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Nicéphore Xiphias

samedi 1er juillet 2023, par ljallamion

Nicéphore Xiphias

Général byzantin durant le règne de Basile II

L'Empire byzantin en 1180Il joue un rôle important dans la conquête du Premier Empire bulgare [1] par l’Empire byzantin [2], notamment en raison de son action décisive durant la bataille de la Passe de Kleidion [3]en 1014.

En 1022, il dirige une rébellion infructueuse contre Basile II, ce qui conduit à sa disgrâce et à son exil. La dernière mention qui est faite de lui remonte à 1028, quand il se retire dans un monastère.


Il est fort probable qu’il soit le fils d’Alexis Xiphias qui sert comme catépan [4] d’Italie entre 1006 et 1008. Peu de membres de la famille Xiphias sont connus et son origine est discutée mais il est probable qu’elle vienne d’Asie Mineure [5], comme beaucoup des autres familles prestigieuses de l’aristocratie militaire de l’époque.


La première mention de Nicéphore Xiphias comme participant aux guerres contre les Bulgares de Basile II dépend des sources entre 999 et 1002. À ce moment, il est protospathaire [6] aux côtés du patrice [7] Théodorokanos , il dirige une campagne qui s’aventure profondément dans le territoire bulgare. Partant de Mosynopolis [8], les deux généraux traversent les montagnes balkaniques [9] et capturent les vieilles capitales bulgares de Pliska [10] et de la Grande Preslav [11]. Par la suite, ils pillent la Dobroudja [12] et laissent plusieurs garnisons derrière eux avant de revenir à leur base.

À cette époque, il est difficile de savoir si Nicéphore Xiphias est déjà stratège [13] de Philippoupoli [14] où s’il est nommé à ce poste après la fin de cette campagne fructueuse, comme le rapporte Jean Skylitzès . Quant à Théodorokanos qui a détenu ce poste, il se retire en raison de son âge avancé.

Par la suite, Nicéphore Xiphias est mentionné au moment de la bataille de la Passe de Kleidion ou Basile II tente de forcer le passage, que les Bulgares dirigés par Samuel ont puissamment fortifié. Xiphias suggère alors à l’empereur de contourner les positions bulgares pour les frapper par l’arrière. L’empereur accepte et Xiphias conduit un détachement d’infanterie sur le mont Belasica. Le 29 juillet, il fait charger ses troupes sur les Bulgares qui, surpris, cèdent à la panique et se débandent. Cette victoire est l’une des plus décisives de la guerre contre les Bulgares.

De ce fait, Nicéphore Xiphias est récompensé et promu au rang de patrice. Au début de l’année 1015, Xiphias soumet la région d’Almopia [15] qui s’est rebellée contre l’autorité impériale. Il mène ensuite une campagne depuis Mosynopolis jusqu’à la région de Triaditza [16] en pillant les environs et en prenant le fort de Boyana. Finalement, lors de la dernière année de la campagne contre les Bulgares en 1018, il part de Kastoria [17] pour soumettre les dernières forteresses bulgares de la région de Sérvia [18].

En dépit de ces succès, Nicéphore Xiphias se brouille avec Basile II vers 1021-1022. À cette date, il est en poste à Césarée [19] comme stratège du thème des Anatoliques [20] mais il n’est pas autorisé à accompagner l’empereur dans sa campagne contre le royaume de Géorgie [21]. Xiphias décide alors de s’allier contre l’empereur avec Nicéphore Phocas Barytrachelos , dont le père s’est révolté durant les premières années du règne de Basile. Les deux hommes planifient de tuer Basile et que l’un d’entre eux le remplace sur le trône. Si le nom du successeur n’est pas décidé, c’est principalement Phocas et ses soutiens qui donnent de l’importance à cette conspiration. Celle-ci est apparemment connue et soutenue par le roi Georges 1er de Géorgie , qui espère qu’elle puisse contraindre Basile à abandonner l’invasion de son royaume.

Néanmoins, quand l’empereur apprend l’existence de complot, il ne se replie pas. Il décide d’envoyer des lettres séparément aux deux instigateurs de la rébellion, pour instiller une méfiance entre eux. Ce plan porte rapidement ses fruits car le 15 août 1022, Xiphias assassine Phokas. Les soutiens de celui-ci se dispersent et la rébellion naissante s’effondre. Dès lors, Xiphias est contraint de se rendre à Théophylacte Dalassène envoyé par Basile et qui devient le nouveau stratège des Anatoliques.

Ramené à Constantinople [22], Xiphias est tonsuré puis banni sur Antigone [23].

À la suite de son retour dans la capitale après sa campagne géorgienne, Basile II emprisonne la plupart des co-conspirateurs et saisit leurs biens. Le patrice Phersès l’Ibère est exécuté tandis que deux chambellans impériaux sont aussi tués dont un de la main même de l’empereur.

Selon l’historien contemporain Yahyā d’Antioche , les conspirateurs sont libérés par Constantin VIII qui succède à Basile II en 1025. Toutefois, Xiphias reste exilé jusqu’en 1028, date à laquelle l’empereur Romain III Argyre le libère. Toutefois, Xiphias est alors âgé et fatigué et se retire rapidement au monastère du Stoudion [24], ce qui constitue le dernier événement connu de son existence.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Edward Luttwak, La grande stratégie de l’Empire byzantin, éditions Odile Jacob, 2010.

Notes

[1] Le Premier Empire bulgare désigne un État médiéval chrétien et multiethnique qui succéda au 9ème siècle, à la suite de la conversion au christianisme du Khan Boris, au Khanat bulgare du Danube, fondé dans le bassin du bas Danube. Le Premier Empire bulgare disparut en 1018, son territoire au sud du Danube étant réintégré dans l’Empire byzantin. À son apogée, il s’étendait de l’actuelle Budapest à la mer Noire, et du Dniepr à l’Adriatique. Après sa disparition, un Second Empire bulgare renaquit en 1187.

[2] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[3] La bataille de la passe de Kimbalongos a eu lieu le 29 juillet 1014 entre la Bulgarie et l’Empire byzantin. Elle constitue le point culminant des hostilités entre les deux empires et se termine par la victoire décisive des Byzantins. La bataille se déroule dans une vallée entre les monts Bélès et le massif d’Ograjden près du village bulgare actuel de Klyuch. Les deux armées se rencontrent le 29 juillet et la bataille bascule avec l’offensive du corps d’armée byzantin mené par Nicéphore Xiphias contre l’arrière-garde bulgare. Les combats qui s’ensuivent ne font que confirmer la déroute bulgare. Les prisonniers bulgares sont aveuglés sur l’ordre de Basile II qui acquiert de ce fait le nom de Bulgaroctone ou Tueur de Bulgares. Le tsar Samuel parvient à s’échapper mais il meurt 2 mois plus tard d’une crise cardiaque. Celle-ci aurait été provoquée par la vue des milliers de prisonniers bulgares aveuglés. Bien que cette bataille ne marque pas la fin du conflit byzantino-bulgare, les pertes de l’Empire bulgare sont telles qu’il n’a plus les moyens de résister aux Byzantins. De ce fait, la bataille de la Passe de Kleidion est considérée comme la bataille majeure de la campagne bulgare de Basile II. L’échec des successeurs de Samuel à enrayer la progression byzantine entraîne la disparition du Premier Empire bulgare en 1018 et son incorporation au sein de l’Empire byzantin.

[4] Le katepánō ou catépan est une fonction et un rang militaire important dans la hiérarchie byzantine. Le terme a été latinisé pour donner le mot de capetanus/catepan et sa signification pourrait avoir été associée à celle du mot italien capitaneus (qui vient du mot latin caput ou « tête dirigeante »). Ce terme hybride a donné naissance au mot français « capitaine » et à son équivalent dans les autres langues (Captain, Capitan, El Capitan, Il Capitano...).

[5] L’Anatolie ou Asie Mineure est la péninsule située à l’extrémité occidentale de l’Asie. Dans le sens géographique strict, elle regroupe les terres situées à l’ouest d’une ligne Çoruh-Oronte, entre la Méditerranée, la mer de Marmara et la mer Noire, mais aujourd’hui elle désigne couramment toute la partie asiatique de la Turquie

[6] Un protospathaire est une des plus hautes dignités de l’Empire byzantin à l’époque mésobyzantine (8ème -12ème siècles), conférée aux principaux généraux et aux gouverneurs provinciaux, ainsi qu’à des princes étrangers.

[7] Patrice est un titre de l’empire romain, créé par Constantin 1er. Dans les années 310-320, Constantin abolit le patriciat romain, vieille distinction sociale qui avait ses racines au début de la république romaine. Le titre de patrice est désormais accordé par l’empereur à des personnes de son choix, et non plus à des familles entières. Dès son apparition, le titre de patrice permet à son titulaire d’intégrer la nobilitas, comme le faisait déjà le patriciat républicain. Le titre était décerné à des personnages puissants mais non membres de la famille impériale ; il vient dans la hiérarchie immédiatement après les titres d’Auguste et de César. Ce titre fut ensuite conféré à des généraux barbares au service de l’empire. Le titre fut encore porté par des notables gallo-romains au 6ème siècle. Sous les Mérovingiens, le titre de patrice était donné au commandant des armées burgondes. Les papes l’ont notamment décerné à plusieurs reprises pour honorer des personnages qui les avait bien servis. Le titre fut également conservé dans l’Empire byzantin, et son importance fut même accrue au 6ème siècle par Justinien 1er, qui en fit la dignité la plus haute de la hiérarchie aulique. C’était une dignité accordée par brevet. Dans les siècles suivants, elle fut progressivement dévaluée par la création de nouveaux titres. La dignité de patrice disparut à Byzance au 12ème siècle.

[8] Mosynopolis, est une ancienne cité romaine puis byzantine située en Thrace (près de l’actuelle Komotiní). Jusqu’au 9ème siècle, elle est connue sous le nom de Maximianopolis ou Maximianopolis en Rhodopes.

[9] Les Balkans sont une des trois « péninsules » de l’Europe du Sud, mais cette appellation traditionnelle est parfois contestée en l’absence d’un isthme : les géographes préfèrent le terme de « région ». Elle est bordée par des mers sur trois côtés : la mer Adriatique et la mer Ionienne à l’ouest, la mer Égée au sud et la mer de Marmara et la mer Noire à l’est. Au nord, on la délimite généralement par les cours du Danube, de la Save et de la Kupa. Cette région couvre une aire totale de plus de 550 000 km²

[10] Pliska est le nom de la première capitale de Bulgarie entre 681 et 893. À cette date, elle fut remplacée comme capitale par Preslav. L’ancienne capitale, après sa disparition, a laissé la place, durant plusieurs siècles, à un village nommé Aboba.

[11] Preslav, ou Véliki Preslav (Preslav la Grande) est une cité médiévale de Bulgarie qui fut la seconde capitale du Premier Empire Bulgare (après Pliska) de 893 à 971. Sous le Second Empire Bulgare (1185-1393), si elle fut remplacée comme capitale par Veliko Tarnovo, elle n’en resta pas moins une ville importante. Ses ruines sont situées à 20 km au sud-ouest de la ville de Shoumen, et constituent actuellement une Réserve Archéologique Nationale. Un village situé à environ deux kilomètres au nord de l’ancien site a repris le nom de Preslav en 1878

[12] La Dobroudja est un territoire couvrant l’est de la Roumanie et le nord-est de la Bulgarie, soit approximativement du sud du bas-Danube à la mer Noire. En Roumanie, la Dobrogée se subdivise en deux départements comprenant un port de la mer Noire : Constanța, et le delta du Danube ; en Bulgarie, cette région est considérée comme le « grenier à blé » du pays. La région est peuplée dans l’Antiquité par les tribus Daces ou Gètes faisant partie de l’ensemble thrace. La population locale, progressivement hellénisée, fait du commerce avec les colonies grecques de la mer Noire Callatis, Histria, Tomis jusqu’à la conquête romaine, puis subit les invasions des peuples migrateurs slaves et turcophones Huns, Avars, Bulgares, Ouzes, Petchénègues, Coumans dits Polovtses, Tatars dits Tartares, Ottomans.

[13] Un stratège est un membre du pouvoir exécutif d’une cité grecque, qu’il soit élu ou coopté. Il est utilisé en grec pour désigner un militaire général. Dans le monde hellénistique et l’Empire Byzantin, le terme a également été utilisé pour décrire un gouverneur militaire. Dans la Grèce contemporaine (19ème siècle jusqu’à nos jours), le stratège est un général et a le rang d’officier le plus élevé.

[14] Plovdiv est la deuxième ville de Bulgarie (derrière Sofia), chef-lieu de l’oblast de Plovdiv et unique territoire de l’opština Plovdiv-Grad, sur la Maritsa. Son aire d’influence s’étend sur une vaste région paysanne de la plaine de Thrace.

[15] Le dème d’Almopía ou d’Almopie (forme francisée) est un dème situé dans la périphérie de Macédoine-Centrale en Grèce. À la suite du programme Kallikratis, le dème actuel est issu de la fusion en 2011 entre les dèmes d’Aridaía et d’Exaplátanos. Il tient son nom de la région antique d’Almopie.

[16] l’actuelle Sofia

[17] Kastoria est une ville en Grèce du nord, dans la périphérie de la Macédoine-Occidentale. C’est le chef-lieu du nome de Kastoria et elle est située sur la côte occidentale du lac Orestiada. Elle s’appelait Keletron dans l’Antiquité.

[18] Sérvia est une ville du district régional de Kozáni en Macédoine-Occidentale en Grèce.

[19] Césarée, en Israël, est le nom d’une ville antique et moderne, située sur la côte méditerranéenne à 20 km au sud de la ville de Dor, entre Netanya et Hadera. Les vestiges impressionnants de la ville antique permettent d’admirer les ruines de la capitale royale d’Hérode Ier le Grand, et nombre de monuments d’époque romaine et médiévale des Croisades.

[20] Les Anatoliques ou le thème des Anatoliques sont un thème de l’Empire byzantin situé en Asie Mineure (Turquie actuelle). Après la division de l’Opsikion au milieu du 8ème siècle, il devient le plus important des thèmes de l’empire.

[21] Pays sur la côte est de la mer Noire dans le Caucase, situé à la fois en Europe de l’Est et en Asie. Elle est considérée comme faisant culturellement, historiquement et politiquement parlant partie de l’Europe. Sa capitale est Tbilissi.

[22] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[23] l’une des îles des Princes

[24] monastère de Constantinople