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Tanneguy IV du Chastel ou Tannegui IV du Chastel

vendredi 12 juin 2020, par ljallamion

Tanneguy IV du Chastel ou Tannegui IV du Chastel (mort en 1477)

Noble français du 15ème siècle

Portrait de Tanneguy IV du Chastel (Jean-François Dreux du Radier, L'Europe illustrée , t. I, 1755-1765, Le Breton (Paris))Né en Bretagne. Il est vicomte de la Bellière, gouverneur du Lyonnais [1], du Roussillon [2] et de Cerdagne [3], sénéchal [4] de Provence [5]. Réfugié en Bretagne, il devient grand maître d’hôtel [6] du duc François II, puis chambellan [7] du roi de France Charles VII.

Tanneguy IV du Chastel est issu de la famille du Chastel [8], nobles de Bretagne dont le château se trouvait à Trémazan [9] dans le Léon [10]. Fils d’Olivier du Chastel, il est le neveu de Tanneguy III du Chastel qui l’introduisit à la Cour, près du roi Charles VII.

Le 20 mai 1454, il est fait premier écuyer du Roi et grand-maître de l’écurie, puis grand écuyer du Roi [11] jusqu’à la mort de Charles VII le 22 juillet 1461. En 1454 également, il devient le lieutenant du comte du Maine Charles IV d’Anjou , alors gouverneur du Languedoc, et est nommé en 1458 viguier [12] et châtelain de Beaucaire [13] et Aigues-Mortes [14], pour tenir les États de Languedoc assemblés à Carcassonne [15].

En 1459, pendant le congrès convoqué à Mantoue [16] par Pie II en vue d’une préparation de la croisade, il est envoyé avec Jean II de Chambes , Baron de Montsoreau [17], à Venise [18]. À la mort du roi, il fait partie de ceux qui organisent ses funérailles. Il est écarté par Louis XI en 1461, qui ne s’entoure au début de sa vie que d’un cercle de très proches amis.

Tanneguy revint en Bretagne, où par son mariage avec Jeanne Raguenel de Malestroit [19], en 1462, il devint vicomte de la Bellière en 1471, après la mort de Jean IV Raguenel baron de Malestroit, maréchal de Bretagne, du nom d’un apanage situé sur la paroisse primitive de Pleudihen, dans les Côtes-d’Armor.

Il est un fidèle du duc de Bretagne François II qui le nomme grand maître d’hôtel et capitaine de Nantes [20].

Grand sénéchal de Provence, il fut un proche du roi René d’Anjou, comte de Provence, qu’il soutient financièrement dans les moments difficiles. Il devient chevalier de l’Ordre du Croissant [21].

Nommé gouverneur du Lyonnais en 1462, il fait une entrée solennelle dans la ville de Lyon, mais il n’entreprend aucune action dans cette cité. En 1465, il fait partie de l’ambassade qui se rend en Angleterre, pour assister au mariage du roi Édouard IV.

Lorsque éclate la guerre du Bien Public [22], il refuse de se battre contre son souverain ; il passe alors au service du roi Louis XI en 1468, et en devient le principal conseiller. Tanneguy, brillant chef de guerre, se battra sur de nombreux fronts, souvent avec succès. Louis XI lui enlève le gouvernement de Lyon et le nomme gouverneur de Roussillon et de Cerdagne de 1468 à 1471 plus adapté à son rôle de militaire. Il lui donne les seigneuries de Châtillon-sur-Indre [23], Noncourt [24], Pacy [25] et Ézy [26]. Le 1er août 1469, Tanneguy du Chastel fut choisi pour être l’un des premiers chevaliers de l’ordre de Saint-Michel [27], par lettres patentes.

En 1472, alors que la guerre est rallumée par la coalition des ducs de Bretagne et de Bourgogne, Tannequy arrive du Roussillon pour les repousser et défaire les troupes. Il rendit hommage lige au roi pour le château, la ville et la châtellenie de Châtillon-sur-Indre, le 20 février 1473, en paiement d’une dette de 36 000 livres que lui devait le roi. Il fut tué d’un coup de fauconneau [28] le 29 mai 1477 au siège de Bouchain [29], en Picardie, au cours d’un guerre contre la Bourgogne, après la mort de Charles le Téméraire. Louis XI le fit inhumer à Notre-Dame de Cléry [30], où lui-même se fera enterrer en 1483.

C’était un fin lettré, dont on a conservé plusieurs rondeaux. Il possédait plusieurs livres dont trois manuscrits de l’Histoire ancienne jusqu’à César.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Bernard Demotz, Henri Jeanblanc, Claude Sommervogel et Jean-Pierre Chevrier, Les Gouverneurs à Lyon 1310 - 2010 : le gouvernement militaire territorial, Lyon, Éditions lyonnaises d’art et d’histoire, 2011, 255 p. (ISBN 9782841472260, notice BnF no FRBNF42514690)

Notes

[1] Le Lyonnais est une ancienne province de France, qui correspond aujourd’hui au sud-est du département du Rhône et à une grande partie de la métropole de Lyon.

[2] Le comté de Roussillon est une ancienne principauté féodale située dans les Pyrénées orientales. Le comté de Roussillon serait né à l’époque wisigothique comme une subdivision administrative du royaume wisigoth. Ses limites correspondaient à la civitas Ruscinonensis antique (d’où il tient son nom), c’est-à-dire l’actuel département des Pyrénées-Orientales sans la Cerdagne ni le Capcir. Probablement détruit par l’invasion arabe de 721, le comté renaquit au moment de la reconquête carolingienne, et fut intégré à la Marche d’Espagne, puis au marquisat de Gothie. Le Roussillon est alors aux mains de comtes nommés ou reconnus par le pouvoir impérial, mais cette tutelle se fait moins forte au cours du 9ème siècle, et après la fin de la dynastie carolingienne, il est considéré comme un bien patrimonial qui passe au tout début du 10ème siècle aux mains de la dynastie d’Empuries. À ce moment, son territoire se réduit à la partie orientale de l’actuel département des Pyrénées-Orientales. La capitale de ce comté est d’abord Château-Roussillon, puis la ville de Perpignan. Le comté reste dans les mains de cette dynastie jusqu’en 1172, à la mort du comte Girard II de Roussillon, qui lègue son comté à son parent et suzerain le roi Alphonse II d’Aragon.

[3] Le comté de Cerdagne est un ancien fief féodal situé dans la partie orientale des Pyrénées. Le comté de Cerdagne fut constitué au début du 9ème siècle. À l’origine charge temporaire, la fonction de comte devint héréditaire à la fin du même siècle. Guifred le Velu fut le premier comte héréditaire de Cerdagne ; de lui sont issus les comtes de Barcelone, futurs rois d’Aragon.

[4] Un sénéchal est un officier au service d’un roi, d’un prince ou d’un seigneur temporel.

[5] La Provence est une région historique et culturelle ainsi qu’un ancien État indépendant et une ancienne province (en tant qu’État associé à la France) avant de disparaître à la Révolution française

[6] Le grand maître d’hôtel de Bretagne, appelé aussi grand maître de Bretagne, était un des grands officiers du duché de Bretagne. La relation du Parlement général tenu à Vannes en 1462, nous apprend qu’après le duc venaient le chancelier, en habit royal, le seigneur de Malestroit, maréchal, le vicomte du Fou, amiral, et messire Tanguy du Chastel, grand maître d’hôtel, ayant le bâton haut sur l’épaule.

[7] Un chambellan ou chambrier est un gentilhomme chargé du service de la chambre d’un monarque ou d’un prince, à la cour duquel il vit.

[8] La famille du Chastel était une des maisons nobles les plus puissantes du diocèse de Léon, dans le nord-ouest de la Bretagne. La seigneurie principale avait son siège au château de Trémazan, à Landunvez (Finistère). Cette famille s’est éteinte à la fin du 19ème siècle.

[9] Le château de Trémazan se trouve sur la commune de Landunvez (Finistère), face à Portsall. Il est en ruine. C’était le fief de la famille du Chastel.

[10] La vicomté de Léon, dans le nord-ouest de la Bretagne, a existé depuis au moins le milieu du 11ème siècle et a disparu à la fin du 13ème siècle. Son territoire correspondait peu ou prou avec celui de l’évêché de Léon et à la majeure partie de l’ancien pays de Léon, dénommé alors comté de Léon avant la partition de 1176 qui donne naissance à la vicomté de Léon et, au profit d’une branche cadette, à la seigneurie de Léon

[11] Le grand écuyer de France était l’un des grands officiers de la couronne de France pendant l’ancien Régime. Auparavant désigné comme « maître de l’écurie », le grand écuyer voit sa charge érigée en grand office de la couronne aux alentours de 1470. Le premier détenteur de ce titre est Alain Goyon, seigneur de Villiers, de Thieuville et du Mesnilgarnier.

[12] Une viguerie ou vicaria est une juridiction administrative médiévale dans le Sud de la France et en Catalogne. Elle tient son nom du mot vicarius qui veut dire remplaçant. C’est le cadre d’une juridiction administrée par un personnage qui n’est pas le détenteur légal des droits d’origine publique qu’il exerce, mais le représentant local de ce dernier. Apparue à l’époque carolingienne, la vicairie (vicaria) est au départ le siège local d’une juridiction civile rendue au nom du comte, ou d’un autre potens détenant tout ou partie des pouvoirs comtaux sur un territoire donné (comme un vicomte par exemple). Cependant, avec l’accroissement du pouvoir des juridictions royales, la viguerie est devenue tardivement la juridiction locale, seigneuriale, la plus petite, ne traitant plus de la haute justice pour ne s’occuper que des affaires courantes (voierie). Elle est administrée par un viguier, qui est aujourd’hui un nom de famille relativement répandu dans le Sud de la France, c’est-à-dire un juge dont les compétences varient, selon les régions et les époques, du juge de cour d’assises à celui de juge de paix rural. Les vigueries ont disparu en grande majorité sous Louis XV en 1749, à la suite d’un édit supprimant les petites juridictions. Cependant, dans plusieurs régions comme en Provence ou en Roussillon (viguerie de Conflent), elles ont survécu jusqu’à la Révolution. Dans le Languedoc, le Rouergue et le Carladez, elles devinrent des tribunaux d’appel (premier degré d’appel).

[13] Beaucaire est une commune française située dans le département du Gard. Le Moyen Âge marque un ralentissement de l’extension de la ville. Beaucaire n’échappe pas aux troubles de cette sombre période. Elle subit les invasions des Burgondes, des Wisigoths, puis des Sarrasins. C’est à cette époque que se construit le premier rempart et que s’effectue l’agrandissement du château. La ville prend le nom de Beaucaire. Simon de Montfort tente d’assiéger la ville en 1216, mais y subit un de ses plus importants échecs.

[14] Aigues-Mortes, est une commune française située dans la pointe sud du département du Gard. Au début du 14ème siècle, Philippe le Bel utilisa le site fortifié pour y incarcérer les Templiers. Entre le 8 et le 11 novembre 1307, 45 d’entre eux furent mis à la question, reconnus coupables et retenus prisonniers dans la Tour de Constance.

[15] La vicomté de Carcassonne apparaît pour la première fois en 1082. C’est à cette date que Bernard Aton IV Trencavel, vicomte de Nîmes et d’Albi, revendiquant les droits de sa mère Ermengarde, réclame les comtés de Carcassonne et de Razès, ainsi que les vicomtés de Béziers et d’Agde, et s’en empare. Les Trencavel deviennent alors seigneurs de fait, sans porter le titre de vicomtes. Ermengarde meurt en 1101, et son fils Bernard-Aton Ier (IV de Nîmes et d’Albi) est proclamé formellement vicomte de Carcassonne, Razès, Béziers et Agde. Barcelone tente de s’y opposer à plusieurs reprises.

[16] région de Lombardie en Italie

[17] La seigneurie de Montsoreau est une ancienne seigneurie française du Val de Loire, en Anjou. Elle est centrée sur le village de Montsoreau et ses environs. La seigneurie de Montsoreau sera transformée en baronnie puis en comté au 15ème siècle.

[18] Venise est une ville portuaire du nord-est de l’Italie, sur les rives de la mer Adriatique. Elle s’étend sur un ensemble de 121 petites îles séparées par un réseau de canaux et reliées par 435 ponts. Située au large de la lagune vénète, entre les estuaires du Pô et du Piave, Venise est renommée pour cette particularité, ainsi que pour son architecture et son patrimoine culturel

[19] Malestroit est une commune française, située dans le département du Morbihan. Chef-lieu de canton, elle est traversée par le canal de Nantes à Brest et par la rivière Oust qui sont confondus à cet endroit. Le premier seigneur de Malestroit connu est Juhaël, qui vivait au début du 11ème siècle.

[20] Sous les ducs capétiens, Nantes prend un rôle prédominant sur Rennes. Nantes voit s’ériger, en remplacement du château du Bouffay, le château de la Tour Neuve au Bouffay au 13ème siècle grâce à Pierre 1er de Bretagne. Ce n’est réellement qu’au 15ème siècle que Nantes prend un essor véritable. La ville se développe particulièrement sous le règne de Jean V qui avec une politique habile de neutralité lors de la guerre de Cent Ans assure paix et prospérité à toute la Bretagne, la construction de la cathédrale actuelle commence le 14 avril 1434 avec le duc Jean V et Jean de Malestroit. Nantes continue son développement sous l’impulsion du duc François II de Bretagne et de son gouvernement dirigé par le chancelier de Bretagne, Guillaume Chauvin et le trésorier de Bretagne, Pierre Landais, qui encourage le commerce, fonde l’Université de Bretagne en 1460. La première imprimerie est créée en 1493.

[21] L’ordre du Croissant est un ordre de chevalerie français du Moyen Âge. Un premier ordre du Croissant fut créé à Messine, en 1268, par Charles d’Anjou, frère du roi de France Louis IX, en mémoire de la bataille du lac Ficin, dans la plaine de Tagliacozzo, près de l’Aquila, où il vainquit et fit prisonnier Conradin, petit-fils de l’empereur Frédéric II. Il le conféra aux gentilshommes et princes allemands qui l’avaient secondé dans cette guerre, et à plusieurs autres seigneurs qu’il désirait attacher à sa cause. Les chevaliers devaient justifier de quatre degrés de noblesse du côté paternel. Cet ordre subsista peu de temps. Le second ordre du croissant, totalement distinct du précédent, fut fondé le 11 août 1448 à Angers par René d’Anjou dit le Bon, roi de Sicile et de Jérusalem, en l’honneur de saint Maurice. L’ambition de cet ordre était d’être d’un niveau de prestige comparable à celui de la Toison d’or, créé quelques années auparavant. Nul ne pouvait y être reçu ni porter le croissant, « s’il n’était duc, prince, marquis, comte, vicomte ou issu d’ancienne chevalerie, et gentilhomme de ses quatre lignées, et que sa personne fut sans vilain cas de reproche ».

[22] La ligue du Bien public est une révolte de princes, menés par Charles, comte de Charolais et d’autres grands seigneurs, contre l’accroissement des pouvoirs du roi de France Louis XI. Elle s’étend de mars à octobre 1465.

[23] Châtillon-sur-Indre est une commune française située dans le département de l’Indre. En 1432, le château sert de prison à Louis d’Amboise. En 1441, Robert de Flot, dit Floquin, est capitaine du château. Le 21 avril 1466, c’est Jean de Boisredon qui est nommé capitaine du château. Le 20 février 1473, Tanneguy IV du Chastel rend hommage lige pour le château, la ville et la châtellenie qu’il reçoit en paiement d’une dette de 360 000 livres que lui doit le roi. Son épouse, Jeanne de Raguenel conserva la châtellenie en usufruit jusqu’à ce que le roi Charles VIII la donne à son épouse, Anne de Bretagne, le 11 octobre 1493.

[24] Noncourt est une ancienne commune du département des Vosges en région Grand Est. Noncourt dépendait du duché de Lorraine dans le bailliage de Vôge puis dans celui de Neufchâteau. Sur le plan religieux, ce village dépendait du doyenné de Neufchâteau dans le diocèse de Toul en tant qu’annexe de la paroisse Saint-Christophe.

[25] Pacy-sur-Eure est une commune française située dans le département de l’Eure

[26] Ézy-sur-Eure est une commune française située dans le département de l’Eure

[27] L’ordre de Saint-Michel est un ordre de chevalerie, fondé à Amboise le 1er août 1469 par Louis XI, sous le nom d’« Ordre et aimable compagnie de monsieur saint Michel ». Les membres de l’ordre de Saint-Michel se disaient chevaliers de l’ordre du Roi, alors que les chevaliers de l’ordre du Saint-Esprit s’intitulaient « chevaliers des ordres du Roi ». Son siège était établi à l’abbaye du Mont-Saint-Michel.

[28] Le fauconneau ou bombarde allongée est une pièce d’artillerie légère de 6 à 7 pieds (environ 2 m), qui a 2 pouces de diamètre (calibre 5,08 cm) et dont le boulet pèse 1 livre à 1,5 livre (de 453 g à 700 g). Il fut utilisé du 16ème au 19ème siècle, notamment par les Français, aussi bien sur terre que sur mer.

[29] Bouchain est une commune française, située dans le département du Nord

[30] La basilique Notre-Dame de Cléry-Saint-André est un édifice religieux situé à Cléry-Saint-André dans le département du Loiret. Aujourd’hui église paroissiale de la communauté catholique de Cléry, elle est à la fois collégiale, chapelle royale et basilique mariale en raison de la dévotion à Notre-Dame qui s’y est développée. L’édifice a été popularisé par la comptine Le Carillon de Vendôme. Le roi octroie la baronnie de Cléry à l’église collégiale Notre-Dame de Cléry, par lettres patentes. Le parlement de Paris les enregistre le 7 juillet 1480. Le 7 septembre 1483, Louis XI, et Charlotte de Savoie, son épouse, vers décembre 1483, sont inhumés dans la basilique.