que les Égyptiens antiques donnèrent au royaume qui s’établit au sud de leur pays dès l’Ancien Empire. Ce royaume eut une longévité peu commune et trouve ses origines dans les cultures néolithiques qui se développèrent dans le couloir nilotique du Soudan actuel et de la Nubie égyptienne. On a longtemps considéré cette culture à l’aune de la civilisation égyptienne et de ce fait peu d’études eurent lieu à son sujet, la reléguant alors soit au stade d’une principauté dépendante du royaume des pharaons ou encore à celui d’un avatar de cette civilisation, ne lui reconnaissant donc aucune spécificité voire une valeur relative.

[10] Le Nouvel Empire couvre une période allant d’environ de1500 à 1000 av. notre ère et est formé de trois dynasties : les XVIIIème, XIXème et XXème dynasties. C’est la période la plus connue de l’histoire égyptienne : expansion territoriale, et surtout beaucoup de personnalités connues. C’est de cette époque que nous viennent les plus beaux témoignages architecturaux dont les demeures des millions d’années, mais aussi des temples édifiés pour rendre un culte aux rois défunts en adorant leur Ka (temple de Louxor, tombe de Séthi 1er, Ramesséum, Abou Simbel, etc.). C’est une période très ouverte vers le monde extérieur, comme la Crète, les Hittites (ennemi un certain temps), etc.

[11] Le temple d’Amon situé à Amada est un temple égyptien, dédié à l’origine à Horus, puis voué au culte d’Amon, puis Amon-Rê et Rê-Horakhty. Il est construit sous la XVIIIème dynastie (Nouvel Empire), sous les règnes de Thoutmôsis III, Amenhotep II puis agrandi par Thoutmôsis IV afin d’y faire son propre temple des millions d’années ; il ajoute une salle hypostyle de douze piliers avec murs d’entrecolonnement. Par la suite, Séthi 1er fait construire le pylône et Ramsès II restaurer les reliefs martelés sous Akhenaton.

[12] Abydos est une ancienne ville sainte d’Égypte vouée au culte du dieu Osiris, et située à 70 km au nord-ouest de Thèbes. Aujourd’hui sur le territoire de l’antique Abydos s’élève l’actuelle ville de Madfounek. Les prêtres d’Abydos prétendaient posséder une relique de toute première importance : la tête du dieu Osiris. On y a découvert les tables d’Abydos qui mentionnent deux séries de noms de pharaons allant jusqu’à la XVIIIème dynastie.

[13] El Kab1 est le nom arabe de la ville antique de Nekheb, en Égypte. Les Grecs, qui avaient identifié Nekhbet à leur déesse des accouchements Eileithyia, donnèrent à cette ville le nom de Eileithyias polis. Elle se situait entre le Nil et le désert, à l’embouchure du ouâdi Hilal (ou wadi Hellal), à 90 km au sud de Thèbes, sur la rive droite du fleuve en face de Hiérakonpolis. Capitale du 3e nome de Haute-Égypte, le nome « de la Forteresse » ou « le Rural » ou « les deux plumes » elle resta une ville importante jusqu’à l’invasion arabe au 8ème siècle de notre ère. À cette occasion, elle fut presque totalement détruite.

[14] Le complexe religieux de Karnak abusivement appelé temple de Karnak ou tout simplement Karnak comprend un vaste ensemble de ruines de temples, chapelles, pylônes, et d’autres bâtiments situés au nord de Thèbes, aujourd’hui la ville de Louxor, en Égypte, sur la rive droite du Nil. Le complexe de Karnak, reconstruit et développé pendant plus de 2 000 ans par les pharaons successifs, de Sésostris 1er au Moyen Empire à l’époque ptolémaïque, s’étend sur plus de deux km², et est composé de trois enceintes. Il est le plus grand complexe religieux de toute l’Antiquité. Temple le plus important de la XVIIIème dynastie, il était consacré à la triade thébaine avec à sa tête le dieu Amon-Rê. Le complexe était relié au temple de Louxor par une allée de sphinx de près de trois kilomètres de long.

[15] La vallée des Rois est une région d’Égypte située sur la rive occidentale du Nil à hauteur de Thèbes (aujourd’hui Louxor). La vallée est formée d’une faille dans la chaîne Libyque qui débouche sur la vallée du Nil. La vallée des Rois est connue pour abriter les hypogées de nombreux pharaons du Nouvel Empire, mais elle abrite également les tombeaux de certaines épouses et enfants de pharaons, ainsi que celles de nobles dont les pharaons ont voulu récompenser la valeur. C’est à partir de la période du règne de Ramsès 1er que la vallée des Reines est usitée, même si quelques épouses seront encore inhumées avec leurs maris par la suite.