Il succéda à Sahourê et précéda Chepseskarê . Il règne de 2446 à 2438
L’importance considérable dans l’économie des productions à destination funéraire est révélée par les archives administratives du temple funéraire du roi Néferirkarê Kakaï à Abousir [1]. Si l’administration royale y conserve un droit de regard, ce vaste circuit de l’économie grève de plus en plus les moyens de l’État.
Manéthon le nomme Népherchérès et lui accorde 20 ans de règne ce que confirme le papyrus de Turin [2] qui lui donne également une vingtaine d’années de règne. Cependant dans les archives d’Abousir la date la plus élevée relevée est la 11ème année et la pierre de Palerme [3] ne conserve qu’une partie des annales de son règne jusqu’en l’an dix.
Selon ces sources et le peu de vestiges contemporains de son règne retrouvés dans les nécropoles de Saqqarah [4] et d’Abousir, les égyptologues sont donc plus enclins à suivre les indications données par les annales de l’Ancien Empire qui bien qu’incomplètes sont contemporaines de Néferirkarê et s’accordent en général pour une durée de règne n’excédant pas les 12 années. Le fait que le complexe funéraire du roi ne soit pas achevé va par ailleurs dans le sens d’un règne écourté.
La pierre de Palerme indique que les cérémonies relatives au couronnement du roi eurent lieu le 7ème jour du 2ème mois de la première année du règne. Ces annales précisent également qu’il honora les divinités d’Héliopolis [5] allouant de nouvelles terres pour l’entretien des sanctuaires de la grande Ennéade ainsi que des Âmes d’Héliopolis et des dieux de Kherâha, localité située un peu au sud de l’antique cité du soleil, dans l’actuelle ville du Caire. Ces indications confirment donc que les cultes d’Héliopolis prennent encore davantage d’importance sous son règne.
Par ailleurs cette même source cite également le temple solaire de Néferirkarê nommé Set-îb-Rê, c’est-à-dire la place du cœur de Rê, temple que le roi fait bâtir en même temps que sa pyramide et qu’il inaugure probablement en l’an neuf de son règne. À cette occasion des cérémonies sont organisées dont la Course autour du Mur, un rite déjà observé lors du couronnement ou encore des fêtes jubilaires renouvelant le couronnement du souverain. Détail intéressant, les deux barques du dieu Rê qui devaient faire partie intégrante du temple solaire de Néferirkarê sont également citées, une pour le matin, l’autre pour le soir. Pour le moment aucun vestige de ce sanctuaire dynastique n’a été retrouvé. Cependant de nombreux fonctionnaires sont attachés à cette fondation cultuelle si singulière à la Vème dynastie et elle semble fonctionner jusqu’à la fin de la dynastie comme l’attestent les mentions que l’on retrouve dans les mastaba [6] de nombreux dignitaires de l’époque enterrés à Saqqarah
Néferirkarê ne néglige pas les autres dieux du royaume et de nouvelles terres sont allouées au temple de Ptah [7] qui est au Sud de son Mur à Memphis.
Il épouse une noble dame nommée Khentkaous II qui en raison de son homonymie avec la première du nom, enterrée elle à Gizeh [8], a jeté un peu plus le trouble dans l’épineux problème que soulève l’existence des deux personnages fréquemment identifiés comme étant une seule et même personne par les auteurs et historiens de l’Égypte antique. Ce sont les découvertes du complexe de l’épouse de Néferirkarê à Abousir qui ont permis d’écarter définitivement cette hypothèse et de restituer à cette Khentkaous deuxième du nom sa place éminente au sein de la Vème dynastie. Elle aura deux fils de son union avec le roi : Neferrê qui succédera à son père sous le nom de Néferefrê et Niouserrê qui montera à son tour sur le trône d’Horus à la suite du décès prématuré de son aîné.
Comme son prédécesseur Sahourê, Néferirkarê choisit le site d’Abousir pour édifier son complexe funéraire.
Les gradins qui forment le cœur du monument avaient à peine reçu les premières assises du revêtement qui aurait conféré à la pyramide son aspect à faces lisses, revêtement qui comme pour Mykérinos était conçu pour les premières assises en granite rouge d’Assouan.
Le temple funéraire commençait à s’élever depuis le fond du sanctuaire, mais le trépas du roi interrompit le chantier et ce sont les successeurs de Néferirkarê qui l’achèveront dans des matériaux moins nobles comme le bois pour les colonnes ou les briques crues pour les murs.