Bienvenue sur mon site historique. Bon surf

L’histoire pour le plaisir

Accueil du site > Histoire du 16ème siècle > Anne de Joyeuse dit Joyeuse

Anne de Joyeuse dit Joyeuse

dimanche 27 mars 2022, par ljallamion

Anne de Joyeuse dit Joyeuse (1560-1587)

Baron d’Arques-Baron-héréditaire de Languedoc-Vicomte puis duc de Joyeuse, Amiral de France-Mignon du roi Henri III

Né sans doute au château de Joyeuse ou sa famille s’installe en 1552. Fils de Guillaume de Joyeuse et de Marie de Batarnay. Il est le frère d’ Henri de Joyeuse , comte du Bouchage [1], de François de Joyeuse , archevêque de Narbonne [2] et cardinal et de Antoine Scipion de Joyeuse .

Il fréquente le collège de Navarre [3], à Paris, à partir d’août 1572, après avoir étudié au collège de Toulouse et suivi les cours de Théodore Marcile et George Critton .

À partir de 1577, il accompagne son père en campagne contre les huguenots [4] en Languedoc [5] et en Auvergne [6]. Il fait ses armes aux côtés d’Henri Gibert, sieur de la Guyardière et de Lhène dans la compagnie des cent hommes d’armes.

En 1579, il reçoit le commandement d’une compagnie d’ordonnance du roi [7] puis devient gouverneur du mont Saint-Michel [8]. En 1580, il participe au siège de La Fère [9].

Le 18 septembre 1581, il épouse Marguerite de Lorraine, fille de Nicolas de Lorraine duc de Mercœur, et de Jeanne de Savoie , et demi-sœur de la reine de France. Les époux reçoivent à leur mariage plus de 300 000 écus du roi. En août, la vicomté de Joyeuse [10] est érigée en duché-pairie avec préséance sur tous les autres ducs et pairs excepté les princes du sang. Le roi lui offre également la terre et seigneurie de Limours [11].

Il est nommé grand-amiral de France [12] le 1er juin 1582 et promu chevalier de l’ordre du Saint-Esprit [13] le 31 décembre. Le 24 février 1583, il est nommé gouverneur de Normandie [14]. En 1584, il devient gouverneur du Havre [15]. La même année, à la mort du duc d’Anjou, il reçoit le gouvernement du duché d’Alençon [16] et son frère Du Bouchage celui d’Anjou [17].

Anne de Joyeuse commande une expédition contre les protestants en Poitou [18], mais il s’aliène la bienveillance d’Henri III en faisant massacrer 800 Huguenots à La Mothe-Saint-Héray [19], le 21 juin 1587.

Reçu froidement à la cour, il croit échapper à la disgrâce royale en repartant combattre les troupes d’Henri de Navarre. À la tête de 1 000 hommes, il part vers le Velay [20], la Limagne [21] où il doit lever de l’argent et des denrées, il occupe Brioude [22], puis attaque des places fortes, qui sont mises à sac. Il se laisse attirer par le roi de Navarre et, le 20 octobre 1587, il attaque les troupes protestantes à Coutras [23], mais son infanterie et sa cavalerie sont décimées. Anne de Joyeuse se constitue prisonnier, mais il est reconnu et tué d’un coup de pistolet. Il est enterré à Montrésor [24].

Parmi les 2 000 morts catholiques, se trouve également le jeune frère d’Anne, Claude de Joyeuse, seigneur de Saint-Sauveur.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Xavier Le Person, « Practiques » et « practiqueurs ». La vie politique à la fin du règne d’Henri III (1584-1589), Genève, Droz, collection « Travaux d’Humanisme et Renaissance », 2002.

Notes

[1] Le Bouchage est une commune française située dans le département de l’Isère Le village se situe au nord de l’agglomération de La Tour-du-Pin

[2] L’archidiocèse de Narbonne est un ancien archidiocèse métropolitain de l’Église catholique en France. Le diocèse de Narbonne est érigé au 4ème siècle. Au 5ème siècle, vers 445, il est élevé au rang d’archidiocèse métropolitain. Dans le cadre de l’éradication de l’hérésie cathare, la partie occidentale du diocèse (Haut-Razès) est érigé en diocèse suffragant le 18 février 1318 par le pape Jean XXII, avec pour siège l’abbaye d’Alet. Au cours des 13ème et 14ème siècles, les archevêques de Narbonne ont élevé 18 châteaux sur leurs terres, dont ceux de Montels et de Capestang. À la suite du Concordat de 1801, le siège archiépiscopal est supprimé et le territoire de l’archidiocèse est partagé entre le diocèse de Carcassonne, qui couvre alors les départements de l’Aude et des Pyrénées-Orientales, et le diocèse de Montpellier, qui couvre alors les départements de l’Hérault et du Tarn.

[3] Le collège de Navarre a été fondé en 1304 à Paris grâce à Jeanne 1ère de Navarre. Épouse de Philippe le Bel, elle lègue son hôtel de la rue Saint André des Arts pour y établir un collège destiné à recevoir des étudiants de sa province.

[4] Protestant

[5] Le Languedoc est un territoire du sud de la France traditionnellement divisé en Haut Languedoc, qui correspond approximativement à l’actuelle région Midi-Pyrénées, et Bas Languedoc, qui correspond approximativement à l’ancienne région Languedoc-Roussillon. Le Languedoc fait partie de l’Occitanie, vaste espace géographique de langue d’oc. Le territoire du Languedoc (région où l’on parle la langue d’oc) est rattaché au domaine royal au 13ème siècle à la suite de la croisade contre les Albigeois mettant fin au catharisme. Le territoire sous contrôle des États de Languedoc s’est ensuite progressivement réduit à l’ancienne province du Languedoc. C’est en 1359 que les villes des trois sénéchaussées de Beaucaire, Carcassonne et Toulouse concluent entre elles une « union perpétuelle » puis exigent des officiers royaux d’être « convoquées ensemble » et non plus séparément, par sénéchaussée. Vers la fin du 14ème siècle, pays des trois sénéchaussées, auquel le nom de Languedoc allait être réservé, désigne les deux sénéchaussées de Beaucaire Nîmes et de Carcassonne et la partie occidentale de celle de Toulouse, conservée au traité de Brétigny. Le pays de Foix, qui relève de la sénéchaussée de Carcassonne jusqu’en 1333 puis de celle de Toulouse, cesse d’appartenir au Languedoc. En 1469, le Languedoc est amputé de presque toute la partie de la sénéchaussée de Toulouse située sur la rive gauche de la Garonne. Le roi Louis XI détache les deux jugeries de Rivière (Montréjeau) et de Verdun (aujourd’hui Verdun-sur-Garonne) de la sénéchaussée toulousaine pour les incorporer au duché de Guyenne, apanagé à son frère, le prince Charles. En contrepartie, le roi incorpore au Languedoc quelques communautés d’habitants du diocèse de Comminges, situées sur la rive droite de la Garonne, connues comme le Petit Comminges

[6] L’Auvergne est une région culturelle et historique de France située au cœur du Massif central. Après la chute du royaume wisigoth de Toulouse, l’Auvergne passe sous la domination de Clovis, le roi des Francs. L’aristocratie pro-wisigothe d’Auvergne résiste à cette nouvelle domination comme en témoigne la révolte de Placidina et Arcade. Conquise militairement par Thierry en 536, l’Auvergne est rattachée à l’Austrasie pendant un siècle. Des aristocrates gallo-romains locaux sont nommés comtes et dirigent la province avec les évêques d’Auvergne. À la fin du 7ème siècle ou au début du 8ème siècle, l’Auvergne passe sous l’influence du duché d’Aquitaine. Gouvernée par les ducs d’Aquitaine qui portent également le titre de comte d’Auvergne, elle fait l’objet de convoitises entre francs et aquitains. Durant cette période, ce sont les évêques d’Auvergne qui exercent concrètement le pouvoir.

[7] Les compagnies d’ordonnance sont les premières unités militaires permanentes (et donc professionnelles) à disposition du roi de France.

[8] L’abbaye du Mont-Saint-Michel est une ancienne abbaye bénédictine et un monument historique situé sur l’îlot du mont Saint-Michel, qui se trouve lui-même sur le territoire de la commune française nommée Le Mont-Saint-Michel, dans le département de la Manche en région de Normandie.

[9] Fère-en-Tardenois est une commune française située dans le département de l’Aisne

[10] Joyeuse est une commune française, située dans le département de l’Ardèche. À partir de 1581, elle fut érigée en duché par Henri III. Le titre fut transmis de façon discontinue jusqu’au milieu du 18ème siècle. Les ducs de Joyeuse étaient essentiellement des courtisans il n’existe que peu de traces de leur séjour dans leur château.

[11] Limours, parfois appelée Limours-en-Hurepoix, est une commune française située à 31 kilomètres au sud-ouest de Paris dans le département de l’Essonne. Situé sur un plateau traversé par un ruisseau, la Prédecelle, le bourg agricole et commerçant rival d’Arpajon fut intégré au domaine royal en 1376 par Charles V, puis donné en apanage aux mignons et favoris.

[12] La dignité d’amiral de France (ou de grand amiral de France) récompense en France des services militaires exceptionnels pour des amiraux de la Marine. Elle est l’équivalent pour les marins de celle de maréchal de France pour l’Armée de terre. Même si personne ne le porte actuellement, ce titre et cette dignité restent pleinement valables de nos jours : « Le titre de maréchal de France et le titre d’amiral de France constituent des dignités dans l’État. »

[13] l’ordre du Saint-Esprit, institué par Henri III (1578), supprimé sous la Révolution (1791), rétabli sous la Restauration (1814), définitivement aboli en droit par la monarchie de Juillet (1830).

[14] Le gouverneur de la province de Normandie avait sous ses ordres deux lieutenants-généraux, commandant en son absence respectivement la haute et la basse Normandie. La résidence du gouverneur semble être le Vieux-Palais à Rouen, même si sous l’occupation anglaise le gouverneur réside au château de Caen et plus tard, avec la construction du port militaire de Cherbourg, il s’installe sur les terres de l’abbaye Notre-Dame du Vœu.

[15] Le Havre est une commune française du Nord-Ouest de la France située dans le département de la Seine-Maritime, située sur la rive droite de l’estuaire de la Seine, au bord de la Manche. Son port est le deuxième de France après celui de Marseille pour le trafic total et le premier port français pour les conteneurs. Le 8 octobre 1517, François 1er signe la charte de fondation du port dont les plans sont confiés d’abord au vice-amiral Guyon le Roy. La Tour François 1er, dite la « grosse tour », en défend l’entrée. Malgré les difficultés liées au terrain marécageux et aux tempêtes, le port du Havre accueille ses premiers navires en octobre 1518. Le roi se déplace lui-même en 1520, rend perpétuels les privilèges des Havrais et leur donne ses propres armoiries constituées d’une salamandre. La fonction militaire est aussi encouragée : Le Havre est un des points de rassemblement de la flotte française pendant les guerres. Des navires partent également pêcher la morue à Terre-Neuve.

[16] La première maison des comtes d’Alençon descend des seigneurs de Bellême. En 1268, Alençon fut donnée en apanage à Pierre, fils de Louis IX puis en 1293, à Charles, comte de Valois, frère de Philippe le Bel. Une troisième maison des chefs d’Alençon fut issue de Charles II, second fils du comte de Valois, tué à la bataille de Crécy en 1346. Le comté d’Alençon fut élevé au statut de duché en 1414.

[17] L’Anjou est une région historique et culturelle française, correspondant à l’ancienne province du même nom et dont la capitale est Angers. Bien que le duché ait disparu, le terme « Anjou » est toujours utilisé pour définir le territoire de Maine-et-Loire

[18] Le Poitou était une province française, comprenant les actuels départements de la Vendée (Bas-Poitou), Deux-Sèvres et de la Vienne (Haut-Poitou) ainsi que le nord de la Charente et une partie de l’ouest de la Haute-Vienne, dont la capitale était Poitiers. Il a donné son nom au Marais poitevin, marais situé dans l’ancien golfe des Pictons, sur la côte occidentale de la France, deuxième plus grande zone humide de France en superficie après la Camargue ; le marais s’étend de l’Atlantique aux portes de Niort et du sud de la Vendée au nord de La Rochelle.

[19] La Mothe-Saint-Héray est une commune française, située dans le département des Deux-Sèvres

[20] Le Velay est une région naturelle française correspondant à une ancienne province située au sud-est du Massif central. Il correspond à l’ancien territoire gaulois des Vellavii que mentionne Jules César, ou des Velauni qui apparaissent sur les cartes de Ptolémée. Ses limites naturelles sont bien délimitées par le relief et les cours d’eau. Le comté épiscopal du Velay fut longtemps rattaché à l’ancien Languedoc royal dont il constituait l’état le plus septentrional. Il forme aujourd’hui les deux tiers est du département de la Haute-Loire.

[21] La Limagne est une grande plaine située au centre de l’Auvergne. Elle se situe autour de la vallée de l’Allier et de son affluent la Dore, à l’est de Clermont-Ferrand, essentiellement dans le département du Puy-de-Dôme. Au sud, on distingue les Limagnes d’Issoire et de Brioude, qui sont moins étendues et qui se développent aussi le long de l’Allier. Au nord se trouve la Limagne bourbonnaise. Le nom de Limagne peut donc désigner l’ensemble des quatre plaines ou seulement la grande plaine située à l’est de Clermont-Ferrand. Cette dernière est aussi appelée « Grande Limagne » pour la distinguer des trois autres.

[22] Brioude est une commune française située dans le département de la Haute-Loire dont elle est une sous-préfecture

[23] La bataille de Coutras se déroule le 20 octobre 1587, pendant les guerres de Religion. Elle voit la victoire du protestant Henri de Navarre qui écrase l’armée royale commandée par le duc Anne de Joyeuse, lequel meurt dans la bataille.

[24] Indre-et-Loire