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Gongsun Yang ou Kong-souen Yang dit Shang Yang

dimanche 18 juin 2023, par ljallamion

Gongsun Yang ou Kong-souen Yang dit Shang Yang (vers 390-338 av. jc)

Seigneur de Shang

C’est un réformateur chinois de la période des Royaumes combattants [1], rattaché au légisme [2]. En 361 av. jc, sous le règne du duc Xiao de Qin il fut fait Chancelier de l’État de Qin [3] et, à partir de 359 av. jc, entreprit 20 ans de réformes qui permirent aux Qin de s’enrichir et de renforcer son armée, jetant ainsi les bases de la réunification de l’empire sous l’égide de cet État. On lui attribue traditionnellement la rédaction du Livre du seigneur Shang.


Selon la biographie que donne de lui le Shiji [4], Shang Yang est un enfant naturel issu de la famille régnante de la cité-État de Wei [5]. Il sert pendant un temps Gongshu Zuo, le Premier ministre de l’État de Wei [6]. Lorsque celui-ci tombe malade, le roi Hui vient lui rendre visite et lui demande s’il a réfléchi à un successeur. Gongshu Zuo recommande Shang Yang.


Vers 361 av. jc, Shang Yang entend parler de l’appel lancé par le duc Xiao de Qin, à ce que des hommes de talent viennent servir son état. Shang Yang répond à l’appel, quitte le Wei et se rend au Qin, où il est hébergé par Jing Jian, mignon du duc, qui l’introduit auprès de ce dernier.

Cependant leur premier entretien se passe très mal : Xiao s’endort à plusieurs reprises et n’écoute pas la conversation. Le quatrième entretien passionne tellement le duc qu’il dure plusieurs jours au cours desquels il se retrouve assis à l’extrême bout de son siège, comme pour boire les paroles de Shang Yang.

Impressionné, le duc Xiao engage Shang Yang. Lorsque celui-ci désire entreprendre des réformes, le duc se montre d’abord réticent, par peur des critiques que cela pourrait attirer. Il doit également faire face aux réticences des conseillers Gan Long et Du Zhi, qui ne jurent que par les anciens rites et les anciennes lois. Néanmoins Shang Yang parvient à convaincre le duc Xiao, qui le nomme “chéngxiàng” et l’autorise à entreprendre ses réformes.

Selon le Shiji, après avoir élaboré ses lois, Shang Yang se retient de les promulguer, de crainte que le peuple ne les prenne pas au sérieux. Il fait planter un poteau à la porte sud de la place du marché de la capitale et annoncer que quiconque déplacera le poteau à la porte nord recevra dix pièces d’or. Personne dans la foule n’osant approcher, Shang Yang porte la récompense promise à cinquante pièces d’or. Une personne ose déplacer le poteau et reçoit sur le champ sa récompense, démontrant que les décrets de Shang Yang ne sont pas mensongers. Celui-ci fait alors promulguer ses lois.

Au bout d’un an, Shang Yang constate la persistance de vives réticences de la part du peuple. Il estime que si ses lois sont si mal perçues, c’est parce que les nobles ne les suivent pas. Le prince héritier lui-même violant la loi, Shang Yang, ne pouvant le châtier directement, fait punir son tuteur Gongzi Qian et tatouer son précepteur Gongsun Jia, afin de prouver que même les nobles ne sont pas à l’abri de la nouvelle législation. Quelques années plus tard, Gongzi Qian ayant à nouveau violé la loi, il lui fait couper le nez. Après une dizaine d’années, les doléances du peuple se changent en compliments. Ne supportant pas les beaux parleurs, Shang Yang fait déporter aux frontières ceux qui viennent le féliciter de ses réformes.

Shang Yang entreprend la construction de palais et de jardins à Xianyang [7] et y fait déplacer la capitale pour centraliser le pouvoir.


En 342 av. jc, l’État de Qi [8] inflige une sévère défaite à l’État de Wei lors de la bataille de Maling [9]. Shang Yang parvient à convaincre le duc Xiao que c’est une occasion idéale pour attaquer à son tour le Wei. En 341 av. jc, le duc Xiao envoie Shang Yang combattre le Wei tandis que de son côté, le Wei dépêche le général Gongzi Ang, que Shang Yang avait connu à l’époque où il vivait au Wei. Shang Yang invite Gongzi Ang à venir boire un peu de vin avec lui en souvenir du passé. Ne soupçonnant pas de traîtrise, Gongzi Ang accepte, mais son armée est attaquée par surprise et lui-même fait prisonnier. Après cette défaite, le roi Hui de Wei est obligé d’accepter de dures concessions, notamment de céder au Qin les territoires à l’ouest du Fleuve Jaune [10] et les points de passage sur ce cours d’eau, mettant ainsi le Wei dans un état de faiblesse dont il ne se relèvera jamais.

Après ses victoires sur le Wei, Shang Yang reçoit le fief de Shang, qui comprend 15 villes.


Au cours de sa carrière, Shang Yang s’est fait de très nombreux ennemis, notamment parmi la famille régnante et ses familles alliées. Vers 338 av. jc, il accorde une entrevue à un certain Zhao Liang. Impressionné, Shang Yang l’invite à travailler pour lui, mais Zhao Liang refuse puis, au cours d’une longue discussion, expose les failles de ses réformes qui ont accumulé les rancœurs, et lui donne le conseil de prendre sa retraite. Shang Yang ne suit pas ce conseil. 5 mois plus tard, le duc Xiao meurt, le laissant sans protecteur.

Selon l’historiographie traditionnelle, il est alors victime du système qu’il a lui-même mis en place : accusé de complot contre le souverain et condamné selon la loi qu’il a lui-même promulguée, il fuit. Au cours de sa fuite, il cherche à se dissimuler dans une auberge, mais faute d’avoir sur lui les papiers d’identité requis en vertu d’une autre de ses lois, il se voit refuser l’hébergement par l’aubergiste effrayé des sanctions encourues.

Il tente de se réfugier au Wei, mais les dirigeants, emplis de rancœur et scandalisés de la façon dont il a vaincu Gongzi Ang peu de temps auparavant, et peu soucieux de mécontenter le Qin, l’y font reconduire. Il rentre dans son fief de Shang, y lève une armée pour attaquer Zheng, mais il est tué au cours de la bataille. Son corps est écartelé entre deux chariots en guise d’avertissement et sa famille exterminée en application de la punition prévue.


Ses reformes

Shang Yang étend la solidarité du clan [11] au domaine criminel, imposant la délation et la responsabilité collective devant la justice. Si une faute est commise, tous les chefs de famille du clan sont punis. Le chef fait régner l’ordre dans son clan. Ce système de police intérieure ou de justice interne permet à l’État de faire des économies.

Par ailleurs, un nouveau découpage territorial du pays de Qin est mis en place, qui met fin aux fiefs et crée 30 à 40 xian [12]. Les unités de poids et mesures sont normalisées.

Shang Yang impose l’enregistrement du domicile de chaque habitant. Deux hommes adultes [13] ne peuvent plus vivre sous le même toit qu’au prix d’un doublement de l’imposition du foyer. Ces mesures qui font éclater le système des grandes familles peuvent s’analyser comme l’expression d’une politique d’affaiblissement du lignage patrilinéaire, dont la force faisait obstacle à l’emprise directe de l’État sur les individus et à ses capacités de mobilisation militaire et économique.


À partir des réformes de Shang Yang, on peut acheter ou vendre des terres. L’accès à la propriété est possible si l’on cultive une terre libre pendant 5 ans. Quand la récolte est suffisante, le paysan est exempté de corvée. En revanche, toute personne oisive [14] est condamnée à l’esclavage.

Shang Yang veut accroître les revenus de l’État en stimulant les progrès techniques qui évoluent, en même temps que les connaissances scientifiques, au fil des découvertes. On note de grands progrès dans l’agriculture, où les instruments en os et en bois sont remplacés par des charrues en fer. L’État renforce la production de fer et de charbon de bois afin de produire plus d’acier et d’en généraliser l’emploi.

La mise au point des canaux permet la prévention des inondations, l’expansion de la navigation intérieure et le développement de l’irrigation.


Bien que les réformes agraires et fiscales de Shang Yang aient porté leurs fruits, la radicalité de ses mesures et la sévérité des peines appliquées à ceux qui violaient ses lois en firent une figure particulièrement controversée et souvent blâmée pour sa cruauté, notamment par les confucianistes [15] des générations ultérieures. Le portrait qu’en dresse le Shiji est relativement négatif, le légisme étant déjà en déclin à l’époque de sa rédaction.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Shang Yang/ Portail du monde chinois/ Catégories  : Période des Royaumes combattants/ Philosophe chinois du 4ème siècle av. jc/ Personnalité politique chinoise

Notes

[1] La période des Royaumes combattants, s’étend en Chine, du 5ème siècle av. jc à l’unification des royaumes chinois par la dynastie Qin en 221 av. jc. Ce nom lui est donné tardivement, par référence aux Stratagèmes des Royaumes combattants, ouvrage portant sur cette période. Elle correspond dans la chronologie dynastique à la fin de la période des Zhou orientaux (771-256 av. jc). Cette chronologie, qui repose sur l’historiographie traditionnelle, ne correspond pas nécessairement à la datation précise des évolutions sociales, politiques, économiques et culturelles : ce qui caractérise les Royaumes combattants date principalement du début du 4ème siècle av. jc.

[2] Le légisme ou école des Lois regroupe des penseurs chinois ayant vécu de la fin du 8ème siècle av. jc jusqu’à la fin de la période des Royaumes combattants (3ème siècle av. jc). S’opposant au confucianisme, ils recommandent un gouvernement fort, fondé sur des lois connues de tous et non sur la bonté des hommes. Ils prônent l’absolutisme au moment où, en Chine, la féodalité est remise en question. Leur « réalisme politique » a mené à un exercice tyrannique du pouvoir, finalement rejeté et par la suite rarement revendiqué.

[3] la dynastie Qin est la première dynastie impériale de la Chine, qui dure de 221 à 206 av. jc. C’est la conquête des six États issus de la chute de la dynastie Zhou par l’État de Qin, conquête unifiant de facto le pays, qui l’installe au pouvoir. Les 14 années de règne de son fondateur, Qin Shi Huang, le premier empereur de l’histoire de la Chine, et de son fils Qin Er Shi, représentent, malgré cette brièveté, un tournant capital dans l’histoire nationale

[4] les « Mémoires historiques de Sima Qian

[5] Le Wei était un État de la Chine ancienne, fondée sous la dynastie Zhou. Il était situé au nord-est de Henan actuel, sur le territoire de la ville de Puyang. Il atteint son apogée durant la période des Printemps et Automnes (771 à 481-453 av. jc).

[6] Également appelé État Liang à partir de 340 av. jc, l’État Wei était un État de la Chine ancienne pendant la période des Royaumes combattants. Initialement clan de grands feudataires de l’État de Jin, le Wei fut l’un des trois États créés par la partition de celui-ci par les Trois familles en 403 av. jc.

[7] Xianyang est une ville préfecture de la province du Shaanxi en Chine. Elle se trouve sur la rive Nord du Yangzi Jiang, et à 25 km au Nord-ouest de Xi’an, la capitale provinciale. Xianyang fut la capitale de la dynastie Qin, et le célèbre mausolée de l’empereur Qin se trouve à proximité.

[8] Qi est fondé vers 1046 av. jc, peu de temps après l’avènement de la dynastie Zhou. Sa capitale était Linzi, qui correspond aujourd’hui à la ville de Zibo au Shandong. Le premier duc est Jiang Shang. En 384 av. jc, un coup d’État de la famille Tian met fin au règne de plusieurs siècles de la famille Jiang. Sa capacité à venir à bout d’ennemis de taille plus importante, comme le Chu et le Qin en fait une force avec laquelle il faut composer.

[9] La bataille de Maling se déroula à Maling (nom moderne : Dazhangjia, comté de Shen, province du Henan), en 342 av. jc durant la période des Royaumes combattants. Elle opposa les armées des royaumes de Wei et de Qi. La défaite du Wei à Maling signifia la fin de ses ambitions hégémoniques et le début de son lent déclin. Cette bataille, qui a été rapportée dans plusieurs textes historiques, est une des plus connues de la période. Cela est dû principalement aux tactiques employées par le général Sun Bin qui conduisirent les forces ennemis à sous-estimer les effectifs de l’armée adverse en créant l’illusion d’une désertion importante de ses soldats.

[10] Le fleuve Jaune est le deuxième plus long fleuve de Chine après le Yangzi Jiang. Long de 5 464 kilomètres, il prend sa source dans le plateau tibétain et après avoir traversé les provinces de Gansu, Ningxia, Mongolie-Intérieure, Shaanxi, Shanxi, Henan et Shandong il se jette dans la mer de Bohai, dans la mer Jaune. Le bassin versant du fleuve d’une superficie de 752 443 km² est caractérisé par un climat en grande partie semi-aride qui explique le débit modéré du fleuve à son embouchure (2 571 m3/s). Le fleuve Jaune a joué un rôle crucial dans l’histoire de la Chine car la civilisation chinoise est née au confluent du fleuve et de son affluent le Wei He puis s’est développée le long de son cours.

[11] impôt payé en commun, entraide entre les familles en cas de problèmes, etc.

[12] districts ayant chacun un fonctionnaire à sa tête

[13] qu’il s’agisse d’un père et d’un fils ou de deux frères

[14] c’est-à-dire qui vit de ses rentes

[15] Le confucianisme, est l’une des plus grandes écoles philosophiques, morales, politiques et dans une moindre mesure religieuses de Chine. Elle s’est développée pendant plus de deux millénaires à partir de l’oeuvre attribuée au philosophe Kongfuzi, « Maître Kong », connu en Occident sous le nom latinisé de Confucius. Après avoir été confrontée aux écoles de pensée concurrentes pendant la Période des Royaumes combattants et violemment combattue sous le règne de Qin Shi Huang, fondateur du premier empire, elle fut imposée par l’empereur Han Wudi en tant que doctrine d’État et l’est restée jusqu’à la fondation de la République de Chine en 1911.