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Théagène de Thasos ou Théogénès

vendredi 20 mars 2020, par ljallamion

Théagène de Thasos ou Théogénès

Athlète grec de l’Antiquité

« Boxeur des Thermes » : athlète au repos après un match de boxe. Bronze, œuvre grecque de la période hellénistique, 3ème -2ème siècles av. jc (source Marie-Lan Nguyen (2009))

Il vécut au 5ème siècle av. jc. Les détails de sa vie sont connus par Pausanias.

Théagène devint célèbre pour la première fois à 8 ans, en retirant une statue de bronze de son socle pour l’amener chez lui. Certains habitants de Thasos [1] étaient si furieux qu’ils l’auraient puni de mort, mais il fut plutôt condamné à aller reporter la lourde statue à sa place. Ce qu’il fit. L’histoire de ce drôle de garçon fit le tour de la Grèce.

Cet incident passé, Théagène est confié aux soins du gymnaste qui lui enseigne à canaliser sa force considérable. Théagène est sacré champion aux Jeux olympiques en boxe en 480 av. jc et en pancrace [2] en 476. Il décroche même le doublé en boxe et en pancrace en 486 av. jc lors des Jeux Isthmiques [3]. Il triomphe également 3 fois aux Jeux pythiques [4] en boxe lors des éditions de 482 av. jc, 478 av. jc et 474 av. jc, 9 fois aux Jeux néméens [5] et 10 fois aux Jeux isthmiques. Pausanias rapporte qu’il aurait remporté plus de 1400 couronnes de champions à travers toute la Grèce. Exploit pour un athlète lourd, il remporte également le titre en Phthie*, la patrie d’[Achille], en course à pied dans la course du dolichos [6].

À sa mort, une statue fut érigée. On raconte qu’un homme qui n’avait jamais réussi à vaincre Théagène se rendait de nuit auprès de cette statue, pour la rouer de coups. Un soir, la statue se dessouda et s’écroula sur cet homme, entraînant sa mort.

Il y avait à Thasos une loi qui ordonnait de précipiter dans la mer les choses même inanimées qui, en tombant, ou par quelque autre accident, avaient fait périr un homme. En conséquence de cette loi, les parents du mort citèrent la statue en justice, et elle fut condamnée à être jetée dans la mer. Bientôt après, les Thasiens éprouvèrent une maladie contagieuse qui fit de très grands ravages. L’oracle qu’ils consultèrent leur répondit de faire revenir leurs exilés. Ils les rappelèrent tous ; et comme la peste ne cessait pas, ils eurent encore recours à l’oracle, qui leur répondit : Vous avez oublié l’illustre Théagène,

Des pêcheurs récupèrent la statue dans leurs filets. Ils offrirent des sacrifices à la statue, et la sécheresse prit fin…

Théagène fut alors vénéré comme un dieu guérisseur à Thasos et bien au-delà. La base d’une statue guérisseuse a en effet été retrouvée sur l’agora de Thasos, portant une inscription contenant un catalogue de victoires. Elle dut être gravée au début du 4ème siècle av. jc au moment où le fils de Théagène, nommé Disolympios pour commémorer la double victoire de son père aux Jeux olympiques, exerçait les fonctions de théore [7]. Un tronc de marbre portant également une inscription indique le lieu où les fidèles déposaient leurs offrandes.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Y. Grandjean et F. Salviat, Guide de Thasos, Athènes, 2000

Notes

[1] Thasos ou Thásos, est une île montagneuse de l’archipel grec, à 8 km de la Thrace continentale et à l’ouest de l’île de Samothrace.

[2] Le pancrace est un sport de combat grec, permettant au temps des Jeux olympiques antiques quasiment tous les coups, même les plus mortels. Seules étaient interdites les techniques d’arrachage des yeux et de morsure. De grands champions olympiques de cette époque ont marqué l’histoire comme Polydamas de Skotoussa qui fut champion olympique en 408 av.jc ou encore Milon de Crotone. Aujourd’hui, ce sport est une discipline dont le règlement a été revu et corrigé par le gouvernement grec afin de le voir revenir prochainement dans les Jeux olympiques modernes.

[3] Les Jeux isthmiques sont des jeux publics organisés à l’isthme de Corinthe entre les cités grecques antiques. Ils sont célébrés la première et la troisième année de chaque olympiade, en l’honneur du dieu Poséidon.

[4] Les Jeux pythiques, parfois appelés Jeux delphiques, sont les plus importants des jeux panhelléniques après ceux d’Olympie, dans la Grèce antique.

[5] Les jeux néméens étaient, dans la Grèce antique, l’une des quatre plus importantes compétitions sportives panhelléniques. Avec les jeux olympiques, les Jeux pythiques et les jeux isthmiques, ils composaient la période, le calendrier des compétitions sportives, qui s’organisait en séquences cycliques de quatre ans appelées olympiades.

[6] environ 5000 mètres

[7] Dans la Grèce antique, un théore est l’envoyé officiel d’une cité pour accomplir une mission à caractère religieux, comme recueillir un oracle ou offrir un sacrifice. À Athènes, les théores étaient chargés de conduire des ambassades religieuses, en particulier pour consulter l’oracle de Delphes ou lors des concours sportifs (jeux olympiques, pythiques, néméens ou isthmiques). Il s’agissait d’une charge onéreuse assimilable à une liturgie.