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Gilbert de Chalon

mardi 7 juillet 2020, par ljallamion

Gilbert de Chalon (vers 900-après 956)

Comte de Chalon, d’Autun, de Beaune, de Troyes, d’Avallon et de Dijon-Comte principal de Bourgogne

Les pagi bourguignons au ixe siècleFils du comte Manassès 1er de Chalon et d’Ermengarde de Provence. Celle-ci pourrait être la fille du roi Boson V de Provence.

Principal lieutenant du duc de Bourgogne [1] Hugues le Noir, il lui succède dans ses différents comtés, mais sans être reconnu duc de Bourgogne, et il doit se contenter du titre de comte principal des Bourguignons. Il se maintient à l’écart des luttes de pouvoir entre les Carolingiens et les Robertiens [2], mais doit accepter la suzeraineté du duc et comte Hugues le Grand.

Lorsqu’il accède au trône de Francie [3], en 923, Raoul 1er, préfère confier le duché de Bourgogne à son ancien lieutenant, Gilbert de Chalon, qui devient son beau-frère 5 ans plus tard, en épousant Ermengarde de Bourgogne, plutôt qu’à son propre frère cadet, Hugues.

En 936, son beau-frère Hugues et Hugues le Grand, alors comte de Paris [4], marquis de Neustrie [5], et duc des Francs, contestent tous deux la décision du roi Raoul et revendiquent le duché de Bourgogne.

En 938, un traité, signé à Langres [6], divise celui-ci en trois part égales, respectivement attribuées à Gilbert de Chalon, à Hugues de Bourgogne le Noir, et à Hugues le Grand. Chaque bénéficiaire prend alors le titre de duc de Bourgogne. Gilbert conserve donc son titre ducal mais règne, de fait, sur un territoire réduit.

Cette division prend fin en 943, par décision de Louis IV d’Outremer, roi des Francs, qui confie l’intégralité des droits sur le duché de Bourgogne à Hugues le Grand, et donnent à Hugues le Noir et à Gilbert de Chalon, le titre de comte principal de Bourgogne. Dès lors, ces derniers continuent de jouir de la part qu’il avait mais deviennent des vassaux du duc.

Ainsi, en 952, il récupère la part d’Hugues le Noir, qui vient de trépasser. Il jouit dès lors, bien que vassal d’Hugues le Grand, des revenus des deux tiers du duché de Bourgogne et y étend son influence, ce qui le rend de fait plus puissant que le duc, son suzerain, et menaçant pour ce dernier.

Afin d’éviter une éventuelle conquête du comte principal et de garder le contrôle du duché entre les mêmes mains d’un seul et même duc, Hugues le Grand s’empresse de marier Otton de Bourgogne , son fils, à Liégearde, la fille de Gilbert de Chalon.

Il disparaît vers 956.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Henri Drouot et Joseph Louis Antoine Calmette, Histoire de Bourgogne

Notes

[1] Le duché de Bourgogne est fondé en 880 à partir du royaume de Bourgogne, par les rois carolingiens Louis III et Carloman II et les membres princiers de leur famille qui se partagent l’Empire carolingien de Charlemagne dont ils ont hérité. Ils féodalisent tous les royaumes carolingiens de France en duchés et comtés vassaux des rois de France. Richard II de Bourgogne (dit Richard le Justicier) est nommé marquis puis premier duc de Bourgogne et un des six pairs laïcs primitifs de France par son suzerain le roi Louis III.

[2] La famille des Robertiens est une famille de la noblesse franque qui tire son nom du prénom Robert que portèrent un grand nombre de ses membres. La puissance des Robertiens, fortement implantés en Neustrie, s’explique moins par « leur carrière royale intermittente » que par leur « capacité à renoncer au trône pour affermir leur position » dans le royaume et le diriger de fait. Trois membres de la famille accédèrent au trône : Eudes en 888, son frère Robert 1er en 922 et le petit-fils de ce dernier Hugues Capet en 987. Les descendants de ce dernier sont nommés Capétiens et régnèrent sur la France sans interruption de 987 à 1792 (805 ans) puis de 1815 à 1848 (33 ans). Ainsi, de 888 à 1848, soit pendant environ 960 ans, la famille issue des Robertiens a joué un rôle politique de premier plan en France

[3] La Francie orientale est la partie orientale de l’empire carolingien partagé lors du traité de Verdun en 843. Elle échoit à Louis le Germanique. Ce royaume comprenait la part orientale de l’ancienne Austrasie, la Saxe, la Thuringe et la Bavière. Le royaume des Francs orientaux ne gardera que sous les Carolingiens le nom de Francie qui sera dès l’origine également utilisé pour désigner deux régions : l’une originellement peuplée de Francs, la Francie du Rhin ou Lotharingie (« Rheinfranken »), l’autre colonisée par eux, la Francie du Main, ou Franconie (« Mainfranken »).

[4] Le comté de Paris était un comté carolingien ayant Paris et sa cité épiscopale pour chef-lieu. Il aurait été fondé par Charlemagne, mais le premier comte cité est Griffon, fils de Charles Martel, maire du Palais. Paris devient le chef-lieu du duché de France, et les Robertiens obtiennent le comté de Paris héréditairement à partir de Robert le Fort, défenseur de la cité contre les Normands. Avec l’accession des Capétiens à la couronne de France, les rois ne nomment plus que des vicomtes à Paris. Ceux-ci furent à leur tour, remplacés par des prévôts, l’ancien comté devenant la prévôté de Paris.

[5] La marche de Neustrie, créée pour la défense contre les Bretons est désignée par "marche bretonne" et celle contre les Normands par "marche normande". Ces appellations ne sont en rien contemporaines, les deux marches ayant été désignées sous le terme générique de "marche de Neustrie". La "marche bretonne" confiée en 861 à Robert le Fort, comprenait la Touraine, l’Anjou et le Maine, ce dernier ayant à l’époque perdu sa capitale, Le Mans, et les territoires alentours, érigés en apanage, le duché du Mans. La "marche normande", qui s’étendait depuis la région du Mans en Basse Normandie jusqu’à la Seine, échoit à Adalard le Sénéchal et à ses parents Udo et Bérenger, fils du comte Gebhard.

[6] Langres est une commune française du département de la Haute-Marne, dont elle est l’une des deux sous-préfectures. Langres a donné son nom à une région traditionnelle qui avait le titre de comté et une coutume particulière à celle de Sens (le Pays de Langres), ainsi qu’à un diocèse dont le titulaire avait depuis le 12ème siècle le titre de duc et pair de France.