D’origine modeste semble-t-il, il avait une formation de nomikos [1], et assura egkuklios paideia [2])dans l’école de nomê [3] qui se trouvait près de l’église Saint-Théodore.
Il se fit moine et adopta alors le nom d’Antoine. Il fut higoumène [4] du monastère Tôn Mêtropolitôn, et en 814 il était évêque de Syllaion [5], en Pamphylie [6], probablement nommé par l’empereur Léon V l’Arménien, sur le trône depuis le 10 juillet 813.
Il devint avec Jean le Grammairien, alors higoumène du monastère de Saints-Serge-et-Bacchus, l’un des deux conseillers de cet empereur en matière de religion. Au printemps 814 après la mort du khan Kroum le 14 avril, ils furent formellement chargés par l’empereur de monter le dossier documentaire qui devait servir au rétablissement de l’iconoclasme [7].
Le patriarche Nicéphore 1er fut tenu totalement à l’écart. Antoine et Jean rendirent visite à de grandes figures du clergé comme Euthyme de Sardes , retiré dans son monastère de l’Opsikion [8], pour tenter de les rallier au projet.
Le jour de Noël 814 eut lieu au Palais, en présence de l’empereur, une confrontation, très tendue, avec les principaux défenseurs du culte des images, notamment le patriarche Nicéphore, Théodore Studite, et Euthyme de Sardes. En janvier 815, les travaux de la commission aboutirent à la reconstitution de “l’horos” du concile de Hiéreia [9] . Le patriarche Nicéphore avait d’ailleurs commencé à répondre par écrit, point par point [10]. Cet affrontement eut une grande importance dans l’histoire de la renaissance culturelle byzantine du 9ème siècle.
Finalement, le 13 mars 815, Nicéphore fut déposé et exilé en Bithynie [11] . Il fut remplacé, non pas par l’un des deux conseillers religieux principaux, mais par un haut fonctionnaire laïc, Théodote Mélissène Cassitéras , lié par sa famille au grand empereur iconoclaste du siècle précédent, Constantin V.
Léon V fut assassiné le jour de Noël 820 par les partisans de Michel le Bègue , incarcéré pour complot et condamné à mort. Sorti de prison, ce dernier fut proclamé empereur et couronné par le patriarche Théodote, qui mourut au cours du mois suivant.
À l’annonce de l’assassinat, les soldats du thème des Anatoliques [12] proclamèrent un autre empereur, Thomas le Slave , et ils furent rejoints aussitôt après par trois autres thèmes. Dans ce contexte, à la veille d’une guerre civile, Michel le Bègue chercha à rassembler autour de lui : ordonnant la libération de tous les opposants à l’iconoclasme incarcérés pendant le règne précédent, comme Théodore Studite, il entra en pourparlers avec l’ex-patriarche Nicéphore, lui proposant, après la mort de Théodote, de le rétablir sur son siège. Les iconodoules [13] comme Théodore Studite furent même reçus en audience au Palais. Mais Michel leur annonça qu’il refusait de revenir sur la restauration officielle de l’iconoclasme ; que les moines iconodoules ne seraient plus inquiétés, mais hors de la capitale ; que si Nicéphore était rétabli sur son trône, il devrait garder le silence sur cette question. L’ex-patriarche refusa le compromis et resta dans son exil. Ce fut donc Antoine Cassymatas qui prit la succession de Théodote, au grand dépit des iconodoules, qui avaient beaucoup compté sur ce changement d’empereur.
Pendant le printemps 821, Thomas le Slave conclut une alliance avec le calife Al-Ma’mūn qui lui permit de se faire couronner empereur par le patriarche melkite [14] d’Antioche, Job 1er. Antoine Cassymatas excommunia ce dernier. Il semble que Thomas le Slave ait aussi fait des tentatives de se rallier les iconodoules. Il fut vaincu et exécuté fin 823.
Fort peu de choses sont connues sur les actes d’Antoine 1er pendant son pontificat, qui dura pourtant environ 16 ans. Après l’avènement de Théophile le 2 octobre 829, Jean le Grammairien, qui avait été son précepteur, fut nommé syncelle [15]. En 831 ou 832, un nouveau concile fut tenu pour confirmer et renforcer celui d’avril 815. Ceux qui refusaient la communion avec les iconoclastes étaient menacés d’emprisonnement, et ceux qui donnaient asile à ces récalcitrants de confiscation de leurs biens. Ensuite, les défenseurs du culte des images furent de nouveau jetés en prison ou envoyés en exil, comme sous le règne de Léon V.