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Isidore de Séville

samedi 10 février 2018, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 12 septembre 2011).

Isidore de Séville (vers 565-636)

Évêque métropolitain de Séville entre 601 et 636

Issu d’une famille influente qui contribua largement à convertir les Wisigoths [1], majoritairement ariens [2], au christianisme trinitaire.

Élève de son frère Léandre. Sous l’impulsion de ce dernier, Séville était devenue un centre culturel particulièrement brillant, et la bibliothèque épiscopale, enrichie de nombreux manuscrits apportés de Rome et de Constantinople par Léandre, et ceux apportés par les chrétiens réfugiés d’Afrique, permettait d’avoir accès à de nombreuses œuvres, tant sacrées que profanes. Il reçut ainsi une instruction très complète et, lorsque Léandre mourut, le clergé local suivit son souhait et élut Isidore comme évêque.

Havre de paix dans l’Occident de cette fin du 6ème siècle, l’Espagne se trouve appelée à devenir le conservatoire de la culture antique. La bibliothèque sévillane en est alors le centre le plus brillant. Tout en accordant une priorité aux grands écrivains chrétiens du 4ème au 6ème siècle, en particulier Augustin, Cassiodore, Grégoire le Grand, il tenta d’assumer cet immense héritage dans toute sa diversité.

Pendant son ministère, il eut le souci constant de la formation et de l’éducation des clercs. Il institua les écoles épiscopales sévillanes. Puisant dans la très riche bibliothèque de Séville et s’appuyant sur une équipe importante de copistes, il compila une somme énorme de connaissances visant à doter la nouvelle église catholique de solides fondations intellectuelles.

La reconquête byzantine du Sud étant définitivement arrêtée en 624, il célébrera en Swinthila le premier monarque à régner sur l’Espagne tout entière après en avoir chassé les derniers occupants byzantins, et au concile de Tolède, par sa formule Rex, Gens, Patria [3], il rassemblait Hispano Romains et Goths [4] dans une seule et même nation, qui allait fournir une motivation à la future Reconquista [5].

Il mourut à Séville le 4 avril 636, et en 653, le 8ème concile de Tolède [6], convoqué par Receswinthe, le nommait doctor egregius [7]. Il fut canonisé en 1598 et déclaré docteur de l’Église en 1722.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Nominis/ Isidore de Séville Docteur de l’Eglise - Évêque et confesseur

Notes

[1] Les Wisigoths entrent en Gaule, ruinée par les invasions des années 407/409. En 416 les Wisigoths et leur roi Wallia continuent leur invasion en Espagne, où ils sont envoyés à la solde de Rome pour combattre d’autres Barbares. Lorsque la paix avec les Romains fut conclue par le fœdus de 418, Honorius accorda aux Wisigoths des terres dans la province Aquitaine seconde. La sédentarisation en Aquitaine a lieu après la mort de Wallia. Les Wisigoths pénétrèrent en Espagne dès 414, comme fédérés de l’Empire romain. Le royaume des Wisigoths eut d’abord Toulouse comme capitale. Lorsque Clovis battit les Wisigoths à la bataille de Vouillé en 507, ces derniers ne conservent que la Septimanie, correspondant au Languedoc et une partie de la Provence avec l’aide des Ostrogoths. Les Wisigoths installèrent alors leur capitale à Tolède pour toute la suite. En 575 ils conquièrent le royaume des Suèves situé dans le nord du Portugal et la Galice. En 711 le royaume est conquis par les musulmans.

[2] Hérésie chrétienne qui a cours du 4ème au 6ème siècle sur l’instigation d’Arius, condamné par l’Eglise en 325 et en 381. Cette doctrine niant la consubstantialité du Fils avec le Père , c’est-à-dire niant l’essence divine de Jésus, se scinde ensuite en plusieurs tendances qui rencontrent un vaste écho dans l’Empire et hors de celui-ci.

[3] un Roi, un Peuple, une Patrie

[4] Les Goths faisaient partie des peuples germaniques. Selon leurs propres traditions, ils seraient originaires de la Scandinavie. Ils provenaient peut-être de l’île de Gotland. Mais ils pourraient également être issus du Götaland en Suède méridionale ou bien du Nord de la Pologne actuelle. Au début de notre ère, ils s’installèrent dans la région de l’estuaire de la Vistule. Dans la seconde partie du 2ème siècle, une partie des Goths migrèrent vers le sud-est en direction de la mer Noire. Dès le 3ème siècle les Goths étaient fixés dans la région de l’Ukraine moderne et de la Biélorussie où ils furent probablement rejoints par d’autres groupes qui ont été plus ou moins intégrés dans la tribu. Les Goths formaient un seul peuple jusqu’à la fin du 3ème siècle. Après un premier affrontement avec l’Empire romain dans le sud-est de l’Europe au début du siècle, ils se séparèrent en deux groupes : les Greuthunges à l’Est et les Tervinges à l’Ouest qui deviendront par la suite les Ostrogoths ou « Goths brillants », à l’Est, et les Wisigoths ou « Goths sages » à l’Ouest.

[5] La Reconquista correspond à la reconquête des royaumes musulmans de la péninsule Ibérique par les souverains chrétiens. Elle commence en 718 dans les Asturies, et s’achève le 2 janvier 1492 quand Ferdinand II d’Aragon et Isabelle de Castille, les « Rois catholiques » chassent le dernier souverain musulman de la péninsule, Boabdil de Grenade, achevant l’unification de l’essentiel de l’actuelle Espagne.

[6] Les conciles de Tolède sont une série de dix-huit assemblées politico-religieuses tenues à Tolède entre les années 400 et 702, tous, excepté le premier, datant de l’époque de la domination des Wisigoths. Ces assemblées politico-religieuses de la monarchie wisigothique sont convoquées par le roi et présidées d’abord par l’archevêque le plus ancien, postérieurement par l’archevêque de Tolède. La représentation est réduite aux hautes hiérarchies ecclésiastiques et à la noblesse. Pendant ces conseils, des décisions ont parfois été prises en ce qui concerne les limites du pouvoir royal ; mais beaucoup ont été utilisés pour légaliser des coups de force et des usurpations.

[7] médecin