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Apollinaire de Clermont

jeudi 27 juillet 2023, par ljallamion

Apollinaire de Clermont (mort en 515)

Comte d’Auvergne à partir de 489

Fils du poète Sidoine Apollinaire et de son épouse Papianilla et fait partie, via cette famille des Avitii, de la haute aristocratie arverne [1]. Il est aussi chef du contingent auvergnat de l’armée wisigothique [2] à la bataille de Vouillé [3] où il se bat contre les francs pour le compte du roi Alaric II. Il est nommé évêque de Clermont [4] quelques mois avant son décès.

Après la cession de l’Auvergne [5] aux Wisigoths par l’Empire Romain en échange de la Provence [6], Apollinaire s’approche de la cour du comte Victorius ou Victor . Ce dernier va fuir Clermont à la suite d’un soulèvement de la population et rejoint l’Italie avec Apollinaire qu’il entraîne avec lui. Après l’assassinat de Victorius en Italie, Apollinaire préfère rentrer en sa ville natale. En 489, le roi wisigoth Alaric II le nomme comte d’Auvergne et Apollinaire reprend de cette manière la place de son ami Victorius.

En 507, les Francs de Clovis franchissent la Loire pour prendre les territoires gothiques de la Gaule. Le roi wisigoth Alaric II lève des troupes dont un nombre important d’Auvergnats et de Clermontois. Les 2 armées se retrouvent confrontées à la bataille de Vouillé. L’historien Grégoire de Tours écrit dans son Historia francorum [7] le déroulement de la bataille de Vouillé où les troupes auvergnates combattent dans le même rang que les Wisigoths d’Alaric contre l’armée franque de Clovis

La bataille est gagnée par les Francs, le roi Alaric II est tué tandis qu’Apollinaire ayant survécu réussit à mener la retraite des restes de l’armée wisigothique et à rejoindre Clermont. Une fois arrivé dans la cité, Apollinaire reste sur place avec une partie des troupes tandis que la majorité des soldats se replient sur Toulouse, la capitale du royaume wisigoth afin d’accompagner le jeune héritier au trône, Amalaric qui accompagnait son père.

Son retour en la capitale auvergnate marque notamment l’envoi de lettres à son cousin écrivain Avit de Vienne.

À une date difficile à déterminer, une contre-offensive goth [8] a repris au moins les cités de Rodez [9] et d’Albi [10]. Grégoire de Tours nous raconte les mésaventures de l’évêque Quintien de Rodez , un prêtre du patriarcat de Carthage [11] exilé en Gaule à cause des Vandales et qui était devenu évêque de Rodez.

Chassé de sa cité par le parti pro-wisigoth, il se réfugie à Clermont dont l’évêque paraît avoir été mis en place par les Burgondes [12] alliés de Thierry. À la mort d’Euphraise en 515, le clergé l’élit pour son successeur, mais un complot ourdi par les femmes de la famille d’Apollinaire le renverse et installe à sa place l’ancien comte, Apollinaire de Clermont, qui reste fidèle au royaume wisigoth. Lui et sa famille comptent et souhaitent le retour des Wisigoths.

C’est l’occasion d’une première intervention du roi du fils de Clovis, Thierry 1er . Le putsch d’Apollinaire lui sert de prétexte pour intervenir en Auvergne et définitivement l’annexer. Pour le reste, il se contente de rétablir Quintien, Apollinaire étant mort quelques mois après sa prise de l’épiscopat. L’Auvergne reste sous l’administration d’un comte, Hortensius , d’origine gallo-romaine mais désormais dans la mouvance franque.

Marié avec Placidina , Apollinaire laisse derrière lui une fille également du nom de Placidina et un fils du nom d’ Arcade de Clermont ou Arcade de Bourges qui soulèvera l’Auvergne contre les Francs en 532

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de histoire de Grégoire de Tours ; traduction et notes de Roy Just-Jean-Étienne et Auerbach Erich, Histoire des rois Francs, Paris, Gallimard, réédition de 2011 (ISBN 978-2-07-044138-9)

Notes

[1] Les Arvernes étaient un peuple gaulois du Massif central. Ils furent un des peuples les plus puissants de la Gaule centrale, s’opposant à plusieurs reprises à la puissance romaine. Les « Arvernes » ont légué leur nom à l’Auvergne.

[2] Les Wisigoths entrent en Gaule, ruinée par les invasions des années 407/409. En 416 les Wisigoths et leur roi Wallia continuent leur invasion en Espagne, où ils sont envoyés à la solde de Rome pour combattre d’autres Barbares. Lorsque la paix avec les Romains fut conclue par le fœdus de 418, Honorius accorda aux Wisigoths des terres dans la province Aquitaine seconde. La sédentarisation en Aquitaine a lieu après la mort de Wallia. Les Wisigoths pénétrèrent en Espagne dès 414, comme fédérés de l’Empire romain. Le royaume des Wisigoths eut d’abord Toulouse comme capitale. Lorsque Clovis battit les Wisigoths à la bataille de Vouillé en 507, ces derniers ne conservent que la Septimanie, correspondant au Languedoc et une partie de la Provence avec l’aide des Ostrogoths. Les Wisigoths installèrent alors leur capitale à Tolède pour toute la suite. En 575 ils conquièrent le royaume des Suèves situé dans le nord du Portugal et la Galice. En 711 le royaume est conquis par les musulmans.

[3] La bataille de Vouillé, qui s’est déroulée au printemps 507, est une bataille qui opposa les Wisigoths, au sud, aux Francs, au nord. Cette bataille vit la victoire des Francs, les Wisigoths perdant leur roi Alaric II au combat, et étant contraint de laisser un vaste territoire (midi de la France) aux vainqueurs.

[4] Le diocèse d’Auvergne est établi à Arvernis, l’ancien chef-lieu de la cité des Arvernes. Ses évêques ne sont appelés évêques de Clairmont ou Clermont (aujourd’hui Clermont-Ferrand) qu’en 1160. À partir de 1317, le diocèse est démembré et un diocèse particulier est créé pour la Haute Auvergne : le diocèse de Saint-Flour.

[5] L’Auvergne est une région culturelle et historique de France située au cœur du Massif central. Après la chute du royaume wisigoth de Toulouse, l’Auvergne passe sous la domination de Clovis, le roi des Francs. L’aristocratie pro-wisigothe d’Auvergne résiste à cette nouvelle domination comme en témoigne la révolte de Placidina et Arcade. Conquise militairement par Thierry en 536, l’Auvergne est rattachée à l’Austrasie pendant un siècle. Des aristocrates gallo-romains locaux sont nommés comtes et dirigent la province avec les évêques d’Auvergne. À la fin du 7ème siècle ou au début du 8ème siècle, l’Auvergne passe sous l’influence du duché d’Aquitaine. Gouvernée par les ducs d’Aquitaine qui portent également le titre de comte d’Auvergne, elle fait l’objet de convoitises entre francs et aquitains. Durant cette période, ce sont les évêques d’Auvergne qui exercent concrètement le pouvoir.

[6] La Provence est une région historique et culturelle ainsi qu’une ancienne province dans le Sud-Est de la France, s’étendant de la rive gauche du Rhône inférieur à l’ouest, jusqu’au fleuve Var à l’est et bordée au sud par la Méditerranée. La basse vallée du Rhône connaît diverses invasions. Wisigoths et Alains pillent de nombreuses cités et descendent jusqu’à Orange et Avignon. Les Burgondes s’installent dans la région en 442, et choisissent Vienne, qui gardait son prestige de grande cité romaine, pour capitale. Avignon marqua la pointe sud de ce royaume. Les Ostrogoths fondent au sud de ce royaume Burgonde un duché dépendant de leur royaume italo-dalmate : le duché de Provence, future basse Provence ou comté de Provence (la partie burgonde deviendra elle le marquisat de Provence). Charles Martel combat le patrice de Provence, Mauronte, allié des Maures de Gothie et fait entrer définitivement la Provence dans le domaine franc en 536. En 843, le traité de Verdun donne la Provence à Lothaire 1er. Son fils Charles de Provence en fait le royaume de Provence-Viennois ou de Bourgogne cisjurane à l’existence éphémère (855-863)

[7] L’Histoire des Francs est une œuvre de Grégoire de Tours, évêque de Tours et historien, au 6ème siècle. Le titre originel de l’ouvrage est Dix livres d’histoire (Decem libros historiarum). Il s’agit d’une histoire universelle du monde et de l’Église, écrite dans une perspective eschatologique, de la Genèse aux règnes des rois francs, en 572, à laquelle s’ajoute un ensemble de récits de vies de saints gaulois, composés de 574 à la mort de Grégoire et réunis sous le nom de Livre(s) des miracles.

[8] Les Goths faisaient partie des peuples germaniques. Selon leurs propres traditions, ils seraient originaires de la Scandinavie. Ils provenaient peut-être de l’île de Gotland. Mais ils pourraient également être issus du Götaland en Suède méridionale ou bien du Nord de la Pologne actuelle. Au début de notre ère, ils s’installèrent dans la région de l’estuaire de la Vistule. Dans la seconde partie du 2ème siècle, une partie des Goths migrèrent vers le sud-est en direction de la mer Noire. Dès le 3ème siècle les Goths étaient fixés dans la région de l’Ukraine moderne et de la Biélorussie où ils furent probablement rejoints par d’autres groupes qui ont été plus ou moins intégrés dans la tribu. Les Goths formaient un seul peuple jusqu’à la fin du 3ème siècle. Après un premier affrontement avec l’Empire romain dans le sud-est de l’Europe au début du siècle, ils se séparèrent en deux groupes : les Greuthunges à l’Est et les Tervinges à l’Ouest qui deviendront par la suite les Ostrogoths ou « Goths brillants », à l’Est, et les Wisigoths ou « Goths sages » à l’Ouest.

[9] Rodez est une commune française du Midi de la France, au nord-est de Toulouse. Elle est la préfecture du département de l’Aveyron. Ancienne capitale du Rouergue, la ville est siège du diocèse de Rodez et Vabres. Rodez a été successivement occupée par les Wisigoths, les Francs, les armées des ducs d’Aquitaine et des comtes de Toulouse, ainsi que par les Maures, qui l’investirent en 725 et mirent à bas l’église antique. Quelques siècles plus tard, ce seront les Anglais qui l’investiront lors de la guerre de Cent Ans. L’histoire de la ville resta marquée durant longtemps par une intense rivalité entre les comtes de Rodez, maîtres du Bourg, et les évêques de Rodez, maîtres de la Cité. Une muraille délimitait les deux secteurs. Chaque communauté avait un hôtel de ville, ses consuls, une administration propre ; chacune rivalisant de puissance, de rayonnement. Au bourg, la célèbre dynastie des comtes d’Armagnac et de Rodez, finit par acquérir des privilèges régaliens : battre monnaie à la tour Martelenque, porter la couronne comtale et persister à reconnaître un temps l’antipape Benoît XIII et ses héritiers Bernard Garnier et Jean Carrier. Cela amena inévitablement l’affrontement avec le roi de France en 1443. Le dauphin, futur Louis XI, vint occuper Rodez et soumettre le comte Jean IV. Plus tard, son fils aura une idée séditieuse en essayant de trahir Louis XI. Cela lui vaudra d’être massacré à Lectoure, avec sa famille, lors de sa fuite

[10] Albi est une commune du Sud-Ouest de la France, chef-lieu du département du Tarn. Durant le Moyen Âge, la ville est un oppidum ceint de murailles. Au 10ème siècle, le premier pont sur le Tarn est construit à Albi. Il s’agit de l’actuel Pont-Vieux. Ce pont permet le développement de la ville sur les deux rives du Tarn. Vers l’An Mil, Albi entre dans le fief de la famille Trencavel, les seigneurs d’Ambialet. La ville est pourtant fief ecclésiastique, mais comme un Trencavel était toujours évêque, la famille en use comme de son bien. Aux 12ème et 13ème siècle, Albi est un centre du mouvement religieux cathare ; une controverse qui s’y tient donne d’ailleurs aux Cathares le surnom d’Albigeois

[11] L’Église de Carthage ou Église d’Afrique était une Église établie en Afrique du Nord dans l’archidiocèse de Carthage. Elle fut liée pendant toute son histoire à l’Église de Rome. L’Église disparut au 11ème siècle du fait de l’expansion de l’Islam dans la région.

[12] D’abord cantonnés en Sapaudia les Burgondes commencèrent par grignoter le territoire gaulois vers l’ouest. En 457, Gondioc et Chilpéric Ier saisirent une première occasion de pousser leurs frontières. A l’été 457 le Valais, la Tarentaise, les villes de Besançon, Chalon sur Saône, Langres, Autun, Grenoble ainsi que Lugdunum, la vieille capitale des Gaules, se livrèrent pacifiquement aux Burgondes. Egidius, le généralissime de Majorien en Gaule reprit aussitôt la capitale des Gaules mais il abandonna aux rois Burgondes leurs nouvelles terres. Lugdunum reviendra aux Burgondes vers 467 lorsque Chilpéric 1er s’en empara, comme il s’empara également à la même époque de la ville de Vienne. Il profita probablement des troubles qui secouèrent entre 469 et 475 un Empire d’Occident, alors à l’agonie, pour porter jusqu’à la Durance les limites de son royaume. Les villes de Viviers, Gap, Embrun, Die, Sisteron, Orange, Apt, Cavaillon, Avignon devinrent villes burgondes. L’empereur Népos reconnut leurs conquêtes. Dès ce moment le royaume burgonde eut, ou peu s’en faut, les limites qu’il conserva dès lors. Ce territoire ne comprenait pas moins de 25 diocèses ou anciennes cités romaines : Auxerre, Langres, Besançon, Chalon sur Saône, Autun, Lugdunum, Genève, Windisch, Octodurum actuellement Martigny, en Suisse, Vienne, Valence, Carpentras, Orange, Avignon, Cavaillon, Vaison, Gap, Embrun, Sisteron, Grenoble, Aoste, Die, Viviers, Saint-Paul-Trois-Châteaux, Apt. Mais les Burgondes gagnent ou perdent incessamment du terrain. Marseille et son port, Arles et la Provence gagnés vers 484, et perdus après la guerre contre les Francs, conquêtes éphémères, auront un moment fait partie de leur territoire. À son apogée, les contours du royaume burgonde touchaient, au nord, la ligne des Vosges et la Durance au midi ; d’orient en occident, ils s’étendaient de l’Aar à la Saône et la Haute-Loire. Ce fut le territoire soumis à cette royauté qui prit, une première fois, le nom de Burgondia dans une correspondance de Cassiodore et rédigée en 507 au nom de Théodoric le Grand.