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L’histoire pour le plaisir

Manuel l’Arménien

mercredi 28 octobre 2020, par ljallamion

Manuel l’Arménien (mort en 838)

Général byzantin d’origine arménienne

Membre de la famille des Mamikonian [1], frère de Marinos, le père de la future impératrice byzantine Théodora.

Manuel apparaît dans les sources pour la première fois lors du règne de Michel 1er Rhangabé quand il détient le titre de protostrator [2]. À cette époque, il devait être probablement âgé d’une vingtaine d’années. Bien qu’il encourage Michel à affronter Léon V l’Arménien, Manuel est promu au rang de patrice [3] après la déposition de Michel par Léon et se voit confier le poste de stratège [4] du thème des Arméniaques ou des Anatoliques [5]. Le stratège de ce dernier est le plus puissant gouverneur militaire de l’empire.

Léon lui-même a détenu cette fonction avant son accession au pouvoir. Léon aurait nommé Manuel au poste exceptionnel de monostratège [6] au début de l’année 819 et pour une durée d’un an. Sous cette fonction, il dirige 5 thèmes d’Anatolie [7]. Toutefois, cette concentration de pouvoir inhabituelle n’a pas d’objectifs militaires. Elle est apparemment dirigée contre la résistance iconophile [8]. Quoi qu’il en soit, Manuel continue probablement de servir comme stratège des Anatoliques sous l’empereur Michel II l’Amorien bien que cela ne soit pas explicitement mentionné.

Cependant, peu après l’arrivée au pouvoir de Théophile, le fils de Michel, Manuel fait défection et rejoint les Abbassides [9] du fait de conspirations au sein de la cour impériale. Le logothète du Drome [10] Myron le dénonce auprès de l’empereur byzantin et l’accuse de comploter pour s’emparer du trône.

L’empereur Théophile hésite à accorder du crédit à ces accusations et il est finalement convaincu par le protovestiaire [11] Léon Chamodrakon et le synkellos Jean le Grammairien de son innocence. Toutefois, Manuel n’attend pas le jugement impérial. Se servant des moyens de transport de la poste impériale, il traverse rapidement l’Asie Mineure et offre ses services au calife Al-Ma’mūn, à la condition de ne pas être obligé de se convertir à l’islam.

Selon l’historien du 13ème siècle Vardan Areveltsi , la joie du calife est tellement grande qu’il lui donne un salaire annuel de 1 306 dirhams en argent et lui offre continuellement des cadeaux. De son côté, Théophile se résout à ramener Manuel au service de l’Empire byzantin et envoie Jean le Grammairien à Bagdad [12] lors d’une mission diplomatique. Son but officiel est d’annoncer la succession de Michel par Théophile. À Bagdad, Jean peut voir Manuel en tête-à-tête et lui garantit le pardon impérial, que Manuel semble accepter.

Toutefois, lors de l’été 830, Manuel participe à une expédition abbasside contre les rebelles khurramites [13] de Babak Khorramdin en Azerbaïdjan [14] aux côtés d’un contingent de prisonniers byzantins. La campagne est officiellement menée par Al-Abbas ibn al-Ma’mun , le propre fils du calife. Toutefois, Treadgold pense que Manuel, plus expérimenté, est le véritable commandant. Après avoir remporté quelques succès modestes, l’armée se dirige vers le sud. Manuel, qui a probablement gagné la confiance des Arabes, suggère que lui et Al-Abbas dirigent une partie de l’armée pour lancer un raid en Cappadoce [15] byzantine par la passe d’Hadath. Une fois qu’ils ont traversé les montagnes, Manuel et les prisonniers byzantins neutralisent Abbas et son escorte, prennent leurs armes et s’échappent. Quant à Abbas et ses compagnons, ils sont autorisés à retourner en territoire abbasside sans encombre.

L’empereur Théophile accueille Manuel à bras ouvert. Il le nomme magistros [16] et domestique des Scholes [17], le commandant des tagmata [18] d’élite. Manuel reste le général en chef de Théophile pour le restant de sa vie.

En outre, en tant qu’oncle de la nouvelle femme de l’empereur, sa position à la cour est dorénavant inattaquable. Enfin, il apparaît que l’empereur sert ensuite de parrain des enfants de Manuel.

En 831, Manuel accompagne Théophile lors d’une expédition contre un raid arabe en Cilicie [19]. Les Byzantins rencontrent les Arabes près du fort de Charsianon [20] et leur inflige une lourde défaite, tuant 1 600 hommes et faisant près de 7 000 prisonniers. Il est aussi mentionné que Manuel accompagne Théophile dans sa grande expédition de 837 contre les cités arabes du nord de la Mésopotamie [21] lors de laquelle les Byzantins mettent à sac Zapetra [22] et Arsamosate [23].

Toutefois, cette campagne et les atrocités commises par les Byzantins [24] après la chute de Zapetra entraînent des représailles de grande envergure menées par le calife Al-Muʿtasim . Manuel accompagne à nouveau l’empereur comme général en chef avec Théophobos , le commandant de l’important corps perse composé de réfugiés khurramites [25]. Il participe à la bataille d’Anzen [26] le 22 juillet 838, lors de laquelle Théophile affronte l’armée du général Afchin Khaydar ben Kawus . Au cours de la bataille, l’armée impériale s’enfuit et Théophile est encerclé avec sa suite sur une colline. Il est accompagné de 2 000 Perses. Quand certains de ces derniers commencent à vouloir livrer l’empereur aux Arabes, Manuel empoigne le cheval de Théophile par la bride et le force à fuir. Avec quelques autres officiers, il parvient à percer les lignes arabes et à mettre Théophile en sûreté dans le village de Chiliokomon situé à proximité. Au cours de cette action, il reçoit de lourdes blessures et selon la chronique de Syméon Métaphraste , il meurt peu après.

Sa nièce Théodora se marie à Théophile et devient impératrice régente durant plusieurs années après la mort de son époux.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Manuel l’Arménien/ Portail du monde byzantin/ Catégories : Domestique des Scholes

Notes

[1] Les Mamikonian ou Mamikoneans sont les membres d’une famille noble ayant dominé la politique de l’Arménie entre les 4ème et 8ème siècles. Ils ont exercé la charge héréditaire de sparapet (« généralissime ») d’Arménie jusqu’à la fin du 6ème siècle et ont dirigé entre autres les régions du Taron, de Sasun et de Bagrévand.

[2] chef des étables impériales

[3] Patrice est un titre de l’empire romain, créé par Constantin 1er. Dans les années 310-320, Constantin abolit le patriciat romain, vieille distinction sociale qui avait ses racines au début de la république romaine. Le titre de patrice est désormais accordé par l’empereur à des personnes de son choix, et non plus à des familles entières. Dès son apparition, le titre de patrice permet à son titulaire d’intégrer la nobilitas, comme le faisait déjà le patriciat républicain. Le titre était décerné à des personnages puissants mais non membres de la famille impériale ; il vient dans la hiérarchie immédiatement après les titres d’Auguste et de César. Ce titre fut ensuite conféré à des généraux barbares au service de l’empire. Le titre fut encore porté par des notables gallo-romains au 6ème siècle. Sous les Mérovingiens, le titre de patrice était donné au commandant des armées burgondes. Les papes l’ont notamment décerné à plusieurs reprises pour honorer des personnages qui les avait bien servis. Le titre fut également conservé dans l’Empire byzantin, et son importance fut même accrue au 6ème siècle par Justinien 1er, qui en fit la dignité la plus haute de la hiérarchie aulique. C’était une dignité accordée par brevet. Dans les siècles suivants, elle fut progressivement dévaluée par la création de nouveaux titres. La dignité de patrice disparut à Byzance au 12ème siècle.

[4] Un stratège est un membre du pouvoir exécutif d’une cité grecque, qu’il soit élu ou coopté. Dans l’Empire byzantin, à partir du 7ème siècle, un stratège est le commandant d’un thème et de son armée. Il est le détenteur des pouvoirs civils et militaires au sein de cette province. Le terme de monostratège désigne un stratège qui a autorité sur plusieurs thèmes.

[5] Les Arméniaques ou le thème des Arméniaques sont un thème de l’Empire byzantin situé au nord-est de l’Asie Mineure (Turquie actuelle). Ce thème est l’un des quatre thèmes originels, créés vers la moitié du 7ème siècle.

[6] Le terme « monostratège » (monostrategos, « seul général ») désigne un stratège qui a autorité sur plusieurs thèmes

[7] L’Anatolie ou Asie Mineure est la péninsule située à l’extrémité occidentale de l’Asie. Dans le sens géographique strict, elle regroupe les terres situées à l’ouest d’une ligne Çoruh-Oronte, entre la Méditerranée, la mer de Marmara et la mer Noire, mais aujourd’hui elle désigne couramment toute la partie asiatique de la Turquie

[8] Qui aime les images, qui adore les icônes

[9] Les Abbassides sont une dynastie arabe musulmane qui règne sur le califat abbasside de 750 à 1258. Le fondateur de la dynastie, Abû al-Abbâs As-Saffah, est un descendant d’un oncle de Mahomet, Al-Abbas ibn Abd al-Muttalib. Proclamé calife en 749, il met un terme au règne des Omeyyades en remportant une victoire décisive sur Marwan II à la bataille du Grand Zab, le 25 janvier 750. Après avoir atteint son apogée sous Hâroun ar-Rachîd, la puissance politique des Abbassides diminue, et ils finissent par n’exercer qu’un rôle purement religieux sous la tutelle des Bouyides au 10ème siècle, puis des Seldjoukides au 11ème siècle. Après la prise de Bagdad par les Mongols en 1258, une branche de la famille s’installe au Caire, où elle conserve le titre de calife sous la tutelle des sultans mamelouks jusqu’à la conquête de l’Égypte par l’Empire ottoman, en 1517.

[10] le ministre des affaires étrangères

[11] Le protovestiaire était un haut dignitaire de la cour des empereurs byzantins. Jusqu’au 11ème siècle, la charge de protovestiaire resta en général réservée aux eunuques. À partir du 12ème siècle, elle fut donnée à des grands seigneurs non eunuques, souvent des membres de la famille impériale, notamment un neveu de l’empereur. Au 13ème siècle, le titre ne correspondait plus qu’à une fonction d’apparat pendant les cérémonies : signaler la présence de l’empereur, agiter la main portant des clefs à travers la tenture dissimulant le souverain à la vue des assistants, recevoir la couronne et les vêtements impériaux des mains du préposé... Le protovestiaire avait aussi le privilège exclusif, s’il apercevait un insecte ou une tache sur le vêtement impérial, d’y porter la main sans y être invité. Il faisait partie des « familiers » dont la tente, en campagne, était dressée près de celle de l’empereur, l’un des rares à avoir accès au vaisseau impérial.

[12] Bagdad ou Baghdad est la capitale de l’Irak et de la province de Bagdad. Elle est située au centre-Est du pays et est traversée par le Tigre. Madīnat as-Salām fut fondée ex nihilo au 8ème siècle, en 762, par le calife abbasside Abou-Djaafar Al-Mansur et construite en quatre ans par 100 000 ouvriers. Selon les historiens arabes, il existait à son emplacement plusieurs villages pré-islamiques, dont l’un s’appelait Bagdad.

[13] Le mouvement khurramite aussi appelé la Khurramiya (La religion joyeuse) était un mouvement religieux et politique iranien qui est apparu en Azerbaïdjan au début du 9ème siècle. Ce mouvement, aussi appelé Surkh jāmgān (aux habits rouges) à cause de leur couvre-chef rouge, était une réaction iranienne, contre le pouvoir arabe et contre l’islam, qui a contribué à affaiblir le califat. Sous la direction de Bâbak, les Khurammites ont commencé à attaquer en Iran et en Irak à partir de 816, sous le règne d’Al-Mamun. Bâbak fut exécuté en janvier 838 à Samarra.

[14] Pays du Caucase situé sur la ligne de division entre l’Europe et l’Asie. Sa capitale est Bakou, sa langue officielle est l’azéri et sa monnaie est le manat. Du 7ème au 10ème siècles, la région connaît un essor politique, sous les Sajides, les Chirvanchahs, les Salarides, les Ravvadides et les Cheddadides. Au 12ème siècle, après l’effondrement de l’Empire seldjoukide, les Atabegs d’Azerbaïdjan règnent depuis leur capitale de Nakhitchevan, puis d’Ardabil, et enfin de Tabriz, sur l’Azerbaïdjan iranien actuel et sur l’Arran (l’Azerbaïdjan moderne). Leur territoire est ensuite conquis par le Khwarezmchahs Jalal ad-Din au 13ème siècle, dont l’État succombe ensuite aux Mongols. Au 13ème siècle, l’Empire mongol des Khulaguides est fondé, avec sa capitale à Tabriz.

[15] La Cappadoce est une région historique d’Asie Mineure située dans l’actuelle Turquie. Elle se situe à l’est de la Turquie centrale, autour de la ville de Nevşehir. La notion de « Cappadoce » est à la fois historique et géographique. Les contours en sont donc flous et varient considérablement selon les époques et les points de vue.

[16] Le magister officiorum ou maître des offices est un haut fonctionnaire romain de l’époque du Bas-Empire. Créé sous Constantin Ier vers 320, ce fonctionnaire est à un poste clé et est membre du consistoire sacré, ou conseil de l’empereur et dirige la majeure partie de l’administration centrale. Il remplace le préfet du prétoire comme commandant de la nouvelle garde impériale, les scholæ palatinæ et à la direction des fabriques d’armes. Il contrôle l’ensemble de l’administration impériale par l’intermédiaire du corps des agentes in rebus, chargés de mission qui acheminent les courriers et les ordres officiels, et qui enquêtent dans les provinces, surveillant les gouverneurs locaux, au point qu’on les surnomme les curiosi. Enfin, il reçoit les ambassadeurs, et par extension, surveille les réceptions et les cérémonies officielles à la Cour, et a une autorité disciplinaire sur le personnel du cubiculum, domesticité personnelle de l’empereur.

[17] La fonction de domestique des Scholes est une fonction militaire élevée dans l’Empire byzantin, du 8ème au début du 14ème siècle. À l’origine simples commandants des Scholai, la plus élevée des tagmata d’élite, ces domestiques gagnent rapidement en importance : au milieu du 9ème siècle, ils deviennent les commandants en chef de l’armée byzantine, juste après l’empereur. La fonction est toutefois éclipsée au 12ème siècle par celle de grand domestique, et, à la période des Paléologue, elle est réduite à une dignité de cour purement honoraire et de niveau intermédiaire.

[18] Le tagma était l’unité tactique de l’armée byzantine ayant la taille d’un bataillon ou d’un régiment. Du 8ème au 10ème siècle, les tagmata constituèrent l’armée permanente de l’Empire byzantin par opposition aux thèmes, unités populaires et territoriales, mobilisables pour la défense des provinces. Quoique le terme « tagma » ait été utilisé depuis 4ème siècle, c’est vraisemblablement Constantin V qui lui a donné son sens technique au milieu du 8ème siècle. Cette réforme qui mettait les tagmata directement sous l’autorité de l’empereur visait à créer une armée qui soit à la fois mobile et loyale à l’empereur, car non seulement les unités thématiques ne pouvaient être utilisées dans les guerres d’annexion au-delà des frontières, mais encore les commandants des unités thématiques cantonnées près de Constantinople avaient tenté à maintes reprises de renverser le pouvoir établi

[19] La Cilicie est une région historique d’Anatolie méridionale et une ancienne province romaine située aujourd’hui en Turquie. Elle était bordée au nord par la Cappadoce et la Lycaonie, à l’ouest par la Pisidie et la Pamphylie, au sud par la mer Méditerranée et au sud-est par la Syrie. Elle correspond approximativement aujourd’hui à la province turque d’Adana, une région comprise entre les monts Taurus, les monts Amanos et la Méditerranée.

[20] Charsianon est une forteresse importante du plateau anatolien, entre Césarée de Cappadoce et la vallée de l’Halys, et le centre du thème byzantin du même nom. Charsianon est stratégiquement située sur la route Est-Ouest qui relie Constantinople à Mélitène par Ancyre, et sur une route Nord-Sud entre la côte du Pont et Césarée. Cette position sur des routes d’invasions vaut à Charsianon de tomber aux mains des Arabes en 730, alors que de nouvelles attaques sont repoussées en 831, 843 et 845. La forteresse est alors détachée du thème des Arméniaques et élevée au rang de kleisoura dont la garnison sert de force mobile d’intervention contre les raids arabes. À la faveur de la guerre contre les pauliciens, entre 863 et 872, Charsianon devient un thème à part entière, dont les troupes ont encore à combattre les Arabes à la fin du 9ème et au début du 10ème siècle, notamment en 886 lorsque la place forte elle-même est visée.

[21] La Mésopotamie est une région historique du Moyen-Orient située dans le Croissant fertile, entre le Tigre et l’Euphrate. Elle correspond pour sa plus grande part à l’Irak actuel.

[22] ville natale du calife Al-Mu’tasim

[23] Arsamosate ou Aršamašat, ou encore Chimchât, est une ancienne ville du royaume arménien antique de Sophène. Située sur la rive sud du Haut-Euphrate, son emplacement exact n’est pas connu, et différents sites ont été proposés. Elle est fondée par le roi Arsamès de Sophène vers 220 av. jc. À une période, elle a vraisemblablement servi de capitale au royaume. Au printemps 212 av. jc, le roi Xerxès y est assiégé par le Séleucide Antiochos III. Au Moyen Âge, elle passe à plusieurs reprises entre les mains des Byzantins et des Arabes. Elle est abandonnée au 13ème siècle.

[24] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[25] Le mouvement khurramite aussi appelé la Khurramiya (La religion joyeuse) était un mouvement religieux et politique iranien qui est apparu en Azerbaïdjan au début du 9ème siècle. Ce mouvement, aussi appelé Surkh jāmgān (aux habits rouges) à cause de leur couvre-chef rouge, était une réaction iranienne, contre le pouvoir arabe et contre l’islam, qui a contribué à affaiblir le califat. Sous la direction de Bâbak, les Khurammites ont commencé à attaquer en Iran et en Irak à partir de 816, sous le règne d’Al-Mamun. Bâbak fut exécuté en janvier 838 à Samarra.

[26] La bataille d’Anzen ou bataille de Dazimon se déroule le 22 juillet 838 à Anzen ou Dazimon (aujourd’hui Dazman en Turquie). Elle oppose l’Empire byzantin aux forces du califat abbasside. Les Abbassides viennent de lancer une expédition massive composée de deux armées, en représailles aux succès de l’empereur Théophile l’année précédente. Le but de l’expédition est de mettre à sac la cité d’Amorium, l’une des plus grandes cités byzantines. Théophile et son armée affronte la plus petite armée arabe, dirigée par le général Afchin Khaydar ben Kawus à Dazimon. L’armée byzantine supérieure en nombre est d’abord dans une situation favorable mais quand Théophile décide de diriger l’attaque en personne, son absence à son poste habituel crée la panique chez les Byzantins, qui craignent qu’il ait été tué. Cet événement combiné à la vigoureuse contre-attaque des archers à cheval turcs entraînent la fuite de l’armée byzantine. Théophile et sa garde sont encerclés sur une colline avant qu’ils ne parviennent à s’échapper. La défaite ouvre la voie du sac brutal d’Amorium quelques semaines plus tard. Ce sac est l’une des plus sérieuses déroutes des Byzantins lors des longues guerres arabo-byzantines.