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Constantin V dit Copronyme ou Caballinos

mercredi 25 février 2015, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 1er octobre 2011).

Constantin V dit Copronyme ou Caballinos (718-775)

Empereur byzantin de 741 jusqu’à sa mort

Solidus à l'effigie de Constantin V dit Copronyme ou Caballinos Empereur byzantin de 741 jusqu'à sa mortFils de Léon III l’Isaurien il est associé au pouvoir par son père dès 720. Il reçoit son surnom principal "Copronyme" au cours de son baptême, durant lequel il souille les fonts baptismaux au point d’incommoder l’assistance. Plus tard, sa passion pour les chevaux lui vaudra le surnom, plus aimable, de Caballinos.

Héritant de son père d’un Empire divisé, il s’emploie à le réunir et remporte un grand nombre de victoires militaires.

Les débuts de son règne sont consacrés à l’affirmation de sa légitimité, contestée par Artavasde, lui-même gendre de Léon III.

En 741, il envahit la Syrie et le nord de l’Euphrate, dont il transporte les habitants en Thrace [1]. En 750, il reconquiert définitivement Chypre. Le 30 juin 762, il détruit totalement l’armée bulgare du roi Télétzès. Il participe à la bataille d’Akroinon [2] en 740. Il récupère sur l’usurpateur Artabasde, sa capitale et son trône, occupés de 741 à 743.

Sa politique se caractérise par une volonté de consolider durablement le centre de l’Empire, écartant de Constantinople les dangers qui pèsent sur elle, quitte à abandonner Rome.

L’influence byzantine en Occident se réduisit lorsqu’il ne put repousser l’attaque des Lombards sur l’exarchat [3] de Ravenne qui est prise en 751 et fut incapable de garder le Nord de l’Italie sous son autorité, obligeant le pape à faire appel aux Francs lorsque Rome fut sous la menace lombarde.

Après la tentative de coup d’État de son beau-frère Artavasde, appuyé par le patriarche Anastase , Constantin éprouva la nécessité de réduire l’influence de la hiérarchie orthodoxe.

Profondément monophysite [4], décidé à poursuivre la politique de son père Léon III, il réunit le 10 février 754 le concile de Hiéreia,  [5]

Il confirma les décrets iconoclastes [6] de son père, Léon III et fit excommunier les iconodules [7], multipliant contre eux les persécutions. Ainsi, en 760 ou 763, l’ermite Etienne le Jeune fut arrêté pour refus de ratifier le décret du concile. Emprisonné, puis exilé, il est laissé en vie bien qu’ayant foulé au pied une effigie de l’empereur, ce qui est un crime de lèse-majesté. Néanmoins, il fut mis à mort par la foule. Ce regain d’iconoclasme entraîna la destruction d’un grand nombre d’images, mouvement qui culminera après l’élection, en 766, du nouveau patriarche, Nicétas , lorsque des moines et moniales iconodules furent forcés de défiler à l’Hippodrome en habits laïcs, main dans la main.

Si la disparition des icônes ne pose aucune difficulté dans les églises et les palais officiels, elle s’avère en revanche plus aléatoire dans les palais privés. En province, les décrets impériaux sont souvent mal appliqués par des évêques ou des gouverneurs iconophiles. Certains monastères défendent aussi farouchement les icônes, qui représentent une ressource financière importante.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Histoire de l’Europe/ Constantin V Copronyme/ Le petit mourre dictionnaire d’histoire universelle édition Bordas 2004 p 307

Notes

[1] La Thrace désigne une région de la péninsule balkanique partagée entre la Grèce, la Bulgarie et la Turquie ; elle doit son nom aux Thraces, la peuplade qui occupait la région dans l’Antiquité. Au 21ème siècle, la Thrace fait partie, à l’ouest, de la Grèce, Thrace occidentale, au nord, de la Bulgarie et, à l’est, de la Turquie, Thrace orientale.

[2] La bataille d’Akroinon ou bataille d’Acroinum (qui correspond à l’actuelle Afyonkarahisar, sur le bord ouest du plateau anatolien) oppose en 740 le Califat omeyyade à l’Empire byzantin. La victoire décisive des Byzantins permet à l’empereur Léon III l’Isaurien de repousser les forces omeyyades hors d’Anatolie. Cette bataille contribue en partie à la chute de la dynastie omeyyade.

[3] L’exarchat peut prendre deux sens, le premier est politique et administratif qui est propre à l’empire romain d’Orient et l’autre est ecclésiastique propre à l’Église orthodoxe. L’exarchat est une organisation de certains territoires périphériques de l’empire byzantin, mise en place au 6ème siècle pour faire face à la menace d’envahisseurs. L’exarchat est dirigé par un exarque qui concentre les pouvoirs civils et militaires. Cette organisation visait à réagir de façon optimale aux dangers menaçant l’empire dans ses régions périphériques, sans avoir à attendre les ordres venus de Constantinople. Ils bénéficiaient d’un plus grand degré d’indépendance que les autres gouverneurs provinciaux. Seuls deux exarchats furent constitués, à Ravenne contre l’invasion des Lombards, et à Carthage. Les autres provinces de l’empire byzantin reçurent progressivement une organisation semblable, mais sous le nom de « thèmes ». Les exarques civils étaient de véritables vice-rois, à qui l’on confiait le gouvernement de plusieurs provinces tandis que les exarques ecclésiastiques étaient des délégués du patriarche de Constantinople ou du Saint-Synode, chargés de visiter les diocèses, et de surveiller la discipline et les mœurs du clergé. Dans les Églises d’Orient, un exarque est un évêque qui a reçu mission de représenter un patriarche auprès d’un autre patriarche ou dans un lieu qui n’est le territoire d’aucune Église orthodoxe autocéphale. L’exarchat est à la fois la dignité de l’exarque, l’ensemble des paroisses et des fidèles placés sous sa responsabilité ainsi que l’église et les bâtiments qui en constituent le siège. C’est en quelque sorte un évêché sans diocèse et sans structure prévue pour durer. C’est une façon de s’adapter à des circonstances particulières, absence d’une église locale organisée, nécessité d’assurer une vie liturgique à un personnel diplomatique. Un exarchat possède un statut dérogatoire par rapport au principe de la territorialité de l’organisation ecclésiastique. L’évêque mentionné dans les diptyques n’est pas l’évêque du lieu mais le primat représenté par l’exarque. On peut comparer l’exarchat ecclésiastique à extra-territorialité de bâtiments diplomatiques. Les métropolites des "Nouvelles Terres" du Nord et de l’Est de la Grèce ont reçu du patriarche œcuménique de Constantinople des titres d’exarque qui rappellent leur appartenance au Patriarcat œcuménique de Constantinople.

[4] Le monophysisme est une doctrine christologique apparue au 5ème siècle dans les écoles théologiques de l’empire byzantin. Cette doctrine tente de résoudre les contradictions de la foi nicéenne concernant la nature du Christ. La doctrine chrétienne s’est construite à l’origine autour du symbole de Nicée, c’est-à-dire la reconnaissance de la consubstantialité du Père et du Fils, tout comme de la nature humaine du Christ. Les monophysites, en revanche, affirment que le Fils n’a qu une seule nature et qu’elle est divine, cette dernière ayant absorbé sa nature humaine. Ils rejettent la nature humaine du Christ. En cela le monophysisme s’oppose au nestorianisme. Cette doctrine a été condamnée comme hérétique lors du concile de Chalcédoine en 451, tout comme la doctrine opposée. Malgré cela, sous l impulsion de personnages tels que Sévère d’Antioche, le monophysisme continue de se développer dans les provinces byzantines de Syrie et d’Égypte auprès des populations coptes tout au long du 6ème siècle, jusqu aux invasions perses puis arabes au tout début du 7ème siècle. Il fut également responsable du premier schisme entre Rome et Constantinople en 484. Le monophysisme est encore professé aujourd’hui, dans sa variante miaphysite. Ce sont les Églises préchalcédoniennes, arménienne, syro jacobite, copte, etc

[5] une assemblée oecuménique qui déclare le Christ aperigraptos, c’est-à-dire incernable et donc impossible à représenter dans une image, les images de la Vierge et des Saints frôlant l’idolatrie païenne devaient donc, également être condamnées. À l’occasion de cette réunion, il nomme au patriarcat oecuménique Constantin de Sylaion.

[6] L’iconoclasme est, au sens strict, la destruction délibérée de symboles ou représentations religieuses appartenant à sa propre culture, généralement pour des motifs religieux ou politiques. Ce courant de pensée rejette l’adoration vouée aux représentations du divin, dans les icônes en particulier. L’iconoclasme est opposé à l’iconodulie. L’iconoclasme ou Querelle des Images est un mouvement hostile au culte des icônes, les images saintes, adorées dans l’Empire romain d’Orient. Il se manifesta aux 8ème et 9ème siècles par des destructions massives d’iconostases et la persécution de leurs adorateurs, les iconophiles ou iconodules. Il caractérise également la Réforme protestante.

[7] L’iconodulie ou iconodoulie, est un courant de pensée qui est en faveur des images religieuses ou icônes et de leur vénération, en opposition au courant iconoclaste. Le terme est actuellement utilisé en relation à la controverse iconoclaste byzantine