Né à Middelbourg [1] dans les Provinces-Unies [2]. Il décrit en 1614 le rapport entre la longueur et la fréquence de vibration des cordes vibrantes.
Il était en relation avec Marin Mersenne, Pierre Gassendi et René Descartes. À travers ce dernier, il a eu de l’influence dans l’histoire des sciences.
Originaire de Hees, Hendrick, le trisaïeul d’Isaac Beeckman, s’installe dans le Brabant [3]. Son aîné, Gérard devient fabricant de chandelles à Tournout et son fils, Hendrick, vient au monde en 1520.
Réfugié à Londres et converti au protestantisme, Hendrick contracte un second mariage après la mort de sa première femme. Son fils Abraham quitte Londres vers 1585 pour la ville de Middelbourg. Il épouse le 10 janvier 1588 Suzanne van Rhee, elle-même issue d’une lignée de protestants exilés en Angleterre puis à Middelbourg. Abraham et son épouse s’établissent au marché aux bestiaux de cette ville. Isaac y naît, à 10 heures du soir un 10 décembre.
Isaac entre à l’école à 7 ans. Il compose des poésies dès l’âge de 11 ans, ainsi qu’une pièce de théâtre de 500 vers, jouée devant un public d’amis et de voisins. À 12 ans, il est pensionnaire d’Adolphe Blesius, recteur de l’école d’Arnemuiden [4]. En 1602, il suit son maître, nommé recteur à Veere ; il quitte cette école à la mort de Blesius en 1607.
De 1607 à 1610, Beeckman étudie la philosophie et la linguistique à Leyde [5]. Il a aussi pour maître Jan van den Brœcke, professeur spécialisé dans l’étude des sciences, chez qui il fait un stage de 3 mois en 1607 et Henricus Ainsworth dit Henry Ainsworth , d’Amsterdam [6], hébraïste de renom, qu’il rejoint en 1608. Son frère Jacob l’accompagne dans ces études. Il assiste également à quelques leçons de Rudolphe Snellius, qui lui enseigne la nouvelle logique non aristotélicienne.
En 1610, alors que Jacob poursuit ses études à l’université de Franeker [7], Isaac Beeckman s’installe chez son père. Ce dernier compte que son aîné reprendra son commerce de tuiles et deviendra comme lui un maître couvreur renommé. En 1611, après son apprentissage de “chandelier” et s’étant fixé à Zierikzee [8], Issac prête donc le serment civique nécessaire à l’exercice de ce métier. Mais il n’a pas renoncé à poursuivre ses humanités et il s’embarque en 1612 pour Saumur [9] en passant par Rouen [10].
À Saumur en 1612, il se lie d’amitié avec quelques élèves, De Fos et Antonius Aemilius , puis il revient en Hollande la même année en compagnie de Jacques Schooten et de Jean Bourgois. Il manque se faire assassiner par des brigands lors de son retour, puis visite Amsterdam et revient à Zierikzee vers novembre.
L’année suivante, il est autorisé à prêcher par l’église de Schoowen. En 1614 il revient à Leyde, et en 1615 il visite Anvers [11] et Bruxelles [12]. La même année, son ami Schooten épouse sa sœur Janneken. Il commande plusieurs articles de médecine, délaisse son affaire au profit d’un cousin l’année suivante. Il visite alors l’Angleterre et revient en 1617 à Middelbourg, où il épaule Philippe van Lansberge dans ses dernières expériences astronomiques.
Il loge alors chez son frère, à Veere, et continue ses études de médecine. Probablement vers cette époque, il rencontre Cateline de Cerf-van Exem, âgée de 16 ans, qu’il épousera ; puis il se déplace à Bréda [13] en mai 1618.
En août 1618, il s’embarque pour Caen [14] en compagnie de son oncle Jan Pieterz van Rhee ; il y est examiné et admis une semaine après son arrivée. Le 6 août 1618, il défend les propositions qu’il a fait imprimer, après quoi on lui remet le bonnet de médecin. En septembre de la même année, il revient en Hollande s’installer à Bréda. Il affirme dans son journal s’y être occupé d’amours. Selon Adrien Baillet , il y rencontre Descartes devant un placard proposant en flamand un défi mathématique. Le philosophe se présente à lui comme “poitevin”.
Leur amitié se développe autour de problèmes que pose Beeckman et qui portent sur la gravitation, l’hydrostatique ou la chaînette. Descartes ne lui donne d’ailleurs pas de réponse sur cette courbe, sinon qu’elle est complexe. Ils projettent de composer un traité de mécanique et Beeckman donne à lire à Descartes ses notes, qui en retour lui offre un Compendium musicae [15]
En 1619, Beeckman revient à Middlebourg et commence sa correspondance avec Descartes. Il voyage à Dordrecht [16], et Veere, puis en compagnie de son père, il visite Gorcum [17], Rotterdam [18], Delft [19] et Brielle [20]. Il renonce à exercer la médecine.
L’année suivante, il prend des cours de chant sans grand succès, auprès de Avrard Verhaer puis retourne à Middlebourg et se marie, le 20 avril, avec Cateline de Cerf. Il se fixe par la suite à Rotterdam* auprès de son frère Jacob, devenu recteur de l’école érasmienne. Il enseigne la logique et dirige les disputes des étudiants. Il n’en poursuit pas moins parallèlement son métier de couvreur.
Parmi ses élèves, il retrouve en 1623 le fils de Simon Stevin professeur à Leyde et Saumur, qui lui laisse copier quelques manuscrits de son père. Il se lie avec Henri Reneri . En 1625, il devient co-recteur de l’école érasmienne ; il est chargé de procéder à l’unification des programmes des écoles latines.
Beeckman compte parmi les hommes les plus cultivés de son époque, en tant que physicien, médecin. Philosophe naturaliste, il propose une mathématisation des connaissances en sciences.
La curiosité de Beeckman l’entraîne à être beaucoup plus proche des artisans, techniciens et ingénieurs que ne sont en général les universitaires de cette période. En 1626, il fonde à Rotterdam un Collegium mechanicum [21]. En 1627, il est nommé recteur de la nouvelle école latine de Dordrecht. La population de cette ville, la seconde par importance en Hollande, est éblouie par son savoir, et lui prête des vertus extraordinaires. Mais, au courant de ces mêmes années, Beeckman perd la plupart des enfants que lui donne sa femme Cateline, son père, et sa mère et son frère Jacob.
En 1628 Descartes écrit “les Règles pour la direction de l’esprit” [22] et se brouille avec Beeckman, qu’il accuse avec violence et de façon injuste de s’être approprié les inventions du Compendium.
Parmi ses rencontres de 1629, figure un des élèves de Simon Stevin, le mathématicien lorrain Albert Girard. Beeckman sollicite son entretien au mois de juillet par l’entremise d’un ami commun, Philippe de La Canaye . Ce dernier, pour lui faire connaître l’ingénieur militaire des Nassau, leur donne à souper au camp de Bois-le-Duc [23].
La même année, son ami André Rivet fait rencontrer Beeckman et le père minime Marin Mersenne. L’été de la même année, il rencontre Pierre Gassendi, partisan comme lui de la physique atomique d’Épicure.
Dans les années qui suivent, il réalise quelques observations astronomiques avec Martin van den Hove ou Martinus Hortensius ou Ortensius et en 1631, après sa brouille avec le philosophe, il retrouve René Descartes, désormais fixé à Leyde. C’est par son intermédiaire que le professeur royal Jan Stampioen pose ses problèmes mathématiques au philosophe de la Haye.
En 1634, il donne à Descartes le livre de Galilée condamné l’année précédente par l’Inquisition.
En 1634, la peste sévit à Dordrecht. Beeckman songe à se retirer. Lui et sa femme font leur testament le 24 mars 1635. Mersenne lui envoie en 1636 les œuvres de Girard Desargues . Il fait partie des professeurs chargés d’examiner les méthodes de Laurens Real fondées sur la détermination des satellites de Jupiter afin de repérer en mer les longitudes.
Beeckman avait vu ses frères mourir de phtisie [24]. persuadé qu’il finirait de même, il prenait son poids quotidiennement. Myope, atteint depuis 1631 de cataracte, il meurt en effet lui-même de tuberculose, le 19 mai 1637 à 48 ans.